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Fixer une Mézouza qui n’est pas enroulée

Question : Lorsque la porte d’une pièce a un linteau très large, est-il permis de fixer la Mézouza sur le linteau lorsque la Mézouza n’est pas enroulée et placée sous verre, comme une photo dans un cadre accroché au mur, de sorte que l’écriture est visible à travers le verre, ou bien y a-t-il une obligation de fixer la Mézouza lorsqu’elle est roulée, comme il est d’usage ?

Réponse : Il est vrai que dans plusieurs banques ou autres lieux publics (en Israël), la Mézouza est fixée de cette façon, et les décisionnaires de la génération ont débattu afin de définir si cet usage est conforme à la Halah’a.

Le RAMBAM écrit dans les Halah’ot relatives à la Mézouza (chap.6 Hal.13) en ces termes :

On doit être vigilant vis-à-vis de la Mitsva de Mézouza, puisqu’il s’agit d’une obligation permanente qui incombe tout le monde, car à chaque fois où l’on entre ou que l’on sort, on rencontre l’unicité du Nom d’Hachem, et ainsi, on se souvient de son amour, on se réveille de la torpeur et de nos erreurs dans les futilités du temps, et on prend conscience que rien ne reste éternel excepté la connaissance d’Hachem. Ainsi on reprend notre esprit et on se comporte dans la droiture. » Fin de citation.

Puisque le but principal de la Mézouza est de rappeler l’amour d’Hachem à chaque fois que l’on sort ou que l’on entre, il semble plus juste de fixer la Mézouza étendue, car ainsi l’unicité d’Hachem exprimée par le verset « Chéma’ Israël Hachem Elokénou Hachem Eh’ad » serait visible à tous.

Cependant, le RAMBAM écrit aussi qu’il faut rouler la Mézouza de la fin au début, afin de voir immédiatement le verset « Chéma’ Israël » lorsqu’on la déroulera (les propos du RAMBAM prennent leur source dans la Talmud traité Ménah’ott 31b et dans le Talmud Yérouchalmi traité de Méguila, où les raisons sont expliquées).

Malgré tout, il semble que le fait de rouler la Mézouza n’est pas une totale obligation, et le véritable sens des propos du RAMBAM indique plutôt que si l’on décide de rouler la Mézouza, il faut la rouler de la fin au début, afin que celui qui l’ouvrira voie apparaître immédiatement les mots « Chéma’ Israël ». Mais il ne faut pas expliquer le RAMBAM dans un sens obligatoire, et qu’il faudrait impérativement la fixer roulée comme un Sefer Torah.

Selon cela, on peut considérer qu’il est même préférable de fixer la Mézouza lorsqu’elle est ouverte et sous verre.

Dans la brochure « No’am » figure un article du Rav Mordéh’aï HORWITZ (Ha-Lévy) dans lequel il interdit rigoureusement la fixation de la Mézouza lorsqu’elle est ouverte. Il cite comme preuve un Talmud Yérouchalmi que nous avons déjà mentionné antérieurement :

Rabbi Zé’ira dit au nom de Chémouel : le mot « Chéma » de la Mézouza doit « voir » la porte.

Cela signifie que le mot « Chéma » qui est au début de la Mézouza, doit être fixé à la porte de la maison, et cela indique donc que la Mézouza doit être roulée de la fin vers le début, comme nous l’avons expliqué.

À partir de là, nous apprenons que la Mézouza doit être roulée, car sinon, quel enseignement particulier viendrait Rabbi Ze’ira nous apprendre en nous disant qu’il faut la rouler de la fin vers le début, alors qu’il pouvait nous apprendre un enseignement plus fort en nous disant que même si la Mézouza est fixée lorsqu’elle est ouverte, on est quitte de l’obligation.

Le Rav Adin SCHTEINZALTS s’étonne des propos de l’auteur de cet article, car si Rabbi Ze’ira désirait nous apprendre que l’écriture doit rester visible, nous n’aurions absolument pas appris qu’il est aussi possible de rouler la Mézouza et nous aurions pensé qu’il est une obligation de la fixer lorsqu’elle est entièrement déroulée et visible. C’est pourquoi, Rabbi Ze’ira vient plutôt nous apprendre qu’il est permis de rouler la Mézouza, mais qu’il est impératif dans ce cas là que le mot « Chéma’ » soit lui aussi proche du mur. Mais il n’y a pas d’obligation de rouler la Mézouza.

Le Gaon auteur du Chou’t Lev H’aïm confirme les propos du Rav Adin SCHTEINZALTS selon lesquels il n’y a pas réellement de source à l’obligation de rouler la Mézouza, et selon tous les propos de nos maîtres, il n’y a aucune obligation à cela, et ils n’ont enseigné uniquement la possibilité de la rouler et dans ce cas, rouler la Mézouza de la fin vers le début.

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal écrit dans son livre Halih’ot ‘Olam (tome 8) que même s’il semble selon le strict Din qu’il est permis de placer la Mézouza lorsqu’elle est ouverte, malgré tout, puisque nous n’avons vu aucun de nos maîtres des générations précédentes agir de cette façon, il est à craindre qu’ils avaient une raison précise de ne pas agir de la sorte, et que cette raison ne nous est pas connue. À ce sujet, le Mahary KOLONN (Rabbi Ya’akov KOLONN) écrit que dans le domaine de la Torah,  nous sommes tenus de toujours nous comporter selon les usages de nos ancêtres et de ne jamais nous en écarter.

Or, puisqu’il est expliqué dans le Talmud et les décisionnaires que l’usage a toujours été de rouler la Mézouza, il n’est pas juste de modifier l’usage ancien sur ce point. Quoi qu’il en soit, les personnes qui ont l’usage de fixer la Mézouza lorsqu’elle est ouverte, ont sur qui s’appuyer. C’est ainsi que tranche également l’auteur du Chou’t Chévet Ha-Kéhati, et d’autres Rabbanim de la génération.

En conclusion :

Il ne faut pas fixer la Mézouza lorsqu’elle est ouverte et enfermée sous verre.

Il faut la fixer lorsqu’elle est roulée, selon l’usage observé par nos ancêtres de tout temps.

Malgré tout, si l’on a fixé la Mézouza lorsqu’elle est ouverte et enfermée sous verre comme une photo dans un cadre, il n’y a pas d’obligation de la retirer et de la replacer, car ceux qui agissent ainsi ont sur qui s’appuyer.

 

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