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L’interdiction de « H’adach » de notre époque – Les propos du Chaagatt Ariéh

Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué que toute récolte des 5 céréales du Dagan (le blé, l'orge, l'épeautre, le seigle, et l'avoine) produite avant la fête de Péssah’ est interdite à la consommation jusqu’au 17 Nissan.

Cette récolte s’appelle « H’adach » (« nouveau »).

Mais une récolte ultérieure à Péssah’ s’appelle « Yachan » (« ancien »).

Comme tranche MARAN dans le Choulh’an ‘Arouh’ (O.H chap.489-10 et Y.D chap.293) en ces termes : « Il est interdit de consommer du H’adach même de notre époque jusqu’au soir du 17 Nissan. » (En dehors d’Israël, il faut ajouter un jour supplémentaire).

Nous avons expliqué qu’en Erets Israël, la plupart du blé ou de l’orge n’est pas frappé par l’interdiction de « H’adach ».

Cependant, en dehors d’Israël, la situation est catégoriquement différente, car on a l’usage de moissonner le blé au mois de H’echvan, et on le commercialise immédiatement aux distributeurs, et il est donc interdit d’en consommer jusqu’à Péssah’, comme nous l’avons expliqué.

L’usage des Séfaradim et des Achkénazim

Dans tous les pays d’Orient, on était tous vigilants vis-à-vis de l’interdiction de « H’adach ». En fait, dans ces pays, il est d’usage d’ensemencer le blé au début de l’hiver et de le moissonner au début de l’été. Le blé commercialisé était donc un blé ultérieur à la fête de Péssah’, sans la moindre crainte de « H’adach ».

Cependant, dans les pays Achkénazes, en particulier en Pologne, la plupart des gens ne se montraient pas vigilants vis-à-vis de cette règle, car il était très difficile de se montrer rigoureux sur ce point dans ces pays, puisque l’usage était d’ensemencer le blé en été, et de le moissonner au début de l’hiver, approximativement au mois de H’echvan, et on devait donc conserver la récolte dans des dépôts jusqu’à après Péssah’ afin de pouvoir en consommer, ce qui était extrêmement difficile.

Par conséquent, les décisionnaires débattent afin de définir si les Achkénazim ont sur qui s’appuyer dans le fait de ne pas être vigilants vis-à-vis de l’interdiction de « H’adach ».

Sur le plan pratique, les décisionnaires – et parmi eux le RAMA – écrivent à plusieurs endroits divers arguments pour autoriser. De nombreux décisionnaires de ces derniers siècles (Ah’aronim) s’appuient sur ce point sur l’opinion du Baït H’adach qui tranche que l’interdiction de « H’adach » n’est en vigueur de notre temps que pour la récolte d’un juif et non pour la récolte d’un non-juif. Or, puisque la récolte produite en dehors d’Israël est celle des non-juifs, l’interdiction de « H’adach » n’est donc pas en vigueur en ces pays.

Le Gaon Rabbi Yéh’ezkel KATSNELBOÏGEN z.ts.l (l’oncle du Gaon auteur du Chaagatt Ariéh) écrit lui aussi que l’on peut autoriser sur la base de l’argument mentionné. Cependant, son neveu le Gaon auteur du Chaagatt Ariéh s’est véritablement enflammé contre les personnes qui autorisent, allant même jusqu’à écrire que la Torah revêt le cilice (vêtement de deuil) sur des choses qui ne correspondent pas à la vérité de la Torah, et qui viennent autoriser des interdictions de la Torah sur la base d’arguments innovés. Le Chaagatt Ariéh s’appuie particulièrement sur les propos du Talmud Yérouchalmi (que l’on a mentionné dans la précédente Halacha) selon lesquels l’interdiction de « H’adach » est en vigueur même sur la récolte d’un non-juif. Le Chaagatt Ariéh était tellement rigoureux sur la question qu’il trancha l’interdiction d’utiliser les ustensiles des personnes qui s’autorisent le « H’adach », au même titre que des ustensiles ayant cuits des aliments interdits. Il ordonna que l’on Cacherise ces ustensiles par Hag’ala (immersion dans l’eau bouillante) avant de les utiliser. Le Gaon de Vilna était lui aussi rigoureux sur la règle de « H’adach » même de notre temps.

Mais dans la pratique, la plupart des Achkénazim n’ont pas écouté le Chaagatt Ariéh sur ce point en raison de la difficulté à le mettre en pratique. La grande rigueur du Chaagatt Ariéh sur cette question lui valut de ne jamais être proposé à un poste de Rav dans aucune communauté, et il vécut dans la difficulté matérielle la majeure partie de sa vie, en errant d’un endroit à l’autre pour dispenser la Torah dans la difficulté. (Mais dans sa vieillesse, il fut nommé au poste de Rav dans la ville de Mets en France).

La règle dans la pratique

Sur le plan pratique, les décisionnaires – et parmi eux notre maitre le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l – enseignent qu’il faut se montrer vigilant vis-à-vis de l’interdiction de « H’adach » même de notre temps, même pour la récolte d’un non-juif, et ils’agit d’un interdit de la Torah. Particulièrement pour les Séfaradim et originaires des pays d’Orient soumis à cet interdit conformément à la décision Halachique de MARAN l’auteur du Choulh’an ‘Arouh’.

C’est pour cela qu’aux Etats-Unis ainsi que dans les pays d’Europe où l’on trouve de la récolte « H’adach », il faut se montrer très vigilant sur ce point, et veiller à n’acheter qu’une production sans crainte de « H’adach ». Même pour une production de ces pays, prête à être exportée en Israël, il faut malgré tout veiller à ne pas acheter de produits fabriqués après Péssah’ à partir d’une récolte de blé nouvelle.

(Il faut préciser que l’organisme de Cacheroute nommé « OU - Orthodox Union » ne tient pas compte de l’interdiction de « H’adach » et s’appuie sur l’opinion des décisionnaires qui autorisent.)

Notre grand maitre le Rav z.ts.l encourageait significativement sur ce sujet et disait que si le public avait conscience de la gravité de la chose, il se montrerait de façon certaine plus rigoureux sur la question, car notre génération n’est pas comparable aux générations précédentes où la rigueur sur ce point leur était très difficile, et ce n’est qu’en raison de la difficulté que certains décisionnaires écrivirent divers arguments pour autoriser. En réalité, aujourd’hui nous trouvons de nombreuses boulangeries aux Etats-Unis et en Europe où il est spécifié sur le certificat de Cacheroute « sans crainte de H’adach » ou bien « Farine ancienne », afin d’indiquer qu’ils se montrent vigilants sur ce point, et c’est ainsi qu’il faut agir.

Il faut préciser que les produits importés actuellement des Etats-Unis n’ont pas de crainte de « H’adach » puisque la fête de Péssah’ vient tout juste de passer, mais à partir du début de l’hiver, on commercialisera de nouveau des produits avec présomption de « H’adach ».

 

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