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Cuire pendant Yom Tov

Dans une Halah’a, nous avons expliqué que même si effectivement, le statut de Yom Tov est le même que celui de Chabbat concernant l’interdiction d’effectuer un travail, malgré tout, certains travaux liés à la préparation de la nourriture du Yom Tov (« Oh’el Néfech »), sont permis, par exemple, la cuisson d’aliments que l’on désire consommer pendant Yom Tov.

Nos maîtres les Richonim (décisionnaires de l’époque médiévale) discutent sur des aliments qui gardent toute leur fraîcheur même lorsqu’ils sont cuisinés depuis la veille, comme du pâté en croûte ou autre…

Est-il permis malgré tout, de cuisiner de tels aliments pendant Yom Tov, ou bien du fait qu’il est possible de les cuisiner depuis la veille de Yom Tov, sans qu’ils ne perdent de leur qualité, il sera interdit de les cuisiner pendant Yom Tov ?

Selon Rachi et le Sefer Ha-Mih’tam, entre autres, il est interdit par nos sages de cuisiner pendant Yom Tov, un aliment que l’on peut cuisiner depuis la veille de Yom Tov, sans qu’il perde de sa qualité.

Selon les Tossafot et le Ran, entre autres, il n’y a aucune différence entre un aliment que l’on peut cuisiner la veille de Yom Tov, sans qu’il perde de sa qualité, et un aliment que l’on ne peut cuisiner que le jour de Yom Tov lui-même, afin qu’il conserve sa qualité, et il est permis de les cuisiner pendant Yom Tov.

MARAN tranche dans le Choulh’an ‘Arouh’ (O.H chap.495 parag.1) conformément à l’opinion des Tossafot et du Ran, qui pensent qu’il n’y a pas de différence entre un aliment que l’on peut cuisiner depuis la veille de Yom Tov sans qu’il ne perde de sa qualité, et un aliment que l’on ne peut cuisiner que le jour de Yom Tov lui-même, il est permis de cuisiner n’importe quel type d’aliment pendant om Tov.

Le Rama dans ses annotations sur le Choulh’an ‘Arouh’ conteste cette opinion et tranche sur place selon l’avis de Rachi et du Sefer Ha-Mih’tam, selon lesquels, il est interdit de cuisiner pendant Yom Tov, un aliment que l’on peut cuisiner depuis la veille sans qu’il ne perde de sa qualité. Cependant, le Rama admet que si l’on a omis de cuisiner un tel plat, il sera malgré tout permis de le cuisiner pendant Yom Tov, en modifiant la façon de faire (Chinouï).

Ce débat se poursuit parmi les Ah’aronim (décisionnaires de l’époque post médiévale, jusqu’à nos jours).

L’auteur du Péri H’adach ainsi que l’auteur du Beth David, tranchent qu’il est interdit de cuisiner pendant Yom Tov, un plat que l’on peut cuisiner depuis la veille de Yom Tov, sans qu’il ne perde de sa qualité, conformément à l’opinion de Rachi, du Sefer Ha-Mih’tam, et du Rama.

Par contre, de nombreux autres Ah’aronim se rangent à l’opinion de MARAN, et tranchent qu’il n’y a aucune différence entre un plat que l’on peut cuisiner depuis la veille, sans qu’il ne perde de sa qualité, et un plat que l’on ne peut cuisiner que le jour de Yom Tov lui-même, afin de conserver sa qualité.

Selon ces Poskim, il est permis de cuisiner tous les types de plat pendant Yom Tov.

Parmi ces Poskim : Rabbi H’aïm ABOUL’AFIA, Rabbi Chélomo KLUGUER, Rabbi Yéhouda KATSIN et son élève Rabbi Avraham ‘ANTIBI (tous deux, de grands Rabbanim de la ville d‘Alep, en Syrie, il y a quelques siècles), ainsi que l’auteur du Pe’oulat Tsaddik (haute autorité Halah’ique du Yémen, il y a quelques siècles) …

Par conséquent, il est permis aux Séfarades - qui agissent exclusivement selon les décisions Halah’ique de MARAN – de cuisiner pendant Yom Tov (pour les besoins du jour de Yom Tov lui-même) toute sorte de plat, même un plat que l’on peut cuisiner depuis la veille de Yom Tov, sans qu’il ne perde de sa qualité.

Par contre, les Achkénazes doivent s’imposer la rigueur – conformément à l’opinion du Rama – et ne peuvent cuisiner pendant Yom Tov uniquement des plats qui n’auraient pas perdu de leur qualité s’ils avaient été cuisinés la veille de Yom Tov, par exemple du pain, puisque le pain réalisé le jour même n’est pas comparable à un pain fait la veille.

Sur le plan pratique, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal conclut que l’essentiel à retenir du point de vue de la Halah’a, est l’opinion de MARAN selon laquelle, même si un aliment ne perd pas du tout de sa qualité lorsqu’il est cuisiné la veille de Yom Tov pour Yom Tov, il est malgré tout permis de le cuisiner pendant Yom Tov (pour Yom Tov).

Cependant, notre maître Zatsal ajoute qu’il est juste – a priori - de se montrer quelque peu rigoureux et de s’efforcer de préparer se type d’aliments (qui préservent toute leur qualité, même lorsqu’ils sont cuisinés depuis la veille de Yom Tov) depuis la veille de Yom Tov, en particulier de nos jours où nous possédons des frigidaires et des congélateurs.

Par exemple, une compote de pommes, ou une confiture de fruits, il est juste de les préparer depuis la veille de Yom Tov, puisque de tels aliments préservent toute leur qualité, même lorsqu’ils sont préparés à l’avance.

Si toutefois on ne les a pas préparés depuis la veille de Yom Tov, il sera permis de le faire pendant Yom Tov lui-même, mais – dans la mesure du possible – avec une modification dans la façon de faire (par exemple, en plaçant la casserole sur le feu, en changeant de la façon habituelle).

Mais les Achkénazes doivent se montrer rigoureux sur ce point, du point de vue du Din lui-même, et pas seulement du point de vue de la H’oumra (rigueur), puisque le Rama interdit Léh’atéh’ila (a priori).

Il est interdit de cuisiner (cuire ou préparer) pendant Yom Tov en prévision pour un jour de semaine ou en prévision de la sortie de Yom Tov.

De même – en dehors d’Israël – il est interdit de cuisiner pendant le 1er Yom Tov en prévision du 2ème Yom Tov.

Il en est de même pour les 2 jours de Roch Hachana.

Même, une activité qui ne représente pas réellement une Mélah’a (un interdit) mais seulement une fatigue, est interdite pendant Yom Tov (ou pendant Chabbat) en prévision du 2ème Yom Tov ou d’un jour de semaine.

C’est pourquoi il est interdit de laver la vaisselle pendant Yom Tov, en prévision de la sortie de Yom Tov (ou en prévision du 2ème Yom Tov, en dehors d’Israël).

Bien qu’il est interdit de cuisiner pendant Yom Tov en prévision de la sortie de Yom Tov, une femme est – malgré tout – autorisée à cuire pendant Yom Tov une pleine marmite de poisson ou de viande, le matin avant le repas de la journée, bien qu’elle n’a l’intention de consommer qu’un seul morceau de cette marmite lors de son repas de la journée, car la quantité ajoute de la qualité au goût à la cuisson.

Cependant, il faut veiller – Léh’atéh’ila (a priori) – à ne pas dire explicitement que l’on cuit cette marmite également en prévision de la sortie de la fête.

Mais attention !!! Après le repas de la journée de Yom Tov, il est interdit de cuire pour les besoins du repas du soir, une pleine marmite, avec l’intention de ne consommer qu’un seul morceau dans la journée, car dans ce cas, il ne s’agit plus d’une cuisson pour les besoins de Yom Tov, mais plutôt une ruse.

 

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