Une véritable techouva par le pouvoir de la Torah

Le secret des secondes Tables de la Loi

Nous savons que l’étude constante de la Torah ne suffit pas pour se rapprocher du Créateur. Pour cela, une techouva à tout instant est indispensable, démarche de première importance puisque, comme le disent nos Maîtres (Yoma 86b ; Pessikta Rabbati 45:9) : « Grande est la techouva qui atteint jusqu’au trône de gloire ! »

En effet, lorsqu’un homme se repent, son âme s’élève jusqu’au trône de gloire, aussi pure qu’elle était avant sa venue au monde. Là, elle puise encouragement, force et un grand plaisir spirituel, tout de sainteté et de spiritualité. Elle retourne ensuite dans ce monde, appelé olam hazé, revêtue d’une parure de Torah. D’ailleurs, le mot tov (bon, le bien), désignation courante de la Torah (cf. Berakhot 5a), a la même valeur numérique que hazé. Ainsi parée, elle peut poursuivre avec un regain de sainteté et de pureté son Service divin.

De fait, la techouva élève l’homme au degré suprême d’adhérence au Créateur. Tel est d’ailleurs le sens du verset : « Reviens, Israël, jusqu’à l’Eternel ton D. ». La techouva amène véritablement jusqu’à D. jusqu’à Son trône de gloire.

Pour quelle raison le tsaddik, qui n’a pas péché, doit-il, lui aussi, faire techouva ? Justement parce que celle-ci a le pouvoir de l’élever à une intense proximité de D. – jusqu’au trône de gloire, là où même les anges et séraphins n’ont pas accès.

La techouva est donc supérieure à l’étude de la Torah, puisque celle-ci ne permet pas de se souder de façon aussi absolue au Créateur, du fait qu’elle risque d’être entachée d’une part d’ombre, provenant de l’orgueil ou de la recherche des honneurs, éléments entravant un tel rapprochement.

A cet égard, le Noam Elimelekh explique qu’avant l’accomplissement de chaque mitsva, il est nécessaire de se repentir, de crainte qu’une faute commise antérieurement n’ait généré un ange destructeur qui empêcherait d’élever cette mitsva. Il faut donc se repentir pour éliminer cet ange destructeur, ce dont la techouva, d’un impact considérable, a le pouvoir.

Dans les ouvrages kabbalistiques, il est aussi mentionné, relativement au verset (Hochéa 14:2) : « Reviens Israël, jusqu’à l’Eternel ton D. », que le fait de ressentir D. en soi, est un signe d’acceptation de la techouva.

L’une des vertus de la techouva est donc de permettre de vraiment ressentir D. ; capacité qui s’explique par le fait que l’âme est une parcelle divine supérieure et peut donc ressentir le Divin comme avant sa venue au monde, lorsqu’elle se trouvait sous le trône de gloire.

Dans le sillage de nos explications sur la techouva, nous allons nous pencher sur la nouvelle descente de Moché Rabbénou de la montagne à Yom Kippour, après être monté pour réceptionner la Torah.

La Torah nous précise (Chemot 24:12) : « L’Eternel dit à Moché : Monte vers Moi sur la montagne et sois là-bas : Je te donnerai les tables de pierre, la Torah et les mitsvot (…) ». Comme nous le savons, lors de son séjour dans les cieux, Moché dut affronter l’objection des anges (cf. Chabbat 88b), opposés au départ au don de la Torah aux enfants d’Israël.

Plusieurs questions se posent ici : pourquoi Moché Rabbénou eut-il besoin de monter dans les cieux pour en descendre la Torah ? D. ne pouvait-Il la lui enseigner sur terre, ce qui lui aurait évité la controverse avec les anges ?

Il serait faux de prétendre que le but était de démontrer ainsi la grandeur de Moché, mortel qui eut le mérite de monter aux cieux et d’y recevoir la Torah, comme il est dit (Tehilim 68:19) : « Tu es monté dans les hauteurs après avoir fait des prises. » En effet, même s’il était resté sur terre et que la Torah lui avait été donnée dans ces conditions, cela aurait également été tout à son honneur, d’avoir le mérite d’y étudier la Torah, comparable au feu, comme il est dit (Yirmyahou 23:29) : « Est-ce que Ma parole ne ressemble pas au feu, dit l’Eternel (…) ». En outre, la grandeur de Moché ressort dans tous les cas du fait qu’il ait étudié la Torah de la bouche de D., « feu dévorant » (Devarim 4:24).

Dès lors, notre question ne fait que s’accentuer : pourquoi était-il nécessaire qu’il monte dans les cieux pour y recevoir la Torah ? Il aurait pu l’étudier sur terre, ce qui n’aurait pas le moins du monde diminué sa valeur.

Il serait tout aussi faux d’avancer qu’il monta dans les cieux pour prouver aux anges qu’il ne les redoutait pas. La Guemara (Chabbat 88b) nous apprend au contraire explicitement qu’au départ, il craignit qu’ils ne le brûlent par leur souffle, au point que D. le sauva et lui ordonna : « Accroche-toi à Mon trône de gloire et réponds-leur. »

A ce sujet, on pourrait même se demander pourquoi D. ne prit-il pas la peine de leur répondre lui-même, lorsqu’ils s’écrièrent (Tehilim 8:5-6) : « Qu’est donc l’homme, que Tu T’en rappelles ? (…) Pourtant, Tu l’as couronné de gloire et de magnificence ! » Pourquoi ne leur fit-Il pas remarquer – ce dont Moché dut lui-même se charger – qu’ils étaient eux-mêmes dénués de mauvais penchant et que, de ce fait, la Torah n’était pas faite pour eux ? Il aurait ainsi évité à Moché toute discussion avec eux.

Rappelons, en explication, que tant que la Torah n’avait pas été donnée, il était impossible de faire jurer l’homme qu’il serait tsaddik (cf. Nidda 30b). Car comment peut-on vivre en juste, dans ce monde, sans la Torah ? En son absence, il est impossible de dire à l’homme : « Béni sois-tu à ton arrivée et (…) à ton départ ! » (Devarim 28:6), verset ainsi interprété dans la Guemara (Baba Metsia 107a) : « De même que tu viens au monde sans faute, puisses-tu le quitter sans faute ! » Or, sans Torah, c’est impossible !

Il était donc fondamental que Moché monte dans les cieux pour y apprendre la Torah, de même qu’avant sa venue au monde, toute âme l’y apprend (cf. Nidda 30b). Car les Cieux étaient l’endroit idéal pour lui permettre d’appréhender l’essence de la Vérité, afin qu’il arrive ensuite dans ce monde, selon le verset consacré, sans faute et qu’il le quitte dans le même état.

De fait, Moché est considéré comme équivalant à l’ensemble du peuple juif (Chir Hachirim Rabba 1:64a ; Zohar II 47a). Aussi représentait-il l’ensemble des enfants d’Israël lors de son séjour céleste et à travers l’étude de la Torah à laquelle il s’y consacra. C’est comme s’ils avaient tous étudié la Torah directement de D. et étaient ensuite descendus dans ce bas-monde sans faute, purifiés par la Torah.

Cependant, lorsque les bené Israël commirent la faute du veau d’or, leur leader brisa les Tables de la Loi, du fait qu’au lieu de rester dans l’état de grâce du « béni sois-tu à ton arrivée », de la réception de la Torah à travers Moché, ils optèrent pour un comportement aberrant : la construction du veau d’or.

Aussitôt, D. dit à Moché : « Va, descends, car ton peuple s’est perverti » (Chemot 32:7). Autrement dit, « descends toi aussi du fait que ton peuple, monté au ciel à travers toi pour étudier la Torah, a commis une faute en descendant dans le monde. Du fait que tu les représentes tous, tu dois réparer cela. »

L’expiation, par le pouvoir de la Torah

De ce fait, lorsque les enfants d’Israël fautèrent, Moché Rabbénou dut de nouveau monter sur le Mont Sinaï, recevoir les secondes Tables de la Loi et les redescendre pour les donner aux enfants d’Israël.

La date à laquelle il descendit les secondes Tables – le jour de Yom Kippour – n’est pas fortuite, car il s’agit d’un jour d’expiation, comme il est dit (Vayikra 16:30) : « Car en ce jour, on fera propitiation sur vous, afin de vous purifier ».

En outre, ce jour ressemble énormément au Monde futur, dénué de faute, outre le fait que le Satan n’y a pas la permission d’accuser (Yoma 20a ; Nedarim 32b). C’est également comparable au jour de la naissance, dans la mesure où le repenti est comme un nouveau-né (Yevamot 22a). Or, de même qu’avant ce jour, on fait jurer à l’homme : « Sois tsaddik et ne sois pas impie », afin qu’il respecte ses résolutions, de même, le repenti, tel un nourrisson, se maintient dans les promesses faites avant sa naissance. Il mérite alors la bénédiction : « Béni sois-tu à ton arrivée », puisqu’à travers cette nouvelle naissance, il est de nouveau pur et sans faute, étroitement lié à D. afin de rester dans cette disposition jusqu’à son dernier jour. A présent, la date de ce don des secondes Tables de la Loi est claire.

Dans le même ordre d’idées, l’homme doit savoir que Yom Kippour apporte à l’homme l’expiation par le mérite de la Torah, qualifiée, comme nous l’avons vu, de « bien – tov » (Avot 6:3 ; Berakhot 5a), qui est aussi la valeur numérique de hazé (celui-ci), terme que l’on retrouve… au sujet de Yom Kippour : « Car en ce jour (ki bayom hazé), on fera propitiation sur vous » (Vayikra 16:30). En d’autres termes, lorsque l’homme se repent à Yom Kippour par le mérite de la Torah, il accomplit vraiment la mitsva de techouva intégralement. C’est là la grandeur de ce jour : du fait que les âmes de tous les enfants d’Israël montèrent puis descendirent toutes à travers Moché pour recevoir de nouveau la Torah, ce jour est comparable au Monde futur, et les enfants d’Israël furent alors comme de nouvelles créatures.

Ce jour est un jour d’expiation, auquel s’applique parfaitement le verset : « Béni sois-tu à ton arrivée et béni à ta sortie » (Devarim 28:6). Dès lors, nous comprenons parfaitement pourquoi la Torah devait être donnée dans le ciel, afin que les enfants d’Israël y montent puis en descendent – « à ton arrivée et à ta sortie » – à travers Moché, leur représentant, et qu’ils puissent se repentir, d’autant que le Tout-Puissant savait d’avance qu’ils commettraient la faute du veau d’or.

D. organisa donc ce don de la Torah précisément à Yom Kippour, pour qu’ils se repentent grâce à la Torah et réparent l’atteinte qu’ils y avaient portée, et pour qu’ils méritent de quitter ce monde sans faute, comme lors de leur naissance.

Nous comprenons ainsi la nécessité de la montée de Moché dans les cieux ainsi que sa controverse avec les anges, auxquels D. le somma en ces termes – traduits ici littéralement – de répondre : « Réplique-leur [par] la techouva ! » (ce terme veut dire à la fois « réponse » et « repentir »). (cf. Chabbat 88b). D. voulait ainsi signifier à Moché que les anges n’ont pas de lien à la Torah, du fait qu’ils sont de simples créatures, desquels les hommes se distinguent par leurs âmes sculptées sous le trône de gloire. Ces âmes quittent leur source à la naissance et la regagnent à leur mort. Pour leur permettre de réaliser leur mission et de revenir pures à leur point d’origine, la Torah leur est indispensable. Tel est donc le sens de la directive divine : « Accroche-toi à Mon trône de gloire et rétorque-leur ! » Le Créateur voulait ainsi signifier à Moché que les âmes du peuple juif, gravées sous le trône de gloire, sont donc prépondérantes, outre le fait que la Torah est inscrite, non seulement dans le cœur de l’homme, mais aussi au plus profond de son âme.

A cet égard, le kabbaliste Rabbi ‘Haïm Vital précise que, de même que le corps est composé de 248 membres et 365 tendons – en parallèle aux 613 mitsvot (Maccot 23b) –, l’âme comporte elle aussi ces 613 parties, dimension qui ne caractérise que le Juif.

Les anges demandèrent : « Qu’est-ce qu’un mortel vient faire parmi nous ? » La réponse est que le Juif – avec son corps et son âme, laquelle, d’après Rabbi ‘Haïm Vital, porte en elle la Torah – peut légitimement venir chercher la Torah, à laquelle il est lié « corps et âme », pour ainsi dire.

Tel est le sens de l’impératif divin : « Réplique-leur [par] la techouva !  » L’homme revient à sa racine, à son creuset originel et se repent justement par le pouvoir de la Torah. Sa techouva, réalisée ainsi, lui permet de devenir une nouvelle créature, tel un nouveau-né, dimension que l’on peut atteindre à Yom Kippour, son corps et son âme étant liés à la Torah.

A Yom Kippour, lorsque l’homme se repent et que sa techouva atteint et perce les cieux, les anges s’écrient aussitôt : « Qu’est-ce qu’un mortel fait parmi nous ? » « Tout au long de l’année, il a péché et fauté, sous-entendent-ils, et soudain il vient recevoir la Torah, à laquelle il veut être lié ! »

C’est alors qu’appartient à Moché, sur l’invite divine, de leur répondre. « Vous êtes totalement dénués de mauvais penchant, leur explique celui-ci, tandis que l’homme a un mauvais penchant, qui est de feu » (Kiddouchin 81b) et tente d’empêcher l’homme de se repentir et de se consacrer à la Torah. A Yom Kippour, les enfants d’Israël se repentent et reçoivent de nouveau la Torah et l’âme, incluant les 613 mitsvot. Ils redescendent ensuite dans ce monde sans faute, comme lors de leur venue au monde.

La montée de Moché dans les cieux et sa réponse aux anges visaient donc clairement à leur démontrer que la Torah n’appartient qu’aux enfants d’Israël. La techouva n’a de sens que chez les enfants d’Israël, par le pouvoir de la Torah, et c’est pourquoi ceux-ci ont le droit de monter dans le Monde futur et d’y récupérer la Torah, antidote contre le mauvais penchant (Kiddouchin 30b).

Il existe malheureusement des personnes qui ne mettent de kippa sur leur tête que lorsqu’ils voient un Rav ou un érudit, montrant qu’ils redoutent plus les hommes que le Saint béni soit-Il. A ce titre, le prophète nous appelle à revenir « jusqu’à l’Eternel, ton D. » (Hochéa 14:2), autrement dit, à ne pas faire techouva pour trouver grâce aux yeux d’autres hommes mais pour complaire à D. Il faut donc revenir « jusqu’à D. », par le pouvoir de la Torah, se lier à Lui et atteindre le trône de gloire, d’où l’âme provient.

Résumé

 •La techouva est d’une grandeur telle qu’elle atteint jusqu’au trône de gloire, « jusqu’à l’Eternel ton D. ». Par la techouva, l’âme s’élève sans faute, comme avant sa venue au monde, et se lie au Créateur, par le pouvoir de la Torah, qualifiée de « bien » – de même valeur numérique que hazé dans le verset évoquant Yom Kippour : « Car en ce jour (bayom hazé), on fera propitiation sur vous ». La techouva a une vertu supérieure à celle de la Torah, en cela qu’elle permet de se souder totalement à D.

 •Tel est le sens de l’ascension de Moché Rabbénou dans les cieux pour y recevoir la Torah, et de sa descente, à Yom Kippour, avec les secondes Tables de la Loi. Mais pourquoi ne reçut-il pas la Torah sur terre ? Et quel est le sens de la controverse avec les anges ? Pourquoi D. ne leur répondit-Il pas, ce dont Il chargea Moché ? Avant le don de la Torah, il était impossible de faire jurer l’homme qu’il serait tsaddik, pas plus qu’il ne pouvait rester pur depuis sa naissance jusqu’à sa mort, dans l’esprit du verset : « Béni sois-tu à ta venue et béni à ton départ ». Ce n’est qu’après la réception de la Torah qu’il devint possible de pousser l’homme à s’engager à cela. Il était donc fondamental de monter dans les cieux comme l’âme, qui se trouve dans les cieux et en descend pour venir sur terre.

 •Lorsque Moché est monté au ciel, cette ascension est considérée comme celle de tous les enfants d’Israël. Il y reçut une première fois la Torah puis la descendit pour la donner aux enfants d’Israël. Lorsqu’ils se rendirent coupables de la faute du veau d’or, il monta une nouvelle fois et en descendit la Torah, précisément à Yom Kippour, jour de techouva et d’absolution par le pouvoir de la Torah. Ceci, afin qu’ils soient à cette descente sur terre purs comme l’enfant qui vient de naître, par l’action du repentir.

 •C’est la grandeur de Yom Kippour, de permettre l’absolution, à travers la techouva, par le pouvoir de la Torah, et c’est pourquoi il faut descendre la Torah du ciel. Lorsque les anges s’écrièrent : « Que fait un mortel parmi nous ? », ils voulaient relever le paradoxe du comportement de l’homme, qui faute tout au long de l’année et venait alors réclamer la Torah. « Justement, leur répondit Moché, les enfants d’Israël sont habités par un mauvais penchant, qui est de feu, et pour le vaincre, ils ont absolument besoin de recevoir la Torah, dont les 613 mitsvot sont gravées dans le corps comme dans l’âme des enfants d’Israël. »

 •Lorsque D. dit à Moché : « Réplique-leur [par] la techouva ! », Il veut souligner l’importance de cette techouva à Yom Kippour. Il lui intime aussi de s’accrocher à Son trône de gloire dans lequel sont incrustées les âmes des enfants d’Israël. De ce fait, les enfants d’Israël, par le biais de Moché, devaient monter dans le ciel et en redescendre la Torah, car la techouva ne peut être agréée que par le pouvoir de la Torah. En outre, elle doit être « jusqu’à l’Eternel ton D. », et non pour trouver grâce aux yeux d’autres personnes. Le but est de revenir, de se rapprocher et de se lier à D., ce qui nous permet de mériter la Torah, car la techouva est opérée par le pouvoir de celle-ci.

 

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