Yom Kippour, un jour saint du début jusqu’à la fin

A l’approche de ce saint jour, il faut être conscient de l’importance d’une préparation intensive, pendant tout le mois d’Elloul et à Roch Hachana. En ce jour, l’homme peut déjà avoir un aperçu de son niveau spirituel.

En effet, le Satan tente sans cesse d’accuser et d’entraver les prières. L’une de ses ruses consiste à mettre des bâtons dans les roues de celui qui est chargé de sonner du Chofar pour toute l’assemblée, afin que celle-ci ne puisse l’entendre et se repentir. De ce fait, le Satan se dissimule dans cette corne.

Du fait de ses manigances, il est d’ailleurs arrivé qu’une assemblée attende deux heures jusqu’à ce que le sonneur parvienne à en extraire un son. C’est alors un signe que la techouva de l’assemblée laisse à désirer, et c’est pourquoi le Satan peut facilement accuser. Lorsqu’on voit que les sonneries ont du mal à sortir, on doit se repentir, car il est évident que la faute n’en est pas au sonneur.

Lorsqu’arrive Yom Kippour, le mauvais penchant disparaît ; le Satan ne peut alors accuser (Yoma 20a ; Nedarim 32a). Justement, la veille de ce jour, on se réjouit et on consomme plusieurs repas. Or, plus on mange et plus l’appétit augmente, ce qui rend le jeûne du lendemain plus difficile. Ainsi, plus on fait de repas et plus la réalisation de la mitsva de se mortifier à Yom Kippour est réussie. Nos Maîtres relèvent ce point lorsqu’ils affirment (Berakhot 8b ; Zohar III 68b) : « Celui qui mange et boit le neuf Tichri est considéré comme ayant jeûné le neuf et le dix. »

Après le repas pris avant l’entrée du jeûne, si l’on ressent une soif intense, il faut savoir que c’est une manœuvre du Satan, qui tente de distraire nos pensées au moment de la prière. Il faut donc redoubler d’efforts et savoir qu’au contraire, grâce à cette sensation de soif ou de faim, on accomplit vraiment la mitsva de se mortifier à Yom Kippour, telle que D. l’a ordonnée.

Enfin, quand on arrive à Kol Nidré <*17>17@G, les portes du Ciel s’ouvrent et c’est le moment le plus adéquat pour demander le pardon de D., la propitiation. Nous devons ressentir alors une immense gratitude envers le Créateur pour nous avoir donné une telle occasion de nous repentir.

D. ne procède pas comme un roi de chair et de sang. En effet, lorsque ce dernier prend un décret, il est impossible de le changer ou de l’abroger. Avec D., en revanche, même si nous avons péché, nous pouvons Lui demander pardon et Lui, dans Sa miséricorde infinie, efface nos fautes. Plus même, si nous nous repentons par amour, Il transmue les fautes volontaires en mérites (Yoma 86b ; Baba Metsia 33b).

Dès lors, il serait approprié, après la prière, lorsque chacun rentre chez soi, de s’asseoir pour réciter des Psaumes avec ferveur, et de demander au Maître du monde tout ce que nous désirons, de déverser notre cœur devant Lui, car Il est notre Roi et un Père magnanime et clément.

Il serait également bon, eu égard à la sainteté de ce jour, que chacun s’efforce de consacrer ce jour par un jeûne de la parole qui, comme nous le savons, équivaut à de nombreux jeûnes.

Cela lui permet en effet de ne pas oublier qu’il se trouve en jugement devant le Maître du monde et qu’au même moment, une véritable guerre se livre dans les Cieux entre défenseurs et accusateurs et, au moment où nous disons : « Exhaussez, ô portes, vos frontons, relevez-vous, portails antiques » (Tehilim 24:7), D. pénètre dans le Gan Eden pour se divertir avec les justes.

Or, si, plutôt que de nous adonner à la Torah, la prière et la techouva, nous nous consacrons à des bêtises et des mesquineries, nous multiplions de nos propres mains ceux qui nous accusent. Nous devons donc, en ce jour, nous renforcer pour triompher du mauvais penchant et réduire au maximum notre temps de repos. Car un grand jugement se tient dans les cieux et notre vie se trouve sur le plateau de la balance, et c’est pourquoi il convient de se consacrer à la seule techouva.

C’est ainsi qu’il faut se comporter tout au long de la journée, jusqu’à Min’ha, où il convient de se raffermir plus particulièrement. Nos Sages nous apprennent en effet qu’« Elyahou ne fut exaucé qu’au moment de la prière de Min’ha, comme il est dit : “A l’heure de Min’ha, Elyahou Hanavi s’avança en disant : (…) Exauce-moi” (Melakhim I 18:37) » (Berakhot 6b).

Or, si ce principe est valable n’importe quel jour de l’année, à plus forte raison à Yom Kippour, moment tout particulièrement propice. Notons que le terme Minh’a peut être rapproché de menouh’a (repos), outre le fait qu’il signifie « cadeau, offrande ». A savoir qu’en arrivant au moment de cette prière, le jour de Kippour, alors qu’on se sent las, affamé et assoiffé, si l’on sacrifie à D. notre repos (menou’ha) et que nous Lui faisons l’offrande d’une prière de Min’ha récitée avec ferveur, nous Lui offrons pour ainsi dire notre graisse et notre sang (cf. Berakhot 17a), tandis que Lui nous accorde un cadeau (min’ha) – le pardon de nos fautes.

Après cela, nous arrivons à la prière de Neïla – prière de clôture de Yom Kippour –, et notamment à celle de Anénou – « Exauce-nous », d’après la Kabbale, prière capitale puisqu’elle coïncide avec le scellement de notre sentence. C’est donc le moment de redoubler d’ardeur dans nos prières et d’appels à la Miséricorde divine. Car c’est le moment ultime, avant la fermeture des portes, où on peut modifier la sentence.

En filigrane apparaît le thème, évoqué auparavant, du jeûne de la parole. En effet, les deux premières lettres du mot neïla, noun et ayin, sont aussi les lettres finales de l’expression lachon hara (médisance). Quant aux lettres restantes du mot neïla, elles ont la même valeur numérique que le mot adam (homme).

Voilà une allusion transparente au fait que « mettre un frein à sa bouche et à sa langue, c’est se préserver de bien des tourments » (Michlé 21:23). Par cette attitude, mesure pour mesure, les accusateurs sont totalement bâillonnés (Sanhedrin 90a) et l’homme se garantit une sentence positive et une année de bénédictions.

Résumé

 •Yom Kippour est un jour saint du début jusqu’à la fin. Déjà à Roch Hachana, l’homme connaît son niveau spirituel, à travers la facilité ou non avec laquelle est sonné du Chofar, sous les flèches du Satan. A Yom Kippour, en revanche, celui-ci ne peut accuser et c’est pourquoi nous multiplions les repas en la veille de ce jour afin d’amplifier la mortification du jeûne le lendemain. Nous accomplissons ainsi le commandement divin de manière plus parfaite.

 •Lorsqu’arrive Kol Nidré, c’est le moment approprié pour demander pardon, et D., dans Sa grande bonté, pardonne et transforme même les fautes en mérites. C’est pourquoi, après la prière, il faut continuer à prier et réciter des Psaumes pour mériter une sentence positive. Il est également conseillé de faire un jeûne de la parole, car il y a alors une guerre entre la droite et la gauche, et nous devons nous raffermir et triompher du mauvais penchant afin d’être scellés pour une bonne année.

 •En particulier à Min’ha, moment particulièrement propice, il faut redoubler d’efforts et, plutôt que de nous reposer, apporter à D. une offrande (min’ha) et L’implorer afin que Lui aussi nous accorde en cadeau Son pardon.

 •Ensuite, la prière de Anénou, à Neïla, constitue le point d’orgue de cette journée, et le moment le plus propice pour éveiller la Miséricorde divine. C’est donc l’occasion de multiplier les prières et de s’en tenir au jeûne de la parole susmentionné, car le terme neïla renvoie, de par ses premières lettres au lachon hara, tandis que les lettres restantes ont la même valeur numérique que le mot adam (homme). Car si l’homme garde sa bouche, il clôt celles de tous les accusateurs et, mesure pour mesure, est scellé pour une bonne et douce année.

 

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