Yom Kippour : vecteur de pureté infinie

« Car en ce jour, on fera propitiation sur vous, afin de vous purifier de toutes vos fautes »

(Vayikra 16:30)

Dès l’entrée de ce saint jour, nous récitons avec amour et grande ferveur la bénédiction de chéhé’héyanou – « Qui nous a fait vivre, nous a maintenu en vie et fait arriver à ce moment ». En prononçant cette bénédiction, je me suis demandé quelle en était la raison ? Cette bénédiction n’est pourtant généralement prononcée que lorsque l’on consomme un nouveau fruit ou que l’on revêt un vêtement neuf, avec toute la joie et la jouissance qui accompagne cette inauguration ou cette dégustation. Or, Yom Kippour est un jour d’austérités, marqué par le jeûne et la mortification du corps, conformément au verset (ibid. 31) : « vous devez mortifier vos personnes ». Quel rapport avec la bénédiction de chéhé’héyanou ?

Il faut comprendre que la notion de jouissance n’est pas exclusivement réservée au monde matériel, le plaisir spirituel existe. Quiconque revêt un vêtement neuf ou consomme un fruit nouveau en jouit et s’en réjouit, et c’est pourquoi il récite cette bénédiction. De la même manière, si Yom Kippour est certes un jour dénué de plaisirs physiques, il est pourtant caractérisé par une délectation spirituelle de grande ampleur, vécue par l’âme et l’esprit. En effet, si l’on médite à la Bonté divine qui caractérise ce jour, on ne peut que se réjouir. En effet, le Saint béni soit-Il, dans Sa miséricorde, accorde à l’homme, en dépit de toutes ses fautes et péchés de l’année, la vie, la subsistance et d’avoir tous ses besoins comblés. Au-delà, il lui octroie un don extraordinaire : le pardon de ses fautes et l’absolution de ses péchés. Prendre conscience de cette chance extraordinaire ne peut qu’être source d’une joie et d’un bonheur infinis, à la source de la récitation du chéhé’héyanou.

Cette jouissance spirituelle ressemble à celle des justes dans le Monde futur. Car, comme l’explique la Guemara (Berakhot 17a) : « Dans le Monde futur, il n’y a ni boire ni manger, mais les tsaddikim siègent, ornés de couronnes, et jouissent de l’éclat de la Présence divine. » A Yom Kippour, chaque Juif ressent un peu de cette jouissance spirituelle, de cette sensation pure, du fait que ce jour est marqué par le jeûne. Il laisse donc toute la place à une délectation spirituelle infinie du fait que l’âme est purifiée et lavée de toute l’impureté qui y a adhéré au cours de l’année écoulée, et qu’elle devient une âme pure et immaculée.

L’un de mes élèves m’a demandé comment les fautes sont rachetées ; quelle est la spécificité de ce jour, qui fait dire à nos Sages que son essence apporte l’absolution ? Est-ce à dire que même si le cœur de l’homme n’abrite pas de véritables pensées de regret de ses fautes, et que même s’il ne se repent pas totalement, comme c’est demandé, il peut prétendre au pardon de ses fautes ? Comment est-ce possible ? Je lui ai répondu par le célèbre exemple de l’homme qui pénètre dans la boutique d’un parfumeur. Même s’il en ressort les mains vides, du seul fait du temps passé dans le magasin, il en ressort imprégné de la délicate fragrance d’un parfum de choix. Tel est, de fait, le pouvoir de Yom Kippour : quiconque a le mérite de se réfugier à l’ombre de cette sainte journée est pris par l’éclat spirituel qu’elle dégage, et son âme s’en trouve purifiée même s’il n’a rien entrepris de lui-même dans ce sens. On pourrait également comparer ce processus au séjour dans un sauna. Même si l’homme y est totalement passif, l’intensité de la chaleur et de la vapeur qui s’y trouve nettoie, par la force des choses, le corps en profondeur, le purifiant des impuretés qui s’y sont accumulées. Identiquement, la chaleur spirituelle que dégage le jour de Kippour, nettoie l’homme de son impureté spirituelle, l’en débarrasse même sans effort de sa part. A plus forte raison, celui qui s’efforce de se purifier et se repent totalement de ses fautes, regrettant sincèrement ses péchés, atteindra certainement un niveau de purification encore supérieur et sera d’autant plus imprégné par la sainteté de ce jour. Car la purification de l’âme et de l’esprit est proportionnelle à l’effort et à la peine. Quoi de plus réjouissant et jouissif, donc, que cette purification, bonté du Créateur, en ce jour si élevé, pour laquelle l’homme doit le remercier, et c’est pourquoi il récite avec joie et allégresse la bénédiction de chéhé’héyanou.

A l’issue de Yom Kippour, nous disons le verset (Kohélèt 9:7) : « Va donc, mange ton pain allègrement et bois ton vin d’un cœur joyeux ; car dès longtemps D. a agréé tes œuvres ! » Pourtant, comment l’homme peut-il être disposé à être aussi joyeux et confiant à la fin de Yom Kippour ? Qui lui garantit qu’il a été vraiment scellé pour une vie prospère et de bénédictions ? A-t-il la moindre preuve que cette année sera bonne ?

Pour ne citer qu’un exemple, particulièrement frappant, un Juif de mes connaissances, homme de grande valeur, du nom de Moché Marciano, est pourtant décédé aussitôt après Yom Kippour (5771), à peine âgé de cinquante-deux ans ! Qui donc peut savoir ce qui a été décrété à son égard ? Et comment peut-on être tout-à-fait serein et rentrer tranquillement chez soi manger et boire, avec joie et confiance, dans l’ignorance de ce qui nous attend ?

Certes, l’homme ignore sa sentence et pourtant, à la sortie de Yom Kippour, il est joyeux et plein d’une satisfaction infinie à la seule pensée que le Saint béni soit-Il lui a permis de vivre ce saint jour de purification et d’effacement des fautes. En vérité, il réalise que ce qui a été décrété à son égard ne le regarde pas et, quel que soit le sort qui l’attend, l’essentiel est que le Créateur, dans Sa grande Miséricorde, lui ait permis de vivre ce jour extraordinaire de pardon et d’absolution des péchés. Son cœur vibre et déborde donc de joie à la pensée de ce don extraordinaire, au point qu’il ne prend plus la peine de réfléchir à la sentence de son jugement.

A Yom Kippour, nous sacrifions deux boucs. Le texte précise (Vayikra 16:8) : « Aharon tirera au sort pour les deux boucs : un lot sera pour l’Eternel, un lot pour Azazel. » Quel besoin de faire un tirage au sort ? Pourquoi Aharon ne pouvait-il décider seul, selon sa compréhension, lequel des boucs serait sacrifié devant l’Eternel, et lequel serait lâché dans le désert ? En outre, pourquoi précisément un bouc, et non un taureau ou un bélier ?

D’après la Kabbale, ces différents points touchent à de grands mystères et dissimulent de profonds secrets, mais nous allons ici nous centrer sur une approche morale. Le bouc (séir) fait, de toute évidence, allusion au Satan et à ses suppôts, aux forces impures en provenance d’Essav l’impie, justement qualifié (Beréchit 27:11) de « ich saïr – homme velu ». Si la Torah a imposé de tirer au sort pour déterminer le bouc destiné à D. et celui destiné à Azazel, c’est pour rappeler à l’homme qu’il a le libre arbitre, qu’il peut librement disposer de son sort. Il peut choisir de se lier au Très-Haut ou, à D. ne plaise, s’identifier au bouc destiné à Azazel, inéluctablement attiré par l’impureté et le Satan. Or, à Yom Kippour, le Saint béni soit-Il déverse sur l’homme un immense flux de sainteté et de crainte du Ciel, le poussant à accomplir Torah et mitsvot, au point qu’il ne me semble pas erroné d’affirmer que la sentence de nos Sages (Berakhot 33b) : « Tout dépend du Ciel sauf la crainte du Ciel » s’applique à toute l’année, à l’exception de Yom Kippour. En effet, cette donnée est alors déterminée par D., Qui gratifie l’homme d’un immense flux de crainte du Ciel et de pureté de l’esprit, en un don gratuit, et même sans efforts humains. Cependant, par la suite, tout au long de l’année, l’homme dispose du libre-arbitre et est totalement responsable de ses choix. Il peut alors opter pour la voie de la Vie et se consacrer au Service de D. et à la Torah ou, à D. ne plaise, suivre la voie du bouc envoyé à Azazel, se laisser entraîner par son impiété et s’attacher à ses abominations.

Nous devons prendre conscience de l’immense Miséricorde divine à l’égard du peuple juif à Yom Kippour, comme en témoigne cette prière, qu’avaient l’habitude de réciter en ce jour, à Min’ha, les Juifs de Tanger : « Agis en faveur de Tes anges purs et saints, qui Te servent et demandent miséricorde pour Ton peuple Israël. Il est en Haut une faction que l’on appelle “ceux qui révoquent la sentence, annulent le serment, retirent l’ombrage, éliminent la fureur et rappellent l’amour – celui d’Avraham Avinou – devant le Créateur”. Lorsqu’ils constatent qu’Il est en colère contre Ses enfants, ils se prosternent devant Son trône de gloire et Le supplient en ces termes : “Délie, délie, auteur de la Genèse ; efface, efface, chevalier de Yaakov ; pardonne, pardonne, saint d’Israël, car Tu es le plus puissant des rois. Roi puissant, Roi béni (…), pourquoi une telle animosité à l’encontre de la descendance d’Avraham Ton bien-aimé ? Pourquoi une telle jalousie vis-à-vis de la descendance de Yits’hak, ton sacrifice ? Pourquoi une telle lutte avec la descendance de Yaakov, Ton innocent ? Car Tu les as qualifiés de propriétés du Ciel et de la Terre.” Aussitôt, des rayons de Splendeur émanent de sous le trône de gloire, et s’écrient : “Heureux êtes-vous, qui relevez le mérite de Mes enfants ! Gloire à vous, qui mettez en avant le mérite des Pères ! Toute la milice céleste et terrestre vous exaltera !” »

A la lecture de cette remarquable prière, je me suis demandé pourquoi le Saint béni soit-Il avait besoin des anges pour éveiller Sa miséricorde en faveur de Ses enfants ? Notre techouva et la multiplication de nos prières et des seli’hot que nous déversons devant le Saint béni soit-Il à Yom Kippour ne peuvent-ils suffire à remplir cet office ?

Certes, pourrait-on répondre : D. nous a donné ce saint jour pour le pardon, la rémission et l’absolution mais nous ne sommes que des humains faillibles et malheureusement nous ne savons pas tous mettre à contribution de façon optimale ce jour élevé que D. nous a donné dans Sa miséricorde. D’aucuns, fatigués et affaiblis par le jeûne, se laissent aller au sommeil au plus fort de la prière, tandis que d’autres consultent leur montre toutes les quelques minutes dans l’attente de la fin du jeûne. D’autres font techouva et demandent le pardon divin pour leurs fautes de façon superficielle et inauthentique ; il ne s’agit pas d’une véritable techouva émanant du fond du cœur. De ce fait, il se peut que nos prières ne soient pas agréées et qu’en dépit du grand nombre d’appels et de supplications, les portes célestes restent obstinément closes. Le Satan, trop heureux de sauter sur une telle occasion, essaie alors d’accuser le peuple juif. Toutefois, en ce jour, il est en faible posture et ses cris restent faibles, ses protestations au Maître du monde L’incitant à rejeter la techouva de Ses enfants du fait que leurs regrets ne sont pas sincères se heurtent, sous l’effet de la Miséricorde et de l’amour que D. nous porte à la muraille des anges, Ses fidèles serviteurs, qui prennent la défense du peuple juif et en rappellent les mérites. Ils se dressent donc et implorent : « Maître du monde, efface et pardonne à Tes enfants. Pourquoi une telle animosité à l’encontre de la descendance d’Avraham Ton bien-aimé ? Pourquoi une telle jalousie vis-à-vis de la descendance de Yits’hak, ton sacrifice ? (…) » C’est ainsi que, de fil en aiguille, ils continuent de déverser leurs suppliques devant le Créateur, prière qui « remue » les Cieux et atteint jusqu’au trône de gloire. Alors, le Saint béni soit-Il S’emplit d’une infinie Miséricorde à l’égard de Ses enfants et les acquitte tous. Il Se réjouit alors de l’œuvre de Ses anges et les loue en ces termes : « Heureux êtes-vous, qui relevez le mérite de Mes enfants ! » Nous voyons donc que D. ne désire que le bien de Ses enfants et, en ce saint jour, déverse sur eux un flux de Miséricorde.

Nous allons par ailleurs nous pencher sur un remarquable passage du Midrach (Yalkout Chimoni 578), à propos du verset : « Car en ce jour, on fera propitiation sur vous » : « Le Satan a constaté qu’il ne trouvait aucune faute dans le peuple juif et l’a rapporté au Saint béni soit-Il : “Maître du monde, Tu as sur terre un peuple qui ressemble à des anges. De même que les anges sont nu-pieds, les enfants d’Israël le sont à Yom Kippour [allusion à l’interdiction de porter des chaussures en cuir]. De même que les Anges restent debout, les enfants d’Israël restent toute la journée dans cette posture. De même que les anges ne mangent ni ne boivent, les enfants d’Israël s’abstiennent de boisson et de nourriture à Yom Kippour. De même que les anges sont purs de toute faute, de même Israël. De même que la concorde règne entre les anges, est-ce aussi le cas entre les enfants d’Israël.” Le Saint béni soit-Il écoute ce témoignage de leur procureur et les absout. » Voilà qui est étonnant : si le Saint béni soit-Il tient compte du témoignage du Satan, selon lequel Ses enfants seraient aussi purs de toute faute que les anges, pourquoi préciser, aussitôt après, qu’Il leur accorde l’absolution, le pardon et l’effacement de leurs péchés !? S’ils sont irréprochables, que vient faire ici la notion d’absolution ?

Cette apparente incohérence vient une fois de plus souligner l’infinie bonté du Saint béni soit-Il envers Ses enfants. En effet, bien que ceux-ci aient à leur compte des péchés et qu’ils soient loin d’être innocents et irréprochables, Il choisit de le dissimuler au Satan afin qu’il ne les accuse pas en ce saint jour. Il décide au contraire de lui faire miroiter seulement l’aspect positif et intègre des enfants d’Israël, au point que le Satan s’émerveille et se met à faire leur éloge, soulignant combien ils sont purs et dénués de toute faute, vraiment comme des anges. Ce plaidoyer émanant de l’Accusateur par excellence a un impact considérable dans le Ciel et est d’un grand concours pour les enfants d’Israël. En effet, bien que simultanément, D. soit parfaitement conscient des manquements de Ses enfants, Il les leur pardonne et les efface… Voilà une belle preuve, toutefois infime, de l’infinie bonté du Créateur à notre égard en ce jour.

Or, il faut savoir utiliser à bon escient cette grande lumière qui se déverse sur nous en ce jour et la faire perdurer tout au long de l’année. Car nous constatons hélas que, si d’aucuns ont le mérite de contempler à Yom Kippour une partie de la lumière divine et de se « frotter » à la Présence divine dans l’enceinte de la synagogue, dès que se termine ce saint jour, toute leur pureté de cœur cesse et disparaît. Ils retournent alors à leurs mauvaises habitudes et réitèrent leurs fautes antérieures, sans faire l’effort de fixer en eux de façon durable cet influx de pureté, du fait qu’au fond d’eux-mêmes, ils ne désirent pas s’améliorer et « circoncire » leur cœur. Ils préfèrent continuer leurs mauvaises actions et rester sur la mauvaise voie, et c’est pourquoi la pureté de Kippour ne s’imprime pas en eux durablement et disparaît à la fin de ce jour aussi rapidement qu’elle était apparue.

La haftara de Yom Kippour illustre parfaitement ce principe. On y voit le prophète Yona, en fuite sur un bateau, en compagnie de nombreux non-juifs de différents peuples, quand soudain, une tempête éclate : l’embarcation se trouve ballotée, telle un fétu de paille, au milieu des flots déchaînés. Conscients du danger et fous d’angoisse, les différents passagers s’empressent d’invoquer leurs dieux, en vain. En désespoir de cause, ils s’adressent à Yona, endormi à la poupe : « Que fais-tu là, dormeur ? Debout ! Invoque ton D., peut-être ce D.-là S’ingéniera-t-Il en notre faveur, de sorte que nous ne périrons pas. » (Yona 1:6) Le prophète avoue alors qu’il est responsable de la situation car il est en train de fuir D., puis consent à être jeté dans la mer en furie, ce qui provoque une brusque et totale accalmie. « Et ces hommes conçurent une vénération profonde pour l’Eternel ; ils lui offrirent des sacrifices et firent des vœux en son honneur », conclut le texte (ibid. 1:16).

Une question se pose : si ce miracle et cette démonstration de force colossale suscitèrent un tel émerveillement et une telle révérence pour D., pourquoi ces païens ne rejetèrent-ils pas leurs pratiques idolâtres ? Après avoir eu face à eux la Vérité sans fard, après être arrivés à la connaissance de D., comme Maître éternel et unique du Ciel et de la terre, pourquoi ne se convertirent-ils pas ?

C’est exactement le même phénomène que celui du « Juif de Kippour », précédemment évoqué. Il est indéniable qu’au moment du miracle – le brusque arrêt de la tempête dès que Yona fut jeté à la mer –, les témoins en ressentirent une vive émotion et s’émerveillèrent de voir à l’œuvre la Toute-Puissance divine. Néanmoins, une fois le choc passé, cette impression s’est atténuée, car au fond d’eux-mêmes, ils ne désiraient pas modifier leur mode de vie et préféraient rester dans le confort du mal, d’une vie sans freins ni limitations. Ils n’étaient en fait pas prêts à s’incliner devant le Maître du monde et à s’engager au respect des mitsvot, et c’est pourquoi tout cet émoi se dissipa bien vite.

Dans la même veine, Rabbi Tan’houma rapporte dans la Guemara (Yerouchalmi Berakhot 63b) une autre aventure maritime : « Dans un bateau non-juif traversant la Méditerranée se trouvait un enfant juif. Une violente tempête éclata. Chaque non-juif se trouvant à bord se munit de son idole et se mit à l’implorer, sans effet. Ils dirent alors à ce Juif : « Mon garçon, appelle donc ton D. ; nous avons entendu qu’Il vous répond lorsque vous L’appelez, et qu’Il est puissant. Aussitôt, l’enfant se dressa et implora de tout son cœur. Le Saint béni soit-Il agréa sa prière et la mer s’apaisa. » Eblouis, les passagers du navire s’écrièrent : « Nous nous trouvons là, tandis que nos abominables idoles sont à Rome ou à Babel, tandis que toi, ton D. est avec toi à tout endroit ! » Une grande sanctification du Nom divin s’ensuivit donc. Et pourtant, pourquoi ce profond émerveillement ne laissa-t-il pas de traces ? Pourquoi ne se convertirent-ils pas et ne se rapprochèrent-ils pas de D. en faisant techouva ? La réponse est toujours la même. Ils ne voulaient pas vraiment et sincèrement changer de mode de vie. Ils ne souhaitaient pas reconnaître D. et Sa Torah et, de ce fait, ils étouffèrent la flamme de l’enthousiasme naissante, qui disparut bien vite sans laisser de trace.

De même, à Yom Kippour, l’homme doit s’efforcer d’éveiller et de maintenir dans son cœur la flamme allumée par la sainteté du jour et être motivé à ce que celle-ci l’accompagne pour très longtemps. La lumière divine qui le couvrait en ce jour si saint continuera alors à rayonner tout le restant de l’année, pourvu qu’il ne se contente pas de l’émotion de l’instant, fugace, pour ensuite revenir à son état antérieur et aux erreurs du passé.

Au sujet de la techouva, je voudrais rapporter ici une histoire très forte au sujet d’un Juif qui s’était détourné de la Torah. Rapportée par un riche Juif marocain, membre de sa famille, elle est une preuve supplémentaire de la grandeur de mon saint grand-père, auteur de grands miracles, Rabbi ‘Haïm Pinto zatsal, qui eut ainsi le mérite de ramener de nombreux Juifs sur le droit chemin.

Comme nous l’avons dit, le protagoniste de ce récit avait tourné le dos à notre héritage, faisant ainsi le désespoir de sa famille, dont toutes les tentatives de rapprochements restaient vaines. Une nuit, Rabbi ‘Haïm Pinto lui apparut en rêve. Il s’adressa à lui avec une grande sévérité : « Honte à toi ! Tu fais rougir ton père et ton grand-père, des hommes qui craignent D., et leur causes une peine énorme. Cela suffit ! Fais techouva ! »

Cela avait l’air si réel... « Ce n’était qu’un rêve ; cesse de t’angoisser », le convainquit pourtant sa femme au réveil, balayant ainsi toute inquiétude et tout remords. Aussi notre homme essaya-t-il d’oublier le rêve, mais celui-ci se reproduisit et, cette fois, Rabbi ‘Haïm le tança très durement, d’un ton sans réplique. « Si tu ne te dépêches pas de te repentir totalement, ta fin sera amère ! » le menaça-t-il. Sous le choc de ce rêve effrayant, cet homme finit par capituler et prit la résolution de changer, d’améliorer ses actes, et de se rapprocher de la Torah et des mitsvot. Après une courte période, sa femme et lui avaient opéré un repentir absolu. Cela fait maintenant dix ans qu’il a à cœur, chaque année, de se rendre sur la tombe de Rabbi ‘Haïm Pinto à Mogador, par gratitude envers ce Saint qui lui a permis d’émerger des ténèbres. Après un certain temps, il vit de nouveau Rabbi ‘Haïm Pinto en rêve. Cette fois-ci, Rabbi ‘Haïm lui sourit et lui dit : « Heureux sois-tu d’avoir causé une telle satisfaction au Créateur ! »

Puis d’ajouter, sous forme de question : « Tu portes des nouvelles lunettes ? » Et le Juif de répondre : « Oui, à présent, je vois bien mieux qu’avant. » Il est évident que cet échange n’est pas à prendre au sens propre, mais en tant qu’évaluation du niveau spirituel de l’homme. Autrement dit, plus notre homme se rapprochait de la Torah et des mitsvot, et plus sa vue – d’un point de vue spirituel – devenait perçante, plus il parvenait à percevoir D. et Sa Présence. A la fin de ce rêve, le tsaddik enlaça et embrassa ce Juif et le bénit du fond du cœur.

Puissions-nous tous mériter de nous repentir sincèrement et totalement, d’être source de joie et de contentement pour notre Créateur à travers l’accomplissement de Sa volonté et, par ce mérite, d’être tous inscrits et scellés immédiatement dans le Livre de la vie et de la paix ! Amen.

 

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