« Un seul clin d’œil », par le mérite des justes

On peut lire dans le Talmud (Roch Hachana 16a) qu’à Roch Hachana, toutes les créatures défilent devant le Très-Haut comme les brebis d’un troupeau, comme il est dit (Tehilim 33:15) : « Il a formé leur cœur à tous, et Il comprend tous leurs actes ». Pourtant, dans le même traité de Guemara (ibid. 18a), il est écrit que « tous sont scrutés en un seul coup d’œil », Rav Na’hman bar Yits’hak confirmant cet enseignement en citant à l’appui le verset des Psaumes.

Comment peuvent-ils tous être scrutés en un seul regard ? En outre, qu’ajoute Rav Na’hman bar Yits’hak en citant derechef le verset des Psaumes décrivant ce jugement ?

Nous allons tenter de répondre par une parabole : un homme qui grimpe au sommet d’une tour extrêmement haute, observe, de là, les environs. Il aperçoit des gratte-ciels plus élevés, d’autres immeubles plus bas, ainsi que des points presque microscopiques : il s’agit de pavillons privés. Il serait prêt à jurer qu’il ne voit que les hautes tours.

De même, lorsque le Saint béni soit-Il s’apprête à juger le monde entier, de Son point de vue, Il ne voit presque que les grands tsaddikim, n’accordant pratiquement aucun regard aux fauteurs, aux « hommes bas », quasi invisibles. Par le mérite des justes, Il juge le monde entier en un seul coup d’œil, qui fait ressortir le bien, et non le mal.

Dès lors, on comprend de quel « coup d’œil » il s’agit, grâce aux tsaddikim, ces « gratte-ciels » qui masquent notre petitesse. A cet égard, l’analyse de Rabbi Na’hman bar Yits’hak n’est pas contradictoire : il laisse entendre que le Créateur voit le cœur de tous les justes et que, par leur mérite, Il comprend même les actes des personnes d’un niveau inferieur.

Est-ce à dire qu’il y a des personnes qui échappent à tout jugement ? Nous allons, une fois de plus, répondre par une allégorie. Un roi vient aux portes de sa capitale et tous les habitants sortent à sa rencontre pour l’accueillir. Pourtant, le roi est principalement venu pour rencontrer les nobles et dignitaires, qu’il souhaite interroger sur la bonne marche de leurs ministères. Comparativement, le peuple paraît quantité négligeable à côté de ceux-ci. Cependant, lorsque le souverain constate avec satisfaction que les notables servent ses intérêts avec droiture, certain que ceux-ci donnent le ton, il en conclut que les simples citoyens sont certainement bons et droits.

Ainsi, à Roch Hachana, tout Juif, même le plus humble, doit faire techouva pour conférer une grande force aux tsaddikim, afin que, par leur mérite, le monde entier soit jugé, en un seul coup d’œil, de façon positive, pour une existence heureuse et prospère et une bonne année, tant matériellement que spirituellement.

Telle est l’intention de Rabbi Na’hman bar Yits’hak lorsqu’il avance que les deux aspects ne sont pas contradictoires : tous défilent certes un à un, comme les brebis d’un troupeau, mais tous sont scrutés en un seul coup d’œil. En effet, les tsaddikim sont les éléments qui ressortent, font saillie aux yeux du Très-Haut, Qui s’attarde à les contempler, comme l’observateur des hautes tours. Les plus humbles membres de notre peuple, les plus petits d’entre nous se faufilent pour ainsi dire derrière eux, telles les brebis se collant aux pas de leur berger, si bien qu’on ne voit presque que ce dernier.

Ainsi mériterons-nous, même les plus humbles d’entre nous, d’être sauvés par le mérite des justes. Toutefois, pour que ce « miracle » opère, il faut y mettre « du sien » et se conformer à leurs avis et directives, afin de mériter, grâce à eux, une bonne et douce année.

 

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