Le retentissement prolongé des tonnerres du Sinaï

Comme nous le savons, la révélation du Sinaï fut accompagnée d’impressionnantes manifestations, comme il est écrit : « Or, tout le peuple fut témoin de ces tonnerres, de ces feux, de ce bruit de cor » (Chemot 20:15). De fait, cet impressionnant son du cor que le peuple juif entendit lors du don de la Torah est perpétuel : il continue à retentir et à résonner dans le cœur de tous les Juifs, à travers les générations. En effet, comme le précise la suite des versets, Moché rassura le peuple, terrifié par un tel spectacle, en lui disant : « Soyez sans crainte (…) C’est pour que Sa crainte vous soit toujours présente afin que vous ne péchiez point. » (ibid. 20:17) Il est évident que si ces manifestations visaient alors à inspirer la crainte de Dieu aux enfants d’Israël, cet objectif était aussi intemporel. En d’autres termes, le son du cor continue à retentir avec vigueur et à raffermir en nos cœurs la crainte de Dieu. Ceci rejoint l’enseignement de Rabbi Yehochoua ben Lévi : « Chaque jour, une voix céleste sort du mont ‘Horev et s’exclame : “Malheur aux hommes pour la honte qu’ils suscitent à la Torah !” » (Avot 6:2)

Ce son du Chofar retentit également dans le cœur des mécréants, puisqu’eux aussi étaient présents lors de la révélation du Sinaï, conformément à l’interprétation de nos Maîtres (Chabbat 146a) du verset : « Mais avec ceux qui sont aujourd’hui placés avec nous, en présence de l’Eternel, notre Dieu, et avec ceux qui ne sont pas ici, à côté de nous, en ce jour » (Devarim 29:14) – allusion au fait que toutes les âmes juives, aussi bien celles ayant déjà été créées que celles n’étant pas encore venues au monde, furent présentes à ce moment historique.

Néanmoins, l’attitude des mécréants diffère fondamentalement de celle des justes face à ce retentissement. Les justes exploitent l’influx de sainteté provenant du son du Chofar et qui jaillit de leur cœur pour étudier la Torah, élaborer de nouvelles interprétations et jouir du profond délice que recèle l’étude. Ils mettent si bien ce son à profit que, comme si « la voix divine [leur] répondait » (Chemot 19:19), à l’instar de Moché duquel ils ont hérité d’une parcelle d’âme (Zohar III 216b), ils s’appuient sur cette voix pour appréhender les secrets de la Torah. A l’opposé, les méchants utilisent ce pouvoir de leur cœur pour réaliser leurs mauvais projets, renforçant ainsi l’écorce impure qui se rattache à cette voix – les puissances impures ne pouvant exister qu’en s’alimentant de sainteté.

Aussi convient-il de s’éloigner à tout prix des mécréants, en vertu de l’avertissement de nos Sages : « Ne te lie pas au méchant » (Avot 1:7). Cette mise en garde doit être prise avec encore plus de sérieux lorsque ces personnes s’entretiennent de propos hérétiques, ce qui renforce considérablement l’emprise des puissances impures. Combien de mauvais décrets s’abattent-ils malheureusement sur l’homme à cause de ceci ! En outre, dans une telle situation, l’écorce impure peut parvenir à prendre la place d’une parole sainte qu’aurait dû émettre un juste. Or, annuler la parole du juste revient, à Dieu ne plaise, à annuler celle du Créateur, qui le soutient et, pour ainsi dire, parle à travers sa gorge, comme il est dit : « Tu formeras des projets et ils s’accompliront en ta faveur » (Iyov 22:28). Autrement dit, le juste formule des décrets et le Saint béni soit-Il les met à exécution. C’est pourquoi, nous avons l’habitude de solliciter la bénédiction et les conseils des justes, car ils bénéficient d’une assistance divine particulière.

Nous devons donc suivre leur directive, et c’est dans ce sens que j’explique cette anecdote, rapportée dans la Guemara (Sanhédrin 98a). Lorsque Rabbi Yehochoua ben Lévi demanda à Elyahou Hanavi quand le Machia’h viendrait, il lui répondit : « Aujourd’hui ». Après l’avoir attendu toute la journée sans qu’il ne se soit annoncé, Rabbi Yehochoua vint se plaindre auprès du prophète, qui lui expliqua l’intention sous-jacente à son propos : « Aujourd’hui, si vous écoutez Sa voix. » (Tehilim 95 :7) En d’autres termes, pour mériter ce moment tant attendu, il nous incombe de nous conformer aux paroles des justes, qui ne sont autres que l’expression de celle de l’Eternel, que nous avons tous entendue au Sinaï.

Nos Maîtres affirment à cet égard : « Celles-ci comme celles-là sont les paroles du Dieu vivant » (Erouvin 13b ; Yerouchalmi Berakhot 1:4), ce qui signifie que chacun d’entre nous peut proposer sa propre interprétation, conforme à ce que son âme a perçu lors de la révélation du Sinaï.

C’est à l’aide de ce puissant pouvoir du son, entendu au Sinaï et qui s’ancra au plus profond de son cœur, que l’homme a la capacité de venir à bout du mauvais penchant, qui est de feu (Zohar I 80a). C’est pour cette raison que l’Eternel a fait entendre Sa voix à Ses enfants, comme le soulignent les versets : « La voix de l’Eternel [éclate] avec force, la voix de l’Eternel, avec majesté. La voix de l’Eternel brise les cèdres (…) La voix de l’Eternel fait jaillir des flammes ardentes ; la voix de l’Eternel fait trembler le désert. » (Tehilim 29 :4-8) Le désert fait d’une part allusion aux puissances impures, dont ce lieu est le refuge (Zohar II 157) et qui, elles aussi, craignent la voix divine. D’autre part, il se réfère à l’homme, qui se rend semblable au désert (Midrach Agada ‘Houkat 21:19), c’est-à-dire annule son ego, pour étudier la Torah qui y fut donnée. En tant que lieu public, le désert exprime l’idée selon laquelle quiconque désire prendre une part dans la Torah en a la possibilité (Pessikta Zoutra Terouma 25:16). En outre, le terme midbar (désert) a la même valeur numérique que dérekh tova, la bonne voie, que l’homme se doit d’emprunter.

La voix entendue par nos ancêtres dans le désert a introduit et renforcé en leur cœur la crainte de Dieu, base de toute sagesse (cf. Tehilim 111:10). Notre mission consiste à en préserver la teneur. S’il nous arrive de ressentir une faiblesse dans ce domaine, nous devons nous travailler pour la restituer, avant qu’elle ne s’éteigne complètement. Nous avons la possibilité de raffermir cette voix par le biais d’une étude assidue de la Torah et d’une résolution de se plier aux directives des justes, qui sont l’écho de la parole divine.

C’est en cela que consiste essentiellement la lutte que l’homme doit mener dans ce monde contre le mauvais penchant, qui tente par tous les moyens d’effacer de son esprit et de son cœur l’impression de cette voix perçue au Sinaï. Ceci correspondait d’ailleurs aux desseins maléfiques de la Grèce, dont le but était de susciter l’oubli de la Torah. De même, à l’époque de Mordekhaï, les Juifs refusèrent au départ d’écouter ce Sage qui leur avait interdit de participer au festin du roi A’hachvéroch (Meguila 12a), puis finirent par se plier à ses directives, comme il est dit : « Les Juifs accomplirent et acceptèrent pour eux, pour leurs descendants » (Esther 9:27).

La voix de la Torah, une arme contre le mauvais penchant

Les écrits de nos Sages regorgent de descriptions terrifiantes au sujet du mauvais penchant et de la lutte acharnée qu’il mène à l’homme. Le Zohar (I 171a) rapporte ce commentaire de Rabbi Chimon sur le verset : « Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, il lui pressa la cuisse » (Beréchit 32:26) :

« Voyez donc à combien de ruses et de détours eut recours, lors de cette nuit, celui qui chevauche le serpent pour lutter contre Yaakov ! En connaissance du verset : “la voix est celle de Yaakov et les mains sont celles d’Essav” (ibid. 27:22), il a analysé toutes les prises par lesquelles il pourrait attaquer Yaakov et faire cesser sa voix. Il constata qu’il était fort de tous les côtés, armé à sa droite du mérite de la charité d’Abraham, et à sa gauche du mérite de la vaillance d’Its’hak. Il vit en outre que le pouvoir de la Torah était prédominant et comprit “qu’il ne pouvait le vaincre”. Que fit-il alors ? Ne pouvant s’attaquer directement à la Torah, “il lui pressa la cuisse”, c’est-à-dire s’attaqua aux personnes qui soutiennent ceux qui l’étudient, de sorte à empêcher ces derniers de s’y consacrer. En l’absence de soutien, la voix de la Torah s’affaiblirait, et les mains d’Essav pourraient prendre le dessus. Lorsque Yaakov constata l’atteinte que l’ange tutélaire d’Essav lui avait portée, il le saisit, le maîtrisa et l’empêcha de partir jusqu’à ce qu’il le bénisse et reconnaisse son droit aux bénédictions paternelles. »

Nous en déduisons que le mauvais penchant s’attaque essentiellement à l’homme dans le domaine de l’étude de la Torah, tentant d’atténuer la voix de Yaakov qui symbolise celle-ci. Il cherche à rendre la voix – kol – légère, faible – kal, écriture défective, telle qu’elle figure à la première occurrence du terme dans notre verset. En outre, le mauvais penchant est particulièrement virulent la nuit, profitant de ce moment où l’homme est fatigué pour amplifier son emprise sur lui. Il nous appartient donc de nous efforcer au maximum de contrer ce courant d’influence, la Torah étant la base et la condition sine qua non au maintien du monde, comme il est dit : « Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre (…) » (Yirmyahou 33:25).

Il est évident que l’homme est suffisamment puissant pour vaincre le mauvais penchant, puisque, comme le souligne le Zohar précité, il bénéficie d’un soutien à sa droite et à sa gauche ; il lui faut donc uniquement se renforcer. Toutefois, lorsque ce redoutable ennemi constate son impuissance face à l’homme, il déploie toutes sortes de subterfuges à son encontre : il exploite les diverses épreuves auxquelles il est confronté pour lui inspirer de la lassitude, l’affaiblir et le plonger dans la torpeur. A l’homme de surmonter tous ces obstacles afin de ne pas se laisser capturer dans les filets du mauvais penchant et de faire perdurer la voix de la Torah !

Sur le mode allusif, cette idée peut se retrouver dans les versets : « Voyez ! C’est la litière de Chelomo ! Elle est entourée de soixante braves, d’entre les héros d’Israël ; ils sont tous armés du glaive, experts dans les combats ; chacun porte le glaive au flanc, à cause des terreurs de la nuit. » (Chir Hachirim 3:7-8) Le roi Chelomo dont le nom provient de la racine chalem, entier, incarne le Juif qui voue ses jours à l’étude de la Torah afin que sa couche soit parfaite. Les versets cités sous-entendent qu’il doit se soucier de faire résonner la voix de son étude également la nuit. Les « terreurs de la nuit » se réfèrent aux camps des puissances impures et des forces malfaisantes (Zohar III 21b), qui redoublent de vigueur la nuit et cherchent à porter atteinte et à réduire le pouvoir de la Torah émanant de l’homme. Les « soixante braves » font allusion, à travers le chiffre six, à la lettre Vav (qui a cette valeur numérique) dont nous devons assurer la présence dans le terme kol – symbolisant l’étude de la Torah – afin qu’il ne devienne pas kal – faible.

L’importance de l’étude nocturne est telle que nos Maîtres l’ont soulignée en affirmant que « quiconque étudie la Torah de nuit, le Saint béni soit-Il l’entoure d’un fil de bonté la journée » (‘Haguiga 12b).

S’il est vrai que la voix de la Torah assiste considérablement l’homme dans sa lutte contre le mauvais penchant, qui le guette à chaque recoin, il ne peut néanmoins bénéficier de cette aide que dans la mesure où il suit fidèlement la voix divine dont il est l’écho, dans l’esprit du verset : « Moché parlait et la voix divine lui répondait » (Chemot 19:19). Dans ce cas seulement, il pourra avoir raison de cet éternel ennemi, assurer le triomphe du Chofar – « et un son du cor très intense » (ibid.19:16).

Il arrive parfois que le mauvais penchant, constatant son incapacité à affaiblir la voix de la Torah d’un Rav, s’attaque à celle de ses élèves – ceux qui « soutiennent » la Torah, puisque « sans peuple, il ne peut y avoir de roi » (Kad Hakéma’h ; Roch Hachana 70a). Par ce biais, il en vient aussi à amoindrir la voix du Rav lui-même. Il profite tout particulièrement pour s’attaquer aux élèves lorsqu’il constate qu’ils n’écoutent pas convenablement leur maître. Dans une telle situation, ce dernier, qui ne retire pas de fruits de ses efforts, a tendance à baisser les bras. Or, il doit savoir qu’il lui faut non seulement éviter de désespérer, mais en plus se renforcer dans sa tâche en répétant son cours à ses élèves jusqu’à ce qu’ils le comprennent, apprécient la richesse de la Torah, et que leur cœur soit imprégné d’un profond amour pour celle-ci.

Le principe de base que le Rav comme ses disciples doivent bien garder à l’esprit est que toutes ces difficultés qu’ils rencontrent dans l’étude ne sont que les résultantes, les répercussions de la lutte de Yaacov contre l’ange d’Essav, représentant du mauvais penchant. De même que Yaacov parvint à prendre le dessus sur celui-ci bien qu’il s’attaquât à lui la nuit, où les puissances impures règnent en maîtresses, de même détenons-nous le pouvoir de le vaincre aujourd’hui, en nous appuyant sur cette force héritée de nos ancêtres.

Rapportons ici cette impressionnante anecdote de la Guemara (Erouvin 54b). Rabbi Preida avait un élève qui éprouvait de grandes difficultés de compréhension, au point qu’il se voyait contraint de lui répéter quatre cents fois le même enseignement pour qu’il le saisisse enfin. Un jour, quelqu’un vint prévenir le maître qu’il devrait sortir pour accomplir une mitsva. Ce dernier poursuivit et termina d’abord son enseignement, mais son élève ne l’intégra pas. Il l’interrogea alors : « Pourquoi ne comprends-tu donc pas comme à l’habitude ? » Et de répondre : « Depuis l’instant où on est venu prévenir mon maître qu’il devrait se rendre quelque part, je ne suis plus arrivé à me concentrer, pensant constamment que vous devriez partir. » Loin de se départir de son calme, Rabbi Preida lui dit : « A présent, concentre-toi bien sur ce que je vais t’enseigner. » Et il lui répéta son enseignement quatre cents fois supplémentaires, efforts couronnés de succès. Une voix céleste s’exclama : « Rabbi Preida, désires-tu être récompensé par un ajout de quatre cents années de vie ou par l’assurance que toi-même et ta génération hériterez du monde à venir ? » Il opta pour la seconde alternative, et le Saint béni soit-Il décréta : « Qu’on lui accorde l’un et l’autre ! »

Il semble que l’urgence à laquelle Rabbi Preida devait se rendre ne fût autre qu’une épreuve envoyée du Ciel et que le mauvais penchant tenta d’exploiter pour susciter la colère du maître contre son élève. Si toutefois il ne s’énervait pas, le maître pourrait en venir à désespérer de son élève, ce qui introduirait également dans le cœur de ce dernier un sentiment de désespoir vis-à-vis de son Rav, situation qui compromettrait dangereusement l’avenir de la Torah (cf. Nazir 50a ; Kiddouchin 66a), dont la voix (kol) risquait de devenir légère (kal), de s’estomper. Mais, plutôt que de tomber dans ces pièges du mauvais penchant, Rabbi Preida maîtrisa ce dernier et s’attela patiemment à sa tâche, répétant son enseignement quatre cents nouvelles fois, jusqu’à ce que son élève l’intègre. Il mérita alors une récompense considérable.

Ceci rejoint l’enseignement de nos Sages (‘Haguiga 9b) selon lequel « on ne peut comparer celui qui révise son étude cent fois à celui qui la révise cent une fois », la cent-unième fois étant l’étape critique sur laquelle le mauvais penchant s’appuie pour faire pression sur l’étudiant et le détourner de son étude. D’ailleurs, ce nombre fait allusion à la réparation de l’atteinte portée par l’ange d’Essav à la cuisse (bekhaf yerékho) de Yaakov, le terme bekhaf équivalant, plus ou moins un, à cette valeur numérique. L’intention de Yaakov lorsque, au terme de cette lutte, il saisit l’ange était de nous transmettre la force de surmonter les épreuves, les pièges que nous tend sans cesse le mauvais penchant.

L’homme qui s’efforce d’étudier la nuit procure de la satisfaction à son Créateur. De même en est-il de celui qui va dormir afin d’engranger de nouvelles forces dont il se servira le lendemain pour lutter contre le mauvais penchant. Son intention étant pure et désintéressée, il dort tout en étant proche de Dieu, et bénéficiera à son réveil d’un regain d’énergie pour Le servir avec ardeur, comme il est dit : « Elles se renouvellent chaque matin, infinie est Ta bienveillance. » (Ekha 3:23)

Du fait que, durant son sommeil, l’homme lutte contre le mauvais penchant, quand il se lève, le matin, il doit se laver les mains (Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 4) afin de se débarrasser de l’impureté qui s’y est attachée lors de cette lutte. C’est aussi pourquoi il lui incombe d’étudier la Torah dès son lever, en récitant soit des passages de Michna ou de Guemara, soit le rite des sacrifices – également considéré comme de l’étude. Cette étude matinale doit précéder la prière, car elle doit faire immédiatement suite à la lutte nocturne contre le penchant au mal, qui se prolonge jusqu’au lever du jour. L’expression « jusqu’au lever de l’aube » (Beréchit 32:25) en constitue la preuve, puisque le terme « lever » renvoie à la notion d’élévation, tandis que le terme cha’har (aube) peut être rapproché du terme cha’hor (noir), et faire ainsi allusion à l’écorce impure (Zohar II 149b).

Au terme de la lutte, l’ange d’Essav reconnut sa défaite, comme le souligne le verset : « Voyant qu’il ne pouvait le vaincre » (Beréchit 32:26), et ainsi qu’il l’exprima à Yaakov : « car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines, et tu es resté fort » (ibid. 32:29). Dès lors, le matin venu, le pouvoir d’Essav, du mauvais penchant, se trouve d’emblée affaibli.

Le Ben Ich ‘Haï interprète ainsi cet avertissement de nos Sages : « Celui qui vient te tuer, lève-toi et précède-le ! » (Sanhédrin 72a ; Bamidbar Rabba 21:5) : « Celui qui vient te tuer est le mauvais penchant ; l’homme a la possibilité de le tuer en se levant tôt le matin pour étudier aussitôt la Torah, ralliant par celle-ci le jour à la nuit. » Le Chla (cf. Michna Beroura 1:2) évoque également l’importance de lier le jour et la nuit par la Torah.

Par conséquent, la lutte de l’homme contre le mauvais penchant s’étend sur toutes les heures du cadran, puisque cet adversaire s’attaque à lui aussi bien la journée que le soir et la nuit, durant son sommeil – en le perturbant par de mauvais rêves ou en suscitant chez lui une pollution nocturne. Car dès qu’il constate qu’un homme est proche de Dieu, il l’agresse avec une vigueur redoublée. Aussi, dès qu’on se réveille, il convient de se laver les mains, pour poursuivre ensuite cette lutte de sorte que, la journée aussi, on puisse prendre le dessus sur notre ennemi.

La continuation de cette lutte se fait, dès le petit matin, par le biais de l’étude de la Torah, antidote au mauvais penchant (cf. Kiddouchin 30b), qui permet à l’homme de s’élever, de maîtriser l’obscurité – cha’hor – que celui-ci représente. Celui qui se contente de se laver les mains le matin pour se débarrasser de l’impureté de la lutte nocturne mais n’étudie pas ensuite quelques passages de la Torah, gardera l’empreinte de cette impureté, ce qui risquera, au courant de la journée, de l’indisposer et de constituer un grand obstacle. Si l’on désire, à l’instar de Yaakov, s’assurer la victoire sur le mauvais penchant et démarrer notre journée sur cet acquis, il nous appartient donc de lier celle-ci à la nuit en l’entamant par l’étude de la Torah.

Résumé

 •Toutes les âmes juives, celles des justes comme celles des méchants, étaient présentes lors de la révélation du Sinaï, et la voix divine qui y retentit continue à résonner en elles. Les justes l’exploitent pour s’élever en Torah, tandis que les méchants l’utilisent pour renforcer les puissances impures. Il faut donc éviter de se lier aux mécréants, car on renforcerait ainsi l’écorce impure. Au contraire, on a pris l’habitude de se rendre auprès de justes pour solliciter bénédictions et conseils, leur voix étant l’écho de celle de Dieu.

 •Cette voix permet à l’homme de vaincre le mauvais penchant, qui s’acharne alors pour en susciter l’oubli. Etudier la nuit est primordial, car à ce moment, les puissances impures dominent. Dès le lever, il convient de se laver les mains, afin de se débarrasser de l’impureté de la lutte nocturne contre le mauvais penchant. A l’instar de Yaakov, nous devons lier le jour et la nuit par l’étude de la Torah, en s’appuyant sur ce pouvoir transmis par notre Patriarche. Si quelqu’un ressent que son enseignement ne porte pas ses fruits, il ne doit pas se décourager, car il ne s’agit que d’une ruse de son penchant.

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