La Torah, un précieux trésor accordé au peuple juif

Dans la Guemara (Chabbat 88b), nous pouvons lire les lignes suivantes : « Les anges de service vinrent dire au Saint béni soit-Il : “Un précieux trésor que tu as gardé à Tes côtés durant neuf cent soixante-quatorze générations avant la création du monde, Tu voudrais à présent le céder aux êtres humains ? Qu’est donc l’homme, que Tu penses à lui ? Le fils d’Adam, que Tu le protèges ? (Tehilim 8:5)” » Cependant, en dépit de ces tentatives de dissuasion de la part des créatures célestes, l’Eternel décida de donner la Torah en cadeau au peuple juif. Dans un autre traité (Berakhot 5a), il est affirmé, au nom de Rabbi Chimon bar Yo’haï, que le Créateur donna trois bons cadeaux au peuple juif : la Torah, la terre d’Israël et le Monde futur.

Pourtant, comment est-il possible de qualifier la Torah de cadeau, alors qu’elle comprend un si grand nombre d’interdictions et de punitions venant sanctionner qui les enfreint ? Les enfants d’Israël auraient pu rétorquer qu’ils ne sont pas intéressés à recevoir ce type de cadeau, dans l’esprit de ces paroles : « Ni de ton miel, ni de tes épines » (Bamidbar Rabba 20:9). En outre, comme nous le savons, en dépit de leur déclaration : « nous ferons et nous comprendrons » (Chemot 24:7), nos ancêtres acceptèrent la Torah sous la contrainte (Chabbat 88a), et dès lors, comment peut-elle être appelée un cadeau ?

Répondons à cette problématique en nous appuyant sur l’interprétation de nos Sages des versets : « Si vous vous conduisez selon Mes lois, si vous gardez Mes préceptes et les exécutez, Je vous donnerai les pluies en leur saison (…) » (Vayikra 26:3-4). Rachi explique que le début de ces versets fait référence à l’étude de la Torah, à laquelle on doit s’atteler. Il s’agit là d’un principe de base : si l’on désire ressentir le délice que représentent les mitsvot, ce cadeau divin, il faut étudier la Torah avec assiduité, en vertu de cet enseignement de nos Maîtres : « Que l’homme s’attelle toujours à l’étude de la Torah comme un taureau à son joug et comme un âne à son fardeau ! » (Avoda Zara 5b) Il bénéficiera alors de la bénédiction divine, à travers les pluies. En outre, se présenteront à lui des opportunités d’accomplir d’autres mitsvot, en rapport avec la pluie, car « on mène l’homme dans la voie qu’il désire emprunter » (Makot 10b).

Revenons à présent à la définition de la Torah en tant que « précieux cadeau », possédé par l’Eternel et caché durant des siècles. Elle correspond effectivement à un cadeau, en cela qu’elle procure à l’homme un délice incomparable et infini. Néanmoins, il est impossible d’en ressentir la saveur ou de l’acquérir par une simple vision ou acceptation – puisqu’on ne peut acquérir un objet par la seule vision (Baba Metsia 2a). Afin d’en connaître la valeur et les secrets, l’homme doit investir toutes ses forces dans la Torah et aspirer ardemment à s’y attacher.

Seul l’homme qui s’implique de tout son être dans l’étude de la Torah, en deviendra partie intégrante. Toutes ses aspirations convergeront vers ce but, qui sera le centre de sa vie, en vertu de l’enseignement : « Tourne-la et retourne-la, car tout s’y trouve. » (Avot 5:22) Uniquement celui qui se tue à la tâche de l’étude, dans l’esprit du verset : « lorsqu’il se trouve un mort dans une tente » (Bamidbar 19:14), peut parvenir à ressentir pleinement l’immense bienfait que représente la Torah, le plus précieux des cadeaux.

Mais si, au lieu de s’investir dans l’étude, l’homme attend passivement que la Torah pénètre d’elle-même son cœur, elle lui apparaîtra comme un lourd fardeau, et ce, même s’il dispense l’aumône et croit dans les justes. Car, loin d’être pleinement vécu, tout ce qu’il fait n’est que superficiel, puisqu’il est impossible de placer toute sa confiance dans les justes sans accomplir soi-même la condition de base qu’est l’étude assidue de la Torah.

Ainsi donc, afin d’apprécier réellement l’inestimable valeur du cadeau qui nous a été donné, la Torah, nous devons l’étudier avec ardeur. Au moment historique où elle leur fut donnée, nos ancêtres ne pouvaient l’estimer à sa juste valeur, n’ayant pas encore goûté à ses subtiles saveurs ; aussi Dieu dut-Il les contraindre à l’accepter. Ils étaient alors comparables à un homme qui, ne sachant à quoi ressemblent les perles et pierres précieuses, les prend pour de simples cailloux et ne se donne évidemment pas la peine de les ramasser. A l’inverse, celui qui sait les identifier et connaît leur valeur, s’il en trouve, sera prêt à investir tous les efforts nécessaires pour les récolter, puis les astiquera et en prendra bien soin, comme de la prunelle de ses yeux.

Résumé

 •En dépit de l’opposition des anges au don de la Torah aux hommes, l’Eternel décida de la donner à Ses enfants. Comment peut-elle être appelée un cadeau, alors qu’elle comprend un grand nombre d’interdictions et de punitions pour qui les transgresse, outre le fait que nos ancêtres l’acceptèrent sous la contrainte ?

 •Pour parvenir à apprécier le délice de la Torah, il faut s’atteler avec ardeur à son étude, au point d’en devenir partie intégrante. Lors du don de la Torah, les enfants d’Israël n’avaient pas encore goûté à ses saveurs, et Dieu dut donc la leur imposer.

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