La victoire sur la civilisation grecque, porteuse d’impureté

« Qu’est-ce que ‘Hanoucca ? Nos Maîtres ont institué le 25 Kislev (…) », demande la Guemara (Chabbat 21b). Le Ran note que si on décompose le nom de cette fête en ‘hanou d’une part, et les lettres caf-hé (de guematria 25) de l’autre, c’est un rappel de la victoire des ‘Hachmonaïm contre les Grecs, victoire devenue concrète avec la cessation des combats (‘hanou) le vingt-cinq Kislev, date de cette célébration.

Un autre point me semble fondamental : le rôle prépondérant de l’huile dans le miracle. Ce mot (chémen) contient les mêmes lettres que le mot nechama (l’âme), cette étincelle divine, d’une grande sainteté, que les enfants d’Israël consacrèrent à D. à travers le miracle. Ce concept se retrouve allusivement à travers le nom de la fête. Le verbe ‘hanou est de la même famille que le mot ma’hané (un camp), tandis que les lettres caf-hé ont la même guematria, plus ou moins un, que le Tétragramme. A travers le miracle de ‘Hanoucca, les enfants d’Israël formèrent donc un campement uni autour de D.

La Guemara demande : « Qu’est-ce que (maï) ‘Hanoucca ? » Quelle question ? Ne connaissons-nous pas tous la réponse ? Mais cette interrogation est plus profonde qu’il n’y paraît. Comme nous le savons, les Grecs régnèrent sur les enfants d’Israël cinquante-deux ans, guematria – à un près – de maï. La véritable question est donc de savoir pourquoi les enfants d’Israël sont ainsi restés sous la botte grecque pendant si longtemps sans se révolter.

Réponse : « nos Maîtres ont institué ». Autrement dit, l’essentiel de la guerre ne dépendait pas d’un armement matériel, comme le prouve la victoire des enfants d’Israël par le recours à l’arme fatale, spirituelle, la Torah, conformément à l’enseignement de nos Sages (Kiddouchin 30b) : « J’ai créé le mauvais penchant ; Je lui ai créé la Torah comme antidote. » Ainsi, dès que les enfants d’Israël se mirent à étudier la Torah, ils purent triompher des Grecs. Ce n’est donc pas un hasard si ce sont les ‘Hachmonaïm qui ont pris les armes contre les Grecs, puisqu’ils n’avaient jamais cessé d’étudier la Torah.

Autre point fondamental : la Torah doit être étudiée dans l’amour et l’unité. Aussi, dès que les enfants d’Israël formèrent un campement uni autour de D. – dans l’esprit de l’apophtegme : « La Torah, le Saint béni soit-Il et Israël ne font qu’un » (Zohar III 73a) –, ils l’emportèrent sur les Grecs.

Ces derniers visaient en fait à anéantir la sphère de Splendeur. Dans ce dessein, ils suspendirent le culte effectué dans le Temple, et notamment l’allumage de la Menora, responsabilité qui, au départ, était exclusivement réservée à Aharon, incarnation de cette sphère (Zohar I 261a).

Or, quand la Splendeur est effacée, les ténèbres et l’obscurité enveloppent le monde. Nos Sages, dans le Midrach (Beréchit Rabba 2:5), interprètent en ce sens l’expression (Beréchit 1:2) : « des ténèbres couvraient la face de l’abîme ». « Des ténèbres – il s’agit de la puissance grecque, qui obscurcit les yeux d’Israël par ses décrets », notent-ils. Le Messilat Yecharim explique que les ténèbres sont le fait du brouillage, de l’obscurcissement de la perception visuelle. C’était là, précisément, le dessein de la Grèce, de troubler et de perturber les cœurs et la vision des choses des Juifs, d’ébranler leur foi et de les pousser à l’abjuration, au reniement de leur foi en D.

Dans ce but, les Grecs ordonnèrent aux enfants d’Israël (Yerouchalmi ‘Haguiga 2:2 ; Vayikra Rabba 15:9) : « Ecrivez sur la corne du bœuf que vous n’avez pas de part dans le D. d’Israël. » Pourquoi précisément une corne de bœuf (kéren chor) ? Le nom de cette bête a la même guematria que haroch – la tête, centre de la réflexion – tandis que le terme kéren peut être décomposé en kar (froid) et la lettre noun, qui vaut cinquante. L’intention des Grecs est ainsi clairement mise à jour : troubler l’esprit des enfants d’Israël, introduire en eux de la froideur dans le Service divin et, de fil en aiguille, les mener, que D. préserve, jusqu’au cinquantième degré d’impureté.

En ce sens, le Ramban explique que les Grecs ne croyaient que ce qu’ils comprenaient, ce qui paraissait logique. En adeptes du rationalisme, ils choisirent de s’attaquer à tous les décrets divins échappant à l’entendement. Or, la Torah regorge de commandements de cet ordre : Chabbat, mila, interdit de consommer du porc (Yoma 67b), pour n’en citer que quelques uns.

Dans la prière de ‘Hanoucca, et notamment le passage « al hanissim », inséré dans celle-ci, nous décrivons cette attaque ciblée : « les détourner des lois émanant de Ta volonté ». La véritable guerre contre l’empire hellénistique portait donc sur ce point.

Nous pouvons à présent comprendre l’interrogation puis la réponse de la Guemara : « Qu’est-ce que ‘Hanoucca ? Nos Maîtres ont institué (…) ». En d’autres termes, pourquoi faut-il « camper » (‘hanou), élire résidence dans la Maison de D. (Youd-Hé-Vav-Hé, qui est aussi, plus ou moins un, la guematria de caf-hé), dans l’esprit du verset (Tehilim 27:4) : « Il est une chose que je demande au Seigneur (…), c’est de séjourner dans la maison de l’Eternel tous les jours de ma vie » ? Réponse : « Nos Maîtres ont institué », c’est-à-dire qu’il faut étudier la Torah sans questions ni doutes, avec une foi inébranlable, aux antipodes de la philosophie grecque, et c’est d’ailleurs le secret pour vaincre cette culture impure.

Il est ici possible, me semble-t-il, d’ajouter un autre point, concernant l’importance de la kippa. Le fait de se couvrir la tête peut en effet amener l’homme à une authentique crainte du Ciel. Les Grecs interdirent aux Juifs le port d’un tel couvre-chef, afin de porter atteinte à leur réflexion et à leur foi en D., et ainsi, à la sphère de Splendeur.

La preuve en est certainement dans cet ordre des Grecs aux enfants d’Israël d’inscrire sur les cornes de bœuf : « Nous n’avons pas de part dans le D. d’Israël » (Vayikra Rabba 15:9). Comme nous l’avons expliqué, le but était ainsi de refroidir leur esprit et de les mener au cinquantième degré d’impureté. Or, quelle pire atteinte peut-on porter au siège de la réflexion et des pensées que de retirer sa kippa ?

On pourrait même faire une sorte de « démonstration par l’absurde », en soulignant combien ces hommes qui se recueillent sur les tombes des justes, pour retirer leur kippa dès qu’ils s’en éloignent et, pire, transgresser le Chabbat, ont la tête et le cœur glacés à l’égard de tout ce qui touche au Service divin. La foi apparente qui leur reste est en fait l’œuvre du Satan. Car la véritable foi implique le port d’une kippa.

Une analyse numérique des termes peut appuyer ce raisonnement. Le mot kippa s’écrit caf-youd-pé-hé. Les lettres caf et pé ont une valeur numérique totale de 100, allusion aux cent bénédictions (méa berakhot) à réciter quotidiennement (Mena’hot 43b ; Zohar III 179a) – obligation que l’on déduit du verset (Devarim 10:12) : « Qu’est-ce que (ma) l’Eternel, ton D., te demande, si ce n’est de Le révérer », ainsi interprété : « Ne lis pas ma, mais méa. » Les deux lettres restantes, le youd et le hé, qui forment le Nom divin, évoquent la sphère de Splendeur, qui peut être « réparée » par la récitation des cent bénédictions journalières et l’étude de la Torah.

Lorsque la Guemara s’interroge sur le miracle de ‘Hanoucca, elle aboutit à la conclusion que le véritable prodige qui mérite d’être relevé, c’est le renouveau dans l’étude assidue de la Torah, le vingt-cinq Kislev, suite à la trouvaille, dans l’enceinte du Temple, d’un flacon d’huile scellé – en hébreu, pakh (le flacon) a pour guematria cent, l’huile (chémen) fait allusion à l’âme (nechama) et le sceau du cohen gadol, au couvre-chef. Tel est le secret de la victoire de la dynastie des ‘Hachmonaïm sur la culture grecque, et de leur rapprochement de D.

Résumé

 •En ce qui concerne la question de la Guemara : « qu’est-ce que (maï) ‘Hanoucca ? » et sa réponse : « nos Maîtres ont institué le 25 Kislev », on peut les expliquer de plusieurs manières. La question fait implicitement référence aux cinquante-deux années (guematria de maï) de domination grecque. Pourquoi, pendant tout ce temps, les Juifs n’ont-ils pas combattu l’envahisseur ? sous-entend la Guemara. Et de répondre que l’arme essentielle dans cette guerre était la Torah, seule réplique efficace au mauvais penchant et à la culture grecque. Ce n’est que le 25 Kislev, lorsque les enfants d’Israël campèrent (‘hanou) en un camp uni autour de l’étude et de la Présence divine, qu’ils vainquirent les Grecs.

 •Les Grecs abolirent la sphère de Splendeur en obscurcissant le monde, en suspendant le culte accompli dans le Temple et en imposant aux enfants d’Israël d’écrire sur les cornes de leurs bœufs qu’ils n’avaient pas de part en D. En hébreu, le bœuf (chor) a la même guematria que haroch (la tête), tandis que kéren (la corne) peut être décomposé en kar (froid) et la lettre noun, allusion aux cinquante degrés d’impureté. En adeptes du rationalisme, les Grecs refusaient d’accepter les concepts échappant à l’entendement. A l’inverse, les enfants d’Israël ne doivent pas se poser de questions sur les mitsvot mais étudier et accomplir les enseignements de la Torah avec soumission.

 •L’essentiel de la foi passe par le port de la kippa sur la tête. Dans le dessein de porter atteinte à la sphère de Splendeur, les Grecs l’interdirent donc, cherchant ainsi à « refroidir » l’esprit et la foi des enfants d’Israël. La Guemara tente de comprendre en quoi consistait le miracle de ‘Hanoucca, et les Sages de répondre qu’il s’agissait de la trouvaille du flacon d’huile scellé. Ce flacon (pakh) rappelle, de par sa valeur numérique, les cent bénédictions à réciter impérativement chaque jour, tandis que l’huile (chémen) évoque la nechama. Enfin, le cachet du grand prêtre peut être mis en parallèle avec la kippa. Dès que les enfants d’Israël se mirent à étudier la Torah et à réciter les cent bénédictions, les ‘Hachmonaïm eurent raison de la culture grecque impure et se rapprochèrent de D.

 

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