Réparation de la sphère de Splendeur et triomphe du bon sur le mauvais penchant

Les jours de ‘Hanoucca sont de grande valeur, puisque, comme nous l’apprend le Ari zal, ils peuvent permettre de restaurer la sphère de Splendeur (hod), ainsi que l’orgueil divin (gaava), deux termes de même guematria.

Les Grecs « agissaient à l’instar de Zimri tout en réclamant la récompense de Pin’has » (Sota 22b), comme ce cochon qui met ses sabots – fendus – en avant et clame : « Je suis pur » (Beréchit Rabba 65:1). Gonflés d’orgueil, ils profanèrent le Temple et mirent tout en œuvre pour rabaisser la sphère de Splendeur et la fierté divine. Or, lorsque nous allumons les bougies de ‘Hanoucca, nous permettons la réparation de la sphère de Splendeur et nous nous lions à D. et à Sa Torah avec soumission et humilité.

Comme nous le savons, cet état d’esprit est la condition sine qua non à l’installation parmi nous de la Présence divine. Comme l’affirment nos Sages (Sota 5a), le Saint béni soit-Il ne peut résider avec l’orgueilleux. Pourtant, pourrait-on se demander, des centaines d’années ont passé depuis lors, comment se fait-il que la sphère de Splendeur n’ait pas été totalement restaurée et que nous n’ayons pas pu rapprocher la Délivrance ?

Peut-être est-ce, dans le fond, le sens de la question de la Guemara : « Qu’est-ce que ‘Hanoucca ? » (Chabbat 21b) Car, en réalité, nous connaissons parfaitement le récit des évènements qui menèrent à l’instauration de cette fête. Nos Maîtres s’interrogent donc en fait sur ce paradoxe : comment se fait-il, alors que l’homme dispose de toutes les armes contre les forces impures, que la sphère de Splendeur ne soit pas encore parvenue à sa réparation ? Lorsque Moché et Aharon se trouvaient dans le désert, ils représentaient respectivement l’Eternité et la Splendeur, deux aspects intimement liés. A ce titre, si Moché avait pénétré en Terre Sainte, le Temple n’aurait pas été détruit et, même lorsque les nuées de gloire avaient disparu, elles revinrent par son mérite (Taanit 9a). Aussi comment expliquer que ce guide et Maître du peuple juif, qui incarnait l’Eternité et transmit la Torah à nos ancêtres, ne soit pas parvenu, épaulé par son frère Aaron, à restaurer définitivement la sphère de Splendeur ? De même, pourquoi nous, des siècles plus tard, n’y sommes toujours pas parvenus, malgré notre investissement dans la Torah et la diffusion, année après année, des lumières de ‘Hanoucca ?

La Guemara répond que la fête de ‘Hanoucca dure huit jours. En ces jours, les enfants d’Israël goûtèrent enfin à l’accalmie de la victoire contre les Grecs. Or, si cette fête a une telle durée, c’est pour souligner la nécessité d’un dépassement de la dimension du chiffre sept. Pour restaurer la sphère de Splendeur, il faut parvenir au niveau du huit, à travers l’unité. On en arrive au vingt-cinq Kislev (caf-hé), la date de cette fête. En y ajoutant un, c’est la guematria du Tétragramme qui apparaît, le dévoilement de la lumière dans le monde. Comme le précise la Guemara, on se garde bien de réciter des éloges funèbres, c’est une fête marquée par une joie rappelant le Monde futur : l’anéantissement des forces impures et la disparition de la mort du monde.

Une autre question se pose : pourquoi commémore-t-on le miracle du flacon d’huile et non celui de la victoire militaire sur les Grecs ?

Comme nous l’avons explicité, les Grecs voulaient en fait s’attaquer à la spiritualité de notre peuple, le délester de sa foi, notamment en annulant le Chabbat, la sanctification du nouveau mois et la mila (Yalkout Méam Loez Bamidbar, page 92).

Dans ce dessein, ils leur ordonnèrent : « Inscrivez sur la corne du bœuf que vous n’avez pas de part dans le D. d’Israël. » (Beréchit Rabba 44:17) Car ils voulaient que les Hébreux vivent sous l’impression que «  c’est ma propre force, le pouvoir de mon bras qui m’a valu ce succès » (Devarim 8:17), et qu’ils s’assimilent à leur civilisation. In fine, ils en oublieraient complètement le joug du royaume céleste.

C’est alors que, contre toute attente, les ‘Hachmonaïm se dressèrent contre l’occupant et le vainquirent, lui démontrant avec brio que « l’Eternel est le Maître des batailles » (Chemot 15:3). Leur cri de ralliement : « Qui T’égale, parmi les forts, Eternel ? » (« mi camokha baélim Hachem ») (ibid. 11) Bien que faibles en nombre, du fait de leur grande humilité, ils triomphèrent de la puissante armée grecque. Survint alors le grand miracle, et la sphère de Splendeur (hod, de même valeur numérique que gaava, l’« orgueil »), recommença à éclairer tous les mondes et à influencer toutes les autres sphères.

Or, l’orgueil ne sied qu’à D. ; de Lui, il faut s’enorgueillir, et non de soi-même. A cet égard, il est important de vérifier qu’on n’agit que pour la gloire divine et non pour la gloriole personnelle. Ce point se trouve en filigrane dans la mise en garde (Devarim 16:20) : « C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher ». Même si tu penses que tu as raison, ce n’est pas forcément le cas. Aussi convient-il de rechercher la droiture et la justice, et de ne faire que le bien. Sur ce point, les frères de Yossef se trompèrent. Ils pensaient bien agir en vendant leur frère, mais ils comprirent ensuite qu’ils s’étaient trompés et avaient eu tort, au point qu’ils reconnurent finalement (Beréchit 42:21) : « nous sommes coupables envers notre frère ».

Nous devons rechercher la perfection. Mais même celui qui pense l’avoir atteinte doit savoir qu’il existe toujours un degré supérieur de perfection qu’il faut s’efforcer d’atteindre, à l’instar de Yaakov Avinou qui œuvrait sans relâche à se parfaire.

La Guemara demande qu’est-ce que ‘Hanoucca, s’interrogeant implicitement sur le fait que la sphère de Splendeur n’ait pas encore été réparée. Et de répondre que cette fête dure huit jours et ne doit pas être teintée de tristesse (interdiction de prononcer des éloges funèbres) mais de joie et d’attachement au Créateur, dans un esprit de progression incessante.

Nombreux sont malheureusement ceux qui n’allument les bougies de ‘Hanoucca qu’en souvenir du miracle ou, pire encore, « parce que c’est joli » – pour l’aspect décoratif. Quelle lourde erreur ! Il faut penser au moment de l’allumage à la réparation de la sphère de Splendeur, et plus particulièrement le huitième jour, qui représente un dépassement du cadre naturel. Car si l’on allume par esthétisme, on tombe justement dans le travers du monde grec. Au contraire, quand on allume pour restaurer la sphère de Splendeur, on rapproche la fin de l’exil, on hâte la Délivrance.

Pour preuve de la grandeur de ‘Hanoucca, nous savons que les lumières allumées doivent être déposées du côté gauche de la porte, tandis que la mezouza doit se trouver de l’autre (cf. Chabbat 22a). Or, la mezouza protège le Juif, de même que les bougies qui, comme nous l’avons explicité auparavant, rappellent l’âme, parcelle divine supérieure.

En ce qui concerne le fait d’embrasser la mezouza en sortant de chez soi, explique le Beer Moché, rapportant un enseignement de Rabbi ‘Haïm Vital, il faut alors avoir la pensée d’échapper au mauvais penchant (yétser hara). Or, le terme yétser est composé des lettres youd, tsaddei et reich, dont les lettres finales forment à leur tour le Nom divin Cha-daï, Nom inscrit sur la mezouza, et qui est donc à même de nous sauver du mauvais penchant.

Le secret de ‘Hanoucca est donc celui de la réparation de la sphère de Splendeur et du Tétragramme, auquel fait allusion la date de cette fête (26 moins un). On réduit ainsi à néant les forces impures – le côté gauche –, qui rôdent sans cesse autour des bougies afin d’empêcher le Nom divin d’être entier.

Cette fête comporte donc deux dimensions : celle du miracle commémoré, et celle de la réparation, de la victoire de la sphère de Splendeur contre le « flanc gauche ». C’est donc une fête d’une dimension incommensurable, à même d’amener la sérénité dans le monde (chalva), terme de même valeur numérique que le Tétragramme ajouté au Nom Cha-daï.

Plus même, on peut ainsi avoir le mérite d’anéantir le mauvais penchant camouflé dans ce Nom, inscrit sur la mezouza. D’ailleurs, une fois de plus, la guematria va nous confirmer cette conclusion, puisque le terme yétser (penchant) vaut, plus ou moins un, autant que le mot Menora !

Pour réparer la sphère de Splendeur et non pour des raisons d’esthétique, l’homme doit donc allumer la Menora du côté gauche, afin de rehausser la Présence divine. Si, à la synagogue, on a l’habitude d’allumer du côté droit (Séfer mitsvot ketanot ; Teroumat Hadéchen 101), c’est parce que le mauvais penchant s’y place à la droite de l’homme, pour l’affaiblir spirituellement, l’aspect spirituel se trouvant à la droite de l’homme – « la longévité à sa droite » (Michlé 3:16). Il est en outre important dans la maison consacrée à la prière, d’être uni, dans l’esprit de ‘Hanou (« ils ont campé ») - ka (allusion à D.), autrement dit, de former un seul campement face à D. A la maison, le mauvais penchant se trouve par contre à la gauche de l’homme, qui doit le surmonter et permettre la réparation absolue de la sphère de Splendeur.

Résumé

 •La période de ‘Hanoucca est particulièrement propice à la réparation de la sphère de Splendeur, et c’est à cela que la Guemara veut en venir lorsqu’elle demande : « Qu’est-ce que ‘Hanoucca ? » Comment est-il possible, insinue-t-elle que cette sphère n’ait pas été réparée jusqu’à ce jour, et notamment à l’époque de Moché et Aharon, qui incarnaient respectivement les sphères d’Eternité et de Splendeur ? En réponse, nos Sages soulignent le nombre de jours de la fête – huit, qui indique un dépassement du cadre naturel du chiffre sept. La fête de ‘Hanoucca doit être commémorée dans la joie (interdit de prononcer des éloges funèbres) et il faut veiller à toujours être habité d’une grande modestie, l’orgueil (gaava, de même guematria que hod, la « Splendeur ») ne seyant qu’à D. L’accent est mis sur le miracle de la Menora, et non sur la prodigieuse victoire militaire, car la véritable guerre se jouait sur un plan spirituel – la réparation de la sphère de Splendeur – guerre qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui.

 •Loin de répondre à un souci d’esthétique, les lumières de ‘Hanoucca sont pour nous l’occasion d’évaluer notre contribution dans la réparation de la sphère de Splendeur, mission dans laquelle nous devons aspirer à d’incessants progrès. En allumant ces flammes, l’homme combat le mauvais penchant (yétser), qui se trouve à sa gauche, et c’est pourquoi il allume la ‘hanoukia du côté gauche, tandis que la mezouza, à sa droite, a le même pouvoir (yétser est composé des lettres youd, tsaddei et reich ; les lettres finales forment à leur tour le Nom divin Cha-daï, inscrit sur la mezouza).

 •A la synagogue, on allume à droite, car le mauvais penchant se trouve de ce côté. Il est fondamental de cultiver l’unité pour restaurer la Royauté divine dans le monde, triompher des forces impures et réparer la sphère de Splendeur. Car seul un allumage des bougies dans cet esprit pourra permettre d’amener le monde à sa réparation et aboutir à la Délivrance finale.

 

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