Adam Harichon et la lumière enveloppante

Puisqu’il est question de lumière enveloppante, il me semble à propos de rapporter ici l’analyse du Ari zal concernant le premier homme, lequel avait reçu l’ordre de travailler et de garder le Gan Eden mais pécha, avec sa femme, sur les conseils du serpent. N’eût-été ce faux pas, il aurait rempli son rôle jusqu’à l’entrée du Chabbat, et aurait mérité de jouir pleinement de la lumière enveloppante qui le protégeait et le mettait à l’abri de tout malheur.

Cette lumière enveloppante est d’une essence extrêmement élevée et correspond à un concept ambivalent. En effet, cette ombre protectrice, qui protège l’homme de la lumière solaire, n’est pas synonyme d’obscurité. Au contraire, cette soucca « ombragée » par la Présence divine, génère une lumière enveloppante, éclairant la voie de l’homme sur terre.

Notre première question trouve alors sa réponse. Rappelons que le verset semblait redondant : « Vous demeurerez dans les souccot durant sept jours », puis : « tout citoyen en Israël demeurera dans les souccot ». Dès le départ, l’homme a l’obligation de résider dans la soucca pendant sept jours, animé de la foi qu’il bâtit une demeure pour la Présence divine, qui va résider sur lui et l’entourer, et convaincu que la lumière de celle-ci brillera sur son être. D’où l’insistance : « tout citoyen (haézra’h) en Israël demeurera dans les souccot ». Ce terme, à première vue étonnant, peut être décomposé en zara’h (« briller »), d’une part, allusion à cette lumière, et les lettres alef et hé, de l’autre. De valeur numérique égale, plus ou moins un, à sept, ces lettres renvoient au nombre de jours de la fête.

Autrement dit, pendant sept jours, l’homme va être entouré d’une lumière éclatante et enveloppante, qui continuera à l’envelopper toute l’année, afin qu’il conserve tout au long de celle-ci le haut niveau, la stature acquise pendant les Jours Redoutables. Mais cela ne dépendra que de l’homme lui-même, de son comportement et de sa foi, d’où l’appellation d’« ombre de la foi », évoquée en préambule.

A présent, nous pouvons également expliciter les différences dans la forme du mot souccot, tantôt défective, tantôt pleine dans le texte saint. La première occurrence du terme souccot, défective, s’explique par le fait qu’au départ, l’homme n’est pas encore conscient qu’il doit résider dans la soucca, lumière enveloppante. Mais il n’en a pas moins la possibilité d’appeler sur lui ce rai, ce faisceau de lumière, évoqué par le vav – ligne droite. Néanmoins, si l’homme ne remplit pas son rôle, il restera privé de ce vav, déficient.

Par contre, s’il vit la fête convenablement, en y accomplissant la tâche qu’on attend de lui, il méritera d’atteindre cette dimension de plénitude – la soucca avec son vav – ; il jouira alors de tous les délices de la soucca et de la lumière de la Présence divine, dont l’éclat l’accompagnera tout au long de l’année, d’où la formulation du verset : « sept jours chaque année ».

Le thème des quatre espèces dont l’homme se munit pour la fête de Souccot est également riche d’enseignements à cet égard. Il se trouve en allusion dans celui de la lumière enveloppante. En effet, les quatre lettres initiales des mots ethrog (alef), arava (ayin), loulav (lamed) et hadass (hé), ont la même valeur numérique que le terme kav (ce faisceau de lumière), car leur essence et leur but profonds sont d’amener sur l’homme ce rayon à travers la lumière enveloppante contenue dans les dix sphères.

 

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