La soucca et les quatre espèces contre les forces impures

La fête de Souccot est placée sous le sceau de la joie, comme l’indiquent les versets eux-mêmes (Devarim 16:14-15) : « et tu te réjouiras pendant la fête (…) tu seras seulement joyeux ». Autrement dit, tout homme doit ressentir de la joie devant cet honneur que D. lui fait, en venant le visiter en compagnie des sept Ouchpizin, les légions célestes (Zohar Emor 103).

Le Bené Yissakhar précise, au nom de Rabbi Pin’has de Koritz, puisse son mérite nous protéger, que la soucca évoque l’Esprit saint, niveau de prophétie auquel l’homme parvient dans sa soucca.

D. vient nous rendre visite dans notre soucca, entouré de Ses légions célestes. Aussi est-ce évident que l’on puise « avec allégresse les eaux de cette source salutaire » (cf. Yechayahou 12:3) – l’Esprit saint. Nos Sages admettent d’ailleurs (Yerouchalmi Soucca 5:1) que l’on puisait à Sim’hat beth Hachoéva <*19>19@G l’Esprit saint (roua’h hakodech).

Or, nous savons que la soucca est un souvenir des nuées de gloire (Soucca 11b ; Sifri Bamidbar 10:34). Rappelons à cet égard que, d’un point de vue physique, les nuages sont constitués d’eau et en délivrent (à travers la pluie), outre le fait que la Torah est comparée à l’eau (Taanit 7a ; Baba Kama 17a). Par ailleurs, la Torah est appelée « lumière » (Michlé 6:23) – lumière qui émanait de Sim’hat beth Hachoéva. Cependant, il convient d’étudier la Torah avec humilité et effacement (cf. Avot 6:5 ; Taanit 17a), condition pour mériter une véritable joie, source de sainteté (cf. Yerouchalmi Soucca 5:1) et – la boucle est bouclée – d’inspiration sainte (roua’h hakodech). Tel est donc le sens du verset : « vous puiserez avec allégresse les eaux de cette source salutaire », leitmotiv de Souccot, car cette fête est source de sainteté et d’inspiration divine.

La soucca elle-même recèle cette dimension, puisque, par anagramme, souccot renvoie à cossot, tout homme y devenant potentiellement un réceptacle de la lumière intérieure et extérieure, de la Présence divine et de la sainteté des Patriarches, formant le Char divin (Beréchit Rabba 82:7 ; Zohar I 213b) et qui se trouvent avec D. dans la soucca.

Nous comprenons à présent pourquoi, de toutes les fêtes, Souccot est la seule à propos de laquelle la joie est mentionnée, bien que l’abandon de sa maison au profit d’une demeure provisoire, pour une durée de sept jours (cf. Soucca 2a), ne paraisse, à première vue, pas si agréable, pour ne pas dire difficile. Mais, si la Torah impose ce « tourment », c’est justement du fait que la souffrance ou la privation implique la possibilité d’atteindre de véritables sommets spirituels, d’absorber l’Esprit saint et la grandeur. En intervertissant une fois de plus les lettres du mot soucca, on obtient d’ailleurs kessout – le couvert – car la lumière enveloppante protège et offre son couvert à l’homme. Ainsi, les notions de soucca et de libations d’eau induisent celles d’Esprit saint et de sainteté, ce qui nous permettra de mieux comprendre le mystère de la soucca et des quatre espèces.

Dans la Torah, on peut lire (Vayikra 23:42) : « Vous demeurerez dans les souccot durant sept jours (…) ». Plusieurs questions se posent : pourquoi la fête de Souccot a-t-elle été instaurée juste après Yom Kippour ? Comment comprendre les notions de « temps de notre joie » et de libations d’eau qui caractérisaient cette fête ? Que représente le fait d’agiter les quatre espèces ?

La variété de dénominations de la fête porte elle aussi au questionnement : pourquoi l’appeler d’abord ‘hag haassif – « fête de la récolte » – (Chemot 34:22), puis (Vayikra 23:36) ‘hag haatsérèt – « fête de clôture » ? Par ailleurs, pourquoi surnommer cette fête « l’ombre de la foi » (Zohar III 103a) ?

Pour répondre, nous allons rapporter un midrach très intéressant, lié à l’essence profonde de Yom Kippour. Nos Sages expliquent qu’en ce jour, le Satan n’a pas la possibilité d’accuser (Yoma 20a ; Nedarim 32b). L’explication se trouve dans le passage suivant, que j’ai lu dans le Tehillat David du kabbaliste Rabbi Sasson Mordekhaï Moché zatsal, qui le rapporte lui-même au nom du Pardess Rimonim, de Rabbi Moché Cordovéro :

« Les Maîtres précédents ont expliqué qu’il existe deux Lilith, l’une petite et l’une grande (cf. Zohar I 29a, 79b, 148a). La grande est la compagne du Satan, tandis que la petite est celle de Achmadaï [roi des démons]. Lilith est l’épouse du Satan et a sous sa tutelle 480 guerrières, ce qui correspond à la guematria de son nom. A Yom Kippour, elle sort en direction des déserts et y pousse des hurlements, car c’est là son attribut.

« Ma’halath, fille de Yichmaël, elle aussi compagne du Satan, sort à la tête de 478 combattantes, ce qui est aussi la valeur numérique de son nom. Lorsqu’elles se heurtent l’une à l’autre, elles se lancent aussitôt dans un combat acharné dans le désert, se défiant l’une l’autre jusqu’à ce que leurs voix atteignent le ciel, tandis que la terre tremble sous l’effet de cette joute. Et le Saint béni soit-Il organise à dessein toute cette mise en scène pour qu’on ne puisse accuser les enfants d’Israël à Yom Kippour. »

 

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