La soucca, un abri contre les forces impures

Ainsi, à Yom Kippour, les enfants d’Israël se retrouvent tels des anges, et l’écorce – les forces impures – n’a aucune emprise sur eux. Mais, à l’issue de cette fête, lorsqu’ils recommencent à manger et à boire, ils perdent aussitôt cette dimension supérieure, et les forces du mal se réconcilient et se liguent de nouveau contre cet ennemi commun qu’elles aspirent à faire déchoir au plus bas.

D’autant que les enfants d’Israël viennent de se purifier de toutes leurs fautes et que les forces du mal ressentent donc qu’elles ont « du pain sur la planche ». Mais que fait D. ? Il nous ordonne, dès l’issue du jeûne, de nous atteler à la construction de la soucca (Rema Ora’h ‘Haïm 624:5), pour que les forces impures perdent une fois de plus le contrôle. Pourtant, il existe une pléthore de mitsvot auxquelles ils pourraient se consacrer pour contrecarrer l’influence des forces impures, aussi pourquoi s’attacher précisément à la réalisation de la soucca ?

En toute humilité, j’ai remarqué que le mot souccot, sous son orthographe défective, a la même guematria que Lilith, cette redoutable démone précédemment évoquée, et c’est pourquoi cette mitsva est la plus à même de contrebalancer son influence, d’entraver ses sombres desseins. En effet, après Yom Kippour, elle reprend de plus belle la lutte contre les enfants d’Israël, cherchant à regagner du terrain, à reconquérir celui qu’elle a perdu à Yom Kippour, quand les enfants d’Israël se trouvaient hors de son atteinte. La construction de la soucca s’impose donc aussitôt après ce jour saint, comme bouclier contre ces forces impures. Certes, il arrive parfois que nous ayons un empêchement et ne puissions construire tout de suite la soucca, mais, rassurons-nous, l’intention a force d’acte (Kiddouchin 40a), et la conscience de l’acuité de ce devoir a en soi une grande valeur.

L’enchaînement des deux fêtes s’éclaire à présent : D. nous enjoint de construire la soucca aussitôt après Yom Kippour pour être protégés des assauts du Satan. En outre, cette habitation provisoire évoque l’Esprit saint et la joie, boucliers contre le mal. Soulignons, à ce titre, la prépondérance de la joie, état d’esprit que les forces du mal ne peuvent supporter et qui les met donc en déroute, elles dont le repaire est tapissé d’affliction, de peine et de chagrin (Zohar III 227b ; Tikouné Zohar 21:53b).

C’est aussi la raison pour laquelle nous agitons les quatre espèces, afin de mettre en fuite les forces impures, de leur porter le coup de grâce. En effet, on ne peut se contenter de la soucca, bien qu’elle en soit le contrepoison, sans y ajouter un effort personnel, en vertu du principe : « Celui qui vient se purifier est aidé d’en Haut » (Yoma 38b). Ainsi, on les affaiblit durablement et on les déloge même après Souccot.

De même, les libations d’eau décrites dans le verset : « vous puiserez avec allégresse les eaux de cette source salutaire » (Yechayahou 12:3), qui caractérisaient la fête de Souccot, outre le rappel des nuées de gloire – les nuages étant composés de l’élément liquide –, étaient source de sainteté. En ce qui concerne le thème des nuées, le Ma’hané Yehouda explique que les dix sphères habillent la lumière infinie. Sans ce vêtement, le monde – et à plus forte raison, l’homme, qui est en est le microcosme – ne pourrait subsister ; l’univers entier serait consumé par cette lumière infinie. D. créa donc les dix sphères, cette « superposition » de couches, afin d’atténuer cet éclat et de maintenir le monde.

Or, c’est là qu’intervient la notion de nuées. Comme nous l’avons expliqué, la Présence divine descend au sein de la soucca, accompagnée des dix sphères, qui la recouvrent et l’ombragent, exactement comme les nuées de gloire qui entouraient et enveloppaient les enfants d’Israël.

Les noms de « fête de la récolte » et « ombre de la foi » sont tous deux liés à cette notion. Car l’homme doit être conscient et convaincu de l’existence de toutes les dimensions sous-jacentes à cette fête, de sorte à « récolter » tous ces influx et bienfaits divins, et renforcer sa foi en D. La émouna est en effet le centre de gravité de cette fête, comme cela transparaît dans le verset (Vayikra 23:43) : « afin que vos générations sachent que J’ai donné des souccot pour demeurer aux enfants d’Israël quand Je les ai faits sortir du pays d’Egypte ».

Car de même que nos ancêtres dans le désert furent comblés de bienfaits par le mérite de la foi, nous pouvons mériter toutes ces bénédictions, triompher des forces impures et parvenir à la sainteté et à l’inspiration divine tout au long de l’année, grâce à cette fête.

 

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