La soucca : jouir de la Présence divine dans toute sa splendeur
D. nous a ordonné d’accomplir la mitsva de soucca « le quinzième jour du septième mois » (Vayikra 23:34). Pourquoi précisément à cette date ? La soucca étant « l’ombre de la foi » (Zohar III 103a), nous devons avoir la conviction que cette mitsva a la capacité d’unifier le Nom divin, en soudant le Youd-Hé (15) au Vav-Hé. Ainsi, la fête est célébrée le quinze du mois, valeur numérique de Youd-Hé, et la foi permettra de relever « la soucca caduque de David » (Amos 9:11). Notons d’ailleurs que hasoucca (la soucca) a une guematria équivalente à celle du Tétragramme et du Nom de Souveraineté additionnés (91). Les lettres caf et samekh du mot soucca font référence à la Présence divine. Enfin, le vav et le hé restants se combinent avec le youd et le hé (15, qui est aussi la date de la fête) pour ressouder le Nom divin dans toute sa plénitude. La Présence divine pourra alors se relever dans toute sa gloire et la Délivrance survenir, bientôt et de nos jours.
Après la période des Jours Redoutables, couronnée par Roch Hachana et Yom Kippour, jours dédiés à la prière et à la repentance, arrive Souccot, fête caractérisée par la joie, dans l’esprit du verset (Devarim 16:14-15) : « Et tu te réjouiras pendant la fête (…) et tu pourras t’abandonner à la joie ». C’est véritablement passer du deuil à la fête. Toutefois, cette dimension n’éclipse pas le fait que Souccot est un moment particulièrement propice aux prières, si toutefois nous nous comportons dignement, conformément aux exigences de sainteté, et que nous avons l’intime conviction que D. nous pardonne – ce qui renvoie, une fois de plus, à l’essence de cette fête : « l’ombre de la foi ».
En cela, Souccot est une fête vraiment exceptionnelle : toute l’année, l’homme se rend coupable de fautes, sept jours par semaine mais, pendant les dix Jours de techouva, il se repent. Ensuite arrivent les sept jours de Souccot, lui permettant de réparer, lors de chacun d’entre eux, le mal fait en ce jour de la semaine, pendant toute l’année !
Dès lors, nous comprenons pourquoi D. ordonne aux enfants d’Israël de demeurer dans la soucca en souvenir des nuées de gloire (Soucca 11b ; cf. Rachi ad loc.). L’homme réalisera ainsi que ses pères également étaient entourés des nuées de gloire – sept nuées contre les sept jours de Souccot –, qui les protégeaient des bêtes sauvages, il en viendra à reconnaître les merveilles du Créateur et la foi pénètrera son cœur.
Par le mérite de cette émouna au quotidien, D. écoutera ses prières. D’ailleurs, le terme désignant ces fameuses nuées [de gloire] – ananei [cavod] – s’orthographie en hébreu comme le mot anéni (« réponds-moi »), tandis que la gloire (cavod) fait évidemment allusion à D., gloire de l’univers. Par le mérite de la foi que nous plaçons en Lui, D. répondra à toutes nos prières, et cela influencera aussi toutes les générations à venir.
Ajoutons que la foi n’est pas l’apanage exclusif de notre peuple ; grâce à nous, les goyim aussi peuvent en bénéficier. Comment ? Dans la haftara que nous lisons le premier jour de Souccot, il est écrit (Zekharya 14:16-17) : « Et quiconque aura survécu, parmi tous les peuples qui seront venus contre Jérusalem, devra s’y rendre chaque année pour se prosterner devant le Roi, l’Eternel-Tsebakot, et pour célébrer la fête de Souccot. Et celle des familles de la terre qui n’irait pas à Jérusalem pour se prosterner devant le Roi, l’Eternel-Tsebakot, celle-là ne sera pas favorisée par la pluie. »
En d’autres termes, aux Temps futurs, au moment de la Rédemption, tous les non-juifs reconnaîtront D. et Le couronneront comme Souverain universel, scénario que décrit le verset (ibid. 14:9) : « L’Eternel sera Roi sur toute la terre (…) » ; autrement dit, ils auront la émouna. Cependant, il nous reste à comprendre pourquoi D. ordonne à tous les peuples de se rendre à Jérusalem, et à Souccot, de surcroît.
C’est d’autant plus surprenant que, d’après la tradition, les fêtes, et notamment Souccot (Yerouchalmi Taanit 2:2), n’auront alors plus cours, comme le tranche le Rambam dans ses écrits (Hilkhot Meguila 2:18). Comment ce pèlerinage des non-juifs à Jérusalem à l’occasion de Souccot cadre-t-il avec la révocation de cette fête ?
Nous allons expliquer ce paradoxe à la lumière de nos commentaires sur son nom : « l’ombre de la foi ». Les non-juifs entendirent certainement tous les miracles que D. fit en faveur de Ses enfants dans le désert, comme il est dit (Chemot 15:14) : « Les peuples ont entendu, ils tremblent (…) ». Ils entendirent, certes, mais ils ne virent pas de leurs propres yeux les nuées de gloire dont le Tout-Puissant entoura miraculeusement Ses enfants dans le désert. Aussi, peut-être restèrent-ils sceptiques face à cette nouvelle, ce phénomène dépassant leur entendement.
C’est pourquoi D. désire qu’à la fin des temps, avant la venue du Machia’h – lorsque la fête de Souccot existera encore –, tous les goyim se rendent au Temple de Jérusalem, afin de voir et de croire ce phénomène des nuées de gloire – symbolisé et revécu à travers les sept jours de Souccot. Ceci entraînera chez eux une prise de conscience les menant à la foi. Ceux qui ne viendront pas, selon les prédictions du prophète, démontreront ainsi leur absence totale de émouna. Le surnom donné à cette fête évoque donc cet aspect fondamental de la soucca, qui, aux Temps futurs, pourra même éveiller la foi dans le cœur des non-juifs.