Kora'h et son assemblée ou la controverse qui ne vise pas la glorification du nom de Dieu
Dans la controverse qui vise le nom de Dieu, les différentes parties ne veillent pas du tout à leur honneur personnel; elles ne visent qu'à exalter le nom de Dieu et le révéler au monde en se montrant jaloux de la vérité. C'est la controverse entre les Ecoles de Chamaï et Hillel, et celle de Rabbi El'azar avec les Sages au sujet du four à anneaux que rapporte le Talmud (Bava Métsia' 59b; Kélim 5:10). Bien qu'une voix céleste eût proclamé que c'est Rabbi El'azar qui avait raison, Rabbi Yéhochoua' rejeta cette décision en soulignant que la Torah ne se trouve pas dans le Ciel (Bérakhoth 52a; 'Irouvin 7a): cette controverse a sanctifié le nom de Dieu. On a vu en effet qu'il convient de partager l'opinion de la majorité (Exode 23:2). Leur mauvais penchant ayant été maîtrisé, le Saint, béni soit-Il, leur a dit: Vous avez triomphé de Moi, Mes fils (Bava Métsia', loc. cit.).
KoRa'H, 'HaKaR, quant à lui recherchait la raison de toute mitsvah, et s'il ne la trouvait pas, il la ridiculisait et la repoussait... Nos Sages enseignent que les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons correspondent aux six cent treize commandements de la Torah. Kora'h, qui n'a pas saisi le sens profond de la mitsvah des tsitsith, l'a prise en dérision, comme nous l'avons vu. Il ignorait sans doute que les tsitsith correspondent à la Torah toute entière. Ayant rejeté cette mitsvah, il a donc par là rejeté tous les commandements divins. Ayant fait preuve d'un orgueil démesuré, il s'est abstenu de glorifier le nom de l'Eternel, et la controverse ne visait certainement pas Son Nom. Il est donc tombé de la montagne la plus haute au puits le plus profond ('Haguigah 5b). Malheur à lui, Vay lo, car il a pris en dérision la parole de l'Eternel, en particulier l'essence de la vache rousse qui ne fut révélé qu'à Moché (cf. Midrach Péliah, chap. 7). Même le plus sage des hommes, le Roi Salomon, ne pu en comprendre la raison et n'hésitait pas à avouer: Je disais: Je voudrais me rendre maître de la sagesse (la raison de la vache rousse), mais elle s'est tenue loin de moi (Ecclésiaste 7:23; cf. Pessikta Rabah 14:7).
A cause de sa négligence des préceptes divins et du mépris qu'il portait aux Tsadikim, Kora'h en est arrivé à prétendre que, comme il ignorait le sens de la vache rousse, il en était de même pour Moché: Tu ne fais que t'enorgueillir comme si tu en connaissais la signification, lui fit-il comprendre... A cause de la ma'hloketh, il laka'h maveth, il a engendré sa mort et celle de tous ses partisans.
Il convient par conséquent de veiller à accroître la gloire divine plut“t que son propre honneur. Même si on est un grand Sage, on doit exploiter sa sagesse dans ce but, et non comme moyen de négliger les préceptes divins, à Dieu ne plaise. Il convient essentiellement de ne pas compter sur son bon sens, sur sa logique propre. Car même le Roi Salomon était sûr de ne pas trébucher en épousant plusieurs femmes et en ayant beaucoup de chevaux; ne se conformant pas aux prescriptions de la Torah il a fini par trébucher (cf. Sanhédrine 21a). Efforçons-nous de nous conformer à la volonté divine en toute simplicité et de ne nous détourner de Ses paroles et de Ses commandements ni à droite ni à gauche.
Les étudiants des Yéchivoth devraient en tirer une leçon importante: en s'approfondissant dans les enseignements des commentateurs actuels et de ceux du passé, ils doivent viser essentiellement le nom du Ciel pour accéder à la vérité des interprétations diverses de la Torah de ces derniers, et non de la leur propre... Ils sont particulièrement tenus d'étudier avec le maximum d'humilité et de modestie (cf. Ta'anith 7a), en choisissant soigneusement leurs condisciples et en échangeant des conversations édifiantes avec eux (cf. Pirké Avoth 6:5). Ils doivent prendre conscience du fait que les préceptes de la Torah s'appliquent à tous au pauvre comme au riche et qu'ils proviennent tous du Dieu Un. Ils veilleront alors à n'en négliger aucune mitsvah.
Mais s'ils ne comptent que sur leur propre sagesse et rejettent une partie de la Torah et des mitsvoth, ils souillent leur âme et leur esprit. Car, comme nous l'avons vu plus haut, les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons correspondent aux six cent treize mitsvoth de la Torah. Et s'ils en négligent une seule, ils courent le risque de négliger l'accomplissement de toutes les autres, car l'une dépend de l'autre. Ils ne doivent donc pas faire trop étalage de subtilité, mais plut“t se conformer à la volonté divine et se soumettre à Ses commandements.
Nos Sages enseignent que si ich, l'homme, et ichah, la femme, ont du mérite, la Providence Divine réside en eux: le youd de Ich se joint au héh de ichaH, pour former le Nom Divin YaH; sinon ech, le feu, les dévore. L'homme (ich), c'est celui qui est tenu de s'engager dans l'étude de la Torah qui ressemble au feu (ech) (Tan'houmah, Yithro 12) en faisant preuve de modestie et de soumission. La femme (ichah), qui fait allusion à la Torah, le lie alors au Saint, béni soit-Il. Car l'homme n'est venu dans ce monde que pour exalter la gloire de Dieu... s'il n'a pas de mérite, sa femme est contre lui, comme nous l'avons vu; elle partage ses mauvais désirs et ses passions. S'il ne vise pas à exalter l'honneur de Dieu, mais le sien, le YaH disparaît et il ne lui reste que la GaAVaH, qui a la même valeur numérique (15) que YaH. Or, l'orgueil n'appartient qu'à l'Eternel, comme il est écrit: L'Eternel règne! Il est revêtu de gaavah (Psaumes 93:1). Un tel individu souille donc le vêtement du Saint, béni soit-Il.
Kora'h s'est emparé VaYiKa'H, Ka'H (il a pris) VaY (16) c'est-à-dire la GaAVaH, dont la guématria est la même que YaH et son propre honneur (+ 1) [le tout est égal à 15 + 1 = 16]. Comme il n'a recherché que son honneur personnel, il est descendu bien bas, à l'inverse de Moché, qui n'a visé que la gloire de Dieu.
L'Eternel exècre la controverse... même celle qui vise Son Nom saint, comme le cas par exemple d'un rabbin qui veut usurper le poste d'un autre, qui trouve certainement grâce aux yeux de Dieu car il a été choisi par les membres de sa communauté. Celui qui vise ce poste fait sans aucun doute preuve d'orgueil et recherche des honneurs qui ne lui sont pas dus: en fin de compte, il ne vise pas à glorifier le Nom de Dieu... Il convient par conséquent de tout faire pour l'amour de Dieu, de veiller à ne déconsidérer aucun de ses frères et à ne négliger aucun des préceptes divins...