La Torah peut vaincre même les anges
Après la mort de Kora'h et de son assemblée, quand le fléau a commencé à s'abattre sur le peuple d'Israël, Moché ordonna à Aharon: Saisis l'encensoir, mets-y du feu de l'autel, pose le parfum, et porte-le sur le champ au milieu de la communauté pour effacer leur faute... (Nombres 17:11). Commentant ce verset, Rachi rapporte l'enseignement du Talmud (Chabath 89a) selon lequel Moché reçut le secret de l'encens de l'Ange de la mort quand il monta au Ciel pour recevoir la Torah, comme il est écrit: Tu es monté dans les hauteurs, tu as fait des prises (Psaumes 68:19).
L'auteur de Si'hoth Moussar, Rabbi 'Haïm Chmoulevitch, demande à juste raison: Comment se fait-il que cet ange qui a été délégué pour tuer les créatures, révèle à Moché le secret de l'encens destiné à arrêter la mort et le fléau? A cette question, nous en ajouterons trois personnelles:
1) Pourquoi Moché eut-il peur des anges quand il monta au Ciel? Le Saint, béni soit-Il, ne le lui avait-il pas ordonné? Pourquoi les anges voulurent-ils le brûler de l'haleine de leur bouche? (Chabath 89b). N'avait-il pas été délégué par Dieu pour y recevoir la Torah destinée aux enfants d'Israël?
2) Pourquoi Moché dut-il expliquer aux anges que le mauvais penchant ne les habitait pas, qu'ils n'avaient pas été asservis en Égypte et que la Torah ne leur appartenait pas (ibid. 89a)? Ils le savaient certainement. Le Talmud (ibid.) enseigne d'autre part à cet effet que les paroles de Moché ont trouvé grâce aux yeux des anges et qu'ils lui ont donné des cadeaux.
3) Pourquoi Moché dut-il monter au Ciel pour recevoir la Torah? Le Saint, béni soit-Il, aurait pu la faire descendre sur le Sinaï et l'enseigner à Moché, qui n'aurait eu à affronter aucune critique de la part des anges!
Comme nous l'avons vu, la Torah était un trésor dont le Saint, béni soit-Il, se délectait chaque jour deux mille ans environ avant la Création du monde, comme il est écrit: dans un enchantement perpétuel, goûtant en sa présence des joies sans fin (Proverbes 8:30): Il Lui était alors difficile de s'en séparer. Il en était de même des anges auxquels le Saint, béni soit-Il, en révélait constamment les secrets. Moïse a donc dû monter en personne pour descendre la Torah du Ciel. Les anges n'avaient alors d'autre choix que de se conformer à la volonté divine. Moché ne s'est toutefois pas contenté de la Torah qu'il a reçue: il voulait savoir également tout ce que disait le Saint, béni soit-Il, dans les Cieux, et ce qu'Il a enseigné aux anges.
Les anges se sont alors irrités contre lui et Moché en fut saisi d'effroi. Dieu lui dit alors: Saisis Mon Tr“ne Céleste et réponds-leur. En d'autres termes: explique-leur que les enfants d'Israël doivent tout savoir et comprendre.
Moché dit alors aux anges: Êtes-vous jamais descendus en Égypte? Le mauvais penchant vous habite-t-il? Volez-vous? Tuez-vous? En d'autres termes, si les enfants d'Israël demandent comment se mesurer avec le mauvais penchant qui les a enfoncés jusqu'au quarante-neuvième degré d'impureté, comment peuvent-ils y arriver s'ils ne reçoivent pas de réponses à leurs questions? Vous les anges connaissez de nombreux secrets et avez réponse à tout. Si vous ne m'enseignez pas ces secrets, comment les enfants d'Israël pourront-ils servir leur Créateur? Comment comprendront-ils qu'il ne faut pas voler et commettre d'autres péchés? Si vous me révélez ces secrets, la lumière de la Torah leur fera emprunter le bon chemin et ils se débarrasseront facilement du mauvais penchant (Yérouchalmi, 'Haguigah 1:5; Ekha Rabah, Introduction 2).
Un corps qui n'est pas nourri par la Torah, a expliqué Moché aux anges, peut-être brûlé par les anges et ne peut pas se mesurer au mauvais penchant. La Torah contient d'immenses secrets et pour se mesurer au mauvais penchant il faut comprendre ces secrets inhérents aux lois que vous connaissez.
Les anges ont alors compris qu'ils sont en possession de choses qui ne leur appartiennent pas. Sans l'aide de Dieu, ils auraient brûlé Moché de l'haleine de leur bouche. Ayant vu devant eux un être de chair et de sang qui cherche à se mesurer contre le mauvais penchant, ils ont décidé de lui donner ce dont il a besoin et lui révélèrent les secrets de la Torah... Même l'ange de la mort, persuadé par l'argumentation de Moché, se troubla et lui livra immédiatement le secret de l'encens, doué de la vertu de guérir le fléau.
Moché a ainsi séduit les anges par les paroles de sa bouche et s'est dévoué corps et âme à la Torah. Le Zohar (I, 124b; III, 267b) enseigne à cet effet que celui qui se dévoue corps et âme pour l'amour de Dieu hérite de quatre cents mondes dans le Monde Futur. Comme en montant dans le Ciel Moché a couru un risque, le Saint, béni soit-Il, l'a aidé... Celui qui se consacre à l'étude de la Torah de toute son âme et de toutes ses forces, Dieu soumet ses ennemis devant lui... si l'ange de la mort a livré le secret de l'encens à Moché, c'est parce qu'il a compris que si tout le monde meurt, il restera sans travail...
S'adressant aux membres de la tribu de Lévi avant sa mort, Moché leur dit: ils présentèrent l'encens devant Ta face APékha (Deutéronome 33:10) que le Targoum Yonathan ben 'Ouziel et le Yérouchalmi traduisent par l'encens qu'ils ont présenté au moment où le Saint, béni soit-Il, serait irrité ('haron Aph) au moment d'un fléau. Il les bénit ensuite: Bénis Seigneur, et fortifie-le, car d'après le Talmud (Sanhédrine 26b), la Torah affaiblit celui qui s'engage dans son étude (voir aussi le Kéli Yakar). La Torah, aspect d'encens, peut se mesurer même aux anges. D'ailleurs, la valeur numérique de KéToReTh est la même que celle de YHVH 'OZ Lé'AMO YiTeN (l'Eternel donne des forces à Son peuple).
Celui qui se dévoue à la Torah peut soumettre même l'ange de la mort et peut subsister, comme il est écrit: on obtient la vie (par les paroles de Torah (Lévitique 18:5) elles ne sont pas destinées à tuer, commente le Talmud (Yoma 85b)... La Torah fait vivre, et elle est en mesure d'épargner le peuple saint du fléau. D'ailleurs, la valeur numérique de YaSsiMOu KéToRaH est la même que OUVa'HaRTa Ba'HaYiM (Et tu choisiras la vie).