Havel par rapport à Caïn ou la conduite des génération dans le service de D-ieu

Il est écrit (Béréshit 4:3-4): « Après un certain nombre de jours, Caïn présenta en offrande à l’Eternel des produits de la terre, et Havel apporta lui aussi des premiers-nés de son bétail, les plus gras d’entre eux ». Et plus loin (ibid. 4:6): « L’Eternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu fâché et pourquoi ce visage défait? »

Nombre de détails de l’histoire de Caïn et Havel demandent à être précisés, tant ce qui est caché dépasse ce qui est formulé dans cet épisode. Nous allons énumérer quelques points qui demandent à être éclaircis, et en tirer les enseignements:

1. Nous devons comprendre pourquoi la Torah écrit ici « après un certain nombre de jours », une expression qui n’est pratiquement pas utilisée ailleurs. Par exemple, la section Miketz (Béréshit 41:1) commence par les mots « au terme d’une période de deux ans », pour nous faire savoir que Yossef est resté deux ans de plus en prison pour avoir demandé au maître-échanson la faveur de se souvenir de lui (Béréshit Rabba 89:3). Pourquoi est-il dit ici « après un certain temps »?

2. La description des offrandes de Caïn et de Havel fait apparaître Caïn fautif et Havel méritant. Pourquoi cela, étant donné que Caïn eut l’initiative de l’offrande, alors que Havel ne fit que l’imiter? Bien qu’Adam ait déjà fait des sacrifices (Vayikra Rabba 2:8, Bamidbar Rabba 4:6), Havel n’était pas présent pour le voir. Ce n’est qu’après Caïn qu’il a apporté ses offrandes, et donc en quoi Caïn, qui eut l’initiative, est-il fautif?

3. Il faut aussi s’interroger sur le sens de la répétition « Pourquoi es-tu fâché - pourquoi ce visage défait? » Une seule des expressions n’aurait-elle pas suffi, ou une seule expression pour exprimer les deux choses?

4. Surtout, il nous faut comprendre pourquoi Caïn a tué Havel. Quel était son grief envers son frère?

Pour répondre, il faut d’abord comprendre le sens des sacrifices offerts par Caïn et Havel, dont découle tout le reste.

Caïn fut le premier à apporter un sacrifice. Il est certain qu’adresser une offrande à D. dénote de la grandeur de sa part, car il n’a pas appris cela de son père Adam. Caïn, dans sa sagesse, comprit que le but de la vie de l’homme est de servir D. et que pour servir D. il faut présenter des sacrifices en signe de reconnaissance, d’estime et de respect.

Bien que Caïn ait été le premier à présenter une offrande à D. et que Havel n’ait fait que suivre son exemple, Havel avait valorisé son offrande en apportant des produits de première qualité, tandis que Caïn a apporté « ce qui lui est tombé sous la main », comme le remarquent les Sages (Béréshit Rabba 22:5): « il apporta des produits de mauvaise qualité, mais Havel de son côté apporta les premiers-nés du bétail, ceux qui sont gras, ce qu’il y a de mieux ». Cela nous enseigne un principe fondamental: même si un homme est mauvais par nature, s’il a en lui quelque défaut, cela ne l’empêche pas de recéler en lui la capacité de reconnaître et de faire ce qui est bon, et il peut être l’un des premiers à faire le bien, comme Caïn, qui avait en lui un côté mauvais et avait pourtant ressenti l’obligation d’apporter un sacrifice de reconnaissance à D.

S’il en est ainsi, ce qui est exigé de Caïn est énorme. Finalement, c’est lui qui le premier en est venu à reconnaître la nécessité de faire des sacrifices à D. et Havel, qui était meilleur que lui, n’a fait que l’imiter. Mais pourquoi n’a-t-il pas offert les meilleurs fruits de la terre?

Après avoir réalisé qu’il convient d’apporter un sacrifice à D., Caïn aurait dû apporter une offrande de choix et non pas des produits de mauvaise qualité, signe de mépris. Pourquoi n’a-t-il pas surmonté son mauvais penchant? Sa décision ne fut pas prise à la légère mais après mûre réflexion, après des jours d’hésitation et de recherche, comme il est écrit « Après un certain nombre de jours » (ce qui répond à notre première question), c’est-à-dire après des jours passés à chercher comment remercier D., il en est venu à la décision d’offrir un sacrifice. Pourquoi est-ce justement Havel qui a compris ce qu’il convient ou ne convient pas d’apporter en rejetant l’exemple de Caïn qui avait offert la première chose trouvée, bien que ce soit un produit de moindre qualité?

Il faut dire que Caïn voulait servir D. à la fois avec le bon et le mauvais, dans le sens où « la lumière et les ténèbres sont mêlées ensemble » (Béréshit Rabba 3:6). Mais Havel n’était pas de cet avis et il a perfectionné le service de D. Il a eu l’originalité de penser qu’on ne peut servir D. avec « le bon et le mauvais ensemble », mais seulement après les avoir séparés l’un de l’autre. Caïn voulait servir D. tantôt avec ce qui est bon, tantôt avec ce qui est mauvais, mais il ne pensait pas qu’il était possible de soumettre le mauvais penchant au service de D. et le transformer en bien, et en cela il s’est trompé. Et donc, Havel est venu lui dire qu’on ne sert pas le Créateur de cette façon, puisqu’il est écrit (Dvarim 6:5) « Tu aimeras l’Eternel ton D. de tout ton cœur... » que les Sages expliquent (Mishna Brach’ot 54a) « avec les deux penchants de ton cœur, le bon et le mauvais ». Il faut servir D. avec les deux penchants. Comment? En prenant ce qui mauvais et en le transformant en bien (Zohar I 144b, 201a), mais non en servant D. avec un mélange de bon et de mauvais.

C’est pourquoi « D. agréa Havel et son offrande, mais Caïn et son offrande ne furent pas agréés » (Béréshit 4: 4-5). Au lieu de tirer un enseignement quant à la façon correcte de servir D. pratiquée par Havel, au lieu de comprendre qu’il ne convient pas de Le servir avec le bon et le mauvais mêlés, au lieu d’apprendre de Havel de quelle manière se rendre favorable à D. puisque D. l’avait agréé, lui et son offrande, Caïn est soudain bouleversé et son chagrin se lit sur son visage: « Caïn en fut très fâché et son visage s’est défait » (Béréshit 4:5). Il n’avait pas appris de Havel comment servir D. comme Havel avait appris de lui qu’il faut se rendre favorable à D. en présentant des offrandes. C’est justement avec les choses que D. lui donne, que l’homme Le remercie. Nous Lui rendons hommage avec ce qu’Il nous a donné, comme il est écrit (Divrey HaYamim I, 29:14): « Car tout vient de Toi et ce que nous T’avons donné T’appartient ». Au lieu de cela, Caïn fut profondément contrarié et son visage s’est défait (ici aussi nous avons une répétition, ce qui constitue notre troisième question), parce que l’accusation et le reproche envers Caïn sont doublement sévères.

La déconfiture de Caïn, qui n’a pas pu surmonter l’épreuve de la jalousie, est visible. Au lieu d’être heureux d’avoir posé les principes fondamentaux et enseigné aux hommes à servir D. - chose qui était une grande originalité dans le monde - au lieu de perfectionner la manière de Le servir - ce qu’a fait Havel - il s’est fâché contre son frère et n’a pas su transformer sa jalousie en « une émulation qui stimule le progrès dans la sagesse » (Babba Bathra 21a). Il n’a pas appris de lui la conduite correcte, il n’a pas dominé sa jalousie naturelle et il fut chassé car « la jalousie, les désirs et la recherche des honneurs chassent l’homme de ce monde » (Avot 4:21).

Une situation semblable peut se produire n’importe quand, même dans une Yéshiva, lorsqu’un élève présente une idée nouvelle ou bien explique une difficulté du commentaire de Rashi ou des Tossafot, et qu’un autre développe son idée jusqu’au bout, la perfectionne et la raffine, ou bien lui ajoute une explication qui la rend compréhensible aux autres. Celui qui a eu l’idée en premier lieu maintient qu’il n’y a rien à ajouter et rien à changer à ce qu’il a dit, et il rejette toute amélioration qui lui semble minimiser ses paroles ou les fausser, dans le sens où il est dit (Sanhédrin 29a): « Celui qui y ajoute quelque chose, le minimise », tandis que le deuxième reçoit toutes les louanges...

C’est pourquoi D. a demandé à Caïn « pourquoi ton visage est-il déconfit »? Au contraire, tu dois être heureux d’avoir été le premier à enseigner au monde la façon de Me rendre hommage. Même si ton initiative est incomplète parce que tu ne l’as pas suffisamment approfondie (sinon pourquoi aurais-tu offert des fruits de qualité inférieure et non les prémices qui sont les meilleures?), même si tu n’es pas allé au bout de ton idée et c’est ce qui t’est reproché, il est possible de compléter et d’améliorer ton intention première et c’est ce que Havel ton frère a fait. Tu aurais dû apprendre cela de lui et progresser dans la sagesse en transformant ta jalousie en motivation.

Mais tu n’as pas soutenu cette épreuve, dit D. à Caïn. Pourquoi es-tu fâché? Pourquoi ton visage est-il déconfit? La répétition vient signifier: pourquoi es-tu fâché de ce que Havel a amélioré ton initiative et t’a dépassé, et pourquoi ton visage est-il déconfit par la mesquinerie et la jalousie, parce que son offrande à lui a été agréée?

« Si tu te corriges, tu pourras être agréé » (ibid. 4:7), c’est-à-dire: si tu avais eu la rigueur de ton frère Havel qui a complété et amélioré ton idée, tu n’en serais pas dépité et si tu avais fait de ta jalousie une motivation, tu aurais grandi en sagesse et alors, chacun aurait appris quelque chose de l’autre dans le sens où il est dit (Téhilim 119:99) « J’ai appris quelque chose de chacun de mes maîtres ». Si tu avais transformé ce qui est mauvais en toi en accomplissant quelque chose de vraiment bon, en apportant le meilleur de tes fruits, ta dévotion aurait été parfaite. Havel a pris soin de sélectionner le meilleur de son bétail pour l’offrande, mais toi, tu n’a pas pris ce soin et tu as offert des produits de moindre qualité. Si tu avais agi comme ton frère, tu te serais élevé au plus haut degré.

« Si tu ne t’améliores pas, ta faute est tapie sur le seuil » (ibid. 4:7), c’est-à-dire: si tu n’améliores pas ta conduite tant que tu en as la possibilité, tu ouvres une brèche à la faute. D. enseigne à Caïn un principe essentiel: à partir du moment où l’homme sent qu’il est en son pouvoir d’améliorer sa situation, même si elle est bonne, pour la rendre encore meilleure, et qu’il ne l’améliore pas, il ouvre une brèche et « la faute est tapie sur le seuil », entre les deux tendances de son cœur (la bonne et la mauvaise) (Brach’ot 61a). S’il a la possibilité de progresser et qu’il ne le fait pas, il met sa vie en danger.

Et D. poursuit Ses remontrances à Caïn: « La faute s’accrochera à toi ». Si tu persévères de cette façon, où que tu ailles, tu ne pourras pas te libérer de la faute et tu seras toujours entraîné par elle, car « les méchants sont poussés par le désir de fauter » (Béréshit Rabba 20:7), et les Sages d’ajouter (Béréshit Rabba 20:16) « Caïn avait une forte tendance à fauter ».

La suite du verset dit: « Mais toi, domine-le (le désir de fauter) ». Rashi écrit au nom des Sages (voir Kidoushin 30b): « Si tu veux, tu pourras le dominer » c’est-à-dire: si tu as des moments de lucidité et de clairvoyance et que tu comprends que ta tendance à fauter n’est là que pour t’affaiblir, tu dois tout de suite prendre le dessus, car « la Torah protège et sauve » (Sotah 21a), elle te protégera de tout danger et t’aidera à dominer ta tendance au mal, et « la lumière de la Torah te ramènera dans le bon chemin » (Yéroushalmi H’aguigah 1:7). Il ne tient qu’à toi de t’élever et de te dominer.

L’orgueil accompagne toute faute

Même après ces longues remontrances où D. fit savoir à Caïn, qu’il avait la possibilité de renforcer ses bonnes tendances et de refréner les mauvaises en offrant le meilleur des produits que D. lui avait donnés (et « l’homme doit s’imaginer qu’il est lui-même ce sacrifice à D. » (Ramban, Vayikra 1:9), ce qui est l’une des raisons d’être du sacrifice), Caïn n’a pu surmonter sa jalousie « et il se jeta sur Havel son frère et le tua ». Au lieu de mériter le titre de « premier à avoir présenté des sacrifices », il fut traité par les Sages (Esther Rabba, introduction 10) de « premier des meurtriers ».

Ceci trouble l’esprit. Caïn tue Havel, au lieu d’accepter de lui un enseignement concernant la manière correcte de servir D.!

Il est raconté (Sanhédrin 102a) à propos de Yérovam ben Navat, qui avait trangressé et incité le peuple à transgresser les lois de la Torah que D. le saisit par le pan de son vêtement et lui dit: « Si tu te repens, nous nous promènerons ensemble dans le Jardin d’Eden, Moi, toi et David ben Ishaï. Yérovam demanda à D.: Qui marchera devant? et D. lui dit: ben Ishaï sera en tête. Alors Yérovam répondit: S’il en est ainsi, je refuse ». Il poursuivit ses agissements pervers jusqu’à sa mort, et il est de ceux qui n’ont pas de part dans le monde à venir (Rosh HaShana 17a). « Yérovam ben Navat et ses semblables vont en enfer et y sont jugés pour toujours » et il est tenu responsable des fautes commises par la communauté. Nous savons que Yérovam s’est surpassé en méchanceté, pour avoir osé s’opposer au roi Salomon et avoir barré la route du Temple (Sanhédrin 101b).

Il est étonnant de constater qu’après tout le mal commis par Yérovam et toutes les fautes du peuple dont il a lui-même été la cause, D. s’adresse encore à lui et lui propose de se repentir! Non seulement il aurait été pardonné, mais il se serait promené en compagnie de D. et de ben Ishaï (David) dans le Jardin d’Eden. Pas moins!

Yérovam avait la possibilité de se repentir parce que ce n’était qu’à cause des honneurs liés à sa position publique qu’il avait perdu l’esprit, et « les honneurs font perdre à bien des gens leur part dans le monde futur » (Avot 4:21). Au début de sa carrière, Yérovam était bon et les Sages témoignent (Sanhédrin 102-103) que sa Torah était sans faille, qu’il avait étudié cent trois aspects différents du Midrash Torat Kohanim, et dévoilé des sens inconnus jusque-là, et ce n’est qu’à cause de son changement soudain de statut qu’il commit tant de fautes. Yérovam était l’esclave du roi Salomon pour devenir par la suite, roi de dix tribus d’Israël, tandis que le roi Salomon ne régnait que sur deux tribus (Sanhédrin 101b). Pour n’avoir pu obtenir les grandes marques d’honneur dues à un roi, il devint comme fou, et fit placer des idoles de toutes sortes sur la route de Jérusalem et sur toutes les routes du pays (Sanhédrin 101b, 102b). C’est pour cela que D. le saisit par le pan de son vêtement et le secoua afin qu’il mît un terme à sa conduite insensée et à la folie qui s’était emparée de lui.

Yérovam fut placé devant un choix. S’il avait surmonté l’épreuve, il aurait pu regagner sa place dans le Jardin d’Eden. Toute l’épreuve consistait à accepter que le roi David ait la préséance. Mais lui, au lieu de profiter du moment de lucidité que D. lui accordait afin d’opter pour ce qui est bien, a mal choisi. Il refusa parce qu’il lui était difficile de renoncer aux marques d’honneur et de respect qui lui étaient dues et de marcher derrière le roi David. Il refusait aussi de rester debout dans l’enceinte du Temple alors qu’il était permis aux rois David et Salomon de s’y asseoir (voir ibid. 101b), car la loi stipule que « seuls les rois de la maison de David ont la permission de s’asseoir dans l’enceinte du Temple » (Yoma 25b) et il désirait abolir cette loi. Bien qu’il ait eu une connaissance solide de la Loi, et bien qu’il ait su que le royaume de Salomon avait été divisé parce que celui-ci avait transgressé les commandements spécifiques à un roi (Shemot Rabba 6:1), Yérovam a dédaigné la Loi, et il a continué à provoquer la colère de D.

Cela montre que D. offrit tout d’abord à Yérovam la possibilité de lui accorder des circonstances atténuantes pour son orgueil et ses folies et c’est pourquoi Il le saisit par le pan de son vêtement pour lui enjoindre de se repentir en lui promettant une place de marque dans le Jardin d’Eden. En fait, nous voyons qu’il était parfaitement lucide et n’avait aucun besoin d’être averti, mais l’orgueil et l’amour des honneurs l’empêchait d’accepter, au point qu’il se révolta ouvertement contre D. Tout cela pour ne pas se soumettre aux rois de la maison de David et leur servir d’esclave.

Cela nous montre le danger de l’orgueil et de la jalousie « qui excluent l’homme du monde futur » (Avot 4:21). Plutôt que de renoncer à son orgueil, Yérovam était prêt à payer un prix énorme - celui de ne jamais sortir de l’enfer et d’y être jugé éternellement (Rosh HaShana 17a). Bien que D. tente de le sauver de ces défauts méprisables, il préfère fermer les yeux et s’attacher à ce qui est mauvais, au point que les Sages disent de lui qu’il est « le prototype de la malédiction » (Sanhédrin 102b).

Il est possible de dire la même chose concernant Caïn. Après avoir longtemps cherché, puis trouvé, de quelle manière servir D., il a présenté une offrande de moindre importance, et il s’en est enorgueilli, parce que sa motivation première n’était pas pure. Par ailleurs, Havel son frère a suivi son exemple mais avec une perfection qui a trouvé grâce auprès de D.  Caïn, au lieu de se réjouir pour son frère, fut au contraire envahi de rancune et blessé dans son orgueil, au point d’oublier tout amour fraternel. En acceptant l’amélioration apportée par son frère, il aurait prouvé que son intention première avait été pure et il aurait bénéficié de l’aide de D. pour comprendre mieux les choses, soit par lui-même soit grâce à Havel son frère, et il les aurait acceptées. Ce n’est pas ce qu’il a fait.

D. lui reprocha alors sa conduite: « si tu améliores ta conduite, tu pourras être agréé », si tu te repens maintenant de ton orgueil et que tu passes outre à l’atteinte à ton honneur personnel, tu seras agréé, tu t’élèveras, « tes fautes volontaires seront comptées comme des mérites » (Yoma 86b), tu te soumettras à ton frère qui est meilleur que toi parce qu’il t’a surpassé, et tu le suivras. Sinon, ton orgueil te perdra. Qu’as-tu besoin de cela? Je t’en prie, choisis maintenant ce qui est bon, quitte le mauvais chemin que tu as pris et qui t’entraîne. Vois, Mes mains sont tendues vers toi, comme disent les Sages (Tanna D’Bey Eliyahou Zouta 22): « D. a les mains tendues pour recevoir ceux qui reviennent à Lui et Il appelle: quand donc reviendront-ils? »

Mais Caïn, semblable en cela à Yérovam ben Navat, a refusé d’écouter D. et a fauté de plus belle en tuant celui qui lui avait enseigné une loi nouvelle, uniquement par orgueil et par jalousie envers son frère avec lequel il aurait pu apprendre beaucoup d’autres lois. Il a non seulement commis un crime envers D. mais a eu de plus l’arrogance de mentir effrontément (Béréshit 4:9): « Je ne savais pas que j’étais le gardien de mon frère ». De même que D. proposa à Yérovam de se repentir et l’invita à se promener dans le Jardin d’Eden, de même Il a proposé à Caïn de se repentir et « si tu corriges ta conduite, tu seras agréé ». Mais Caïn en a perdu le bénéfice pour avoir été jaloux et orgueilleux, deux traits qui caractérisent les méchants en ce monde.

Et alors D. lui dit (Béréshit 4:10): « Le cri du sang de ton frère s’élève jusqu’à Moi de la terre ». C’est à dire la voix de la Torah, qui s’apprend avec dévotion, s’élève jusqu’à Moi de la terre - de l’humilité. « Havel et Moshé ont la même âme » (Zohar I 28b, 37b). Havel était, comme Moshé, humble, et comme lui entièrement voué à la Torah. Havel fut tué pour avoir apporté à D. une offrande et l’avoir servi avec dévotion. Le crime de Caïn est terrible.

Caïn répond à D. (Béréshit 4:13): « Mon crime est-il trop grand pour que je sois pardonné? » Est-ce un crime impardonnable qui va m’empêcher de progresser? A partir du moment où Caïn a repoussé la possibilité de s’améliorer, il a ouvert une brèche par laquelle le mauvais penchant est entré dans son cœur, et maintenant, « les interdits sont à ses yeux comme des choses permises » (Kidoushin 20a). Pour n’avoir pas reconnu sa faute, il en vint à blasphémer, à se révolter contre D. et à se priver de tout ce qui est bon.

C’est une leçon pour chacun. L’étude de la Torah représente un but en elle-même. Il faut préserver son amour de la Torah, et si quelqu’un d’autre en a une compréhension plus profonde, il faut s’en réjouir. Nous ne devons pas nous offenser lorsque notre explication est rejetée, comme si c’était une atteinte personnelle à notre honneur car cela risque d’éveiller des désirs de vengeance. En étudiant pour l’amour de la Torah et non pas pour nous faire respecter, nous ne transformerons pas la Torah en moyen de parvenir aux honneurs (Avot 4:7) et nous réaliserons alors ce qui est dit (Pessah’im 88a, Méguilah 14a): « Cet enseignement est attribué à toi et à moi », et la sagesse de la Torah s’accroîtra dans le monde.

 

 

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