Les engendrements des Justes, Leurs bonnes actions et celles de leurs descendants
Il est écrit (Béréshit 6:9): « Telles sont les générations de Noah’: Noah’ était un homme juste et intègre en son temps... » Le verset parle des générations de Noah’. Pourquoi ses enfants ne sont-ils pas mentionnés? Et pourquoi le nom de Noah’ est-il répété deux fois? Rashi rapportant le commentaire des Sages (Béréshit Rabba 30:6) explique que ce verset vient nous enseigner que les engendrements principaux de Noah’ sont ses bonnes actions.
Dans son livre Kol Hamevasser, le Rav Simh’a Bounim de Parchissa (que son mérite nous protège) écrit au sujet de cette répétition: « Noah’ lui aussi s’est comporté comme s’il venait d’être engendré et se considérait comme un enfant qui a encore besoin d’être éduqué ».
Nous tirons de ces deux commentaires que les bonnes actions quotidiennes des justes sont comme les engendrements ininterrompus de chaque instant, une sorte d’éducation journalière qui les habitue à devenir des hommes vertueux et intègres.
Noah’ est appelé « homme » (ich): L’homme doit toujours se comporter en adulte, et lutter avec courage contre le mauvais penchant, comme il est dit (Avot IV:1, Avot D’Rabbi Nathan 23:1): « Qui est courageux? Celui qui domine son mauvais penchant ».
« Juste » (tsadik): Être juste vis-à-vis des autres autant que de soi-même. Le mode de vie et la façon de servir D. d’un tel homme deviennent un exemple et tous disent de lui: « Un tel, voyez combien ses actions sont agréables » (Yoma 86a, Tanna D’Bey Eliyahou Rabba 28) tandis que lui-même accepte les malheurs qui lui arrivent, car il voit bien qu’il y a dans le monde « des Justes qui souffrent et des méchants qui réussissent » (Brach’ot 7a, Zohar II 217b, III 231a). Un tel homme apporte aux autres un grand encouragement car il leur apprend les voies de D. en voyant comment le Juste accepte avec amour tout ce qui lui arrive.
« Intègre » (tamim): L’essentiel et le comble de la perfection, est d’être intègre dans la soumission et la crainte de D. comme il est écrit (Dvarim 18:13): « Sois intègre avec l’Eternel ton D. », intègre même dans les choses cachées, privées, celles qu’aucun homme ne voit. C’est lorsque l’on se soumet à D. et que l’on s’annule devant Lui que l’on peut atteindre la perfection, selon la traduction en Araméen de la Torah qui transcrit le mot « intègre » par « parfait ».
Les engendrements essentiels des Justes, comme de tout homme, sont de nature telle qu’ils ressentent chaque jour qu’il y a quelque chose de nouveau à apprendre, et qu’ils doivent se considérer comme un enfant qui a besoin d’une éducation complémentaire, incessante, pour servir D. Et donc, tout en progressant chaque jour, ils restent tel un jeune homme ayant encore bien des progrès à faire. Se sentir encore loin de la vérité, savoir qu’il faut servir D. encore mieux, et encore plus courageusement, fait aussi partie des bonnes actions des Justes. Des hommes qui se considèrent toujours jeunes ressentent un besoin permanent de générer et d’apprendre.
Les Sages demandent pourquoi il est écrit (Béréshit 6:9): « Noah’ était un homme juste et intègre... » alors que plus loin (ibid. 7:1) il n’est pas mentionné « et intègre ». Et ils expliquent (Yirouvin 18b, Béréshit Rabba 32:4): « C’est pour nous enseigner qu’il ne faut pas prononcer la louange de quelqu’un en sa présence, alors qu’en son absence on peut le faire sans réserve ».
Il convient de remarquer qu’en son absence, il est dit explicitement que Noah’ était un homme juste et intègre, un homme vaillant qui n’imitait pas les agissements de ses contemporains, un homme juste qui pouvait servir d’exemple à tous. Tout ce qu’il faisait était valable aux yeux des hommes et agréé par D., il était entier dans sa soumission et sa dévotion, il veillait au signe de l’Alliance et c’est pour cela qu’il est appelé tamim, entier, comme D. appela Avraham « entier » au moment où Il lui ordonna la circoncision. Mais lorsque D. s’adresse directement à Noah’, il l’appelle seulement juste, mais non entier. C’est que, tant que l’homme est en vie, il ne peut pas être sûr de lui-même, comme il est dit (Avot II:4): « Ne sois pas sûr de toi avant le jour de ta mort », et par conséquent, il n’a pas encore atteint la perfection de la dévotion. D. signifie à Noah’ qu’il doit continuer à Le servir et à accomplir de bonnes actions jusqu’à son dernier jour. C’est alors qu’il méritera de parvenir à la cinquantième porte de la Sainteté.
Concernant les actions de Noah’ et la construction de l’arche, les Sages ont dit (Béréshit Rabba 32:6, Rashi ibid. 7:7): « Noah’ n’avait pas une foi solide car il ne croyait pas au déluge jusqu’à ce que les eaux le poussent et l’obligent à monter dans l’arche ». D., qui voit tout depuis le début jusqu’à la fin des temps, veut lui faire comprendre qu’il ne doit pas manquer de foi, qu’il doit continuer à servir D. jusqu’à la fin de ses jours, et c’est pourquoi, en lui parlant, Il ne lui dit pas qu’il est intègre. Cela nous enseigne qu’il est interdit de désespérer, qu’il faut continuer à accomplir de bonnes actions toute sa vie, jusqu’à parvenir au comble de la perfection possible. « Personne ne sait de quoi est fait le lendemain » (Mishley 27:1) et par conséquent il vaut mieux que l’homme sache qu’il est imparfait afin qu’il continue à progresser (Téhilim 84:8) plutôt que de se croire parfait, de devenir paresseux, et d’en venir à dire « Adieu mon âme » (Tanna D’Bey Eliyahou Zouta 1, Pessikta Zouta Vayetzé 29:7).
Il est écrit (Dvarim 18:13): « Sois intègre avec l’Eternel ton D. ». L’homme doit être intègre face à D., se sentir proche de Lui partout où il va et dans tout ce qu’il entreprend, afin de mériter le monde à venir. Comment parvenir à ce but? En étudiant la Torah dans la peine et l’effort, comme il est écrit (Bamidbar 19:14): « Telle est la Torah, lorsqu’un homme meurt dans la tente... » et les Sages d’expliquer (Brach’ot 63b, Zohar II 158b): « Les paroles de la Torah ne sont retenues que par celui qui se sacrifie (qui meurt) pour elles ». L’importance de l’effort pour apprendre la Torah est longuement expliqué, comme il est écrit (Yov 5:7): « L’homme est né pour la peine », et (Mishley 16:26): »Celui qui peine, peine pour lui-même », et (Sanhédrin 99b): « L’homme est né pour apprendre la Torah avec peine », ou encore (ibid.): « Il œuvre pour la Torah de son côté et la Torah œuvre pour lui de son côté ». Lorsque l’homme peine pour apprendre la Torah, il mérite d’acquérir les cinquante portes de la Sainteté, mais à condition de continuer à faire des efforts jusqu’à son dernier jour, sans interruption, et d’accomplir chaque jour de bonnes actions. Pour parvenir à ce niveau nous devons nous sentir comme un jeune homme dépourvu d’éducation, et alors nous arriverons à nos fins, avec l’aide de D.
Nous pouvons à présent comprendre la grandeur de Noah’ et de ses actions au cours de sa vie. Les Sages disent (Souca 45b): « Il n’y a pas dans le monde moins de trente-six Justes cachés et ce, dans chaque génération, comme il est écrit (Ishaya 30:18): Heureux ceux qui espèrent en Lui. Le mot « Lo », « en lui », a la valeur numérique de trente-six ». Ces trente-six Justes luttent toute leur vie contre leur mauvais penchant, et durant toute leur vie ils servent D. de tout leur cœur, de toute leur âme et de toutes leurs forces, jusqu’à ce que D. les déclare Justes et intègres, bien qu’eux-mêmes ne le sachent pas, car D. seul sait ce qui est caché, comme il est écrit (Dvarim 29:28): « Les choses cachées appartiennent à l’Eternel notre D. »
C’est pourquoi il est écrit au début de cette section de la Torah « Telles sont les générations de Noah’ ». Le mot élé (telles) a aussi la valeur numérique de trente-six, ce qui indique que les engendrements de Noah’, ses bonnes actions, faisaient de lui l’un des trente-six Justes. La répétition du nom Noah’, Noah’, indique qu’il a surpassé durant sa vie les trente-six Justes cachés.
Si Noah’ était l’un de ces trente-six Justes, et s’il s’en était trouvé trente-cinq autres dans sa génération, le monde n’aurait pas été détruit, mais étant donné qu’il était le seul, lui seul fut sauvé.
Certains Sages jugent Noah’ avec admiration, tandis que d’autres le considèrent avec mépris (Sanhédrin 108a). Ceux-ci vantent son intégrité, disant que, contrairement à ses contemporains qui étaient tous des hommes méchants, il était resté intègre au point d’être appelé juste. Si, en son temps, alors que ses contemporains étaient tous coupables, il fut considéré comme un juste, à plus forte raison, s’il avait vécu à l’époque d’Avraham, il l’aurait surpassé, et vu le niveau élevé de son âme, il aurait même pu être d’un grand secours pour Avraham.
Par contre, les Sages qui jugent Noah’ défavorablement ont aussi leurs raisons. Si Noah’ est compté parmi les trente-six Justes, cela indique qu’il a servi D. avec des forces exceptionnelles, comparé à ses contemporains qui fautaient en public et en privé. Mais comment se fait-il que ses bonnes actions et ses paroles n’aient eu aucune influence sur les gens de son temps? C’est une indication que Noah’ ne pensait qu’à lui-même lorsqu’il accomplissait de bonnes actions. Et donc à l’époque d’Avraham il ne se serait en rien distingué des autres, et serait resté un Juste qui n’agit que pour lui-même et non pour le bien d’autrui.
Lorsqu’un Juste appartient à une génération de gens méchants et débauchés, il doit sortir de l’anonymat et enseigner la Torah comme l’a fait Avraham qui a proclamé dans le monde l’existence de D. (Sotah 10b, Béréshit Rabba 39:24). Il ne doit pas rester caché car on méprise celui qui multiplie les « engendrements » quand il pense à accumuler de bonnes actions pour son propre avantage. Même s’il a le mérite d’être Juste par rapport à des contemporains méchants, il faute en ne s’exposant pas pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin et les soulager, même s’ils sont fautifs. S’il ne leur enseigne pas la bonne conduite, il ne peut pas les corriger: il doit donc s’exposer, ne serait-ce que partiellement.
Ceux « qui dirigent la multitude dans le droit chemin seront comme les étoiles » (Daniel 12:3), préférables aux Justes cachés car « celui qui dirige la collectivité bénéficie du mérite de tous » (Pirkey Avot 5:18) et « il ne commet aucune faute » (ibid., Yoma 87a). Par contre, ceux qui sont inconnus n’ont aucune influence sur leurs contemporains. Les Justes qui ne se contentent pas d’être religieux pour eux-mêmes et guident les autres dans la voie du bien, sont plus dignes d’admiration, quoique personne ne puisse connaître leur vraie valeur et leur importance aux yeux de D. Seul Celui qui connaît le fond des cœurs et des pensées les connaît, et si de surcroît, ils corrigent les autres, ils réalisent le but essentiel de leurs « engendrements ».
C’est ce qui est écrit: « Telles sont les générations de Noah’ », c’est-à-dire « les engendrements essentiels de l’homme sont ses bonnes actions ». D’une part le service de D. doit être discret, d’autre part, il faut être agréable aux gens, les secourir, leur venir en aide, et les diriger dans les voies de D., comme il est écrit (Mich’a 6:8): « Homme! Sache ce qui est bien et ce que D. exige de toi: pratiquer la justice, aimer la bonté, et marcher humblement avec ton D ». Les Sages expliquent (Makot 24a): « Aimer le bien, c’est accomplir de bonnes actions », c’est-à-dire secourir et aider les autres, sans relâche. Il est dit d’un homme qui se conduit ainsi qu’il est juste et intègre et alors tous acceptent ses directives. C’est effectivement une telle conduite que D. exige de l’homme.
Nous pouvons dire que telle était la manière d’être de Noah’. Au début, il eut une certaine influence sur ses contemporains, à qui il enseignait la crainte de D. La Torah vante d’ailleurs ses qualités: « Noah’ était un homme juste et intègre en son temps », car au début il est venu en aide à ses contemporains qui avaient constaté sa bonne conduite, et tous disaient de lui: « Celui-là nous soulagera de nos peines et des efforts de nos mains » (Béréshit 5:29). Et il est dit (ibid. 6:8): « Noah’ trouva grâce aux yeux de D. », il trouva grâce parce qu’il ne servait pas D. seulement incognito, mais enseignait à ses contemporains les voies de D. Ils ne l’écoutaient pas, mais il s’obstinait courageusement, comme Avraham qui convertissait les gens et leur enseignait la connaissance de D. (Béréshit 39:21, 84:2), même s’ils s’étaient d’abord moqués de lui et de ses activités.
Pourtant, par la suite, Noah’ ne continua pas dans cette voie car il craignait d’être corrompu par les mauvaises mœurs des gens de son temps. A partir de ce moment-là il se mit à servir D. uniquement en secret, sans se mêler des affaires des autres. Il est écrit: « Noah’ marcha dans les voies de D. » que certains interprètent favorablement car « celui qui vise trop haut ne parvient à rien, celui qui vise ce qui est accessible l’atteint » (Rosh HaShana 4b, Torat Kohanim Vayikra 16:25) et Noah’ voulait se protéger, lui et ses enfants. D. lui a signifié qu’il n’était juste qu’aux yeux de D. comme il est écrit (Béréshit 7:1): « Car J’ai vu que toi tu es juste à Mes yeux... » mais pas aux yeux de ses contemporains. Il a choisi de ne pas se laisser influencer par eux ce qui est tout à son honneur, et il a continué à accomplir de bonnes actions et à servir D. à titre privé. C’est réellement une marque de piété parfaite, dans une génération de méchants, que de ne pas se laisser entraîner par eux.
Par contre, ceux qui ne le jugent pas positivement arguent qu’il a mal agi en s’abstenant de servir D. ouvertement et en se cachant, bien qu’il se soit isolé par crainte d’être atteint par leur corruption. Aux yeux de ses contemporains il n’était pas un Juste, ce qui aurait dû lui faire comprendre que les gens de sa génération ne le connaissaient pas, et c’était bien dommage. Tout comme Avraham, qui a combattu sans crainte la génération de la Tour de Babel, le tyran Nimrod, et même converti nombre de gens, il aurait dû lui aussi agir ouvertement! Noah’ aurait dû sortir de son anonymat car « le temps est venu d’agir pour l’Eternel, ils ont transgressé Ta loi » (Téhilim 119:126). Ce n’était pas le moment de servir D. en privé. Il fallait se préoccuper du bien de tous, de tout le monde, car personne d’autre ne pouvait leur enseigner le service de D. C’est dans un cas pareil que les Sages disent (Pirkey Avot 2:5): « Là où il n’y a pas d’homme, sois, toi, un homme » (la première des qualités attribuées à Noah’: un homme). S’il s’était conduit de la sorte, ses enfants l’auraient aidé, et il aurait surpassé Avraham puisqu’il aurait été épaulé par ses trois fils, ainsi que par Métoushelach’ le Juste...
Le refus de Noah’ de réprimander ses contemporains a des conséquences. Il est écrit (Béréshit 6:22): « Et Noah’ exécuta soigneusement tout ce que D. lui avait ordonné ». Les Sages disent (Béréshit Rabba 31:14): « Il s’agit de la construction de l’arche » que Noah’ fit conformément aux instructions qu’il reçut, et non selon son idée personnelle et selon sa propre fantaisie. Il est dit qu’il construisit l’arche en utilisant la science secrète des Noms Saints, précisément selon les instructions qu’il reçut (Zohar I 59b-60a et le commentaire HaSoulam). Mais par ailleurs, les Sages disent: « Noah’ n’a pas voulu monter dans l’arche car sa foi était faible » (Béréshit Rabba 32:6). Est-ce possible? Noah’ le Juste manquait-il de foi? C’est qu’il n’a pas réprimandé ses contemporains et n’a pas réalisé que « le temps est venu d’agir pour l’Eternel, car ils ont transgressé Ta loi ». Il n’a pas pris de risques pour réprimander ses contemporains et les ramener à D., et si D. a dû le pousser pour qu’il monte dans l’arche, c’est que sa foi n’était pas sans faille. C’est ce que lui reprochent les commentateurs qui le critiquent.
Nous pouvons nous demander comment les commentateurs qui louent Noah’ expliquent que D. ait dû pousser Noah’ à entrer dans l’arche, ce qu’il n’a fait que lorsque l’eau l’a atteint, comme il est écrit (Béréshit 7:7): « Et Noah’ entra.... à cause des eaux du déluge. » Nous pouvons supposer que Noah’ voulait monter dans l’arche au moment où les eaux allaient tomber, afin que tous le voient entrer sans pouvoir l’en empêcher, de façon à prouver à tous ses contemporains que D. veillait sur lui et que seuls lui et ses fils entraient dans l’arche parce qu’ils avaient toujours servi D. et suivi Ses voies. Bien que Noah’ ait souffert de devoir révéler à nouveau ses qualités aux yeux de tous, il l’aurait fait en l’honneur de D.
Les Sages disent encore (Béréshit Rabba 30:7, Sanhédrin 108b, Pessikta Zouta Noah’ 6:9): « Noah’ a construit l’arche pendant cent vingt ans afin que tous le voient et retournent vers D. Pendant tout ce temps, ses contemporains posaient des questions concernant l’arche qu’il construisait et Noah’ leur répondait que D. allait faire pleuvoir un déluge et les anéantir s’ils ne se repentaient pas ». Malgré cela, pendant cent vingt ans, nul ne s’est repenti. Lorsqu’il monta dans l’arche au grand jour (Béréshit 7:13), tous purent se rendre compte que seul celui qui sert D. mérite d’entrer dans l’arche (Béréshit Rabba 32:8) et il devient clair que les Écritures parlent de Noah’ favorablement.
Il est écrit (Dvarim 32:7): « Souviens-toi des jours anciens, médite les annales de chaque génération ». L’homme doit se souvenir toujours de ce qui est arrivé au cours de l’histoire ancienne, comme au temps du déluge, de la Tour de Babel, etc. Il est difficile de comprendre cela, car la création tout entière ne fut créée que pour la Torah qui est appelée prémices (Béréshit Rabba 1:1) et sans Torah le monde serait anéanti comme il est écrit (Yérémia 33:25): « Si ce n’était pour Mon alliance jour et nuit, Je n’aurais pas établi les lois du ciel et de la terre ». S’il en est ainsi, la Torah aurait dû commencer par des sujets qui la concernent, ensuite Moshé aurait raconté brièvement l’histoire des premières générations. Pourquoi raconter longuement les annales du monde?
Il semble que ce soit aussi la question posée par Rabbi Yits’hak, rapportée par Rashi dans son premier commentaire (Yalkout Shimoni Shemot 187): « La Torah aurait dû commencer par « Ce mois sera pour vous le premier des mois de l’année » (Shemot 12:2).
En fait, la réponse de Rabbi Yits’hak nous explique clairement le récit de la génération du déluge: « C’est pour enseigner la puissance de Ses hauts-faits à Son peuple » (Téhilim 111:6). Personne ne peut étudier la Torah sans préparation et sans percevoir la puissance de D., ce qui mène à la croyance. La narration des événements de la vie des ancêtres pénètre les cœurs et renforce le désir de l’homme de connaître la Torah, puisque nous tirons des Patriarches de grandes leçons d’éthique, de bonne conduite, et de piété. De même, nous apprenons combien il est possible de péricliter si nous ne nous laissons pas guider par les valeurs de la Torah, à l’instar de la génération du déluge et de la tour de Babel. Le peuple juif n’est sorti d’Egypte qu’après avoir vu la puissance de D., et cru en Lui et en Moshé, comme les Écritures en témoignent (Shemot 14:31). La Torah commence par le récit de la création et du déluge etc. afin d’en arriver au don de la Torah. Effectivement, l’homme ne parviendra à étudier la Torah que s’il est motivé par la recherche de la vérité, et s’il croit en D. Sans cela, il ne pourra apprécier les douceurs de la Torah. Mais s’il connaît D., Créateur du monde, il parviendra à « goûter et voir combien D. est bon » (Téhilim 34:9).