L’hospitalité d’Avraham, exemple pour ses enfants
Lorsque les visiteurs se présentent chez Avraham, nous lisons (Béréshit 18:2): « Il leva les yeux et regarda, et vit trois personnages debout devant lui ».
Rashi rapporte le Midrash (Béréshit Rabba 48:9): « Ces trois personnages sont des anges, qui lui sont apparus sous la forme de trois nomades Arabes et ils sont venus chez lui afin de lui donner la possibilité de pratiquer l’hospitalité ».
A ce sujet, le Rabbin et Docteur David Waknine m’a demandé, au nom de son père, pourquoi les anges ont pris la forme de trois nomades Arabes et ne sont pas apparus sous forme de Cananéens ou d’Egyptiens? Pourquoi justement comme des Arabes?
Je lui répondis: Nous savons que ce jour-là était le troisième jour après la circoncision d’Avraham, comme il est dit (Babba Metzya 86b): « et D. provoqua une chaleur torride afin qu’Avraham ne soit pas dérangé par des gens de passage », mais lorsque D. vit qu’Avraham regrettait de ne pas avoir de visiteurs et qu’il était assis dehors par une grande chaleur depuis déjà quatre heures, Il lui envoya ces trois anges, sous forme de trois nomades Arabes (voir Béréshit Rabba 48:8, 10). Mais D. ne voulait pas qu’Avraham se mette en peine, c’est pourquoi il lui envoya des anges qui ne mangent pas et ne boivent pas, et donc qui n’importuneront pas Avraham par leurs exigences. Nous savons qu’Avraham demandait à ses invités quels étaient leurs désirs afin de les satisfaire, comme le disent les Sages (Bamidbar Rabba 54:6 à propos du verset (Béréshit 21:33): « Il installa une auberge ». Les lettres du mot lva, auberge, forment le mot lav, demander. Les anges n’ont pas de besoins puisqu’ils ne mangent pas et ne boivent pas, c’est pourquoi Avraham a dû insister tellement pour les convaincre de « reprendre leurs forces » (ibid 18:5) et « les nourrir » (ibid. verset 8).
Avraham demandait à chaque invité ce qu’il désirait manger, il faut penser qu’il leur demandait quelle nourriture ils avaient l’habitude de manger dans leur pays et leur lieu d’habitation, afin de leur préparer un repas à leur goût et pour qu’ils se sentent comme chez eux et mangent selon leur habitude.
La plupart des passants en ce lieu étaient arabes, et Avraham avait en permanence chez lui les mets auxquels ils sont habitués, c’est pourquoi D. lui envoie des anges sous cet aspect afin qu’il n’ait pas à se donner du mal, qu’il n’ait pas besoin de préparer des plats nouveaux, et pour qu’il puisse leur présenter des plats tout prêts - de ceux qui plaisent aux Arabes.
Et pourtant Avraham, qui pratiquait l’hospitalité avec un grand amour « courut vers le troupeau, choisit un veau tendre et gras » (Béréshit 18:7), et dit à Sarah: « Vite, prends trois mesures de farine de pur froment, pétris-la et fais-en des gâteaux » (ibid. verset 6), et « Il prit de la crème et du lait » (ibid. verset 8). Les Sages disent: « il leur servit trois langues à la moutarde » (Babba Metzya 86b, Yalkout Shimoni Vayéra 18), et « Sarah prépara de grandes fournées de gâteaux délicieux » (Béréshit Rabba 48:12). Bien qu’il ait eu en réserve, tout prêts, des plats qui conviennent à des nomades Arabes, il s’est mis en peine pour leur préparer des viandes fraîches, sans tenir compte de son état physique et de la douleur qui est extrême au troisième jour de la circoncision.
Cela nous permet de comprendre ce qui est dit (Zohar I 127b): « Comment Avraham savait-il où se trouvait le caveau de Mach’pela [que plus tard, il demande à acheter]? Il est écrit (Béréshit 18:7): « Avraham courut vers le troupeau ». Pourquoi court-il? C’est que le veau s’était échappé et Avraham le poursuivit jusqu’au Caveau de Mach’pela, c’est ainsi qu’il découvrit le caveau ». D. le récompensa et lui fit connaître, grâce à cette bête, l’emplacement du Caveau de Mach’pela.
Les Sages disent (Babba Metzya 86b): « L’école de Rabbi Ismaël enseigne: en récompense de la crème et du lait, ils ont reçu la manne, en récompense du fait qu’il se tenait debout pour les servir, ils ont reçu la colonne de nuée, en récompense de l’eau, ils ont reçu le puits de Miriam ». « Les Enfants d’Israël ont bénéficié de grandes bontés divines en récompense des grandes bontés d’Avraham envers les trois anges ». Pourquoi ses enfants furent-ils récompensés pour ce qu’Avraham avait fait en cette occasion, plus que pour tous les autres bienfaits qu’il prodigua au cours de sa vie en ce monde?
C’est que, justement en cette occasion, Avraham dévoile la profondeur de son amour pour les invités. Malgré sa maladie (et un malade est exempt de beaucoup de commandements comme par exemple de monter à Jérusalem et se présenter au Temple durant les fêtes (H’aguiga 2a), ou (H’oulin 110a) de porter les Téphilines s’il souffre du ventre), Avraham se met en peine et, négligeant sa grande douleur, il reçoit ses hôtes avec une générosité redoublée et il leur prépare des mets nouveaux bien qu’il disposât de plats déjà cuisinés. Pour cela, plus que pour tout autre bonne action, ses enfants furent récompensés. Cela nous enseigne que nous devons nous conduire comme Avraham et accueillir des invités comme il convient, à toute heure et en toute occasion.
Comme l’on sait, ce jour-là était le troisième jour après la circoncision, et Avraham, marqué à présent de l’empreinte sacrée, était devenu le support de la Présence Divine. Au lieu de se réjouir grandement du fait qu’il était parvenu à cette élévation, il déplore qu’à cause de la chaleur torride, aucun passant ne se présente comme à l’accoutumée, et qu’il ne puisse pas pratiquer l’hospitalité. Mais D. désire qu’Avraham soit heureux en tout temps, et il lui envoie ces hôtes. Lorsque Avraham les voit, il court à leur rencontre les inviter avec le même bonheur qu’il ressentait toujours mais auquel s’ajoute maintenant le bonheur d’être le support de la Présence Divine, et c’est pourquoi il court vers eux avec tant d’empressement et ne les laisse pas passer leur chemin. Il les prie de s’arrêter chez lui, car « il ne faut pas tarder à obéir à un commandement qui se présente » (Mech’ilta Bo, Rashi Shemot 12:17). Cela prouve que les passants sont venus jusque chez lui afin qu’il puisse réaliser ce commandement, comme il leur dit (Béréshit 18:5): « C’est dans ce but que vous êtes passés près de votre serviteur », et si vous êtes passés par ici, c’est que vous devez venir chez moi, pour que je puisse vous recevoir comme il se doit.
Avraham ne laisse pas passer une telle occasion de recevoir des invités, et surtout en ce jour où il est rempli de joie, ils méritent d’être accueillis avec tous les honneurs qui leur sont dus. Il se met en peine pour eux, ce qui ajoute une élévation supplémentaire dans sa sainteté. Nous apprenons ainsi que nous devons aspirer à égaler les vertus de D. comme le fit Avraham, et souhaiter: « quand donc mes actes atteindront-ils la perfection des actes de mes ancêtres », et nous montrer généreux et bienfaisants envers chaque créature qui porte en elle l’image de D. pour faire ainsi plaisir à D. dans tous nos actes.