Repens-toi un jour avant de mourir
« Il arriva, comme Yits’hak était devenu vieux, que sa vue s’obscurcit ; un jour il appela Essav, son fils aîné, et lui dit... Vois, je suis devenu vieux, je ne connais point l’heure de ma mort... » (Béréchith 27 :1-3).
Pourquoi Yits’hak devait-il rappeler le jour de sa mort ? Ne lui aurait-il pas suffi de dire à Essav : « prépare moi un plat comme je l’aime, sers-le moi, afin que je te bénisse » sans mentionner le jour de sa mort ? Quel est le sens de ce rappel ?
Pourquoi Yits’hak désire-t-il bénir un fils aussi méchant, qui a causé sa cécité « à cause de l’encens des cérémonies idolâtres que les épouses d’Essav pratiquaient » (Tan’houma Toledoth 8) ? De plus, il est certain qu’Yits’hak connaissait les transgressions et la mauvaise conduite d’Essav. Pourquoi veut-il bénir Essav, son fils indigne ?
Il faut croire qu’Yits’hak désire corriger Essav de ses fautes en lui rappelant le jour de la mort (Brach’oth 5a) car cette pensée permet de vaincre le mauvais penchant. Yits’hak savait qu’Essav désirait ces bénédictions. Effectivement, il s’écria : « Ne m’as-tu pas réservé une bénédiction ? » (Béréchith 27 :36), et il dit à son père : « Ne possèdes-tu qu’une seule bénédiction, mon père ? » (ibid. v. 38). Yits’hak pensait qu’en allant aux champs chasser du gibier pour lui, Essav réfléchirait sur sa conduite et se repentirait, qu’il considérerait le jour de la mort, ce qui lui permettrait de mériter les bénédictions à bon droit et non pas de les recevoir comme une faveur.
Mais Essav niait la résurrection des morts (Pessikta Rabah 12 :4), il ne croyait pas en une punition après la mort. Il n’a donc pas médité le sens de la mort, il pensait préférable et plus sensé de profiter de l’instant présent et de jouir des plaisirs de ce monde, et il n’avait aucune raison de se repentir. C’est pourquoi il est resté malfaisant durant toute sa vie. En fin de compte il n’eut pas le mérite de recevoir les bénédictions d’Yits’hak.
Rivka, qui possédait le don de prophétie, savait que son fils Essav ne croyait pas en une rétribution après la mort - l’enfer pour les pécheurs, et la vie éternelle pour les hommes vertueux - et elle envoya Ya’akov recevoir les bénédictions. Si Essav renie la vie éternelle, il ne mérite pas les bénédictions d’Yits’hak. Les Sages nous ont déjà avertis : « Celui qui dit : je vais fauter et me repentir, fauter à nouveau et me repentir à nouveau, n’a plus la possibilité de se repentir » (Yoma 88b ; Tana D’Bey Eliyahou Rabah 6). Seul Ya’akov mérite les bénédictions de son père.
Celui qui se repent sincèrement mérite d’être béni et récompensé de tous les bienfaits réservés aux Justes dans le monde à Venir.
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