La lumière de la sainteté écarte l’impureté

Lorsque Yossef a interprété le rêve de Par’o, ce dernier et ses serviteurs ont décidé à l’unanimité de le nommer gouverneur de l’Egypte, ainsi qu’il est écrit (Béréchit 41, 39-40) : « Par’o dit à Yossef (…) il n’y a personne d’aussi intelligent et sage que toi, tu gouverneras ma maison et tout mon peuple obéira à tes ordres. »

Et bien que Yossef ait été esclave, et que d’après les coutumes égyptiennes un esclave ne pouvait pas régner (Béréchit Rabba 89, 13), ils ont tout de même décidé de le faire roi, parce qu’ils croyaient dans son interprétation du rêve, d’après laquelle l’Egypte se trouvait en danger à cause des sept années de famine ; ils ont compris qu’ils étaient obligés d’élever Yossef à la grandeur et de lui donner le gouvernement s’ils ne voulaient pas mourir de faim.

De même, quand les années de famine ont commencé à arriver, il est écrit (Béréchit 41, 55) : « Par’o dit à tous les Egyptiens : allez trouver Yossef, ce qu’il vous dira, faites-le. » Les Sages ont expliqué là-dessus (Béréchit Rabba 91, 5) que Yossef leur avait dit de se circoncire, et ils étaient obligés de lui obéir, car sans lui, toute l’Egypte aurait été effacée de la face de la terre pendant les sept années de famine.

Mais nous devons comprendre ce qui s’est passé pour Par’o, le roi d’Egypte, qui était impie et rempli d’impureté, qui disait de lui-même (Yé’hezkel 29, 3) « Mon fleuve est à moi et c’est moi qui me suis fait », qui était totalement loin de la foi en D. Or même les sorciers et magiciens impurs croyaient les paroles de sainteté de Yossef, qui disait que le rêve de Par’o avait pour origine la providence divine qui voulait apporter le remède avant le mal pour les sept années de famine, afin que l’Egypte ne disparaisse pas. Comme le dit le verset (Béréchit 41, 28) : « Ce que D. fait, Il l’a montré à Par’o. »

Comment est-il donc possible que Par’o l’impie, qui faisait de lui-même un dieu tout-puissant créateur du monde et disait à son peuple qu’il ne pouvait pas les aider, ordonnait néanmoins : « Allez trouver Yossef, et ce qu’il vous dira, faites-le » ?

Il y a encore autre chose à comprendre. Pourquoi Par’o n’a-t-il pas soupçonné que toute l’intention de Yossef dans son interprétation du rêve n’ait eu pour but que de rechercher la grandeur pour lui-même ? On pourrait en voir une preuve dans le fait que dès qu’il a terminé d’interpréter le rêve, il continue en disant (Béréchit 41, 33) : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage. » Apparemment, cela paraît le désigner lui-même, puisqu’il est le seul sage de toute l’Egypte qui a réussi à interpréter le rêve ! Et bien qu’il ait commencé par dire (Béréchit 41, 16) : « Ce n’est pas moi, c’est D. qui saura tranquilliser Par’o », même cela n’est pas une preuve de sa droiture, car il est possible qu’il parle bien et affiche de la piété pour qu’on accepte ce qu’il dit.

Et par-dessus tout, nous devons comprendre pourquoi, quand Yossef a terminé l’explication du rêve de Par’o, il s’est mis à lui conseiller (Béréchit 41, 33) : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage. » Par’o lui a demandé d’interpréter le rêve, il ne lui a pas du tout demandé de lui donner un conseil sur ce qu’il convient de faire !

On peut l’expliquer de la manière suivante. Les Sages ont dit (Roch Hachana 10b) : A Roch Hachana, Yossef est sorti de prison. C’était le jour du jugement (Ibid. 16b), le jour où nous proclamons la royauté du Saint, béni soit-Il, et il est évident que ce jour-là, Yossef était dans un état de très grande sainteté, et que sa prière est montée au ciel au point que la Chekhina a reposé sur lui. Il ressemblait à un ange de D., et même son apparence extérieure lui ajoutait de la splendeur et de la gloire, ainsi qu’il est dit (Béréchit 41, 14) : « Il se rasa et changea de vêtements. »

Alors, la providence divine lui a donné un charme particulier, et a fait régner autour de lui un esprit de sainteté et de pureté, si bien que les forces impures ont été chassées de cet endroit, au point que sont sorties de la bouche de Par’o des paroles de vérité, et qu’il a reconnu l’existence de Hachem et de Sa providence, Lui Qui est assis sur Son trône élevé et veille sur Ses créatures. Il a compris qu’Il avait justement envoyé ces rêves en tant que remède avant le mal pour les sept années de famine qui allaient venir.

C’est pourquoi Par’o et ses serviteurs ont accepté à l’unanimité de reconnaître Yossef comme gouverneur, et de faire ce qu’il leur dirait. Et Yossef lui aussi, quand il a vu que l’impureté avait disparu des lieux, a profité de cette occasion que lui donnait Hachem de sortir de prison, et a poursuivi en disant : « Et maintenant, que Par’o cherche un homme intelligent et sage » (Béréchit 41, 33).

Nous apprenons de là combien le fait de voir le visage d’un tsaddik et de l’entendre parler ont une influence sur la foi du prochain, et qu’un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurité. En effet, quand on s’habitue à la lumière, toute l’impureté disparaît immédiatement. Et quand la foi s’éveille dans le cœur de l’homme, l’incrédulité en disparaît, il écoute les paroles du tsaddik, et celles-ci agissent dans son âme pour lui faire adopter une meilleure conduite.

[Effectivement, des gens qui ne croient en rien et sont loin de la Torah viennent parfois me trouver, et quand ils sont chez moi et voient la bibliothèque avec les livres de Torah et les portraits des tsaddikim accrochés au mur et qu’ils ressentent une atmosphère de sainteté, alors immédiatement, dans la conversation, ils se mettent à pleurer d’émotion, ou bien ils baissent les yeux de honte et de regret.

La raison en est qu’ils se trouvent en face d’un homme qui connaît la vérité, c’est-à-dire qui croit en D., et s’efforce dans la mesure de ses moyens de pousser les autres à la reconnaître également, si bien que l’atmosphère de la pièce est une atmosphère de sainteté. Et comme le mensonge ne s’appuie sur rien de solide, dès qu’ils voient la vérité fermement affirmée même à une époque difficile, la techouva s’éveille immédiatement dans leur cœur.]

Cette idée s’appuie sur la Guemara (Berakhot 10a) qui raconte que Rabbi Méïr avait des voisins mauvais qui le tourmentaient. Il voulait prier pour qu’ils meurent, mais sa femme Berouria lui a dit : Pourquoi prier pour qu’ils meurent ? Le verset dit (Téhilim 104, 35) : « Que les péchés disparaissent de la terre ! » Il n’est pas dit « les pécheurs » mais « les péchés » ! Prie pour qu’ils se repentent et que leurs péchés disparaissent, alors la fin du verset, « et il n’y a plus de méchants », s’accomplira aussi.

Et c’est effectivement ce qui s’est passé, Rabbi Méïr a prié pour qu’ils se repentent et sa prière a été exaucée. Ainsi, nous voyons qu’au moyen de la prière et des manifestations de sainteté, il est possible de repousser l’obscurité et l’impureté.

 

 

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