L’existence de la torah et celle du peuple d’israël dépendent de l’unité

Ya'akov appela ses fils et dit : Rassemblez-vous et je vous dirai ce qui se passera pour vous à la fin des temps. Réunissez-vous pour écouter, fils de Ya'akov, pour écouter Israël votre père.

Pourquoi dire deux fois « Rassemblez-vous et je vous dirai », et de nouveau « réunissez-vous » ? Du fait qu’ils se sont rassemblés, est-ce qu’ils ne se sont pas réunis ? Nos Sages ont dit (Pessa’him 56, 1) que Ya'akov a voulu leur révéler la fin des temps, mais que la Chekhinah l’a quitté. Pourquoi a-t-il voulu leur révéler la fin avant de quitter ce monde ? De plus, s’il leur avait effectivement révélé la fin, ils auraient désespéré d’un exil aussi long, et n’auraient pas été poussés à se repentir et à regretter leurs actes, puisqu’ils auraient su quand il se terminerait.

Il semble que lorsque les Sages ont dit qu’il a voulu leur révéler la fin, ils n’ont pas voulu dire qu’il a voulu leur dévoiler quand viendrait le Machia’h, car il est impossible à un homme de connaître le moment de la guéoula, à plus forte raison de le révéler à d’autres, comme l’ont dit les Sages (Sanhédrin 97a) : « Trois choses viennent quand on ne s’y attend pas, le Machia’h, une occasion exceptionnelle, et un scorpion. » Mais Ya'akov voulait révéler à ses fils comment rapprocher la guéoula, car le Saint béni soit-Il avait promis qu’elle viendrait rapidement au moment où Israël en serait digne, ainsi que le dit Rabbi Yéhochoua ben Lévi (Sanhédrin 98, 1) : « Il est écrit qu’elle viendra en son temps (Yéchaya 60, 22), et il est écrit « Je la hâterai », si les bnei Israël le méritent, « Je la hâterai », et s’ils ne le méritent pas, elle viendra en son temps. » Ya'akov voulait révéler à ses fils comment ils pourraient hâter la venue du rédempteur, et comment il leur serait possible d’alléger l’esclavage.

Il a commencé à dire « rassemblez-vous », c’est-à-dire unissez-vous, ce qui nous montre qu’ils étaient dispersés et qu’il les a rassemblés par l’esprit saint. Ya'akov a enseigné à ses fils que toute l’existence du peuple d’Israël en exil parmi les nations dépend de l’unité, c’est pourquoi il a dit deux fois « rassemblez-vous » puis « réunissez-vous ». C’est pour cela qu’il les avait appelés, c’est pour cela qu’il les avait réunis par l’esprit saint, afin de leur montrer que l’essentiel est l’unité, et qu’il n’y a rien d’autre que l’unité. Quand les bnei Israël sont unis, aucun peuple ne peut leur porter atteinte, alors la guéoula peut venir, comme l’ont dit nos Maîtres dans le Midrach (Tan’houma Nitsavim 1). On trouve également que les bnei Israël ne seront pas délivrés avant de former une seule assemblée, ainsi qu’il est dit (Yirmiyahou 3, 18) : « En ces jours-là et à cette époque, parole de Hachem, les enfants d’Israël et les enfants de Yéhouda viendront ensemble… » – quand ils sont solidaires, ils peuvent accueillir la Chekhinah.

C’est pourquoi Ya'akov a rassemblé ses fils avant sa mort. Il leur a dit : Mes enfants, je crains que vous ne vous disputiez après ma disparition et que vous ne sortiez jamais de l’esclavage. Il les a donc rassemblés, leur a enseigné la mitsva de l’amour entre frères et les a réunis ensemble avec le Saint béni soit-Il qui est Un et Unique. Eux aussi ont tous répondu en disant : « De même qu’il n’y a qu’Un seul dans ton cœur, il n’y a qu’Un seul dans notre cœur », ainsi que l’ont dit nos Sages.

Les bnei Israël n’ont été asservis en Egypte qu’après avoir perdu cette unité. Moché, quand il a vu les bnei Israël se disputer entre eux, a dit : « La chose est connue » (Chemot 2, 14), et nos Sages ont expliqué dans le Midrach (Chemot Raba 1, 30) au nom de Rabbi Alexandri que Moché se disait en lui-même : « Quelle faute ont commis les bnei Israël pour être en esclavage de tous les peuples ? » Quand il a entendu ce qui se passait, il a dit : « Il y a chez eux du lachon hara, comment seraient-ils dignes d’être délivrés ? » c’est pourquoi il a dit : « la chose est connue », maintenant je sais à cause de quoi ils sont en esclavage. Les bnei Israël n’ont été délivrés de l’Egypte que lorsqu’il y a eu l’unité entre eux, comme nous allons l’expliquer.

Qu’a fait Paro le roi d’Egypte ? Il a placé des surveillants pour opprimer les bnei Israël, ainsi qu’il est dit (Chemot 5, 14) : « On frappa les surveillants des bnei Israël que les commissaires de Paro leur avaient préposés ». Je dis que cela cache quelque chose : au lieu de placer sur eux des surveillants égyptiens, il a placé sur eux des surveillants des bnei Israël, ce qui demande explication.

Paro est le grand ennemi du peuple d’Israël, et c’est lui qui les a fait rentrer dans les 49 portes de l’impureté. Il savait que tant que les bnei Israël étaient unis, ils ne seraient pas réduits en esclavage, et qu’il ne se passerait pas longtemps avant qu’ils sortent de là. C’est pourquoi il a rusé avec eux et a placé parmi eux des surveillants qui veillent au travail, de façon à ce qu’ils se frappent mutuellement et se disputent, et qu’il n’y ait pas entre eux d’unité. Mais les surveillants des bnei Israël ont compris ce qu’il voulait faire et n’ont pas porté atteinte à l’unité qu’il y avait entre eux. L’Ecriture témoigne sur eux : « on frappa les surveillants des bnei Israël », les commissaires égyptiens frappaient les surveillants juifs parce que les bnei Israël ne terminaient pas le travail. Mais ceux-ci ne frappaient pas pour autant leurs frères afin qu’ils se dépêchent de finir le travail, et par le mérite d’avoir observé l’unité, ils sont sortis d’Egypte. Immédiatement dans le même passage, le Saint béni soit-Il a dit à Moché (Chemot 6, 1) : « Maintenant, tu vas voir ce que je vais faire à Paro, car il les renverra par main forte et par main forte il les chassera de son pays. »

Bien qu’ils n’aient pas eu de Torah et de mitsvot, comme l’unité régnait entre eux, ils ont mérité de sortir d’Egypte. Les Sages ont dit : « La génération d’A’hav était entièrement composée d’idolâtres, mais parce qu’il n’y avait pas de délateurs parmi eux, ils sortaient vainqueurs de la guerre. » Sur la génération de ceux qui sont sortis d’Egypte, ils ont dit que du fait qu’il n’y avait pas parmi eux de délateurs, ils ont mérité de sortir d’Egypte. Yitro lui aussi, quand il a voulu quitter Midian pour aller dans le désert recevoir la Torah de Moché, a entendu que les bnei Israël étaient unis. Le verset dit (Chemot 18, 1) : « Yitro, prêtre de Midian, beau-père de Moché, entendit tout ce que D. avait fait à Moché et à son peuple Israël », et nos Sages demandent (voir Zeva’him 116a) : « Qu’a-t-il donc entendu pour venir ? Que la mer s’était fendue et la guerre d’Amalek. » D’après ce qu’ont dit les Sages (Sota 37a), quand les bnei Israël se tenaient au bord de la mer, Na’hchon ben Aminadav a sauté dans la mer, et immédiatement elle s’est fendue. Na’hchon ben Aminadav s’est sacrifié pour la communauté, et par le mérite de l’amour pour Israël qu’il y avait en lui, la mer s’est fendue à cause de lui. Elle ne s’est donc pas fendue devant les bnei Israël avant qu’ils soient unis. C’est cela qu’Yitro a entendu : que Na’hchon ben Aminadav avait été prêt à donner sa vie pour le peuple d’Israël, or quand les bnei Israël s’aiment mutuellement, le Saint béni soit-Il fait des miracles et la mer se fend devant eux. Par contre, il a également entendu le mauvais côté : la guerre d’Amalek. Amalek n’est venu attaquer le peuple d’Israël que parce qu’il n’y avait pas d’union entre eux. La Aggada (Tan’houma Yitro 5) dit qu’Amalek a entendu leurs démêlés et s’est attaché à eux. Yitro a compris que lorsque les bnei Israël sont unis, le Saint béni soit-Il fait résider Sa Chekhinah parmi eux et fait des miracles, alors peut-être que quand ils ne le sont pas et qu’ils se disputent entre eux, Il leur amène Amalek et provoque la destruction. C’est pourquoi il a quitté Midian pour se joindre à eux, de façon à ce que l’unité soit totale. Ce même mauvais penchant de division qu’il y a eu à l’époque du Temple est encore parmi nous, et essaie continuellement de faire pénétrer la discorde dans les cœurs et la haine gratuite chez le peuple juif. Or quand le mauvais penchant veut faire entrer la discorde entre les bnei Israël, il commence par introduire dans leur cœur de l’orgueil les uns envers les autres, il élève la grandeur de l’homme à ses propres yeux, et en même temps il abaisse la valeur de l’autre jusqu’à ce qu’une dispute s’ensuive, alors l’unité est détruite.

 

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