L’intégrité des Patriarches et la rédemption des enfants d’Israël

Comme nous l’avons vu plus haut, on retrouve le Nom Ehyeh dans les premières lettres des noms des Patriarches qui se considéraient comme de la poussière (AVaK), terme formé d’ailleurs par la première lettre de Avraham et les dernières lettres de Yits’haK et Ya’akoV. Ce n’est qu’à leur descendance que l’Eternel a choisi de donner la Torah. Commentant à cet effet le verset: «Voici la Torah un homme mort dans une tente» (Nombres 19:14), nos Sages expliquent que la Torah ne demeure que chez quelqu’un qui se dévoue à mort et se sacrifie pour elle (Zohar II, 158b; Bérakhoth 63b). C’était le cas de nos Patriarches qui se sont dévoués corps et âmes à Dieu... Le verset «Véayéh (Où) est l’agneau de l’holocauste» (Genèse 22:7) y fait allusion. En effet, la valeur numérique de véayéh est 22, allusion aux vingt-deux lettres de la Torah: seuls ceux qui se sacrifient pour elle, accèdent au niveau d’holocauste et portent le nom de Dieu.

«Je suis prêt à être brûlé comme du bois par le feu, à me dévouer corps et âme à Dieu, aurait dit Isaac, mais où est donc — Véayéh l’agneau pour l’holocauste?» Comme le disait l’empereur Adrien à Rabbi Yéhoudah ben ‘Halafta: «Les enfants d’Israël sont comparés à un agneau perdu entre soixante-dix loups» (Esther Rabah 10:11; Tan’houma, Toledoth, 5). «Si je suis consumé pour sanctifier le Nom de Dieu (dit Isaac) qui veillera à l’étude des vingt-deux lettres de la Torah?» La guématria de véayéh est celle de EHYEH plus 1 (valeur numérique de aleph et allusion au Alouf, le maître du monde). C’est ce que demandait Isaac: «Comment le Nom de Dieu peut-il se trouver dans Israël «la brebis égarée» (Jérémie 50:17), si je suis sacrifié pour Lui?»

Commentant le verset: «Tous les hommes d’Israël se réunirent auprès du roi Salomon, dans le mois des Etanim [le mois de Tichré] (Rois I, 8:2) (haftarah du deuxième jour de Soucoth), nos Sages expliquent le mois où sont nés les grands (Etanim) de ce monde, c’est-à-dire nos saints Patriarches (Roch Hachanah, 11a). Or, dans son ouvrage Na’hal Soreq, Rabbi David ‘Hayim Azoulay (Ha’Hidah) explique que acher a la même valeur numérique (501) que celle de Etanim (les Patriarches). Ainsi, le verset: «Je suis l’Eternel, ton Dieu, qui (acher) t’ai fait sortir du pays d’Egypte» (Genèse 20:2) (le terme acher étant de trop en hébreu et ne servant qu’au commentaire) veut dire que c’est grâce aux Patriarches Avraham, Yits’hak et Ya’akov, qui se sont voués corps et âme au service de Dieu, que les enfants d’Israël ont été libérés des quarante-neuf portes de l’impureté (Zohar ‘Hadach Yithro 39a) et de l’asservissement; c’est grâce à leur dévouement corps et âme à Dieu, qu’ils se sont rapprochés du Sinaï et qu’ils ont reçu la Torah.

En outre, comme il est écrit dans les Tikounim de Hoch’ana Rabah, le Nom EHYEH fait allusion à Moïse, incarnation même de l’amour du prochain et de l’humilité (cf. Nombres 12:3) grâce à laquelle Dieu s’est révélé à lui. C’est lui qui englobe tous les Patriarches, grâce auxquels les enfants d’Israël ont été libérés d’Egypte. Nous lisons dans les Psaumes (84:5): «Heureux (AchréY) ceux qui fréquentent Ta Maison; ils Te loueront encore (’Od)». Ce sont les Patriarches. Heureux, AchréY = Achré (501) (les Etanim: (501) qui ont accompli les Youd (10), les dix Paroles des Tables de la loi, correspondant aux Commandements de la Torah Ecrite, ’Od (80) est une allusion aux secrets SoDéY (80) de la Torah Orale.

Pourquoi l’Amonite et le Moabite ne feront-ils point partie de l’assemblée d’Israël? Parce qu’«ils ne sont pas venus au-devant de vous avec du pain et de l’eau..» (Deutéronome 23:4). Deux questions se posent: la première: pourquoi l’Amonite et le Moabite, et non l’Amonite et la Moabite, comme se demandent nos Sages (Yébamoth 69a); la seconde: pourquoi cette sévérité?

C’est parce que — contrairement à nos Patriarches — ils manquèrent de reconnaissance à l’égard des enfants d’Israël, qu’ils voulurent même exécuter. Rappelons que, sans Avraham qui «avait fait échapper Loth du milieu de la subversion» (Genèse 19:29), les Amonites et les Moabites n’auraient pas exister (Béréchith Rabah 51:6). Or, comme nous l’ont enseigné nos Sages, celui qui fait preuve d’ingratitude, finit par dénier l’existence même de Dieu (Kohéleth Rabah 7:4): il convient d’«être sans reproche vis-à-vis de l’Eternel et vis-à-vis d’Israël» (Nombres 32:22).

La sentence n’a cependant pas été prononcée contre les femmes de ces deux peuples, car elles firent preuve d’une certaine bonté. Le Talmud (Sanhédrin 109b) rapporte à cet effet le cas de la fille de Loth, dont on avait enduit le corps de miel, et qui fut piquée à mort par les abeilles, pour avoir donné du pain à un pauvre; si les hommes ne les en avaient pas empêchées, elles auraient certainement accueilli les enfants d’Israël avec du pain et de l’eau. Rappelons-nous également que les filles de Loth cohabitèrent avec leur père, pour engendrer les Amonites et les Moabites, car elles ne voulaient pas que le monde cesse de subsister après la destruction (cf. Genèse 19:31; Béréchith Rabah 51:8).

C’est ce qu’enseigne la Michnah (Pirké Avoth 5:22). Quelle est la différence entre les disciples d’Avraham et les disciples de Bil’am, le mécréant? La générosité, l’humilité, et l’abnégation caractérisent les disciples d’Avraham... «la générosité» surtout. Et qui sont les disciples de Bil’am, l’impie? Ce sont les Amonites et les Moabites, qui l’envoyèrent maudire les enfants d’Israël, qui avaient favorisé Loth. C’est pour cette raison qu’ils ont été sévèrement châtiés.

Nous pouvons donc conclure que c’est par la reconnaissance et l’amour portés à autrui qu’on accède au bien. On jouit alors du mérite de porter à jamais le Nom saint de Dieu EHYEH.

 

 

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