La rédemption des étincelles de sainteté de l’Egypte

« Parle Je te prie aux oreilles du peuple et que chacun emprunte à son ami et la femme à son amie des ustensiles en argent et des ustensiles en or. » Cela demande une longue explication. Pourquoi Hachem leur a-t-il ordonné d’emprunter, et non de prendre de force ? Est-ce que Hachem ne peut pas faire tout ce qu’Il veut ? Il faut également comprendre l’existence du butin de l’Egypte et du butin de la mer, comme l’écrit Rachi (Chemot 15, 22) : le butin de la mer était plus important que le butin de l’Egypte. Pourquoi Hachem a-t-Il partagé le butin en deux ? Il aurait pu faire un seul grand butin !

On sait ce qu’on écrit nos Maîtres, que le but de la descente des bnei Israël en Egypte était de réparer les saintes étincelles qui étaient tombées dans les « kelipot ». C’est ce qui est dit dans la Guemara (Berakhot 9b) : « « Ils dépouillèrent l’Egypte », Rabbi Ami a dit : cela nous enseigne qu’il l’ont rendue comme un silo qui ne contient pas de blé. Et Reich Lakich a dit : comme un filet où il n’y a pas de poisson. » Ils ont expliqué que les bnei Israël avaient pris de là toutes les étincelles de sainteté par l’esclavage et la souffrance, au point qu’il n’y restait plus rien du tout.

D’après ces paroles, on peut dire que le fait que les bnei Israël sont sortis d’Egypte avec de grands biens en argent et en or n’est qu’une image du fait qu’ils en sont sortis avec de grands biens en étincelles de sainteté qu’ils avaient réparées, et qui représentaient l’essentiel de cette richesse. Comme ils avaient réparé les étincelles de sainteté, il leur a été donné de grands biens, par conséquent s’ils ne l’avaient pas fait, cela n’aurait pas valu la peine de les faire sortir d’Egypte avec de grands biens.

On sait que les bnei Israël sont descendus en Egypte jusqu’à frôler la cinquantième porte de l’impureté. Ils ont pratiqué l’idolâtrie, et quand ils étaient auprès de la mer, l’accusateur s’est tourné contre eux : ceux-ci ont pratiqué l’idolâtrie et ceux-là ont pratiqué l’idolâtrie, les bnei Israël ne sont pas dignes d’être sauvés ni qu’on leur fasse un miracle, ni que les Egyptiens se noient pour eux dans la mer.

Etant donné que nous savons tout cela, il faut répondre à la question que nous avons posée sur l’ordre de Hachem d’emprunter et non pas de prendre de force, et aussi la raison pour laquelle le butin a été séparé en deux. Hachem voulait cacher à l’accusateur que les bnei Israël sortaient avec de grands biens, pour ne pas lui donner prétexte à accuser en disant qu’ils n’avaient pas réparé les étincelles de sainteté, c’est pourquoi ils n’étaient pas dignes de prendre quoi que ce soit. Comme nous l’avons expliqué, les grands biens qu’ils ont pris était dus aux étincelles de sainteté qu’ils avaient réparées, c’est pourquoi Hachem a ordonné qu’ils ne prennent que sous forme d’emprunt, et aussi que le butin ne soit pas considérable en Egypte, afin de cacher aux accusateurs qu’ils sortaient avec de grands biens.

Ce n’était pas le cas au moment où la mer s’est fendue. Ils avaient déjà commencé à sortir des quarante-neuf portes de l’impureté et à rentrer dans les cinquante portes de la sagesse et de la sainteté. De plus, au moment où la mer s’est fendue, la puissance de l’accusateur a été brisée, l’acquisition de la totalité du butin pouvait avoir lieu, et en le prenant.

Un élargissement de l’esprit pour accomplir la Torah

Nos Maîtres ont enseigné dans le traité Berakhot (9b) : « Le Saint béni soit-Il a dit à Moché : Je t’en prie, va dire aux bnei Israël : Je vous en prie, empruntez aux Egyptiens des ustensiles en argent et en or, que ce tsadik ne dise pas : « ils les réduiront en esclavage et les feront souffrir », Il l’a accompli, mais « ensuite ils sortiront avec de grands biens » (Béréchit 15, 13), Il ne l’a pas accompli. » Peut-il venir à l’esprit que notre père Avraham se préoccupe de cela et se plaigne qu’on n’ait pas donné de l’argent et de l’or à ses descendants ?

Voici comment il faut le comprendre : Lorsque les bnei Israël font la volonté de D., Il leur donne une récompense en ce monde en leur accordant les conditions nécessaires pour accomplir la Torah et les mitsvot, ainsi que l’ont dit les Sages (Erouvin 41b) : une trop grande pauvreté rend l’homme fou et le détourne de D. ; mais lorsqu’ils ne font pas Sa volonté, Il ne leur donne pas d’argent, puisque de toutes façons ils ne font pas Sa volonté et n’ont pas besoin d’un élargissement de l’esprit. Lorsqu’ils font Sa volonté, Hachem aspire à ce qu’ils accomplissent la totalité des mitsvot, et il y en a certaines qu’on ne peut accomplir qu’avec de l’argent. Bien que la nuée leur ait fourni tout ce dont ils avaient besoin, un riche qui accomplit une mitsva de la plus belle façon possible n’est pas semblable à un pauvre qui dépend de la table des autres et qui fait la mitsva le plus simplement possible.

C’est pourquoi D. a dit à Moché qu’ils empruntent aux Egyptiens des ustensiles en argent et en or, pour que ce tsadik ne dise pas « ils les réduiront en esclavage et les feront souffrir », Il l’a accompli, mais « ensuite ils sortiront avec de grands biens » (Béréchit 15, 13), Il ne l’a pas accompli », et qu’il en souffre.

A cause de sa grandeur

Il faut également remarquer la précision de l’expression « pour que ce tsadik ne dise pas », alors qu’il aurait fallu dire tout simplement « pour qu’Avraham ne dise pas » ! L’expression « Ce tsadik » fait allusion à ce qu’ont dit les Sages (Tossefta Edouyot 3, 4) : « Celui qui a des élèves et que ses élèves appèlent Rabbi, quand ses élèves sont oubliés on l’appelle Rabban, quand tout le monde est oublié on l’appelle par son nom. »

Le Rambam a écrit à ce propos (Introduction au Commentaire de la Michna) qu’on a divisé les hommes qui sont évoqués dans la Michna, et qui sont au nombre de cent vingt-huit, en trois groupes, en fonction de leur grandeur. Celui qui paraît extrêmement grand, on l’appelle par son nom, par exemple Hillel et Chamaï, Chemaya et Avtalyon, à cause de leur grandeur et de l’honneur qu’on leur doit. En effet, il est impossible de trouver un titre qui convienne pour honorer leur nom, de même qu’il n’y a pas de titre pour les prophètes. Mais ceux qui ont paru être inférieurs à ce niveau-là, on les appelle « Rabban », comme Rabban Gamliel et Rabban Yo’hanan ben Zakaï. Et ceux qui étaient en dessous de ce niveau-là, on les appelle « Rabbi », comme Rabbi Méïr et Rabbi Yéhouda.

Donc plus l’homme est important, moins on lui donne de titres, c’est pourquoi Hachem appelle Avraham « ce tsadik », car ce titre extraordinaire rappelle combien il est grand dans le monde d’en haut, au point qu’on ne peut pas l’appeler même par son nom.

 

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