Seule la foi en Dieu conduit à la Rédemption

«...Les enfants d’Israël levèrent les yeux, et voici que les Egyptiens les poursuivaient. Et les enfants d’Israël furent effrayés et crièrent vers l’Eternel. Ils dirent à Moïse: «Est-ce faute de trouver des sépulcres en Egypte que tu nous a emmenés mourir dans le désert! Quel bien nous as-tu fait en nous faisant sortir d’Egypte? N’est-ce pas là ce que nous te disions en Egypte: Laisse-nous servir les Egyptiens, car nous préférons cela plutôt que de mourir dans le désert.» Moïse répondit au peuple: «Ne craignez rien, attendez et vous serez témoins de la délivrance que l’Eternel vous accordera en ce jour; car les Egyptiens que vous voyez aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais. L’Eternel combattra pour vous; et vous, tenez-vous tranquilles» (Exode 14:10-14).

1) Comment les enfants d’Israël ont pu tenir pareil langage à Moïse? Qu’est-ce qui a causé une soudaine régression? (Isma’h Israël) 2) Pourquoi furent-ils pris de panique? Eux qui avaient assisté à de si grands miracles, dans un pays difficile, régi par un roi cruel (Rachi, Exode 13:10), d’où nul esclave ne pouvait s’enfuir (Mékhilta, Yithro). Avaient-ils perdu la foi et ne croyaient-ils plus en la délivrance de l’Eternel? (id.) 3) Pourquoi d’autre part Moïse se mit à prier l’Eternel. N’était-il pas certain que l’Eternel allait libérer les enfants d’Israël? Qui donc l’a chargé de prier en leur faveur? L’Eternel même ne l’a-t-Il pas interrompu dans sa prière?

4) Chaque fois que les enfants d’Israël se plaignaient devant l’Eternel ou L’irritaient, Il les châtiait. Or nous voyons ici qu’Il ne mentionna même pas leur péché: au contraire, Il accomplit des miracles en leur faveur. Pourquoi?

L’auteur de Isma’h Israël répond en citant le Kédouchath Halévi, qui cite à son tour le Rambam: «Ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour avant qu’il ne le veuille» (Cantique des Cantiques 8:4). En d’autres termes, dès que l’on sent un éveil d’en haut, c’est-à-dire dès que l’on se sent pris par l’amour et la crainte de Dieu, on doit en faire un réceptacle: accomplir une mitsvah pour continuer à s’imprégner de ces sentiments saints. C’est que, comme on le sait, conclut l’auteur, cet éveil soudain est une lumière spirituelle envoyée à l’homme du haut des sphères célestes. Elle se nomme Néchamah (l’âme) et il convient de l’enrober d’un corps, qui est cette mitsvah, pour qu’elle y soit solidement maintenue.

Au cours de la plaie des ténèbres, les enfants d’Israël qui survécurent, éprouvèrent un très fort sentiment d’amour à l’égard de l’Eternel, et se mirent à Le craindre de tout leur cœur. Pour que cet éveil d’en haut subsistât en eux, Dieu leur ajouta deux mitsvoth: le sang de la circoncision, et celui du sacrifice de Pessa’h... Ainsi les enfants d’Israël n’eurent-ils pas peur des Egyptiens, ils n’hésitèrent pas à attacher l’agneau, qui était leur idole, à la porte de leur maison, et à l’égorger par la suite (Yalkout Chimoni Bo, Zohar III, 251a), car ils n’aimaient et ne craignaient que l’Eternel, et sans ces mitsvoth supplémentaires, leur enthousiasme se serait éteint. C’est cet éveil qui leur permit de suivre le chemin tracé par l’Eternel dans le désert, dans une terre inculte (cf. Jérémie 2:2), «dépourvus d’autres provisions que la matsah» (Exode 12:39).

L’homme doit donc avancer avec une force toujours croissante. Cet éveil doit l’inciter à accomplir une mitsvah, toujours génératrice d’un nouvel enthousiasme, qui à son tour entraîne l’accomplissement d’une autre mitsvah, de la même façon qu’«une bonne action en entraîne une autre» (Pirké Avoth 4:2).

Et le fait que les enfants d’Israël en Egypte respectaient le Chabath (Chémoth Rabah 1:32), mitsvah qui est considérée comme toutes les autres mitsvoth de la Torah (Yérouchalmi Bérakhoth 1:5; Chémoth Rabah 25:16), indique que leur enthousiasme était très grand. En fait ils continuaient à observer les mitsvoth après Chabath pour qu’ils aient un réceptacle capable de contenir leur enthousiasme, leur foi, et leur crainte en Dieu.

L’Eternel promit à notre ancêtre Avraham, que ses descendants asservis en Egypte quitteraient le pays avec de grandes richesses, c’est-à-dire qu’ils resteraient intègres même dans l’exil, malgré toute leur prospérité. Ce sont là les richesses qu’appréciait Avraham. Quant à Moïse, bien que le partage du butin soit une grande mitsvah, il préférait accomplir une plus grande mitsvah: celle de trouver les ossements de Yossef, comme il est écrit: «le sage prend des mitsvoth» (Proverbes 10:8).

Le Midrach (Chémoth Rabah 20:2; Yalkout Chimoni, Chémoth 226) rapporte quelque chose de stupéfiant: à leur sortie d’Egypte, les enfants d’Israël furent accompagnés par Pharaon, ce roi cruel qui les haïssait tellement et qu’ils venaient de dépouiller de toutes ses richesses! Cela fut la récompense des mitsvoth qu’ils accomplissaient et qui leur insufflaient un élan toujours nouveau. Et même quand ils ne faisaient pas de mitsvoth, ils récitaient des prières (comme sur la Mer Rouge par exemple). C’est ainsi que l’homme doit agir, car les mitsvoth (qu’on ne peut accomplir) peuvent être remplacées par la prière.

Comme nous l’avons vu, avant le passage de la Mer Rouge, les enfants d’Israël éprouvaient un immense amour pour Dieu et Le craignaient beaucoup. Leur enthousiasme à Le servir ne cessait de croître. Pourquoi donc furent-ils effrayés par les Egyptiens qui les poursuivaient, et commencèrent-ils à crier vers l’Eternel? On ne doit pas prier l’Eternel seulement en période de crise et de détresse: l’homme doit constamment prier l’Eternel, en temps de paix et de bonheur comme en période de souffrances, à Dieu ne plaise. Et si la prière n’est pas exaucée, c’est que peut-être l’Eternel garde cette téfilah pour des moments plus pénibles: conservons donc toute notre confiance en Lui.

L’Eternel prend plaisir aux prières des Tsadikim et leur complique la vie pour qu’ils s’écrient devant Lui, L’invoquent, et demandent Son assistance. Sachons toutefois que le Tsadik authentique ne doit pas attendre que des malheurs s’abattent sur lui pour adresser ses prières à l’Eternel. Selon le Talmud (’Haguigah 15b; Sanhédrine 46a), quand le Tsadik ainsi que le Peuple d’Israël sont dans la détresse, la Providence Divine partage cette souffrance et s’écrie: «Oy! Ma tête! Oy Mon bras!»

A leur sortie d’Egypte, les enfants d’Israël devaient se réorganiser dans leur nouvelle vie. Après tous les miracles auxquels ils avaient assisté, leur foi en Dieu, et l’amour qu’ils Lui portaient, prirent une dimension nouvelle. Ils se mirent donc à louer l’Eternel et à chanter Ses louanges pour toutes choses. Ils devaient toutefois savoir que la prière n’est pas toujours exaucée. Elle est souvent à la merci de la moindre faiblesse de l’homme qui risque de tout gâcher. Même s’il est écrit: «Je suis avec lui dans la détresse» (Psaumes 91:15), l’Eternel semble parfois s’éloigner de l’homme... «En vain je crie et j’appelle au secours, Il ferme tout accès à ma prière» (Lamentations 3:8). L’homme doit néanmoins conserver sa foi et faire preuve de persévérance.

Mais telle ne fut pas la conduite des enfants d’Israël: ils se révoltèrent contre les attributs de Dieu. Ils agirent «comme des serviteurs qui servent leur maître afin de recevoir un salaire» (Pirké Avoth 1:3). Leur amour et crainte de Dieu n’étant pas gratuits, ils se révoltèrent contre Moïse: «N’y avait-il pas des sépulcres en Egypte?» (Exode 14:11). Leur prière n’ayant pas été exaucée, leur amour et leur foi en Dieu déclinèrent.

L’Eternel, Lui, voulait apprendre aux enfants d’Israël que leurs prières ne sont pas toujours exaucées... Il convient alors de faire preuve de persévérance et ne jamais tomber dans le désespoir. Il ne faut pas attendre l’adversité pour prier. La prière doit être une pratique quotidienne constante, et si elle n’est pas exaucée, gardons nous surtout de nous révolter contre Lui. Il faut continuer à accomplir les mitsvoth et à croire en Dieu. Malgré toutes les mitsvoth qu’accomplirent les enfants d’Israël en Egypte, ils furent poursuivis par Pharaon qui cherchait à les exterminer. S’ils avaient prié régulièrement, ils n’auraient pas connu de tels tourments. Loin d’être effrayés par les Egyptiens, ils auraient eu foi en l’assistance divine dont ils pouvaient attendre un miracle.

Nous voyons donc ici l’importance de la prière qui éveille l’homme de sa léthargie et le rattache à notre père qui est au Ciel.

‘Hizkyahou, roi de Judah, était un grand Tsadik que Dieu destinait à être Machia’h (Sanhédrine 94a). L’Eternel accomplit de grands miracles en sa faveur (Bérakhoth 10a). Mais, comme il refusait d’accomplir la mitsvah: «croissez et multipliez» malgré l’insistance du prophète Yéchayahou, il fut condamné par l’Eternel, et la sentence ne fut annulée qu’après la prière qu’il Lui adressa du fond du cœur (Kohéleth Rabah 9:27; Bérakhoth 10a). Le Midrach rapporte que lorsque San’hériv fut vaincu et ses troupes décimées, ‘Hizkyahou n’entonna pas un cantique en l’honneur de l’Eternel, c’est-à-dire ne Lui adressa pas de prière. Il fut puni et ne fut pas désigné comme Rédempteur d’Israël (Sanhédrine 94a). D’où l’importance de la prière.

N’agissons donc pas comme ces gens qui ne croient en Dieu qu’en période de prospérité, et se révoltent contre l’Eternel lorsque frappe l’adversité. N’imitons pas non plus ceux qui n’ont un sursaut de foi que lorsqu’ils sont éprouvés. Ils se mettent alors à prier et accomplir des mitsvoth et de bonnes actions. L’homme doit être ferme dans sa foi, dans le bonheur comme dans l’adversité, à Dieu ne plaise. Car «n’est-ce pas de la volonté du Très-Haut qu’émanent les maux [et les biens?]» (Lamentations 3:38). Lorsqu’on est assailli de toutes sortes de difficultés; lorsqu’on subit des épreuves, étudions la Torah et prions: cela renforcera notre foi.

C’est ce que dit l’Eternel à Moïse: «Parle aux enfants d’Israël et qu’ils marchent!» C’est précisément en période d’adversité qu’il convient de raffermir sa foi en Dieu, de Le craindre, et de s’engager dans l’étude assidue de la Torah, sans se rebeller contre Lui. «Pourquoi ces cris? poursuit l’Eternel, pourquoi ne criez-vous vers Moi qu’en période de crise! Parle aux enfants d’Israël et qu’ils avancent; qu’ils croient en Moi constamment, même dans la détresse... sans trop compter sur un miracle» (Pessa’him 64b). Dieu n’envoie pas d’épreuve sans raison. «Hithyatsévou: Attendez! Que votre foi soit toujours ferme! (Yétsivah). Priez constamment et l’Eternel exaucera tous vos vœux! Dévouez-vous au culte divin sans la moindre faiblesse!»

C’est ce que fit Na’hchon, fils d’Aminadav, qui avança le premier dans les eaux de la Mer Rouge. Son courage, son esprit de sacrifice, emplit de foi tous les enfants d’Israël devant qui la mer se fendit... C’est ce même Na’hchon qui faillit causer un grand malheur au Peuple d’Israël lors de la rébellion de Kora’h et de son assemblée... C’est pourquoi nos Sages enseignent: «Ne réponds pas de ta vertu avant le jour de ta mort» (Pirké Avoth 2:4).

 

Le septième jour de Pessa’h, source de la foi
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La vertu de la foi

 

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