L’épreuve de la manne  La valeur de l’étude de la Torah

«L’Eternel dit à Moïse: «Voici Je ferai pleuvoir pour vous du pain, du haut des cieux... afin que Je mette le peuple à l’épreuve, et que Je voie s’il marchera ou non, selon Ma loi» (Exode 16:4). Plus loin il est écrit: «Il y eut des gens qui en laissèrent jusqu’au matin, mais il s’y mit des vers et cela devint infect» (id. 20).

Un certain nombre de questions se posent sur ces versets:

1) Si les enfants d’Israël recevaient quotidiennement cette nourriture céleste dans le désert, ils étaient libres de tout souci matériel et pouvaient s’engager dans l’étude de la Torah. Ils n’avaient qu’à la ramasser, la broyer avec des meules, ou la piler dans un mortier (cf. Nombres 11:8)... Chez les Tsadikim, elle s’amassait à l’entrée même de leur tente (Yoma 75a). Pourquoi nos Sages la mentionnent-ils parmi les dix épreuves auxquelles furent soumis les enfants d’Israël dans le désert? (Pirké Avoth 5:7; Erkhine 15a).

2) Comment peut-on concevoir que Datan et Aviram aient enfreint la prescription divine de ne pas laisser de manne pour le lendemain (Chémoth Rabah 25:10)? Eux qui ont vu tant de miracles, pouvaient-ils manquer de foi en Dieu? N’avaient-ils pas peur de L’irriter? Ne savaient-ils pas en outre que le goût de la manne est invariable du jour au lendemain?

Avant de fournir des réponses à ces questions, il convient de considérer l’essence même de la manne. La manne était une nourriture céleste, le «pain des grands», lé’hem abirim (Psaumes 78:25) qu’avalaient les enfants d’Israël dans le désert, et qui se fondait dans leurs deux cent quarante-huit membres, évarim, qui a les mêmes lettres que abirim (Yoma 75b). L’Eternel la leur envoya pour leur montrer que, pour accéder à un état de pureté et sainteté, il ne fallait la consommer que pour raffermir le corps au service de Dieu, et non pour répondre à leurs besoins physiologiques.

Car la lettre Mem de Manne, fait allusion à la Torah qui leur fut donnée après quarante jours (Ména’hoth 99b), ainsi qu’aux quarante jours de la conception du fœtus (Sotah 2a) dans le ventre de sa mère où il étudie la Torah en compagnie d’un ange (Nidah 30b; voir aussi Job 29:3), et où tout ce dont il se nourrit passe dans son corps... La lettre noun, quant à elle, fait allusion aux cinquante portes de la sainteté, car dans le ventre maternel, l’ange lui prescrit de rester toujours Tsadik (Nidah, id.).

C’est grâce à la consommation de cette manne que les enfants d’Israël ont accédé au niveau de génération de la connaissance. C’est ce que Kora’h voulait faire comprendre à Moïse, contre lequel il se souleva. «Toute l’assemblée, tous sont saints [grâce à la consommation de la manne], et l’Eternel est au milieu d’eux. Pourquoi vous élevez-vous au-dessus de l’Eternel!» (Nombres 16:3).

L’épreuve à laquelle furent soumis les enfants d’Israël consistait à vérifier s’ils mangeaient la manne pour se fortifier le corps au service de Dieu, ou pour en tirer un plaisir matériel, corporel... C’est à cette même épreuve qu’est soumis le riche: se servira-t-il de son argent pour se renforcer dans l’étude de la Torah et la religion! Fera-t-il comme notre ancêtre Jacob qui s’exposa à un danger certain en revenant sur le gué de Yabok pour ramasser des fioles qu’il y avait oubliées (’Houline 91 sur Genèse 32:23), qui utilisait le moindre de ses biens pour servir Dieu? Ou bien s’en servira-t-il pour s’enrichir davantage et prétendre que c’est grâce à sa force et la puissance de sa main qu’il a acquis ses richesses? «Celui qui aime l’argent, n’est pas rassasié par l’argent» (Ecclésiaste 5:9). L’argent n’a été donné à l’homme que pour lui permettre d’accomplir des mitsvoth et de bonnes actions, aider les établissements religieux, les nécessiteux...

De même, la manne n’a été donnée aux enfants d’Israël que pour s’engager assidûment dans l’étude de la Torah, pour franchir le seuil de la cinquantième porte de la sainteté... L’homme doit aspirer à accéder au niveau de Moché Rabénou «qui était moitié homme, moitié Dieu» (Midrach Cho’her Tov 4:5). «Tout homme peut se sanctifier... comme la tribu de Lévi, et faire partie de son lot», écrit à cet effet le Rambam (Hilkhoth Chémitah Véyovel, fin).

Si de nos jours, la science et la technologie se développent à un rythme fulgurant, c’est pour nous permettre de nous engager sérieusement dans l’étude de la Torah. Que de mitsvoth on peut accomplir par un simple coup de fil, par une lettre ou un télégramme, ou par le fax: réconforter un malheureux, affermir spirituellement des communautés, etc... Si l’Eternel a nanti l’homme de sagesse et d’intelligence, c’est pour apporter le salut au Peuple d’Israël... Précisément en cette période où nous voyons la rédemption s’approcher, le mauvais penchant s’efforce de le faire trébucher et les épreuves sont innombrables.

A notre avis, celui qui n’exploite pas au maximum son temps libre, ne fait que dérober ce temps qui lui a été donné par Dieu. Malheureusement, l’homme ne le sent pas: il se croit parfait et ne cherche pas à accéder à de plus hauts niveaux... C’est que Dieu compte chaque minute que l’homme a consacrée à l’étude de la Torah et à l’accomplissement de préceptes divins.

L’épreuve de la manne montre pour toutes les générations que le temps est extrêmement précieux, et qu’il est vraiment dommage de le gaspiller à des futilités. Dans le désert, les enfants d’Israël n’avaient pas de soucis d’argent, ils avaient donc largement le temps d’étudier la Torah. Dieu les a nourris de la manne afin de les éprouver pour savoir quelles étaient les dispositions de leur cœur, et s’ils observeraient ou non ses commandements (cf. Deutéronome 8:2)... Le mauvais penchant s’efforce constamment de faire trébucher l’homme. «Amasse beaucoup d’argent, lui conseille-t-il, tu pourras t’en servir pour accomplir des mitsvoth.».. Il s’avère en fin de compte qu’il ne s’en est pas servi à des fins méritoires...

Comme l’écrit le Rambam (Hilkhoth Talmud Torah 1:8): «Tout homme, riche ou pauvre, sain ou malade doit étudier la Torah...» Il doit s’abstenir de dire: J’ai eu de la chance aujourd’hui. Je dois me soucier de demain où la chance ne me sourira peut-être pas. Rabénou Ba’haï (section hebdomadaire Béchala’h) cependant cite à cet effet l’enseignement de nos Sages selon lequel les enfants d’Israël devaient constamment avoir le «souci» du lendemain: peut-être la manne ne descendra-t-elle pas demain! Ils dirigeaient ainsi leur cœur vers leur père qui est au Ciel (Yoma 76a).

Un certain nombre de Tanaïm et Amoraïm ont abandonné leur commerce pour s’engager dans l’étude de la Torah. Citons notamment Rabbi Eliézer, fils de ‘Harsoum qui était très riche (Yoma 35b) et Rabbi Yéhoudah HaNassi, compilateur de la Michnah. Le Talmud (Kéthouvoth 104a) rapporte qu’avant sa mort, il leva les dix doigts vers le Ciel et jura qu’il n’avait pas joui de ce monde, n’était-ce du petit doigt. Il était tellement riche qu’il put subvenir aux besoins de nombreux enfants nés des douze mariages par lévirat d’un homme de son époque (Talmud Yérouchalmi, Yébamoth chap.4). Nos sages citent enfin le cas de Rabbi Chimon bar Yo’haï qui disait que l’homme peut étudier la Torah tandis que les anges veillent à ses besoins. Ceux qui voulaient l’imiter ne réussirent pas néanmoins, l’épreuve étant trop ardue (Bérakhoth 35b)...

Celui qui ne cherche qu’à s’adonner aux plaisirs de ce monde, n’a pas confiance en Dieu et s’écarte de Sa voie, finira, comme Datan et Aviram, par se révolter contre les dirigeants de sa génération, et sa fin sera amère. Estimant qu’on peut s’enrichir sans fauter, «Datan et Aviram, et avec eux les deux cent cinquante hommes des enfants d’Israël... de ceux qu’on convoquait à l’assemblée, et qui étaient des gens de renom» (Nombres 16:2), finirent par être engloutis avec tous leurs biens; c’est parce qu’ils en vinrent à oublier l’existence de Dieu.

Un homme extrêmement pieux, qui n’ouvrait son magasin que quelques heures par jour, fut une fois séduit par quelqu’un qui lui proposa en pleine étude une affaire très rentable. Sans perdre une seconde, l’homme rejeta l’offre sans la moindre hésitation. «Tu aurais pu accepter son offre, lui dit plus tard son épouse, fermer le magasin pour une période prolongée ou même définitivement, et t’engager totalement dans l’étude de la Torah...» «Sais-tu qui est venu me proposer cette affaire? lui répondit-il. C’était le yetser hara’.»

Après avoir bien réfléchi au problème, nous pensons que ce Tsadik avait bien raison: si cette affaire avait été l’œuvre de Dieu, pourquoi n’avait-Il pas envoyé cet homme dans le magasin du Tsadik, au lieu de l’envoyer à l’endroit où il étudiait la Torah? Il est inconcevable que Dieu ait voulu l’inciter à cesser d’étudier. Cela n’était donc en fin de compte que l’œuvre du Satan!

Même de nos jours, nous voyons beaucoup d’étudiants quitter leurs Yéchivoth pour ouvrir un commerce. La main de Dieu serait-elle trop courte pour leur accorder leur subsistance quotidienne? C’est qu’ils n’ont par réussi l’épreuve à laquelle ils avaient été soumis.

Une femme est venue récemment nous rendre visite pour la prompte guérison de sa fille malade, mariée à un non-Juif. Comme nous nous sommes irrités contre l’éducation qu’elle lui avait donnée, la femme nous répondit: «Tout vient de Dieu! C’est Lui qui a voulu qu’elle se marie à un goy!» «Pas vrai du tout, lui répondis-je. Aucun mal ne descend jamais du ciel! Elle n’a fait que suivre le conseil du mauvais penchant...»

Tirons donc la leçon de l’épreuve de la manne, exploitons au maximum notre temps pour étudier la Torah. Fions-nous toujours à Dieu!

 

Le Service de Dieu prime
Table de matière
La vertu de la manne: faire connaître Dieu

 

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