La Torah révélée et la Torah cachée

Lors du don de la Torah «tout le peuple voyait les voix, les feux...» (Exode 20:15). Comment peut-on comprendre exactement ce concept?

Quand les paroles prononcées par une tierce personne nous pénètrent profondément, il nous semble littéralement les voir devant les yeux. Les Sages (Mékhilta, Rachi, Exode 20:19) expliquent que, lors du don de la Torah, ce qui était caché se révéla, le Saint, béni soit-Il, apparut aux enfants d’Israël sur Son trône de gloire, placé sur le ciel, qu’Il étendit sur la montagne comme un drap. Les secrets de la Torah furent également révélés aux enfants d’Israël, qui semblaient désormais voir ses sons et la lumière sainte des mitsvoth. Prenant conscience de la valeur de la Torah, ils proclamèrent alors: «Nous ferons, puis comprendrons» (Exode 24:7).

Comme on le sait, on distingue la Torah écrite et la Torah orale. On peut expliquer la Torah dans son sens littéral, ou caché, secret, aspect de Kabalah. Il est écrit: «Car Je vous donne léka’h de bons conseils; ne rejetez pas Ma Torah» (Proverbes 4:2). La similitude des valeurs numériques de léka’h et kabalah (plus 1=138), indique qu’on ne peut réellement savourer la Torah que si on en saisit le sens caché.

Prenons par exemple le verset de la Torah: «Béréchith Bara Elokim eth HaChamaïm Véeth HaArets: Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre» (Genèse 1:1). Le terme Chamaïm (le ciel) représente la partie secrète, et le terme érets (la terre) la partie révélée; bara (a créé) fait allusion au sens révélé, et Elokim (l’Eternel) au sens caché. «VéHaArets Haïtha Tohou Vavohou Vé’hochekh ‘al Péné Téhom: Or la terre n’était que chaos et dévastation. Des ténèbres couvraient la face de l’abîme» (id. 1:2). En d’autres termes, au commencement il n’y avait rien de caché, tout, y compris les ténèbres, était révélé. Nul ne pouvait donc savourer le goût de la Torah. C’est ainsi que d’après le Talmud (’Haguigah 12b; cf. aussi Sanhédrine 38b), Adam, le premier homme, voyait la lumière de la création divine d’une extrémité du monde à l’autre. Rien ne lui était caché. Comme nous l’avons vu, les anges lui servaient du vin et de la viande grillée et lui enseignaient la Torah dans le jardin d’Eden (Sanhédrine 59b). Il voyait la Chékhinah, le goût du fruit était celui de l’arbre, etc... Mais après qu’il eut mangé de l’Arbre de la Connaissance, toute la situation se renversa, et on ne pouvait percevoir que ce qui était révélé; la Chékhinah et les anges furent voilés; le fruit n’avait plus le goût de l’arbre. On ne peut revenir à l’état premier que lorsque «le souffle de Dieu planait sur la surface des eaux» (id. 2). Or, comme on l’a vu, il n’est d’eau que la Torah (Bava Kama 17a), ce n’est donc que par l’étude assidue de la Torah que l’on peut révéler le secret de la Création... Les enfants d’Israël durent par conséquent s’engager à étudier la Torah et en comprendre le sens caché.

Nos Sages enseignent que lorsque les enfants d’Israël firent précéder «Nous entendrons (ou comprendrons)» de «Nous ferons», le Saint, béni soit-Il, demanda: «Qui a révélé ce secret à mes enfants?» (Chabath 88a); secret connu exclusivement des anges (id. 89a) qui ignorent l’existence du mauvais penchant.

Qui donc a révélé le secret aux enfants d’Israël, qui sont habités par le mauvais penchant? D’autre part, l’Eternel qui sonde le cœur de toutes ses créatures a-t-Il besoin de poser cette question?

Dès qu’ils consentirent à accepter la Torah, les enfants d’Israël en comprirent le sens profond, celui qui n’était alors connu que des anges... D’ailleurs, les termes mêmes de la question posée par Dieu: «Mi... Qui (a révélé ce secret)» fournissent la réponse à cette question. Dans le terme Mi, on retrouve YaM, c’est la mer, l’eau, l’étude assidue de la Torah, qui leur a révélé le secret des anges.

On peut ainsi comprendre qu’en fait Dieu n’a pas du tout posé de question, mais affirmé: «C’est Yam (la mer) qui a révélé ce secret à Mes enfants.» Comment? Voyant la miséricorde de l’Eternel sur la Mer Rouge (Yalkout Chimoni, Exode 246), les châtiments qu’il infligea aux mécréants, à Pharaon et à ses armées, les miracles qu’Il a accomplis en leur faveur, les enfants d’Israël proclamèrent: «Nous ferons, puis nous entendrons.» Voyant en outre que Dieu a endurci le cœur de Pharaon et l’a puni, ils apprirent que s’ils ne reviennent pas sur leur mauvaise conduite, ils seront punis eux aussi comme Pharaon; c’est du moins l’interprétation de Rachi du verset: «Je disais: Si seulement tu me craignais et acceptais une leçon!» (Tséphania 3:7; Rachi Exode 7:3).

Les enfants d’Israël ont en outre vu en mer les Noms du Saint, béni soit-Il, qui les imprégnait de Sa sainteté. Les Sages (Yalkout Chimoni, Béchala’h 234, 246), enseignent en effet que sur la verge de Moise, qui avait accompli des prodiges, était gravé le Nom de Dieu et qu’il est possible aussi de se servir des noms divins dans un but impur (comme avec les magiciens de Pharaon...). Ils en arrivèrent à la conclusion qu’il est interdit de se servir du Nom de Dieu pour des motifs impurs... Méfions-nous donc à notre tour de ces diseurs de bonne aventure qui lisent notre avenir sur les mézouzoth. Bien qu’ils révèlent (parfois) la vérité, ce sont en fin de compte des méchants déguisés en saints...

Le terme MI (QUI a révélé Mes secrets  les secrets ce sont les noms divins), nous montre que ce sont Yédé HaChem (les mains de Dieu), qui ont aidé les enfants d’Israël, car ces deux termes ont la même valeur numérique (50). Pharaon qui puisait sa vitalité de la lettre Mem, fut puni précisément sur la yam (la mer), terme formé par mem, plus Youd de Yéhoudah, allusion à la proclamation des nations et de Pharaon: «Mi Qui est comme Toi parmi les dieux, Eternel» (Yalkout Chimoni 250).

Comme nous l’avons vu, ce n’est que par l’union, l’entente, et l’humilité, que les enfants d’Israël ont accédé au niveau na’asseh vénichma’ («nous ferons et nous comprendrons»). C’est cette humilité qui valut au Roi David le titre de Ta’hkémoni (Dieu lui dit: téhé kamoni, que tu sois comme moi: tu auras le pouvoir d’annuler les sentences rigoureuses du Peuple d’Israël Mo’ed Katan 16b): lorsqu’il étudiait la Torah, il s’asseyait par terre comme le plus humble des mortels (Rachi id.). C’est donc cette modestie qui a permis aux enfants d’Israël de recevoir la Torah et d’accomplir toutes les mitsvoth qu’elle prescrit (notons d’ailleurs que na’asséh vénichma’ a la même valeur numérique que hou bitoul véchiflouth, c’est l’effacement et l’humilité 891).

Cette union doit essentiellement conduire à l’amour et à la crainte du Ciel, qui amènent à leur tour à l’étude de la Torah. Elle ne vise pas du tout à nous unir aux nations du monde, qui nous haïssent toutes. Si Dieu a fait taire toute la Créature au moment où Il nous a donné la Torah, c’est pour nous enseigner que c’est grâce à notre union avec la Torah  et non avec les peuples  que le monde subsiste. Le Midrach (Midrach Cho’her Tov 118:12; Tan’houma, Kora’h, fin; Balak 24:17), enseigne que dans l’avenir, à trois reprises, les soixante-dix nations du monde livreront bataille au Peuple Juif et lanceront leur attaque sur Jérusalem. Cette guerre est celle de Gog et Magog, dont la valeur numérique est précisément 70. Le Prophète Ezéchiel avait d’ailleurs prévu cette guerre (cf. Ezéchiel chapitres 32, 38, 39). Gog (guématria 12) fait allusion aux douze pays de la Communauté Européenne, véMagog (guématria 58) à noa’h (repos, calme). En d’autres termes, ce sera une guerre où le repos touchera le domaine de la Torah, les Juifs s’abstiendront d’étudier. Ce sera d’ailleurs la dernière bataille que nous livrera le mauvais penchant... Il convient par conséquent de s’éloigner au maximum des nations qui ne visent qu’à faire oublier la Torah aux Juifs.

La conjonction de coordination vav (6), qui unit Gog à Magog, montre que les nations s’efforceront de nous faire également oublier le Chabath, but essentiel de la Création, qui a duré six jours. Car, du fait que le mauvais penchant en est venu à la conclusion que les pogroms et les guerres n’affectent plus Israël (n’est-il pas écrit à cet effet «plus on l’accablait, plus il multipliait et s’accroissait» Exode 1:12), il cherche à saper les fondements mêmes du Judaïsme, nous voulons parler de l’étude de la Torah.

Comment éviter cette guerre de Gog et Magog? En agissant comme le Roi David, qui, fuyant Saül, se rendit chez le prophète Samuel (Rois I, 19) pour étudier la Torah et faire téchouvah (Yalkout Chimoni id.). «Je réfléchis à mes voies, et je dirige mes pieds vers tes préceptes» (Psaumes 119:59), souligne t-il. «Chaque fois que j’avais l’intention de me rendre chez quelqu’un, mes pieds me conduisaient à un lieu de culte: synagogue, yéchivah (Vayikra Rabah 35:1), «Je m’y engageais dans la prière et l’étude de la Torah.» Le roi David demanda aussi: «Eternel! dis-moi quel est le terme de ma vie; quelle est la mesure de mes jours» (Psaumes 39:5). Il voulait connaître le jour de sa mort (Chabath 30a) pour revenir à Dieu un jour avant sa mort... (cf. Avoth 2:15). On évite donc la guerre de Gog et Magog par l’étude de la Torah, la prière, et le repentir, comme il est écrit: «Recherchons nos voies, sondons-les, et retournons à l’Eternel» (Lamentations 3:40).

Le Peuple Juif doit par conséquent repousser toute offre d’union avec les nations du monde. Car si, auparavant, les Gentils tuaient les Juifs et leur infligeaient des sévices de toutes formes, nous causons de nos jours notre propre mort par l’assimilation, les mariages mixtes... Le Juif de notre temps éprouve des doutes: est-ce la science qui prévaut? Est-elle basée sur la vérité? Dans ce cas, la Torah se trompe sur sa description de la Création... Mais les hommes de science avouent eux-mêmes que toutes leurs connaissances ne sont fondées que sur des spéculations et des théories fragiles, qu’on peut facilement repousser... Le Talmud (Betsah 3b) enseigne dans ce cas que, lorsqu’on éprouve le moindre doute dans le domaine de la Torah (ou contre la Torah), il faut prendre le maximum de précautions, c’est ce qui se passe également quand on éprouve des doutes si quelque chose est permis ou non (Kéthouboth 73b; Guitine 63b; Nidah 25a)... Il convient par conséquent de s’éloigner des Nations.

Comment pouvons-nous alors nous protéger des intrigues fomentées contre nous par les nations? En renforçant notre Judaïsme dans tous les domaines: éducation de nos enfants basée sur la Torah, alyah en Israël et installation dans des localités et quartiers religieux, affermissement de l’étude de la Torah, prières, repentir, ouverture d’établissements de Torah supplémentaires, pureté de la famille, observance stricte des lois de la cacherouth, téfiline, mézouzoth, etc... Déployons surtout tous nos efforts pour nous rapprocher de Dieu, et ayons constamment foi en la venue du Machia’h. Ne nous décourageons surtout pas, et n’agissons pas comme ces gens qui disent par exemple: «Baba Salé, de mémoire bénie, a promis de ne pas disparaître de ce monde sans avoir vu la face sainte du Machia’h; le ‘Hafets ‘Haïm zatsal (qui était Cohen) s’était fait tailler un habit spécial qu’il devait porter pour servir dans le saint Temple reconstruit. Notre père zatsal a lui aussi attendu avec impatience la venue du Machia’h...» Si nous avons vraiment foi en sa venue, il se révélera aux yeux de tout le Peuple d’Israël, qui diffère tellement des autres peuples de la terre.

 

Le monde ne subsiste que par la Torah et le mérite d’Israël
TABLE DE MATIERE
Dieu joint une bonne pensée à l’action

 

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