Interdiction de consommer la viande avec le lait ; La sainteté face à la kélipah

Commentant le verset: «Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère» (Exode 23:19), nos Sages expliquent que la Torah mentionne trois fois cette interdiction: il nous est interdit de consommer en même temps le lait et la viande, d’en jouir ou de les faire cuire ensemble (Kidouchine 57b).

Pourquoi cette interdiction et qu’est-ce qu’elle sous-entend? C’est que, dans Sa miséricorde, «le Saint, béni soit-Il, a voulu faire acquérir des mérites à Israël; aussi a-t-Il promulgué la Torah et de nombreuses mitsvoth» (Makoth 23b). Ce sont, comme nous l’avons vu, des conseils extrêmement judicieux (Zohar II, 82b), grâce auxquels l’homme peut mener une vie pure et sainte, se débarrasser complètement de toute pensée étrangère, et se dévouer corps et âme à Dieu.

Dans l’avenir, enseigne le Talmud (Avodah Zarah 3a), les nations du monde se présenteront devant le Saint, béni soit-Il, pour recevoir leurs récompenses. «Avez-vous accompli une seule de Mes mitsvoth»? leur demandera-t-Il. Les peuples lui répondront: «Donne-les nous, et nous les accomplirons.» «J’ai une petite mitsvah qui porte le nom de Soucah. Accomplissez-la» leur demandera-t-Il. Chacun se met alors à l’uvre, et construit une Soucah sur son toit. Le Saint, béni soit-Il, réchauffe le climat, et les nations sortent de la Soucah en lui donnant un coup de pied.

La première question qui se pose est la suivante: Si Dieu a réchauffé le climat et rendu cette mitsvah impossible à accomplir, les nations ne sont pas responsables et pourquoi seraient-elles châtiées?

La seconde: Pourquoi Dieu a-t-Il choisi précisément la mitsvah de la Soucah. N’aurait-Il pas pu leur en donner une autre pour les mettre à l’épreuve?

C’est qu’à notre avis, Dieu a vraiment donné aux nations une mitsvah simple, par laquelle le corps tout entier  -les trois cent soixante-cinq membres et les deux cent quarante-huit tendons-  est concerné et dont il peut jouir... A l’égard des Juifs, la mitsvah de la Soucah est d’une importance toute particulière, car tout le corps l’accomplit et en jouit. Celui qui l’observe sort de sa résidence fixe et s’installe comme chez lui dans cette maison temporaire (Soucah 2a) pour y accomplir ses mitsvoth quotidiennes (les grands Tsadikim n’en sortaient pas, tous les jours de la fête...) Lorsqu’on accomplit en pensée, en parole, ou en action, un précepte divin avec un membre quelconque de son corps, il convient d’en faire profiter tout le corps, de s’y dévouer corps et âme... D’ailleurs, dans le terme Soucah, on retrouve sahk hakol: le total!

Mais le mauvais penchant qui siège entre les deux parties du cur, comme une mouche (Bérakhoth 61a), s’efforce constamment de faire pécher l’homme. C’est une ombre, tsel, invisible, qui ne cherche qu’à lui nuire. Contre l’ombre de la kélipah, celle du Satan, l’homme doit faire agir tsila déméémnoutha, l’ombre de la fidélité, de la foi, la sainteté (Zohar, Emor 103a) qui est la Soucah.

La mitsvah qu’accomplit l’homme avec tout son corps, le rattache à Celui qui veille jalousement sur lui. Il en est d’ailleurs de même de toutes les mitsvoth...

Les nations se sont donc engagées à accomplir la mitsvah de la Soucah, avec tout leur corps et cela leur permettait d’apprendre à accomplir de la même façon le reste des préceptes divins. L’ombre de la sainteté les couvrait déjà. C’est ce que le Saint, béni soit-Il, voulait vérifier en leur envoyant un chaud soleil (’hamah), qui est le mauvais penchant (cf. Zohar ‘Hadache, Noa’h 27a; Tikouné Zohar, Tikounim 18 et 27), l’ombre de la kélipah. Mais les nations ont échoué!

Il n’en est pas de même des enfants d’Israël, qui se sont de tout temps jetés dans le feu et l’eau pour fuir le mauvais penchant et accomplir aussi bien les commandements positifs et négatifs. N’est-il pas écrit à cet effet: «Nous avons passé par le feu et par l’eau, mais Tu nous en as tirés pour nous donner l’abondance» (Psaumes 66:12). Contentons-nous de citer le cas de Rabbi Akiva, qui, la peau écorchée par des peignes de fer, récita la Chéma’ avec une concentration extrême et de tout son être (Bérakhoth 61a). Ainsi, en dépit des souffrances de tous genres, les Juifs se sont dévoués corps et âme à la Torah. En revanche, les nations qui estiment que nos mitsvoth sont très simples, ne sont même pas en mesure d’accomplir les sept mitsvoth des fils de Noé (Bava Kama 38a).

Aussi, pour faire taire les accusateurs, le Saint, béni soit-Il, leur proposa d’accomplir la mitsvah simple de la Soucah: «Si vous l’accomplissez comme il convient, leur dit-Il, Nous discuterons avec vous de l’ensemble des mitsvoth.» Mais, comme les peuples ne voulaient pas et n’étaient pas en mesure de combattre le mauvais penchant, c’est un signe qu’ils n’étaient aptes à accomplir aucune mitsvah.

S’ils prétendent qu’ils ne sont pas en possession d’une arme efficace (la Torah) pour livrer bataille au mauvais penchant, Dieu leur rappellera qu’en son temps, ils avaient refusé de la recevoir (cf. Yalkout Chimoni, Deutéronome 951), soutenant qu’on peut facilement mener une vie intègre tout en s’en passant. Il leur expliquera enfin que sans cet élixir de vie qu’est la Torah (’Irouvine 54a), ils n’ont aucune raison d’exister!

Il est certes très difficile pour le Juif d’accomplir les préceptes divins... Qui n’a pas connu des moments de lassitude, voire de désespoir... Car, tout comme celle de la Soucah, toutes les mitsvoth, doivent être accomplies avec tous les membres du corps et les épreuves ne manquent pas. Mais Dieu nous a munis de moyens de cohabiter avec le mauvais penchant, et même de triompher de lui (avec le penchant du bien) (voir Deutéronome 6:5; Bérakhoth 54a).

N’agissons surtout pas comme ces Juifs qui, extérieurement font preuve de piété et craignent le Ciel, s’appliquent à observer les préceptes divins les moins importants aussi bien que les préceptes les plus forts. Ils constituent en somme l’exemple du Juif orthodoxe, mais se conduisent comme des vrais goyim dans leur foyer. Ne savent-ils pas qu’il y a au-dessus d’eux un il qui voit tout, une oreille qui entend tout; oublient-ils que toutes leurs actions sont inscrites dans le livre (cf. Avoth 2:1). Ignorent-ils que les pierres et les murs de leur maison témoigneront contre eux? (Ta’anith 11a)? Que feront-ils le jour du châtiment? Où est la honte? Où est la pudeur?

Dieu désire que l’homme veille à se conduire avec la plus grande crainte du Ciel, qu’il ne succombe pas aux suggestions de l’ombre de la kélipah, dont seule une partie veut l’inciter au mal (comme l’ombre de quelque chose); qu’il fasse une séparation nette entre la viande et le lait, entre le rouge du sang et le blanc, entre les forces du mal et de la sainteté; qu’il veille particulièrement à la pudeur et la pureté familiale; qu’il sache que Dieu se trouve constamment avec lui et discerne ses moindres faits et gestes... Le lait incarne la Torah, qui est une des acquisitions du Saint, béni soit-Il. La Torah est comparée au lait, comme il est écrit: «Il y a sous ta langue du miel et du lait» (Cantique des Cantiques 4:11).

L’homme doit en somme s’abstenir de mener une double vie, il doit veiller à emprunter constamment le chemin de la droiture, cette voie de la pureté et de la sainteté. Il ne doit pas mélanger la kélipah et la sainteté, aspect de «ne fais pas cuire le chevreau dans le lait de la mère» qu’il n’agisse pas comme Zimri, tout en demandant la récompense de Pin’has (Sotah 22b). Il doit veiller à la séparation entre la sainteté et l’impureté, comme il veille à celle de la viande et du lait.

Qu’il engage tout son corps dans toutes les mitsvoth, et non seulement dans celle de la Soucah. Que sa bouche et son cur s’expriment de façon similaire (Nazir 2b; Pessa’him 113b). C’est essentiellement ainsi qu’on distingue le Juif du non-Juif. Car ceux qui ne sont pas unis avec l’Eternel par la sainte Alliance, ne peuvent acquérir la Torah, qui porte le nom de Bérith (Chabath 33a). Ce qui est pur pour nous, est impur pour eux, et vice-versa.

Le Juif doit par conséquent tirer des leçons du rouge (je veux dire la viande), aussi bien que du blanc (le lait). Il doit radicalement fuir tout ce qui réchauffe le corps, telles les passions, la luxure, la colère (concept de rouge). Quiconque se met en colère, enseigne le Talmud (Nédarim 22a), est consumé par toutes sortes d’enfers, (concept de rouge et chaud). Du concept de blanc/lait, il doit apprendre à acquérir des vertus telles que l’humilité, la sérénité, à mener une vie pure et sainte... Il doit apprendre à ne pas se servir de remèdes contenant des produits impurs à la consommation (Pessa’him 25a; voir à cet effet le récit merveilleux de Nathan Soutsita, qui était «baal téchouvah»; Sanhédrine 31a; Rachi, voir aussi Séfer Hadoroth, chapitre sur les Tanaïm et Amoraïm, lettre noun, cité dans séfer Hama’assioth de Rabbi Nissim, fils d’Israël Ladounache p.37a).

Nous avons entendu parler d’une chanson populaire louant la beauté du «Rouge et Noir» qui nous a introduits quelque peu dans le monde futile des non-Juifs. Expliquons-nous...

On peut dire que le noir incarne la kélipah, c’est-à-dire l’impureté, les forces du mal. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on ne couvre pas le mort d’un drap noir, mais blanc. Commentant le verset: «des ténèbres couvraient la face de l’abîme» (Genèse 1:2), le Midrach (Béréchith Rabah 1:8), explique qu’il s’agit des méchants. Le rouge, quant à lui, dénote le sang, le meurtre et la perversion sexuelle... C’est pourquoi Dieu nous a ordonné de nous éloigner radicalement des nations, de ne pas suivre leurs usages, et de ne pas les imiter dans leur conduite.

Car ce qui prédomine chez les peuples, c’est le rouge et le noir, et ceux qui se rapprochent d’eux, sont susceptibles de subir leur influence néfaste.

Veillons par conséquent à ne nous approcher que du blanc/aspect du lait, de la Torah de Dieu. Sachons séparer avec le maximum de netteté, la sainteté de la kélipah. Conduisons-nous avec la même piété au dehors et chez nous dans notre foyer. Ornons tous nos faits et gestes, toutes les mitsvoth que nous accomplissons des décors saints de la soucah. Nous connaîtrons alors le bonheur dans ce monde-ci comme dans le monde futur!

 

«Et voici les statuts», Le secret de la réincarnation
TABLE DE MATIERE
Des vertus de la période appelée CHOVAVIM

 

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