Chabath, source de bénédiction pour tous les jours de la semaine
Les sections bibliques Vayak-hel et Pékoudé étant généralement lues ensemble, nous nous proposons ici d’examiner le lien entre le début de Parachath Vayak-hel (Exode 35:1-2) où Moïse prescrit la mitsvah du Chabath aux enfants d’Israël, et la fin de Pékoudé qui traite de la Chékhinah, comme il est écrit: «Alors la nuée de l’Eternel couvrit la tente d’assignation» (id. 40:34).
Les Juifs ne s’imprègnent de la Providence Divine que lorsqu’ils revêtent l’aspect de sanctuaire, quand ils sont unis (Vayak-hel), comme il est écrit: «Quand s’assemblaient les chefs du peuple et les tribus d’Israël» (Deutéronome 33:5) (cf. Tan’houma, Nitsavim 1; Pessikta Zouta, Emor 23:40)... On ne peut ressentir cette union, cette harmonie, cette sérénité de l’âme et du corps et cette élévation de la Chékhinah, que le jour de la paix, le Chabath, dont nos Sages chantent les louanges:
Chabath, c’est le roi et la reine, la perfection même (Zohar III, 176b; 272b), l’incarnation du monde futur (id. I, 48a, 95a). Le Chabath accroît la sainteté d’Israël (Mekhilta, Ki Tissa 31:14), etc...
En ce jour où on a un avant-goût du monde futur, où on s’imprègne de la Chékhinah, le Saint, béni soit-Il, comble toutes les lacunes de l’homme et le fait accéder à la perfection.
On arrive à cette perfection en se préparant toute la semaine au Chabath, en se sanctifiant progressivement par la récitation des Psaumes quotidiens que récitaient les Lévites au Temple: «A l’Eternel appartient la terre et ce qu’elle renferme...» (Psaume 24) le premier jour; «Grand est l’Eternel et justement glorifié...» (id. 48) le deuxième jour, etc... (Roch Hachanah 31a; Avoth de Rabbi Nathan 1:8). Le Chabath, en récitant le «Cantique pour le jour du Chabath» (id. 92:1), on montre dans la joie, qu’on a accédé à la perfection.
On peut se préparer au Chabath de deux façons. Un verset stipule à cet effet: «Aussi longtemps que durèrent leurs marches, les enfants d’Israël partaient quand la nuée s’élevait de dessus le tabernacle» (Exode 40:36); un autre précise: «La nuée de l’Eternel était de jour sur le tabernacle, et de nuit il y avait un feu aux yeux de toute la maison d’Israël, pendant toutes leurs marches» (id. 40:38). Rachi explique que leurs campements portent aussi le nom de «marches», au cours desquelles il n’y avait pas de nuée sur le tabernacle.
Le Chabath est un jour de repos («où l’on campe»), pour Israël aussi bien que pour le Saint, béni soit-Il, comme il est écrit: «Et il s’est reposé le septième jour» (Exode 20:21), et «Il se reposa de l’uvre qu’Il avait produite et organisée» (Genèse 2:3). Le septième jour, summum de la perfection, l’homme s’imprègne de sainteté; «la nuée de l’Eternel» le couvre, et continue à le couvrir jusqu’à la sortie du Chabath, où l’âme supplémentaire se retire de lui et qu’il commence son périple dans les jours de la semaine... Il ressent alors la sainteté du Chabath pendant les six jours qui le suivent.
On peut donc considérer que le repos du Chabath revêt l’aspect de périple, car pendant Chabath on se prépare à tous les jours de la semaine. Le périple aussi porte le nom de repos, dans ce sens que pendant la semaine on se prépare pour le «campement»/le repos du Chabath. Le Chabath venu, l’homme s’imprègne de sainteté qui le suivra dans son périple des six jours. Et le processus se poursuit...
Au verset 36, on peut remarquer que béha’aloth (lorsque monta la nuée au-dessus du sanctuaire) est écrit normalement avec un vav, alors qu’au verset suivant «et quand la nuée ne s’élevait pas, ils ne partaient pas jusqu’à ce qu’elle s’élevât», hé’aloto est écrit sans vav après le lamed: l’homme doit accéder à un degré tel, qu’il soit couvert de la nuée de l’Eternel jusqu’au jour de ’aloto, sa mort, où il monte chez son Créateur. Il y parviendra en liant par des liens de sainteté les jours de la semaine au Chabath, et le Chabath aux jours de la semaine. Toute sa vie servira ainsi de préparatifs destinés à le rattacher constamment au Saint, béni soit-Il, et revenir vers Lui en toute sincérité.