«Voici les comptes du Tabernacle, du Tabernacle...»

De nombreux commentateurs ont essayé d’expliquer cette répétition: «voici les comptes du Tabernacle, du Tabernacle...» (Exode 38:21). Ils nous ont cependant laissé «une place» pour pouvoir découvrir quelques éclaircissements personnels.

1) Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, le Tabernacle fait allusion à l’homme, dont tous les membres et tendons servent d’outils de travail pour l’étude de la Torah et la prière. Le Zohar (II, 231b; 140b) enseigne à cet effet que le sanctuaire d’en haut a été édifié en même temps que celui d’en bas (d’où la répétition: «Tabernacle (d’en bas) Tabernacle (d’en Haut)»). Donc tout comme le Tabernacle, l’homme revêt un double aspect: l’homme inférieur et l’homme supérieur. «Sache! mah, ce qu’il y a au-dessus de toi» (Avoth II, 1): ce qui se fait en haut, dépend de toi, l’homme, ici en bas. D’ailleurs, mah a la même valeur numérique (45) que adam et que le Nom Saint YKVH [bémilouy alfine] (Zohar, Ruth 102b): l’homme doit savoir que tout ce qui se passe ici-bas se reflète dans les mondes supérieurs. «[En Haut] Il y a un il qui voit tout et une oreille qui entend tout, et toutes les actions sont inscrites dans le livre» (Avoth, id.)... Comme nous l’avons déjà vu, même les pierres et les murs de la maison portent témoignage du moindre fait et geste qu’on a accompli ici-bas (Ta’anith 11a)... Tout est marqué dans son livre, celui de sa postérité (cf. Genèse 5:1). L’homme doit donc veiller à améliorer constamment sa conduite. Eléh pékoudé hamichkan michkan ha’édouth: l’homme doit savoir que dans les sphères célestes, le Tabernacle porte témoignage ’édouth de toutes ses actions ici-bas; on les y dénombre pokdim, un à un pour le jour du jugement. Ses actions créent des anges qui témoigneront alors.

2) L’homme, revêtant l’aspect de Tabernacle, doit exploiter chaque minute de sa vie pour servir son Créateur. «Le feu brûlera continuellement sur l’autel, il ne s’éteindra point» (Lévitique 6:6); «et de nuit, il y avait un feu» (Exode 40:38). Si on veut s’imprégner continuellement de la Chékhinah, il convient de s’engager assidûment dans l’étude de la Torah, qui a été comparée au feu, comme il est écrit: «Il leur a, de sa droite, envoyé le feu de la loi» (cf. Mekhilta, Yithro 19:18), «Et dans toutes tes voies, tu dois Le connaître» (Proverbes 3:6).

Celui qui éteint le feu de l’autel est puni de flagellation (Rambam; Hilkhoth Témidin ouMoussafin 2:6). C’est un peu ce qui doit arriver également à celui qui s’abstient, ne serait-ce qu’une heure ou deux, un jour ou deux, d’étudier la Torah. «S’il M’abandonne un jour, Je l’abandonnerai deux jours» (Yérouchalmi Bérakhoth, fin; Zohar III, 36a). La Chékhinah s’éloigne de lui.

«Où est l’homme sage qui comprenne ces choses?» demande le Prophète... Pourquoi le pays est-il détruit?... C’est parce qu’ils ont abandonné Ma Torah» (Jérémie 9:10-13). L’homme devant s’attacher constamment à la Torah, et prendre comme exemple le sanctuaire où le feu (de la Torah) brûlait continuellement, s’il s’abstient de l’étudier, il engendre la destruction du pays, c’est-à-dire de Jérusalem et du saint Temple.

3) Celui qui veut enrichir ses connaissances en Torah, doit non seulement tâcher d’habiter un endroit où on l’enseigne (Avoth 4:14; Chabath 147b), mais l’apprendre assidûment (cf. Or Ha’haïm, Bé’houkhotaï 7) en faisant preuve du maximum de soumission et d’humilité (Ta’anith 7a) pour pouvoir la retenir.

Il ne suffit pas de se rendre au michkan, Tabernacle/la Maison d’études, il faut y apprendre ’édouth, c’est-à-dire la Torah, comme il est écrit: «Tu mettras dans l’arche le témoignage que Je te donnerai» (Exode 25:16). 4) Eléh Pékoudé HaMichkan, fait aussi allusion aux Tsadikim, que nous devons voir et visiter, pour qu’ils nous inspirent dans notre culte divin, nous conseillent et prient pour notre bien être matériel et surtout spirituel: en effet ils sont considérés comme le Tabernacle d’assignation, comme les oracles auxquels il faut obéir aveuglément, comme l’arche qui porte ceux qui la portent (Sotah 35b; Bamidbar Rabah 2:21; Zohar II, 242a). Quand on se rend chez eux, c’est comme si on recevait la Providence Divine (Tan’houma, Ki Tissa 27), c’est comme si on se rendait au Temple. 5) D’après les Sages (Tan’houma, Pékoudé 2), le verset mentionne deux fois le terme Tabernacle Michkan, pour faire allusion aux deux Temples qui (nitmachkénou) ont été pris en gage par suite des péchés d’Israël, aux Tsadikim qui disparaissent de ce monde par suite de nos fautes et dont la mort est équivalente à la destruction de notre saint Temple par le feu (Roch HaChanah 18b) et expie la faute des Juifs.

6) Les premières lettres des mots du verset: «Eléh Pékoudé Hamichkan, Michkan...» ont comme valeur numérique 127, allusion à l’âge de Sarah (Genèse 23:1), dont les cent vingt sept années étaient aussi pures et sanctifiées l’une que l’autre; elle était à l’âge de cent ans, comme à vingt ans et à vingt ans comme à sept ans, etc... (Béréchith Rabah, Pessikta Zouta, Genèse id.), son foyer était aussi saint que le Temple. Une nuée de gloire entourait sa tente, une lampe y était constamment allumée, et la bénédiction régnait sur sa pâte (comme au Temple)... Tout comme Sarah, l’homme doit viser à mener une vie de pureté et de sainteté.

Comme nos ancêtres ont tout fait pour sanctifier Son nom, le Saint, béni soit-Il, leur donna une descendance illustre: c’est ainsi que de Sarah est issue la Reine Esther qui régna sur cent vingt sept pays (Béréchith Rabah 58:3), triompha de son mauvais penchant et fut une femme d’une intégrité exemplaire. Le terme michkan fait allusion à cette descendance, comme nous l’indique le verset: «machkhéni Entraîne-moi avec toi! nous courons!» (Cantique des Cantiques 1:4). La descendance de Sarah et Esther continuera pour l’éternité à s’engager dans l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvoth.

 

 

PARACHAT VAYAKHEL
TABLE DE MATIERE
Le tabernacle d’assignation — le corps et l’âme d’Israël

 

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