Les vertus des cent bénédictions quotidiennes

Commentant le verset: Et maintenant, ô Israël, MaH, que demande de toi l’Eternel, ton Dieu si ce n’est de Le révérer... (Deutéronome 10:11), Rabbi Méir disait: L’homme doit prononcer cent bénédictions par jour. Ne dis pas Mah, mais Méah (Ména’hoth 43b, Rachi).

Le mauvais penchant, qui est rusé, s’efforce d’empêcher l’homme d’emprunter le chemin de la droiture et de la crainte de Dieu, et de le faire ainsi tomber en enfer. L’homme peut ressentir l’existence de Dieu, sans pour autant vraiment Le craindre, parce que le mauvais penchant le domine. Mais quand on loue et qu’on exprime matin et soir sa gratitude au Saint, béni soit-Il, et qu’on dit: Béni sois-Tu, qui habilles les nus... ouvres les yeux des aveugles... redresses ceux qui sont inclinés, etc. (Bérakhoth 60b), on s’imprègne de la crainte de Dieu, et on ressent que sans Lui, on est insignifiant et qu’Il est le seul à aider l’homme à vaincre son mauvais penchant (cf. Kidouchine 30b).

Trois questions principales se posent sur cet enseignement:

1) Pourquoi est-ce précisément grâce aux cent bénédictions qu’on accède à la crainte du Ciel?

2) Comment Rabbi Méir en est-il arrivé à la conclusion: Ne lis pas Mah, mais Méah?

3) Pourquoi celui qui étudie et révise la Torah cent une fois est-il préférable à celui qui ne l’étudie que cent fois (‘Haguigah 9b), alors qu’en ce qui concerne la crainte du Ciel, cent bénédictions quotidiennes suffisent?

Une assez longue introduction s’impose avant de répondre à ces questions. Le Roi David se demande: D’où viendra mon secours? et il répond: Mon secours vient de l’Eternel qui a fait le Ciel et la terre (Psaumes 121:1-2). Celui qui est assiégé de difficultés, endure des souffrances et ne voit nul espoir à l’horizon, est susceptible de se décourager de la vie et de perdre sa confiance en Dieu. David apprend à tout le monde, sage ou homme simple, que c’est précisément quand on doit confronter des épreuves aussi élevées que les montagnes, qu’il faut s’efforcer de tenir en implorant la miséricorde divine.

Mon secours viendra de Ayin (littéralement: rien), c’est-à-dire de sources auxquelles je ne m’attendais pas... Il ne faut donc jamais se décourager et faire des comptes, qui appartiennent exclusivement à l’Eternel. Lui seul sait comment agir. Quand le Roi David s’est caché dans une grotte pour fuir Chaoul, le Saint, béni soit-Il, y a envoyé une araignée qui a tissé des toiles à l’entrée. Quand Chaoul est passé à côté, il était s-r que personne n’était entré dans la grotte (Otsar Midrachim, deben Sira). Nous voyons par là que, normalement, le Roi David courait à sa perte, et que si Chaoul l’avait attrapé, il l’aurait tué, car il était considéré comme rebelle à la Royauté. Les malheurs de David étaient aussi élevés que les montagnes, mais son secours est venu de Ayin... d’une simple toile d’araignée.

Nous pouvons en conclure que le secours vient exclusivement de Dieu, qu’il faut s’attacher à Lui et ne placer sa confiance qu’en Lui; que même si une épée tranchante est placée sur son cou, il ne faut pas douter de la miséricorde divine (Bérakhoth 10a), car l’Eternel est Omniprésent dans tous les mondes et Son salut est proche et peut surgir en un clin d’oeil (Min’hah LéYéhoudah 27).

Quand les difficultés et les malheurs s’élèvent à hauteur de montagnes, Essa Enay (je lève les yeux). ESsA ayant la même valeur numérique (302) que CheV (assieds-toi) allusion à l’étude qui se fait à la Yéchivah. Mon secours viendra alors de Ayin, AYiN ayant comme guématria 101. En d’autres termes, nous devons nous engager dans l’étude de la Torah dans la Yéchivah, et revenir cent une fois sur chaque leçon. Nous verrons ainsi comment l’Eternel vient à notre aide. Le Yalkout Chimoni (Chemouel I, 12a) raconte l’épisode du Roi David fuyant Chaoul et étudiant toute la nuit avec Samuel ce qu’un érudit apprend en méah cent ans. 100 avec le Collel = 101. Car il a révisé ce qu’il a appris cent une fois: c’est de MéAYiN (101) que vient le salut. C’est donc la Torah qui a sauvé David.

Un homme est en train de se noyer dans la mer. S’il place sa confiance en Dieu, son secours peut venir de ayin... De plus quand on voit la mort devant ses yeux, on ne peut certainement pas se concentrer sur ce qu’on étudie et y revenir cent une fois. Mais si on réussit, c’est que le Saint, béni soit-Il, accomplit un miracle en notre faveur. L’Eternel agit donc avec Ses créatures mesure pour mesure, comme nous l’avons vu dans des leçons précédentes.

Un de nos amis de Mogador au Maroc, Mr. Yéhochoua’ Déry, qui avait une petite épicerie en ville, raconta qu’un jour, le four à gaz qui se trouvait près de l’entrée du magasin explosa et tout le magasin fut consumé par le feu. Resté seul dans les décombres, il ne pouvait pas s’en sortir. Les flammes commençaient déjà à lécher ses vêtements, quand notre Juif eut en mémoire l’image du grand Tsadik, Rabbi ‘Haïm Pinto, et il implora l’Eternel de lui venir en aide. Il entendit soudain un craquement derrière lui, le mur qui n’avait pas encore été touché par les flammes s’écroula et M. Déry fut jeté dehors et sauvé.

Toutefois, pour être digne de l’assistance divine, des préparatifs très sérieux sont requis. Il s’agit essentiellement de la crainte de Dieu à laquelle on accède par la récitation quotidienne de cent bénédictions. On se rapproche ainsi de Dieu et on ne se laisse jamais abattre.

Pourquoi alors précisément cent? D’après la Kabalah les cent bénédictions correspondent aux cent cercles contenus dans les dix séphiroth. Et c’est l’homme qui fait tourner tous les mondes et toutes les sphères célestes: c’est grâce à son étude de la Torah et son accomplissement de mitsvoth que toute la création subsiste.

Le rôle de l’homme dans ce monde est de relier tous les canaux spirituels à leur source, qui est l’Infini. Rabbi Méir veut nous apprendre que MaH (cf. ci-dessus: Que demande de toi l’Eternel...) a la même valeur numérique (45) que ADaM et équivaut au Nom Divin Havayah écrit avec les alfines (Zohar I, 34b): en d’autres termes, l’Eternel exige de l’homme qu’il lie tous les canaux des mondes supérieurs (Atsilouth, Bériah, Yétsirah, ‘Assiah).

Il va de soi que seul celui qui craint Dieu peut faire subsister toute la création: il doit donc prononcer cent bénédictions chaque jour, correspondant aux cent cercles/sphères célestes. MaH avec le collel de la lettre aleph fait MEaH (100), car aleph (dont la valeur numérique est 1) est le maître du monde (Othyoth deRabbi Akiva, lettre aleph), seul capable de venir en aide à l’homme.

Il y a deux façons d’ajouter le collel au mot: soit par un chiffre, soit par une lettre. Ici, Rabbi Méir s’est servi de la deuxième méthode, en ajoutant la lettre aleph, parce que le mauvais penchant est susceptible de mettre l’homme à l’épreuve et le décourager. Il ne pourra pas ainsi unir les mondes et les sphères célestes, se rattacher au Saint, béni soit-il, et jouer le rôle qu’il doit jouer dans ce monde. C’est pourquoi l’Eternel conseille à l’homme de se lier aux cent bénédictions quotidiennes par lesquelles il peut s’attacher aux sphères et à Lui, les cent sphères provenant du Ein Sof, l’Infini.

Commentant le verset: Et maintenant, ô Israël, que demande de toi l’Eternel... c’est de Le craindre, la Guémara demande: La crainte de Dieu est-elle quelque chose de tellement mineure? Or, Rabbi ‘Hanina, citant Rabbi Chimon bar Yo’haï, enseigne que le Saint, béni soit-Il, ne conserve dans Sa trésorerie qu’un trésor de crainte du Ciel, comme il est écrit: La crainte de Dieu, voilà Sa richesse (Isaïe 33:6). La Guémara répond: Oui, pour Moïse la crainte de Dieu est une chose mineure. Comme nous l’avons vu, Moché incarne toute l’Assemblée d’Israël et inversement (Zohar II, 47a; Chir HaChirim Rabah 1:64). Moïse peut donc imprégner toute l’Assemblée d’Israël des cent bénédictions quotidiennes, la rapprocher de Dieu, la faire accéder à la crainte du Ciel. Elle pourra ainsi relier tous les canaux spirituels et les mondes.

Les bénédictions visent à réfréner les appétits de l’homme, à démontrer que le monde n’est pas quelque chose de délaissé, qu’il a un propriétaire et qu’il est interdit de jouir de ce monde sans bénédiction, car jouir sans bénédiction, équivaut à voler (Bérakhoth 35b). Dans le domaine de la crainte de Dieu, cent bénédictions suffisent donc. Il n’en est pas de même dans le domaine de l’étude de la Torah: là, plus on s’y engage, plus on s’attache au Saint, béni soit-Il, et il faut réviser son étude au moins cent une fois, car la Torah équivaut à tout (Péah 1:1).

Revenons à ce que nous avons vu plus haut: le Saint Temple a été détruit parce qu’on ne prononçait pas de bénédiction avant de s’engager dans l’étude de la Torah. Deux questions se posent:

1) Comment peut-on concevoir un tel état de fait?

2) Si les enfants d’Israël ont étudié la Torah, que nous importe s’ils ont prononcé ou non la bénédiction dessus? Est-ce une raison suffisante pour entraîner la destruction du Temple et du monde entier?

C’est qu’on peut dire que les enfants d’Israël ont limité l’étude de la Torah, ce qui est très grave, et c’est ce qui a engendré la destruction du Temple, car la limite et la mesure n’existent qu’au plan matériel. Elles sont interdites au plan spirituel, celui de l’étude de la Torah. Cette étude doit être constante et s’intensifier de jour en jour. En conjonction avec les bénédictions, elle contribue à unir les mondes, car le monde a été créé pour la Torah (Pessikta Zouta, Béréchith). Le Saint, béni soit-Il, a regardé la Torah puis créé le monde (Zohar II, 161b) c’est-à-dire les cent sphères dans la terminologie de la Kabalah. La Torah raffermit donc la Création et son étude conduit aux bénédictions, car sans Torah on ne saisirait pas que les bénédictions doivent être récitées avec concentration. La Torah conduit aussi à la foi.

En fin de compte, il faut comprendre que ce n’est pas l’étude qui est l’essentiel, mais la pratique (Avoth 1:17) et qu’on ne doit étudier la Torah et accomplir les mitsvoth que pour l’amour même de l’étude. Il faut veiller à ce qu’aucune arrière-pensée ne se cache derrière elle et ne viser aucun intérêt personnel. On doit donc revenir au plus tôt vers Dieu et être vraiment ainsi en mesure de relier les mondes et les canaux spirituels à leur source supérieure.

 

 

La Torah,  la crainte de Dieu et leur récompense dans le monde futur
TABLE DE MATIERE
Erets Israël sanctifiée pour l’éternité

 

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