Le secret des villes de refuge. La voie de la vie pour chaque Juif.

Le secret du combat livré par Jacob à l’ange protecteur d’Essav

Il est écrit: Tu te réserveras trois villes dans ce pays dont l’Eternel, ton Dieu, t’accorde la possession (Deutéronome 19:2), et quelques versets plus bas: Que si l’Eternel, ton Dieu, élargit ta frontière comme il l’a juré à tes ancêtres, et te donne la région entière qu’il a déclaré octroyer à tes pères, à condition que tu t’appliques à accomplir toute cette loi que je t’impose en ce jour, d’aimer l’Eternel, ton Dieu, et de marcher constamment dans Ses voies, alors tu ajouteras trois villes à ces trois-là... (id. 19:8-9). Il est enfin écrit: Car le meurtrier doit rester dans son asile jusqu’à la mort du Grand Pontife (Nombres 35:28).

On peut se poser quelques questions sur ces passages:

1) Quel rapport y a-t-il entre le meurtrier involontaire et le Grand Pontife? Pourquoi, tant qu’il est vivant, ce meurtrier ne peut-il pas rentrer chez lui?

2) Si la Torah a pitié du meurtrier involontaire et empêche le vengeur de sang de le tuer du fait qu’il a agi involontairement, pourquoi le punit-elle en lui défendant de sortir de son asile avant la mort du Grand Pontife et en l’obligeant à rester longtemps loin de sa famille?

3) Si la Torah a obligé le meurtrier involontaire à rester dans une des villes de refuge, cela implique qu’il subit un châtiment. Quel péché a-t-il commis qui l’oblige à rester dans les villes de refuge durant toute la vie du Grand Pontife, alors que pour un meurtre involontaire la Torah ne l’a même pas obligé à offrir un sacrifice!

C’est que si la Torah permet au vengeur du sang de se venger du meurtrier involontaire s’il ne prend pas la fuite dans une des villes de refuge, ceci implique qu’il a commis involontairement une multitude d’autres fautes. Celui qui commet un péché, même involontairement, altérant son néfech, roua’h et néchamah, s’il ne veille pas à les corriger, est poussé à en commettre d’autres, et finira par tuer involontairement. Seul un acte très grave qu’il a commis involontairement peut lui faire prendre conscience de ses erreurs et l’inciter à faire téchouvah une fois pour toutes pour corriger tous les actes involontaires qu’il a commis.

C’est qu’un péché en engendre un autre (Avoth 4:2). Celui qui a commis un méfait, même involontairement... et ne manifeste pas un repentir sincère, est poussé à en commettre d’autres. Il en résulte un grand impact sur son âme, et le Ciel l’oblige à tuer involontairement et prendre la fuite pour ne pas être tué par les vengeurs de sang. Une fois assis seul dans une ville de refuge, il a le temps de s’introspecter et corriger de la sorte les méfaits dont il ne s’était même pas rendu compte dans le passé. Il pourra aussi implorer l’Eternel de les lui pardonner.

La Guémara enseigne que les mères des Cohanim veillaient au bien-être des meurtriers involontaires; elles leur donnaient ce dont ils avaient besoin pour qu’ils ne prient pas que leurs enfants meurent (Makoth 11a).

On ne peut vraisemblablement pas concevoir que ces meurtriers, qui ont été exilés et s’efforcent de faire téchouvah pour leurs méfaits involontaires, prient pour la mort rapide du Grand Pontife, qui est un homme saint et pur, pour pouvoir se libérer de leur ville de refuge. Le fait que le Cohen est encore vivant indique que leur acte involontaire n’a pas encore été corrigé. Pourquoi alors voudraient-ils hâter sa mort? Comment peut-on concevoir que quelqu’un qui s’est efforcé de revenir sur le bon chemin puisse vouloir du mal à son prochain?

Les mères des Cohanim veillaient au bien-être matériel des meurtriers involontaires pour que ces derniers leur soient reconnaissants et ne prient pas pour la mort de leur fils. On sait à cet effet que celui qui s’abstient d’exprimer sa gratitude à son prochain, c’est comme s’il le faisait à l’égard du Saint, béni soit-Il. Les mères rappellent aux meurtriers que tout comme ils ont tué involontairement, ils doivent s’efforcer de corriger toutes leurs fautes et implorer le Ciel pour eux-mêmes ainsi que pour le Cohen Gadol afin qu’il ait une longue vie, bien que ce soit à leur détriment.

Quand le Grand Pontife prie dans le Saint des Saints pour les enfants d’Israël à Yom Kipour, il doit y inclure les meurtriers involontaires. Même s’il court ainsi un danger de mort, car si Dieu leur pardonne, il devra mourir pour qu’ils retournent chez eux.

Le meurtrier involontaire doit à son tour exprimer sa gratitude au Grand Pontife et ne pas l’inclure dans sa prière: c’est ainsi qu’il corrige ses méfaits. Il accède alors à la perfection et fait la volonté du Saint, béni soit-Il, car il sublime sa nature qui lui dicte de ne pas agir ainsi.

On peut dire que si on a commis involontairement un péché, c’est parce qu’on a attendu le Yom Kipour pour se réveiller, ou parce qu’on s’attend à un miracle. On ignore devant Qui on se tient (Testament de Rabbi Eliézer HaGadol, lettre 18). Cet éveil est certes une grâce du Ciel, mais il convient d’accéder de son propre gré à cet état, aspect de: Je veux réveiller l’aurore (Psaumes 57:9). Il convient aussi de s’efforcer d’accéder constamment à un niveau plus élevé de reconnaissance de Dieu. On ne commettra alors aucun méfait, même involontairement, car l’Eternel veille sur les pas des ses adorateurs (Samuel I, 2:9). Si on ressent qu’on a fauté involontairement et qu’on en éprouve un grand chagrin sincère, on ressemble aux vrais Tsadikim qui s’efforcent de fuir toute trace de péché et préfèrent mourir plutôt que de pécher, même involontairement. C’est ainsi qu’on procure un grand plaisir au Saint, béni soit-Il, en lui montrant qu’on est prêt à se dévouer corps et âme pour glorifier Son Nom, plutôt que de transgresser, même involontairement, le moindre précepte divin.

Les écritures traitent en détail de tikounim effectués par les Tsadikim en vue de corriger ce qu’ils croient être des souillures personnelles. La Guémara (Yébamoth 20a) enseigne à cet effet qu’il faut se sanctifier même pour des choses qui sont permises (voir aussi Sifri Réeh 14:21). Dans notre contexte, le meurtrier involontaire peut prier pour lui-même, mais il doit veiller à ce que cette prière ne lèse pas le Cohen Gadol.

Si on examine bien notre verset, on peut se demander pourquoi il faut ajouter trois villes de refuge aux trois premières du fait qu’on observe tous les préceptes divins (cf. Deutéronome 19:9). En effet, si on se conforme à la volonté divine, on n’en a plus besoin.

De plus, pourquoi la Torah établit-elle un lien entre le nombre de villes de refuge (six) et la conduite morale des enfants d’Israël, si tu t’appliques à accomplir toute cette loi...?

C’est que, quand on ressent qu’on a accédé à la perfection et qu’on n’a plus rien à corriger, on commence automatiquement à chuter, alors qu’au contraire on doit viser à s’élever sans cesse et à suivre la voie de nos patriarches.

Quand Jacob envoya des messagers à son frère Essav, il leur fit dire: GaRTI J’ai séjourné chez Lavan... (Genèse 32:5). Commentant ce verset, Rachi fait remarquer que GaRTI a les mêmes lettres que TaRIaG: c’est-à-dire j’ai vécu avec Lavan le mécréant, et malgré tout j’ai accompli les tariag (613) commandements de la Torah: Je n’ai rien appris de ses mauvais actes. Il lui a fallu pour cela s’engager assid-ment dans l’étude de la Torah, méritant ainsi le titre de l’élu des Patriarches (Béréchith Rabah 76a) et Chariot Céleste du Saint, béni soit-Il... Toutefois, en voyant son frère, Jacob s’effraya beaucoup et fut angoissé (id. 32:8). Il dit ensuite: Je suis trop petit pour toutes les grâces... que tu as témoignées à ton serviteur (id. 11).

Que s’est-il passé exactement à notre Patriarche? Malgré toutes ses nombreuses vertus, Jacob n’a accédé à ce rang que parce qu’il s’était dépouillé de toute entité et visait essentiellement à s’élever dans le service divin et  la crainte de Dieu. Malgré sa grandeur, il ne servait que de berger à Lavan, qui autrement ne lui aurait pas donné ses filles. Sitôt que Dieu lui demanda de retourner au pays de ses pères, dans son lieu natal et promit d’être avec lui (Genèse 31:3), il envoya quérir Ra’hel et Léah, qu’il fit monter avec ses fils sur les chameaux et s’enfuit sans peur chez son père Isaac, au pays de Cana’an. S’apprêtant à rencontrer Essav, il lui envoya des anges messagers pour lui annoncer qu’il n’éprouvait aucune peur de lui et était confiant qu’il ne lui arriverait rien de mal.

Toutefois, ressentant qu’il ne sied pas de compter sur soi, malgré les promesses de l’Eternel et prenant conscience qu’on ne peut pas répondre de sa vertu avant le jour de la mort et qu’on ne peut pas accéder à la perfection de son vivant même si on est un grand Tsadik, il a appris aux générations à venir qu’il faut veiller constamment à ne demander qu’un don gratuit du Saint, béni soit-Il, et à ne jamais rappeler son mérite. Car qui sait ce qu’on a fait dès l’instant où l’Eternel a fait sa promesse de te garder jusqu’à maintenant... Aussi s’est-il mis à prier sauve-moi de grâce de la main de mon frère, de la main d’Essav (id. 12).

Nous pouvons ainsi comprendre l’enseignement de Rabbi ‘Hanania, fils de Akachya, qui disait: Le Saint, béni soit-Il, a voulu faire acquérir des mérites à Israël; aussi a-t-Il promulgué la Torah et de nombreuses mitsvoth comme il est dit: L’Eternel a voulu répandre Sa vérité, Il a donc grandi la Torah et l’a embellie (Isaïe 42.21; cf. Makoth 23b; Avoth déRabbi Nathan 41:17): l’Eternel veut que les enfants d’Israël accèdent constamment à de hauts niveaux spirituels et non, à Dieu ne plaise, qu’ils comptent sur leurs mérites, car alors ils commenceraient à se détériorer. En s’humiliant devant Lui, en Lui montrant qu’ils n’ont rien entre les mains qui leur permette d’être dignes de Sa bonté et en Lui demandant un don gratuit, ils peuvent intensifier leur étude de la Torah et leur crainte du Ciel.

C’est parce qu’il s’est beaucoup humilié que notre patriarche Jacob a pu vaincre cette nuit-là l’ange protecteur d’Essav, et ne lui a pas permis d’entonner un chant, comme il est écrit: Laisse-moi partir, car l’aube est venue. Il répondit: Je ne te laisserai pas que tu m’aies béni (id. 32:27). L’ange lui dit alors: Ya’akov ne sera plus ton nom, mais Israël, car tu as jouté avec Dieu et avec les hommes et tu as triomphé (id. 29). En d’autres termes, du fait que tu es descendu au rang de ‘akev (talon), tu porteras désormais le titre d’Israël/YiSRaEL: YaShaR EL, tu communiqueras yashar (directement) avec El, l’Eternel. Et c’est essentiellement parce que l’Eternel est droit (yashar) avec Ses créatures qu’Il te fait un don gratuit sans ôter de tes mérites.

On peut dire aussi que l’ange protecteur d’Essav a voulu toucher le talon de Jacob pour l’imprégner d’orgueil, mais quand il a vu qu’il ne pouvait pas le vaincre, il le toucha à la hanche: et la hanche de Jacob se luxa tandis qu’il luttait contre lui (id. 26). Il voulait toucher précisément son ‘akev (talon) parce qu’à sa naissance, sa main tenait celui d’Esa (id. 25:26). Il voulait nous faire comprendre que tant que Jacob et sa descendance revêtent l’aspect de ‘akev, qu’ils s’effacent complètement devant le Saint, béni soit-Il, et se soumettent à Lui, Essav ne peut avoir aucune emprise sur Jacob.

Commentant à cet effet le verset: Vayéavek, un homme lutta avec lui (id. 32:26), Rabbi Yéhochoua ben Lévi explique qu’il nous montre que avak, la poussière engendrée par leur lutte, est arrivée jusqu’au Trône Céleste (‘Houlin 91a) tant elle était farouche. Jacob n’a pas été vaincu par l’ange parce qu’il lui a livré ce combat au nom de Dieu, il n’a pas du tout compté sur sa force, ses mérites et la justesse de sa cause. Il s’est réduit à l’état de poussière et de cendre, qui est montée jusqu’au Ciel. Voyant sa sainte humilité, le Ciel lui a octroyé un don gratuit grâce auquel il a vaincu l’ange protecteur d’Esa... On ne peut donc vaincre le mauvais penchant que si on fait preuve d’humilité, et qu’en livrant le combat au nom de Dieu. Mais si on fait preuve d’orgueil, si on se considère un grand Tsadik, il n’y a aucune chance de le vaincre.

L’auteur de Ilana DeHayé rapporte qu’en compagnie de Rabbi Yits’hak de Worka, il est allé une fois rendre visite à un Tsadik anonyme. En route, ils proposaient chacun à son tour une interprétation personnelle du verset: Réeh Anokhi, Voyez je vous propose en ce jour, d’une part la bénédiction, la malédiction de l’autre... (Deutéronome 11:26). Le Tsadik en question leur en donna une interprétation littérale: Voyez je: que chacun se voie et s’examine.

Que voulait-il dire exactement par là? A notre humble avis, sitôt qu’on se dépouille de toute entité, on ressent la grandeur de Dieu qui a dit: Je suis l’Eternel, ton Dieu. Il n’y a pas une plus grande bénédiction pour l’homme que de prendre conscience de son insignifiance, aspect de ‘akev, comme  nous l’avons vu dans les leçons précédentes. Si on revêt cet aspect, on entend la parole de Dieu... Nous devons donc nous considérer bien éloignés du rôle qu’il nous incombe de jouer dans ce monde de nous engager dans l’étude de la Torah et d’intensifier sans répit notre crainte du Ciel. Ne comptons nullement sur nos mérites et sachons que tout vient de Dieu... Il n’y a pas en revanche une plus grande malédiction pour nous que de considérer que c’est grâce à nos mérites que l’Eternel nous octroie Ses bienfaits. Car après tous les bienfaits qu’Il nous aura octroyés dans ce monde, il ne nous restera rien dans le monde futur puisque nous pensons mériter ces bienfaits par notre conduite, alors que tout nous est donné gratuitement.

Nous connaissons personnellement de nombreux Juifs qui gagnent bien leur vie sans pour autant voir la bénédiction dans l’oeuvre de leurs mains, alors que d’autres travaillent et reçoivent beaucoup moins mais voient la bénédiction dans ce qu’ils font. En effet, celui qui fait dépendre sa réussite de ses mérites fait fuir la bénédiction. De plus on lui prend de ses mérites. En revanche, celui qui a confiance constamment en l’Eternel, sa récompense dans le monde futur est grande...

L’étudiant de Yéchivah qui prend un congé et rentre chez lui se croit au début assez fort pour surmonter toutes les épreuves que la vie place devant lui. Il compte sur les vertus qu’il a acquises dans la Yéchivah et vise à s’en servir. Mais en l’espace de quelques jours, sa conduite se détériore graduellement: on dirait qu’il n’a jamais étudié dans une Yéchivah! Il lui est alors difficile de reprendre ses études.

Il n’en est pas de même de l’étudiant qui exploite les ressources acquises, le mérite de ses maîtres et de sa Torah, durant son congé. Constamment lié à la source de la vie qu’il vient de quitter pour prendre du repos, il ne cessera pas d’étudier régulièrement la Torah et attendra impatiemment son retour à la Yéchivah. Le congé lui pèsera du fait qu’il se sent détaché de la Torah, c’est-à-dire de la vie éternelle. Ce congé aura en fin de compte contribué à intensifier sa piété et sa crainte du Ciel. Il brillera désormais dans ses études.

Rabbi Méir Chapira de Lublin avait fait écrire à la porte de sa Yéchivah le verset des Psaumes: Lékhou, Allez (partez) enfants, écoutez-moi: Je vous enseignerai la crainte de Dieu (34:12). Pourquoi n’avez-vous pas fait écrire plutôt: Venez enfants, écoutez moi... lui fit-on remarquer. Quand on se trouve dans la Yéchivah, leur expliqua-t-il, il n’y a rien d’extraordinaire à s’engager dans l’étude de la Torah. Ce n’est que lorsque l’étudiant part et quitte la Yéchivah qu’il doit surmonter les véritables épreuves de la vie. Il est intéressant de voir dans ce cas s’il continuera à écouter la parole de Dieu.

Sachons que toute déviation aussi légère soit-elle de la Torah, peut faire trébucher et même oublier tout ce qu’on a étudié. La Guémara parle de Rabbi Elazar ben Arakh qui s’est laissé séduire par le bain et le vin. Revenu à lui, il a ainsi lu le verset: Ha’Hodech Hazé Lakhem: Ce mois-ci est pour vous... (Exode 12:2): Ha’hirech Hazé Libam Ce sourd dans leur coeur... (Chabath 147 b; cf. Rachi id.). Comment peut-on concevoir que Rabbi Elazar ben Arakh, dont Rabbi Eliézer ben Horkanos, son maître, disait: Si tous les Sages d’Israël se trouvent sur un plateau d’une balance et Rabbi Elazar ben Arakh dans l’autre, il l’emporterait sur tous (Avoth 2:12) ait pu soudain oublier tout ce qu’il a étudié et cherché les plaisirs et les vacances? C’est qu’il a compté sur ses capacités. Maintenant qu’il a accédé à la perfection, de quoi aurait-il peur? pensait-il. Il considérait que malgré ses promenades dans les jardins et les sources d’eau vive, il était en mesure de vaincre le mauvais penchant. Il oubliait sans doute que dans la grande métropole sévit un mauvais penchant gigantesque auquel il faut livrer un combat acharné en se faisant constamment des barrières.

Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi, comme nous l’avons vu au début de la leçon, Dieu a fait dépendre l’ajout de trois villes de refuge de la conduite des enfants d’Israël. Si ces derniers voient que grâce à leurs bonnes actions, le Saint, béni soit-Il, élargit leurs frontières, ils sont susceptibles de se prendre pour de grands Tsadikim qui ont accédé à la perfection et n’ont même pas besoin des trois premières villes de refuge: s’il y avait parmi eux des meurtriers involontaires, pensaient-ils, Dieu n’aurait pas élargi leurs frontières. Sachons à cet effet que c’est précisément quand nous pensons avoir accédé à la perfection, que le mauvais penchant se met à lancer ses attaques contre nous: nous devons alors user de tous les moyens pour nous en épargner.

Si J’élargis vos frontières, dit le Saint, béni soit-Il, aux enfants d’Israël, ne pensez surtout pas que vous avez accédé à la perfection. Faites au contraire preuve d’humilité: ajoutez-vous trois villes pour ne pas vous laisser séduire par la mauvais penchant. Le verset stipule: afin que le sang innocent ne soit pas répandu au sein de ce pays... (Deutéronome 19:10) et qu’une responsabilité sanglante ne pèse sur vous. Si vous pensez avoir accédé à la plénitude, un meurtrier peut se trouver parmi vous. Si Dieu a élargi les frontières des enfants d’Israël, c’est peut-être qu’Il leur paie dans ce monde les mitsvoth qu’ils y ont accomplies. Que leur restera-t-il alors dans le monde futur?

La Torah ayant interdit au roi d’avoir beaucoup de femmes, de crainte que son coeur ne s’égare (Deutéronome 17:17), le Roi Salomon, qui se croyait très fort, se dit: J’en prendrai beaucoup et ne dévierai pas du droit chemin et a fini par trébucher. Rabbi Chimon bar Yo’haï a enseigné: le Rouleau de la Torah s’est prosterné devant le Saint, béni soit-Il, en L’implorant: Maître de l’univers, Salomon a déraciné Ta Torah... Le Saint, béni soit-Il, lui répondit: Salomon et mille comme lui disparaîtront du monde, mais pas une seule lettre [de ta Torah] ne sera jamais perdue. Et tout cela est arrivé parce qu’il s’occupait de choses dont il n’avait pas besoin?

C’est ce que nous trouvons aussi chez Jéroboam qui, comptant sur sa piété, a voulu continuer à régner sur Israël: lui aussi a échoué dans son entreprise, comme il est écrit: Or, Jéroboam se dit en lui-même: La royauté pourrait revenir maintenant à la maison de David. Si ce peuple monte à Jérusalem pour y offrir des sacrifices dans la maison de Dieu, il se reprendra d’amour pour son maître, pour Ré’hoboam, roi de Juda. On me tuera et l’on reviendra à Ré’hoboam, roi de Juda. Après en avoir délibéré, le roi fit faire deux veaux d’or et dit au peuple: Assez longtemps vous avez monté à Jérusalem! Voici tes dieux, Israël, qui t’ont tiré du pays d’Egypte (Rois I, 12:26-28). Ne comptons pas sur nous-mêmes; voyons plutôt l’Eternel de tout temps et en toutes circonstances. Nous serons alors bénis; même les malédictions se transformeront en bénédictions, et nous connaîtrons des temps heureux dans ce monde-ci comme dans le monde futur.

 

 

Car le jugement appartient à l’Eternel
TABLE DE MATIERE
L’accomplissement de mitsvoth et le secret de la perfection du tikoun

 

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