La Torah est le meilleur remède contre le mauvais penchant et les vues interdites

La Guémara enseigne que les Tsadikim disposent de leur coeur (Soucah 52b; Kidouchine 30b), c’est-à-dire dominent leurs instincts. Il vaut donc mieux que l’homme sache où se trouve son Yetser, qu’il se trouve béyadékhah entre Tes mains plutôt que le contraire. Ceci est aussi valable pour celui qui se repent. Sitôt qu’il ressent une étincelle de téchouvah, il doit livrer bataille au mauvais penchant. Et quand il aura choisi la vie (Deutéronome 30:19), il peut être assuré que le Saint, béni soit-Il, viendra à son aide.

C’est ce que nous voyons de la suite du verset: Véchavita Chiyo, qui nous montre la vertu de la téchouvah, grâce à laquelle, comme nous l’avons vu à plusieurs reprises, les péchés se transforment en mérites, la prise du mauvais penchant est libérée et passe du bon côté grâce à l’étude intensive de la Torah, qui amène la fin du royaume du yetser hara’ (kets ech la fin du feu du yetser a la même valeur numérique que Tetsé)

Commentant le verset: Si tu remarques dans cette prise une femme de belle figure, qu’elle te plaise et que tu veuilles la prendre pour épouse (Deutéronome 21:11), Rachi écrit: La Torah parle essentiellement du mauvais penchant. Si le Saint, béni soit-Il, l’interdit [au guerrier], il enfreindra la loi et la prendra pour épouse. Mais en se mariant avec elle, il finira toutefois par la haïr (cf. id. 21:15) et engendrera un fils libertin et rebelle. C’est pourquoi ces deux passages de la Torah ont été joints.

S’il a eu un tel fils, c’est parce qu’il a négligé l’éducation qu’il a reçue de ses parents et s’est extrêmement détérioré. Son fils sera glouton et ivrogne, il volera et pillera les gens (Sanhédrine 71a). Une question se pose toutefois à ce sujet. Comme nous le savons, seuls les grands Tsadikim sortaient en guerre, comme il est écrit: S’il est un homme qui ait peur et dont le coeur soit lâche, qu’il se retire et retourne chez lui, pour que le coeur de ses frères ne défaille point comme le sien (Deutéronome 20:8), il s’agit de celui qui a peur des conséquences des péchés qu’il a commis, commente la Guémara (Sotah 44a), même s’il a parlé entre les passages de Ichtaba’h et le Yotser (cf. Beth Yossef, Or Ha’Haïm 54, d’après le Yérouchalmi). Comment peut-on concevoir que de tels Tsadikim eussent pu se détériorer à un tel point: si la Torah les avait empêchés de prendre légalement cette femme, auraient-ils transgressé cette interdiction et l’auraient épousée? Le Saint, béni soit-Il, a notamment accompli des miracles en leur faveur et fait tomber leurs ennemis entre leurs mains. Et au lieu de Le louer et de L’exalter, ils convoitent une femme non-juive, ce qui met en danger l’équilibre de la famille et la perfection de la nation.

Nous voyons de là combien il est grave de jeter le moindre regard sur ce qui est interdit. Même le plus courageux et puissant au plan physique et spirituel, est susceptible de se laisser séduire par le mauvais penchant et de tomber dans ses filets...

Il faut certes partir en guerre pour exterminer les ennemis de Dieu et neutraliser de la sorte leur ange protecteur (Zohar II, 17a), mais au cours des combats, il faut viser essentiellement à glorifier le nom de Dieu. Car au cours des hostilités, on doit surmonter de grandes épreuves. Le séjour dans le camp de l’ennemi pose également de grands problèmes, et si on ne veille pas particulièrement à la vue et au coeur, qui sont les deux agents du péché (Yérouchalmi, Bérakhoth 1:5; Bamidbar Rabah 10:6), on court le risque de souiller son âme, même si on est un grand Tsadik.

La Torah nous avertit à ce propos: afin que vous ne vous égariez pas à la suite de votre coeur et de vos yeux (Nombres 15:39); tu devras te garder de toute action mauvaise (Deutéronome 23:10); ton camp doit donc être saint (id. 15).

La Torah ne permet au guerrier de prendre pour épouse la femme de belle figure qu’après qu’il se soit conformé à ses directives, dans l’espoir qu’elles attiédiront ses appétits et le fassent bien réfléchir, jusqu’à ce qu’il s’en sépare complètement...

En ces jours saints d’Eloul, nous devons nous introspecter soigneusement, nous réveiller, implorer l’Eternel de nous expier toutes les fautes que nous avons commises au cours de l’été, et de faire taire tous ceux qui portent des accusations contre nous par suite de nos méfaits.

Il ne suffit pas de partir en guerre, c’est-à-dire de s’engager dans l’étude de la Torah, pour anéantir le mauvais penchant et faire ainsi en sorte que grâce à notre téchouvah, par laquelle nous l’avons pris bachévi en captivité, nos péchés se transforment en mérites (Yoma 86b). Nous devons surtout veiller à nous éloigner des lieux dangereux qui nous font soumettre à des épreuves. Ce n’est qu’ainsi que le mérite de notre Torah nous protégera et nous cesserons de pécher.

Même au moment où Il créait le monde, le Saint, béni soit-Il, n’a pas négligé la Torah: Il ne cessait de la regarder pour créer le monde (cf. Zohar II, 161b). Que dirions-nous alors, nous qui ne sommes que poussière et cendre, pâture des vers. Nous devons veiller à ce que notre pensée soit constamment fixée sur la Torah, autrement, nous risquons de nous détériorer malgré toute notre sagesse et intelligence; de tomber dans l’enfer d’un monde où pullulent les désirs et les appétits et où le mauvais penchant est tellement libre d’agir à sa guise.

Comme nous l’avons vu plus haut, le Roi David ne demandait qu’une chose: de séjourner dans la maison du Seigneur. Cette demande paraît à première vue paradoxale: pourquoi n’a-t-il pas imploré le Ciel de le nantir d’une subsistance honorable, de lui donner une bonne santé, de l’aider à vaincre ses ennemis nombreux et à planifier la construction du Saint Temple... Comment, lui, qui devait veiller aux besoins innombrables de la collectivité d’Israël, pouvait-il se permettre de séjourner constamment dans la maison de Dieu.

En fait, ce que le Roi David voulait, c’est que Dieu l’aide dans toute entreprise de ses mains, en faveur de l’individu et de la collectivité, et ceci grâce à: Je fixe constamment mes regards sur le Seigneur, avouait-il. Il voulait que le livre de la Torah ne quitte pas sa bouche (cf. Josué 1:8). Toute cette activité, qui ne visait qu’à lui permettre de se conformer à la Torah, revient à siéger dans la maison de Dieu... d’une façon nouvelle à chaque instant...

Ainsi, même si on ne se trouve pas en fait dans la maison d’étude, si tout ce qu’on fait vise à glorifier l’Eternel, c’est comme si on y siégeait en permanence. Si on veille constamment à accomplir les mitsvoth de la Torah, c’est comme si on se trouvait jour et nuit dans la maison de Dieu.

Attachons-nous donc à la Torah plus particulièrement en ces jours d’Eloul. Nous en viendrons alors à nous repentir de tous nos méfaits. La reconnaissance de la vérité nous fera prendre conscience de nos fautes. Nous en serons affligés et nous nous efforcerons alors de reprendre le bon chemin. A notre avis, Eloul porte le nom du mois du repentir non seulement parce qu’on y fait téchouvah et corrige nos fautes, mais aussi parce qu’on y attend la téchouvah (réponse) du Créateur de l’Univers. Nous trouvant à Roch HaChabah à l’état d’un nouveau-né, exempt de péché (Rambam, Hilkhoth Téchouvah 2:4), nous attendons qu’Il nous dise, comme à Moïse: J’ai pardonné selon ta demande (Nombres 14:20).

Le pardon est proportionnel au repentir. C’est à nous de choisir. C’est à nous de décider de sortir en guerre contre le mauvais penchant avec toutes les forces et toute l’aspiration dont nous avons été nantis par suite de notre téchouvah, en nous engageant assid-ment dans l’étude de la Torah et en nous conformant à ses lois. La Torah rectifie en effet nos voies et nous donne des forces nécessaires à la lutte contre le mauvais penchant. Dieu nous rassure à cet effet: J’ai créé le mauvais penchant et J’ai aussi créé une épice (un remède) contre lui (Kidouchine 30b). Nous recevrons ainsi une bonne réponse de Lui.

VéChaVITa (chivyo) ayant la même valeur numérique (718) que HaTéChOuVaH, si nous nous repentons sincèrement, Dieu yachiv nous répondra, yachouv reviendra vers nous (mêmes lettres que chivyo). Véraïta BaChivya (et tu verras chez la prisonnière) si malgré tout, nous avons péché par notre vue, aspect de: J’avais fait un pacte avec mes yeux... (Job 31:1), c’est un signe que nous nous sommes trompés dès le début. Alors elle demeurera dans ta maison... un mois entier (Deutéronome 21:13): en d’autres termes, on nous donne trente jours pour scruter nos voies et faire pénitence... La femme à la belle figure doit accomplir toutes les démarches prescrites par la Torah, ces démarches visant à protéger le guerrier en question et à l’inciter à se conformer à la Torah qui la lui a permise. Il doit toutefois savoir qu’il finira par regretter son geste (Rachi, Deutéronome 21:14; Sifri id.).

Revenons à l’enseignement du Zohar que nous avons vu plus haut dans notre leçon et selon lequel Dieu regarda la Torah pour pouvoir créer le monde: La question est pourquoi?

Si le Saint, béni soit-Il, a agi de la sorte, c’est essentiellement pour le bien de l’homme: en la fixant, Il en a imprégné tous les détails de la créature. On peut ainsi s’y attacher de tout temps et en tout lieu, s’élever dans le service divin et contempler la splendeur de l’Eternel. Autrement, l’homme se trouverait dans des situations où ses forces ne lui permettraient pas de vaincre le mauvais penchant qui l’incite à s’abstenir d’étudier la Torah.

Ce n’est que par ce regard divin sur la Torah et par le feu de la Torah qui se propage partout, qu’on peut livrer combat au mauvais penchant. Nous n’avons qu’à nous réveiller et en go-ter la saveur. Sachons toutefois que Dieu a fait correspondre l’un à l’autre (Ecclésiaste 7:14): plus un lieu est saint, plus les forces du mal y ont prise (Zohar II, 297a; voir aussi id. 207a; 223b). Les forces du mal sévissent aussi durant les jours saints, proportionnellement à leur sainteté... sept jours avant Yom Kipour où il devait entrer dans le Saint des Saints, on faisait sortir le grand pontife de chez lui et on l’introduisait dans un endroit réservé à cet effet dans le Mont du Temple, de crainte qu’il soit impur (Yoma 6a). Une grande question se pose ici: comment peut-on entretenir des doutes sur l’homme le plus saint qui sert l’Eternel le jour le plus saint, Yom Kipour, dans le Temple, qui est l’endroit le plus saint? C’est qu’on ne peut répondre de sa vertu avant le jour de sa mort, ces précautions s’appliquant à tous les grands Cohanim sans exception, fussent-ils aussi importants que Chimon haTsadik (voir à cet effet ce qu’a écrit à ce sujet l’auteur de Péné Ména’hem dans ses enseignements sur les Dix Jours de Repentir). C’est dans ces circonstances que le mauvais penchant redouble d’efforts pour faire trébucher l’homme.

En ce premier jour saint du mois d’Eloul, sachons que le mauvais penchant s’efforce de semer la discorde entre l’homme et son prochain, péché que le jour de Kipour n’expie pas (Yoma 85b; Pessikta Rabah 30:9). Faisons donc de notre mieux pour nous abaisser devant notre Créateur, car c’est ainsi que nous pourrons nous abaisser aussi devant autrui. Notre aspiration ardente à nous rapprocher du Saint, béni soit-Il, contribuera à nous rapprocher de notre prochain, à viser essentiellement la gloire de Dieu et à pouvoir séjourner dans la maison de Dieu.

Comment le Roi David a-t-il réagi aux invectives de ses ennemis. Il dit à Abichaï et à tous ses serviteurs: Si mon propre fils, sorti de mes entrailles, en veut à ma vie, qu’attendre de ce Benjamite (Chim’i ben Guéra)? Laissez-le prodiguer l’injure, si Dieu le lui a dit (Samuel II, 16:11) Comme il ne visait qu’à glorifier le nom de Dieu, il ne s’est pas du tout mis en colère contre lui car il savait que tout vient de Dieu.

Ce n’est que lorsque je suis à mon bien-aimé... (Cantique des Cantiques 6:3), c’est-à-dire quand l’harmonie la plus complète règne entre mon ami et moi, que mon bien-aimé est à moi (id.), c’est-à-dire que le Saint, béni soit-Il, se rapprochera de moi et exaucera mes voeux. Car le lien entre l’homme et Dieu commence par celui entre l’homme et son prochain. Tout ce que nous venons de dire là s’applique particulièrement à la veille de Kipour. N’attendons pas le jour même du je-ne pour nous réconcilier avec tous nos amis et proches.

 

 

La victoire sur le mauvais penchant par la force de la sainteté
TABLE DE MATIERE
La lutte contre le mauvais penchant maintenant et pour toutes les générations

 

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