Celui qui n’ajoute pas [des mitsvoth] finira par disparaître

Nous avons vu dans la leçon précédente pourquoi le verset utilise deux fois la racine Yipol et Hanofel. Du fait qu’il n’y a pas de Beth haMidrach sans innovation, donnons-en une interprétation légèrement différente: celui qui n’a pas établi un parapet autour de son toit, c’est-à-dire qu’il s’est simplement contenté de s’éloigner de choses interdites, sans mettre des barrières et s’interdire quelque peu même ce qui est permis (pour ne pas transgresser ce qui est interdit), a déjà connu une première chute; et si, à Dieu ne plaise, il continue sur cette voie, il ne pourra plus jamais se relever, que Dieu nous en préserve.

Quand nous voyons quelqu’un qui est descendu de son niveau spirituel, nous sommes certains que cette chute est due à un péché ou un autre qu’il a commis. Cette chute n’est toutefois pas la première, car un péché en engendre un autre (Avoth 4:2). S’il a chuté une deuxième fois, c’est qu’il n’a pas veillé à se corriger de sa première chute... Le verset dit: C’est sur la déposition de deux ou trois témoins que youmath hameth sera mis à mort celui qui encourt la peine capitale (Deutéronome 17:6). Que signifie exactement youmath hameth (lit. le mort sera mis à mort), alors que le pécheur n’est pas encore mort: ce sont les témoins qui se chargeront de l’exécuter... C’est que quand on pèche, on souille la racine de son âme et un corps sans âme revêt l’aspect de mort. Cette exécution par les témoins est donc la deuxième que le pécheur, qui est déjà mort spirituellement, subit.

Le Or Ha’Haïm explique: il s’agit du mort déjà condamné par le Ciel; quant au Ba’al Hatourim, il cite à cet effet l’enseignement de la Guémara selon lequel les méchants sont appelés morts de leur vivant (Bérakhoth 18b): le pécheur a déjà connu une première mort, comme nous l’avons vu plus haut. Par conséquent, s’il ne veut pas mourir une seconde fois, il n’avait qu’à veiller à ne pas mourir la première fois. Il y accédera en établissant un parapet des frontières et des barrières à la sainteté, en veillant à s’élever sans cesse pour ne pas connaître de chute. S’il ne veille pas à améliorer sans cesse ses traits et s’élever dans le service de Dieu, il s’enlisera dans la routine, sa piété à l’égard de l’Eternel se bornera à des préceptes d’hommes, à une leçon apprise (cf. Isaïe 29:13) qu’il finira par rejeter. En revanche, s’il accomplit les mitsvoth avec une joie toujours renouvelée, avec un dévouement toujours croissant, c’est en soi-même s’engager davantage dans l’étude de la Torah et l’accomplissement de commandements divins. Dans notre contexte, ayant institué un parapet autour de son toit, en faisant des barrières et en ajoutant dans les mitsvoth, en les accomplissant dans la joie, il ne risque plus de tomber... Si par contre il ne veille pas à consolider ses mitsvoth, s’il ne s’en imprègne pas, elles se détacheront automatiquement de lui. La Torah considère qu’il a fait une première chute, et s’il en fait une seconde, sa fin sera amère, à Dieu ne plaise.

Nous voyons de là les conséquences désastreuses de la routine. On peut mener une longue vie, si on ne veille pas constamment à améliorer son service divin, on restera un ignorant. Celui qui se considère un érudit de la Torah n’a pas pris conscience du fait que le mauvais penchant a enraciné en lui le pouvoir de la routine, qui le dissuade d’aller constamment de l’avant. Plus il vieillit, plus il se leurre et devient fou. Le Yéhoudi hakadoch (Juif saint) de Pchis’ha écrit dans son livre Niflaot Hayéhoudi, que quand il dispensait une leçon de Torah, il n’y revenait pas et visait constamment à se renouveler... La routine conduit donc finalement directement à la chute en série.

 

 

La mitsvah de construire une barrière. Les fondements de la Chékhinah et l’étude assidue de la Torah
TABLE DE MATIERE
La vertu de l’accomplissement des mitsvoth dans la joie

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan