L’unique moyen de renforcer sa foi
« Si tu rencontres en chemin un nid d’oiseau (…) avec des oisillons ou des œufs, sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée : tu es tenu de laisser envoler la mère, sauf à t’emparer des petits ; de la sorte, tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours. » (Dévarim 22, 6-7)
Outre la mitsva de renvoyer la mère avant de s’emparer de sa couvée, l’Éternel nous livre ici une édifiante leçon de morale, valable tout au long de l’année et, tout particulièrement, lors du mois d’Éloul. À cette période, il nous est demandé de renforcer notre foi en D.ieu et de redoubler d’assiduité dans l’étude de la Torah. La foi basique selon laquelle tout provient de Lui n’est pas suffisante et doit sans cesse être travaillée et, plus que jamais, en ces jours où le mauvais penchant tente par tous les moyens de la refroidir en nous.
L’unique manière de renforcer sa foi en D.ieu est de s’atteler à la tâche de l’étude. La Torah et la foi conjuguées permettront à l’homme de servir l’Éternel avec abnégation et de manière optimale.
Avraham représentait le pilier de la foi, Yaakov, celui de la Torah, tandis qu’Its’hak symbolisait la vaillance. Sa génération comprenait de nombreux railleurs, qui se moquaient de lui et de sa famille parce qu’ils croyaient en un D.ieu unique, contrairement à leurs contemporains, et il s’opposa à eux avec sacrifice.
Nos patriarches furent surnommés les « Hébreux », car, du fait de leur foi en D.ieu, ils se tenaient d’un côté (évèr), alors que l’humanité entière se trouvait de l’autre. Avraham rapprochait les hommes et les convertissait en s’appuyant sur sa vertu de la bienfaisance, notamment en pratiquant l’hospitalité ; Yaakov éveilla en eux l’étincelle de la foi, grâce à son adhésion totale à la Torah.
Le Satan est appelé tsipor, oiseau (cf. Sanhédrin 107a). À travers la mitsva de chiloua’h haken, la Torah nous appelle à renvoyer l’oiseau logeant en nous, le mauvais penchant, qui tente d’introduire dans notre cœur un refroidissement pour le service divin. Il nous est interdit de nous laisser séduire, car il ne cherche que notre perte dans ce monde comme dans le suivant. Après l’avoir renvoyé, nous pourrons prendre sa couvée, soit la Torah, les mitsvot et les bonnes actions ; nous gagnerons alors la longévité sur terre et hériterons du monde à venir.
Gazouillant tel un oiseau, le Satan se tient aux côtés de l’homme pour le détourner de l’étude. Il le confronte à des épreuves pour refroidir sa foi et lui souffle avec effronterie : « Pourquoi continues-tu à étudier la Torah, alors que tu as tant de difficultés ? Ne vois-tu pas qu’elle ne t’a pas apporté sa protection dans ta détresse ? Observe donc la réussite de tous ces hommes qui ne prient pas et n’étudient pas, le succès de ceux qui travaillent le Chabbat ! Quant à toi, si scrupuleux dans l’observance des mitsvot, tu vis tellement à l’étroit... »
Dans le monde de Vérité, l’homme ne peut emporter ses biens ni ses honneurs, obtenus sur terre à la sueur de son front. Seules la Torah et les mitsvot, acquis éternels, pourront l’y accompagner. Aussi, si, en pleine étude, le mauvais penchant, symbolisé par l’oiseau, nous prend d’assaut et tente de nous distraire, ne prêtons pas attention à son discours. Chassons-le vite pour prendre ses enfants, c’est-à-dire les érudits. Attachons-nous à la poussière de leurs pieds, afin de jouir de la longévité et d’être objets de la promesse de nos Sages : « Heureux celui qui arrive là-haut fort de son étude ! »
De même qu’un homme poursuit les mitsvot, il doit fuir les avérot. Car « le péché est tapi à la porte » (Béréchit 4, 7), aussi, s’il le laisse s’approcher de lui, même sans avoir l’intention de le commettre, il se met en danger. En effet, avec le temps, il s’habituera à cette proximité, ce qui atténuera sa crainte du Ciel, jusqu’au jour où il finira par fauter à son insu. L’impureté du péché ayant peu à peu adhéré à lui, le mauvais penchant parviendra finalement à le faire tomber dans ses filets. S’il ne s’empresse pas, à l’avenir, de fuir la avéra, il en viendra à manquer d’enthousiasme dans son service divin et à se relâcher dans l’étude et la pratique des mitsvot.
La mitsva de renvoyer la mère avant de prendre sa couvée exige une grande dose de foi, car, a priori, cet acte semble cruel. Si, malgré notre réticence naturelle, nous l’accomplissons sans hésiter et avec zèle, nous serons conduits à observer beaucoup d’autres mitsvot. Du fait que ce commandement risque de susciter nos doutes, nous devons justement veiller à l’exécuter sans poser la moindre question et en renforçant notre foi.
Celui qui observe cette mitsva à la lettre et dans cet esprit aura le mérite de voir la suite des versets s’appliquer à son sujet : « Quand tu bâtiras une nouvelle maison. » Il parviendra à se construire, à s’entourer des barrières de la Torah et à s’élever toujours davantage dans ses degrés et ceux de la crainte de D.ieu. Il servira l’Éternel d’un cœur entier, et non pas tantôt bien et tantôt mal, à l’image de l’interdit des mélanges d’espèces, dont il est aussi question dans la suite du texte. Il aura ainsi droit à la récompense réservée aux justes dans le monde futur.