La guerre contre le mauvais penchant

« Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, que l’Eternel, ton D.ieu, les livrera en ton pouvoir et que tu leur feras des prisonniers ; si tu remarques, dans cette prise, une femme de belle figure, qu’elle te plaise et que tu veuilles la prendre pour épouse (…) » (Dévarim 21, 10-11)

Les Maîtres du moussar expliquent que ce verset concerne le mauvais penchant et la signification du combat mené contre celui considéré comme l’ennemi de l’homme. Lorsqu’il tombe dans ses rets, il lui retire par la ruse des attributs ou qualités qu’il possédait, comme la crainte du Ciel, celle de la faute ou l’aptitude à appliquer consciencieusement la loi. Mais, quand il s’arme de courage pour lutter contre lui, la Torah lui promet qu’il le capturera, comme le précise le verset. Il sous-entend que non seulement il parviendra à le vaincre, mais, en plus, lui seront restituées toutes les prises de son adversaire.

Beaucoup de commentateurs posent la question : pourquoi le verset fait-il mention de « l’Eternel, ton D.ieu », alors qu’il aurait été suffisant d’écrire « l’Eternel » ? Théoriquement, un homme ne devrait avoir aucune possibilité de vaincre son mauvais penchant, puisqu’il est fait de feu, tandis que lui n’est qu’un être humain, de chair et de sang. C’est pourquoi il est nécessaire de préciser « ton D.ieu ». Car uniquement lorsque l’homme se détache des dieux étrangers, c’est-à-dire de l’attirance pour les futilités de ce monde, et se soumet à la seule royauté divine, il reçoit une aide particulière pour vaincre son mauvais penchant.

De plus, quand un homme entre en guerre contre celui-ci, il atteste qu’il s’en remet totalement à D.ieu, sans quoi il n’aurait pas la force d’entreprendre cette lutte difficile. Dès lors qu’il se soumet à l’autorité divine, D.ieu lui accorde Son aide pour gagner ce combat inégal. Les Maîtres moralistes ajoutent qu’il pourra ainsi vaincre le mauvais penchant, récupérer toutes les qualités qu’il lui avait prises et, de surcroît, en gagner d’autres.

La « femme de belle figure » évoquée dans notre verset serait une allusion à la Torah. Tant qu’un homme est aux prises avec son mauvais penchant, la Torah se retrouve elle aussi en captivité. Mais, dès qu’il parvient à le vaincre et récupère toutes les qualités qu’il lui avait ravies, il reconnaît la situation défavorable dans laquelle se trouvait la Torah tant que son mauvais penchant l’influençait et s’en attriste. Lorsqu’il se repent, il s’empresse de s’y attacher de nouveau et, en outre, la voit comme une « femme de belle figure », dont la beauté et l’éclat éclairent au loin et le poussent à vouloir de nouveau s’unir à elle, avec un amour décuplé.

Nos Sages demandent pourquoi Adam fut puni immédiatement après avoir fauté, alors que D.ieu est généralement longanime et ne se hâte pas de punir Ses enfants, attendant au contraire qu’ils se repentent. Cet empressement est d’autant plus difficile à comprendre qu’il s’agissait de sa première et unique faute.

Ils répondent qu’en ces temps immémoriaux, le mauvais penchant n’existait pas encore. C’est l’homme qui, suite à sa faute, le créa et le fit venir dans ce monde. S’il avait fait attention à ses actes et dominé ses pulsions, cette victoire aurait protégé les générations suivantes. Le mauvais penchant n’aurait pas pu s’installer dans l’homme. En se laissant tenter à manger de l’arbre de la connaissance, il généra le mauvais penchant et tout ce qu’il implique. D.ieu punit Adam avec une grande rigueur, car il entraîna toutes les générations suivantes dans son sillage. La sévérité de la punition témoigne du caractère pernicieux de sa faute, dont les implications se répercutent sur les générations futures.

A présent, nous comprenons ce que signifie le fait que D.ieu tient rigueur aux justes, même pour un écart de l’épaisseur d’un cheveu (Baba Kama 50a). Leur grandeur en Torah leur donne la possibilité de reconnaître celle de D.ieu. Par conséquent, on leur reprochera plus amèrement d’avoir trébuché, car ils sont en mesure de dominer leur mauvais penchant. Aucune épreuve n’est envoyée à l’homme qu’il ne peut surmonter. Plus il se remplit de Torah, plus il augmente en lui la possibilité de dominer son mauvais penchant et de le priver de son influence, la Torah étant l’antidote créé par D.ieu pour contrecarrer l’action du mauvais penchant (cf. Kidouchin 30b).

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