La résurrection des morts et l’implantation en Erets Israël par le mérite de la Torah et des mitsvoth
Commentant le premier verset de notre sidrah: Quand tu seras arrivé au pays... nos Sages enseignent: Accomplis cette mitsvah grâce à laquelle tu pourras entrer au pays (Kidouchine 37b). Or, la mitsvah des prémices ne s’applique qu’en Erets Israël (id.). Si c’est grâce à elle qu’on peut y entrer, c’est qu’on peut l’accomplir en Diaspora.
De plus, nos Sages enseignent que les ‘amé haarets qui n’étudient pas la Torah ne ressusciteront pas, à l’exception de ceux qui sont imprégnés de Tal rosée, de la Torah, comme il est écrit: Réveillez-vous et entonnez des cantiques, vous qui dormez dans la poussière! Oui, pareille à la rosée du matin Tal Oroth est ta rosée (Isaïe 26:19). Or nous savons que Or (la lumière) c’est la Torah, comme il est écrit: car la mitsvah est une lampe et la Torah une lumière (Proverbes 6:23). Qu’en est-il alors de ceux qui n’étudient pas? Nos Sages ont trouvé une solution. Citant le verset: Et vous qui êtes attachés à l’Eternel, votre Dieu, vous êtes tous vivants aujourd’hui (Deutéronome 4:4), ils demandent: Peut-on s’attacher à Dieu? et ils expliquent que tout celui qui fait jouir un érudit de la Torah et s’attache à lui, est digne de la résurrection, car cette sorte de Tal Oroth:rosée de lumière vivifiante de la Torah peut se trouver aussi chez ceux qui n’étudient pas (cf. Kéthouvoth 111b). Mais les mitsvoth qu’ils accomplissent ne suffisent-elles pas à les faire revivre? Pourquoi ont-ils besoin de cette rosée vivifiante de la Torah?
C’est qu’au plan spirituel, rien ne dépassera jamais la Torah. Les mitsvoth contiennent certes une grande lumière et traduisent la volonté divine, mais il y a toujours un côté matériel qui se manifeste dans leur accomplissement et plus particulièrement chez les ‘amé haarets qui ne veillent pas assez à s’y concentrer et sont incapables de créer une lumière suffisamment forte. Nous aussi, il nous arrive d’ailleurs d’accomplir des mitsvoth pour notre satisfaction. En effet, une prière où on ne se concentre pas ressemble à un corps sans âme.
De telles mitsvoth ne seront donc d’aucune utilité pour eux lors de la résurrection des morts. En revanche, par le mérite de la Torah, qui est tout entière empreinte de spiritualité, on revient à la vie. Nos Sages enseignent d’ailleurs à cet effet que la mort vise essentiellement à purifier le côté matériel inhérent à l’homme et à l’imprégner entièrement d’esprit. Les mitsvoth seules ne le feront pas revivre, car comme nous l’avons vu, la mitsvah n’est qu’une lampe, alors que la Torah c’est littéralement la lumière.
D’ailleurs, on peut dire que la locution Tal Oroth du verset (Isaïe 26:19) vise la Torah et non les commandements divins. La Guémara rapporte à cet effet qu’un athée demanda à Rav Avoua: Où le Saint, béni soit-Il, qui est un Cohen, s’est-Il immergé (pour se purifier) après avoir enterré Moïse? Il lui répondit: dans le feu (Sanhédrine 39a). Les Tossafoth (Bémaï) demandent: Pourquoi n’a-t-il pas demandé comment Dieu a pu se rendre impur en étant Cohen? C’est parce que le Peuple d’Israël porte le titre d’enfants de l’Eternel (Deutéronome 14:1) et qu’il est permis à un Cohen d’enterrer son fils et se rendre impur: le Saint, béni soit-Il, pourra donc s’impurifier pour ressusciter les enfants d’Israël. Quant au Zohar (III, 112a), il enseigne que lorsque les enfants d’Israël s’engagent dans l’étude de la Torah, ils sont considérés comme les enfants du Saint, béni soit-Il, mais quand ils ne font qu’accomplir les mitsvoth, ils sont considérés comme des esclaves, la Torah se composant de secrets du Monde de l’Emanation... Par conséquent, seul celui qui revêt l’aspect de fils, c’est-à-dire qui étudie la Torah, peut-être ressuscité par Dieu, qui s’impurifie alors, comme nous l’avons vu plus haut. Car le père est rendu impur par son fils, ceci n’est pas toutefois le cas des ‘amé haarets qui ne possèdent que des mitsvoth et portent le titre d’esclaves.
Ceci résoud la question que nous avons posé au début de notre leçon. Comme on le sait, la récompense d’une mitsvah est une autre mitsvah (Avoth 4:2; Tana Débé Elyahou Rabah 15). Ainsi, Moïse dit aux enfants d’Israël: Pour pouvoir entrer en Israël, apprenez les règles concernant les prémices, ce qui est considéré comme si vous aviez accompli en fait ce précepte divin (cf. Ména’hoth 110a): il vous donnera accès à la Terre Sainte et vous serez ressuscités vous aussi, les morts d’Erets Israël étant considérés comme vivants... La mitsvah des prémices illustre l’effacement total devant Dieu: en les offrant au Saint Temple, nous montrons que les premiers fruits de la terre sur lesquels nous avons tant oeuvrés ne nous appartiennent pas en fait. Nous nous confessons en déclarant: L’araméen voulait perdre mon père. De plus ceux qui les offraient dormaient dans la grand-place de Jérusalem (Bikourim 3:3): tout témoigne donc de l’humilité dans l’accomplissement de cette mitsvah et la Torah est aussi acquise par cette vertu (cf. Avoth 6:6).
La guématria de KI TaL OROTh TaLéKha est la même (741) que LOMDIM ToRaH (ceux qui étudient la Torah) et que HaLO BaNIM ATeM LYHVH ELoHéKheM (vous êtes les enfants de l’Eternel votre Dieu) et ChéZO MITsVaH BiKOuRiM (c’est la mitsvah des prémices). Quant au terme OROTh (lumières), il a la même valeur numérique que TaRIaG (613 mitsvoth). Par conséquent pour être digne d’entrer en Terre Sainte, il faut s’engager dans l’étude de la Torah, offrir les prémices, accomplir les six cent treize mitsvoth de la Torah et s’en imprégner.
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