Se rapprocher du Roi quand Il est dans les champs

« Tu iras chez le prêtre qui sera alors en fonction et tu lui diras : “Je déclare en ce jour au Seigneur ton D.ieu que je suis arrivé dans le pays que le Seigneur a promis à nos pères de nous donner.” » (Dévarim 26, 3)

Le sujet des prémices de la récolte est l’un des plus beaux de la Torah. Il nous enseigne notre devoir de reconnaissance envers le Saint béni soit-Il, qui nous a donné la terre d’Israël et la possibilité d’en retirer une subsistance. Une fois que les premiers fruits avaient poussé, il fallait en apporter un panier plein au Temple et le remettre au Cohen, qui le déposait près de l’autel. On remerciait ensuite l’Éternel pour Sa grande bonté, afin de souligner que, loin d’être ingrat, on éprouvait une grande gratitude envers Lui, comme l’explique Rachi au nom de nos Maîtres. Puis on quittait le Temple joyeux, conscient de l’immense bonté divine à notre égard.

Ce passage est toujours lu lors du mois d’Éloul et, parfois, à peine quelques jours avant Roch Hachana. Pour quelle raison ?

La section de Ki-Tavo évoque le sujet du gagne-pain, dont la sentence est prononcée à Roch Hachana. D’après nos Sages (Bétsa 16a), « la subsistance de l’homme est déterminée d’un Roch Hachana à l’autre ». Or, les prémices de sa récolte représentent une partie de ce gagne-pain.

En outre, ce passage mentionne toute l’abondance matérielle déversée sur l’homme qui emprunte la voie de la Torah et des mitsvot et a le mérite, chaque année, d’apporter les prémices de sa récolte pour remercier l’Éternel de toutes Ses bontés, dans le domaine matériel comme spirituel. Par ailleurs, nos Maîtres affirment (Tan’houma, Ki-Tavo 2) qu’à celui qui apporte ses prémices et suit tout le protocole devant accompagner leur présentation au Temple, une voix céleste souhaite de pouvoir également le faire l’année suivante. D’où le lien entre le sujet des prémices ou le gagne-pain de l’homme fidèle à la Torah et Roch Hachana.

Un autre lien mérite d’être mentionné. Le chichi [sixième montée à la Torah] de notre section énumère, sur un ton très sévère, les diverses malédictions et réprimandes adressées à quiconque n’emprunte pas la voie de la Torah – longueur de l’exil, subsistance insuffisante, maladies éprouvantes, guerres et prises en captivité par les nations.

La lecture de ces sujets avant Roch Hachana n’est pas fortuite. À l’approche du jugement céleste, on rappelle à l’homme son devoir de se repentir sincèrement de ses péchés et de se rapprocher du Créateur de toutes les fibres de son être, afin de parvenir au niveau de « Je suis pour mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est pour moi » (Chir Hachirim 6, 3). En hébreu, les initiales de ce verset forment le terme éloul, tandis que ses dernières lettres, quatre Youd, équivalent numériquement à quarante, nombre de jours séparant Roch ‘Hodech Eloul de Kippour.

La Torah nous invite donc à exploiter cette période de miséricorde pour nous repentir, prier avec ferveur, nous renforcer dans l’étude de la Torah et veiller au maximum à l’observance des mitsvot, de sorte à jouir d’une vie heureuse, de l’abondance matérielle et de pouvoir, chaque année, apporter au Temple les prémices de sa récolte. Toutefois, si, à D.ieu ne plaise, nous manquons à ces devoirs, notre jugement de Roch Hachana comprendra le type de malheurs longuement évoqués à la fin de notre section – que D.ieu nous en préserve.

Il en ressort le considérable impact du mois d’Eloul, lors duquel nous avons la possibilité de nous élever, de nous rapprocher de notre Père céleste et d’être inscrits et scellés pour une année heureuse et prospère. Combien avons-nous intérêt à utiliser à bon escient cette période propice au raffermissement spirituel ! De plus, souligne le Baal Hatania, l’Éternel se trouve alors très proche de nous, tel un roi dans ses jardins, proche de ses sujets. Si l’on peut dire, D.ieu quitte Son palais céleste pour rejoindre ce bas monde, afin de nous permettre de ressentir Sa proximité et de nous encourager à nous repentir et à Lui formuler toutes nos requêtes.

Combien serait-il dommage de ne pas profiter de l’extraordinaire potentiel de ces jours !

Si, durant cette période, tous les hommes se renforcent et se repentent, lors du jugement, ils seront inscrits pour une vie bonne et pacifique, la longévité et une richesse leur permettant d’apporter au Temple les prémices de leur récolte et de remercier l’Éternel dans la joie.

De nos jours, en l’absence de Temple, nous n’avons plus l’opportunité d’accomplir cette mitsva. Néanmoins, à travers notre travail de rapprochement du mois d’Eloul, conjugué à la lecture de l’épisode des prémices, nous prendrons conscience de notre devoir d’apporter ceux de notre propre terre, c’est-à-dire de notre être. Il s’agit d’offrir à D.ieu Torah et mitsvot, de Le remercier et de nous confesser à Lui. Nous Lui demanderons de nous pardonner, parce que nous avons été poussés à fauter à cause du mauvais penchant. La confession et le repentir nous donneront droit à toutes les bénédictions pour l’année à venir, lesquelles introduiront en nous un sentiment de reconnaissance et notre volonté de Le remercier pour toutes Ses bontés vis-à-vis de nous. Constatant que, loin d’être ingrats, nous Le louons pour Ses bienfaits, Il nous en accordera encore davantage, si bien que nous jouirons de l’abondance et verrons toutes nos entreprises couronnées de succès.

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