L’âme et les fruits, la terre et les mitsvot

« Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre que tu auras récoltés du sol. » (Dévarim 26, 2)

Le mot réchit (litt. : début, traduit ici par prémices) se réfère invariablement à la Torah (Béréchit Rabba 1, 1). Quant au terme pri (fruit), il renvoie à la récompense, comme il est dit dans la Michna (Péa 1, 1) : « Voici les choses dont l’homme mange l’usufruit dans ce monde (…). » Nous pouvons donc lire en filigrane que le respect de la Torah nous donne droit à une récompense dans le monde à venir.

Par ailleurs, il est dit « tu prendras », verbe que l’on retrouve au sujet du mariage dans le verset « Si un homme a pris femme » (Dévarim 24, 1). Or, la Torah est appelée « femme ». Autrement dit, quand un homme se sacrifie pour la Torah, il mérite de récolter des fruits.

Uniquement dans ce monde, nous pouvons accomplir des mitsvot. Mais, l’âme ne peut les réaliser que par le biais du corps. En outre, une grande partie d’entre elles portent sur des objets matériels, comme la chémita, le yovel (jubilé), la procréation, la circoncision, tandis que seule une minorité consiste en un travail spirituel, comme la prière. À sa mort, l’homme est exempt des mitsvot. Le Saint béni soit-Il récompense alors son âme, pour rétribuer le corps qui a exécuté des mitsvot dans ce monde.

C’est pourquoi le texte nous enjoint : « Tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre que tu auras récoltés du sol. » Car, ces fruits, la Torah et les mitsvot, proviennent de la terre, c’est-à-dire du monde matériel. Lorsque l’homme le quitte, il n’emporte rien avec lui, ni argent ni or, mais seulement Torah et mitsvot observées de son vivant.

L’âme est un gage confié par l’Éternel entre les mains de l’homme. Il lui incombe de la préserver des assauts du mauvais penchant, afin d’éviter qu’elle se salisse par des péchés. D’où la précision de l’incipit de notre section : « Dans le pays que le Seigneur ton D.ieu te donne en héritage. » Nos Maîtres affirment (Sifri, Dévarim 38) : « Si vous vous conformez à la volonté de l’Éternel, le pays de Canaan est à vous et, sinon, vous en serez exilés. » De même que la Terre Sainte nous a été donnée en gage à la condition que nous observions les mitsvot, l’âme est un gage dont nous devons préserver la pureté, de peur qu’elle ne se perde.

De quelle manière ? En s’attelant assidûment à la tâche de l’étude de la Torah à la Yéchiva ou au beit hamidrach. Car, seulement en ces lieux d’étude, il est possible de s’y vouer pleinement. Ainsi se conduisaient nos ancêtres, comme le souligne la Guémara (Yoma 28b) : « Du temps de nos ancêtres, la Yéchiva les accompagnait en tout lieu. Lorsqu’ils furent exilés en Égypte, ils fondèrent une Yéchiva. Dans le désert, également. Notre patriarche Avraham, déjà âgé, était assis à la Yéchiva. Il en fut de même d’Its’hak et de Yaakov. »

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