Comment mériter la bénédiction divine
« Et les suivantes se placeront, pour la malédiction, sur le mont Éval : Réouven, Gad et Acher ; Zévouloun, Dan et Naphtali. » (Dévarim 27, 13)
Le Or Ha’haïm explique que, lorsque les enfants d’Israël entendirent les malédictions prononcées sur le mont Éval, ils furent saisis d’effroi, redoutant ce qui allait leur arriver. C’est pourquoi ils se rendirent auprès de Moché afin de le questionner sur leur devenir. Il les tranquillisa en leur expliquant que s’ils étaient encore en vie alors qu’ils avaient maintes fois outrepassé les ordres divins, c’était la garantie qu’ils ne disparaîtraient pas de ce monde, car « le Protecteur d’Israël n’est ni trompeur ni versatile » (Chmouel I 15, 29). Toutefois, cela soulève une interrogation : pourquoi les enfants d’Israël ne posèrent-ils cette question qu’après l’épisode des malédictions et des bénédictions des monts Éval et Grizim, et non suite aux malédictions prononcées dans la section de Be’houkotaï ?
Le Or Ha’haïm répond en expliquant la différence de taille existant entre une malédiction frappant un individu et celle de toute une communauté. Dans le premier cas, la personne concernée ressent la puissance et le sens de la malédiction, tandis que, dans le second, chacun a l’impression que la malédiction ne l’atteindra pas personnellement, mais s’abattra sur tout le groupe. Ainsi, dans la section de Ki-Tavo, Moché récita la liste des malédictions susceptibles de toucher chacun, d’où la peur qui s’empara d’eux. En revanche, dans celle de Be’houkotaï, les malédictions étaient destinées au peuple dans son ensemble, qui n’en fut donc pas effrayé.
Cependant, une difficulté subsiste : pourquoi Moché jugea-t-il bon de rassurer les enfants d’Israël et de les débarrasser de leur crainte à l’égard des malédictions ? Il aurait dû, au contraire, la renforcer en soulignant qu’ils devaient effectivement redouter les conséquences de leurs écarts de conduite. De plus, nous voyons que les malédictions se sont effectivement toutes accomplies. Il était donc approprié et justifié que les enfants d’Israël les redoutent.
En fait, Moché ne voulait pas faire disparaître leur crainte, mais les consoler en leur montrant la voie du repentir. Quand un homme regrette ses mauvaises actions, l’Éternel, qui est miséricordieux, accepte ses regrets et calme Son courroux. Le nombre de malédictions prononcées sur le mont Éval, soit quatre-vingt-dix-huit, correspond à la valeur numérique du mot ‘hèts (flèche). Lorsque les enfants d’Israël se repentent, D.ieu envoie les malédictions, comme des flèches, vers les non-Juifs. Par ailleurs, le mot sala’h (Il a pardonné) équivaut également à ce nombre ; le Créateur, par le pouvoir du pardon propre à Son essence, annule les malédictions planant au-dessus des enfants d’Israël. Il est évident, cependant, que ces derniers doivent auparavant se livrer au repentir, qui les débarrassera des malédictions et les transformera en bénédictions.