Le mérite des patriarches et les jours redoutables
« Que tu retournes à l’Eternel, ton D.ieu, et que tu obéisses à Sa voix en tout ce que Je te recommande aujourd’hui, toi et tes enfants, de tout ton cœur et de toute ton âme. » (Dévarim 30, 2)
Lors des jours redoutables, l’homme en vient à admettre la vérité ; sa connaissance de l’Eternel s’éclaircit si bien qu’il ne peut que revenir vers Lui. En outre, à cette période et, en particulier, à Roch Hachana et Kippour, l’esprit divin plane sur les enfants d’Israël et les assiste dans ce processus de retour, comme s’il leur soufflait : « Réveillez-vous, vous qui dormez, de votre sommeil ! Sortez de votre torpeur, endormis ! » (Rambam, Hilkhot Téchouva 3, 4) Cet esprit divin nous éveille au repentir, nous encourageant à nous purifier de nos fautes et, de surcroît, nous y aide de manière concrète.
Un homme s’étant sali au contact de la boue doit se laver avec de l’eau et du savon. Plus son corps est encrassé, plus il devra se frotter pour redevenir propre. Quant à celui qui a utilisé son corps pour commettre des péchés, il a endommagé l’ensemble de son être, y compris son âme. Même s’il se repent, une trace de ses fautes subsistera en lui, aussi, comment pourra-t-il se tenir face au Créateur ? En fait, lorsque le Très-Haut constate sa volonté de se rapprocher à nouveau de Lui, Il ménage en sa faveur une ouverture en dessous de Son trône afin que ses prières soient acceptées. A travers cette ouverture, une grande lumière jaillit, ôtant toute embûche et permettant aux prières de parvenir au Saint béni soit-Il sans être détournées par les anges destructeurs.
Il s’agit là d’un immense bienfait de l’Eternel envers Ses créatures, puisque, en dépit de leurs nombreuses fautes, Il ne leur ferme pas les portes, mais, au contraire, leur facilite la démarche de retour. Au moment où les prières d’un homme s’élèvent et sont agréées devant le Maître du monde, il ressemble à un nouveau-né qui n’a pas encore fauté ou à une femme venant de se défaire de son impureté en se trempant dans un mikvé.
Lors des jours redoutables, le Saint béni soit-Il aide l’homme à se repentir en se rapprochant de lui. Il lui est donc plus aisé qu’à l’accoutumée de s’imprégner de sainteté et cet influx éveille en lui l’aspiration à gagner en proximité divine. Cette période de l’année se trouve également sous l’influence du mérite des patriarches, sur lequel peuvent s’appuyer les pénitents. En particulier, nous mentionnons l’épisode de la ligature d’Its’hak, qui nous enseigne, à travers les figures exemplaires d’Avraham et de son fils, ce qu’est le véritable amour de D.ieu. Nos pères étaient si proches du Saint béni soit-Il que rien de matériel ne les séparait de Lui, au point qu’ils étaient prêts à se sacrifier pour sanctifier Son Nom.
En marge du verset « Et ils allèrent tous deux ensemble » (Béréchit 22, 8), le Radak explique qu’Its’hak était animé de la même dévotion qu’Avraham, puisqu’il était tout à fait prêt à sacrifier sa vie afin de remplir la volonté divine. En outre, cette expression nous indique également le puissant amour qui unissait père et fils, amour qui les liait tous deux à l’Eternel et leur permit de s’élever au niveau idéal où le Saint béni soit-Il, la Torah et les patriarches ne forment qu’une entité.
Or, l’amour intense qui brûlait entre eux nous permet de déduire l’ampleur de leur dévouement au Créateur, puisqu’en dépit du lien très étroit unissant leurs âmes, ils furent prêts à se séparer si tel était le projet divin. L’amour de l’Eternel représentait, incontestablement, la priorité et guidait leur conduite.
Le texte souligne également le zèle particulier avec lequel Abraham se plia à l’ordre divin : « Abraham se leva de bonne heure, sangla son âne. » (Ibid. 22, 3) Il n’attendit pas que ses serviteurs le fassent pour lui, mais s’empressa de le faire lui-même. Pour les patriarches, l’amour du Créateur prévalait et les guidait en toutes circonstances, tandis que leur amour mutuel reposait sur la crainte du Ciel et la volonté de Le satisfaire.
Lors des jours redoutables, l’homme a non seulement l’obligation de réparer sa conduite à l’égard du Saint béni soit-Il, mais aussi celle vis-à-vis d’autrui, en utilisant à bon escient l’influx de sainteté de cette période. Or, il faut savoir que le mauvais penchant est particulièrement virulent dans ce dernier domaine, mettant en œuvre tous les moyens pour nous empêcher de nous corriger, conscient que, si D.ieu est prêt à ignorer les offenses qui Lui sont faites, Il ne pardonne pas celles dirigées contre Ses créatures, qui constituent le plus grand chef d’accusation. Il tente de faire croire à l’homme qu’il n’a pas offensé son prochain ou que celui-ci ne lui en veut pas, si bien qu’il ne ressent pas le besoin de se repentir et récidive.
Le Baal Hatania s’étend longuement, dans ses ouvrages, sur la proximité du Créateur avec Ses enfants, propre aux jours de miséricorde. Il nous propose la parabole d’un roi résidant dans un palais situé en ville ; quiconque désire l’observer se rendra sur la place surplombant ses jardins. Or, en certaines occasions, il sort de son palais pour se rendre dans les champs, afin que même ceux habitant à l’extérieur de la ville puissent le voir. De la même manière, le Saint béni soit-Il est proche de nous toute l’année durant et quiconque le désire a la possibilité de se rapprocher de Lui. Toutefois, durant les jours de miséricorde, Il se rapproche encore davantage de nous, de sorte à permettre même aux personnes éloignées de prendre la voie du retour.