Moïse a reçu la Torah du Sinaï et l’a transmise à Josué

Alors Moïse appela Josué et lui dit en présence de tout Israël: Sois fort et vaillant! Car c’est toi qui entreras avec le peuple dans le pays que l’Eternel a juré à leurs pères de leur donner, et c’est toi qui en feras le partage... (Deutéronome 31:7).

1) Pourquoi le verset stipule-t-il: Car c’est toi qui Tavo entreras. Il aurait d- dire: C’est toi qui Tavi amèneras ce peuple!

2) Il y a une contradiction apparente entre le début du verset (id. 3): L’Eternel Lui-même ‘over lefanékha passe devant toi et sa fin: Josué sera ton guide ‘over léfanékha comme l’Eternel l’a déclaré. Le verset aurait d- préciser: Josué passera devant toi, car l’Eternel, ton Dieu, est avec lui. En fin de compte, est-ce que c’est Josué ou Dieu qui passe devant?

Nos Sages enseignent que Moché correspond à Israël et réciproquement (Chir HaChirim Rabah 1:64; Zohar II, 470). Sa grandeur n’avait d’égale que sa modestie. Il alla adresser les paroles suivantes à tout Israël, à chacun d’entre eux. Or, lui-même dit aux enfants d’Israël: J’ai cent vingt ans aujourd’hui, je ne peux plus sortir et venir. Où et comment donc est-il aller chez chacun?

Le Midrach enseigne que même l’enseignement que le disciple le plus érudit révélera à son maître dans l’avenir a été dispensé à Moïse sur le Mont Sinaï (Vayikhra Rabah 22:1), comme il est écrit: Il est telle chose dont on dirait volontiers: Voyez, ceci est nouveau! Eh bien! Cette chose a déjà existé dans les temps qui nous ont précédés (Ecclésiaste 1:10). Nous apprenons là la grandeur de Moïse qui n’a pas hésité à se rendre individuellement chez chaque Juif pour lui apprendre la Torah, parce qu’il ressentait la présence de Dieu en chacun d’eux. J’ai cent vingt ans aujourd’hui, leur expliquait-il. Demain, je ne serai plus là. Comment alors puis-je me permettre de m’enorgueillir de mon rang auprès des enfants d’Israël? Il pensait constamment à sa fin: Vayelekh, il alla chez eux... Onkelos traduit Vayelekh par Azal, qui signifie arrive à sa fin. Comme il voyait en chacun d’eux le nom de l’Eternel, il s’est investi complètement et les a imprégnés de la crainte du Ciel leur a inculqué les meilleurs traits et enseigné assidûment la Torah.

Aussi, quand il voulut passer le pouvoir à Josué, son disciple, il lui transmit tout ce qu’il avait reçu sur le Mont Sinaï. Il voulait que, comme lui, le nouveau chef corresponde à tous les membres de l’assemblée d’Israël et même qu’il le dépasse au plan spirituel. Bien qu’il ne se trouvât sans doute pas loin de lui, étant son serviteur fidèle, il l’appela affectueusement pour que tous les enfants d’Israël entendent ce qu’il avait à lui dire. En leur présence, il lui dit: Comme tu corresponds à tout Israël, si tu entres dans le pays que l’Eternel a juré à leurs pères, c’est comme si tout le peuple y entrait.

La Guémara rapporte que quand Moïse est monté au Ciel, il vit le Saint, béni soit-Il, lier des  couronnes aux lettres de la Torah (taguim)... par le mérite de Rabbi Akiba qui était destiné à révéler des montagnes d’explications sur chacun des taguim des lettres de la Torah? Tu as un si grand homme devant toi et c’est à moi que Tu donnes la Torah? s’exclama-t-il. Tais-toi, lui répondit l’Eternel: c’est ce que J’ai conçu (Yébamoth 29b). Cet épisode illustre clairement la modestie de Moïse, et c’est grâce à sa modestie qu’il a été choisi pour donner la Torah à Israël, cette modestie qu’il a apprise du Sinaï même, comme nous l’avons vu. Moïse était plus grand que le Sinaï qui ignore l’existence du mauvais penchant, représenté par la montagne.

L’Eternel lui ayant demandé d’aller libérer les enfants d’Israël asservis en Egypte, Moïse répondit: Qui suis-je, pour aborder Pharaon et les libérer? (Exode 3:11). De grâce, Seigneur, donne cette mission à un autre! (id. 4:13). Quand en fin de compte Dieu a décidé que c’est lui qui doit donner la Torah aux enfants d’Israël, il Lui demanda d’en charger plutôt Rabbi Akiva qu’il considérait plus grand que lui... Sachons toutefois que si Moïse n’avait pas descendu la Torah du Ciel et n’avait pas séjourné sur la montagne quarante jours et quarante nuits sans boire ni manger et n’avait pas triomphé des anges, Rabbi Akiva n’aurait pas accédé à un tel niveau [on peut dire que les quarante ans qu’il avait quand il commença à étudier la Torah correspondent aux quarante jours de Moïse dans le Ciel]. En outre, comme nous l’avons vu, Dieu avait montré tout ce que Rabbi Akiva était destiné à innover à partir des taguim des lettres de la Torah. Toute la grandeur de Rabbi Akiva provenait de Moché, qui le considérait toutefois supérieur à lui.

Le Saint, béni soit-Il, a répondu à Moïse: C’est ainsi que Je l’ai conçu: non que Rabbi Akiva était supérieur à Moïse, dont le verset dit: Pourtant, tu l’as fait presque l’égal du divin (Psaumes 8:6); qui a reçu les quarante-neuf portes [de la sainteté] (Nidah 38b) et avec qui l’Eternel parlait péh el péh (lit. bouche à bouche): Dieu voulait montrer aux anges qui s’opposaient à la descente de la Torah sur terre, la grandeur de Moïse, qui n’avait d’égale que sa modestie. Il voulait leur faire comprendre qu’en dépit du fait qu’ils vivent dans le monde du mensonge, les enfants d’Israël s’élèvent du fait qu’ils sont les fils du Roi supérieur, et précisément par la Torah qu’ils ont reçue. La Torah ne peut donc appartenir qu’à Israël.

Quand Josué, son fidèle serviteur, lui dit qu’Eldad et Médad prophétisaient dans le camp et l’incita à les en empêcher (Nombres 11:27, 28), Moïse lui répondit: Est-ce que tu es mon vengeur? Prit au Ciel que tout le Peuple de Dieu se composât de prophètes! (id. 29). Moïse voulait ainsi que Dieu leur parlât individuellement du fait qu’ils avaient accédé au niveau de prophètes: il s’est donc effacé devant chacun d’eux.

Moïse voulait ainsi faire comprendre à Josué que toutes ses vertus lui appartiennent désormais et qu’il correspondait à toute l’assemblée d’Israël, et ce n’est que s’il entrait au pays que tout le Peuple pourrait y entrer. Si Josué a eu droit à tout cet honneur, c’est essentiellement parce que, fidèle serviteur de son maître Moïse, il veillait à l’entretien de la maison d’étude, arrangeait les bancs et les tapis... (Bamidbar Rabah 21:14). Il était donc le plus apte à le remplacer. C’est pourquoi il a eu le mérite de recevoir la Torah de Moché, de la transmettre aux anciens et de s’imprégner de l’immense amour que Moïse portait à chacun des enfants d’Israël.

Ceci nous aidera à comprendre la contradiction apparente dont nous avons parlé au début de la leçon. Au début il est écrit: L’Eternel qui ‘OVeR (passe) devant toi, et par la suite le verset continue: Josué qui passe devant toi: Si l’Eternel Lui-même marche devant les enfants d’Israël et promet d’anéantir ces peuples pour qu’ils les dépossèdent, c’est à condition qu’ils soient unis et ‘ARéVim garants l’un de l’autre... Grâce au mérite de Moïse, Josué pourra alors marcher devant eux pour livrer combat à leur ennemis. Comme il correspondait à toute l’assemblée d’Israël, son mérite les protégera. Tout cela Moïse lui dit devant tous les enfants d’Israël pour lui donner de l’importance. S’adressant en privé à son serviteur, Moïse lui dit: Sois ferme et courageux, car c’est toi qui introduiras les Israélites dans la terre que je leur ai promise, et moi Je t’assisterai... (Deutéronome 31:23): C’est par ton mérite et du fait que tu corresponds à toute l’assemblée que tu pourras les faire entrer en Israël et après ma mort tu hériteras de moi cette faculté de pouvoir les diriger.

La prière de Moïse fut exaucée. En effet, après sa mort, l’Eternel dit à Josué: Mon serviteur Moïse est mort. Maintenant dispose-toi à traverser le Jourdain avec tout ce peuple (Josué 1:2). Si le verset parle au singulier, c’est que Josué correspond à tout le Peuple d’Israël quand il est uni. Ce n’est que plus bas, que le verset parle au pluriel: Toute région que foulera la plante de vos pieds, je vous la donne (id. 3).

Avant de monter au Ciel dans un tourbillon, Elie dit à Elisha: Exprime un désir! Que puis-je faire pour toi avant que je ne te sois enlevé? Elisha répondit: Puissé-je avoir une double part de l’esprit qui t’inspire (Rois II, 2:8, 9). Pourquoi une double part? Car, comme on le sait, après la mort du maître, le disciple éprouve de nombreuses difficultés à diriger la nation. La mort du Tsadik l’emplit de crainte, les Tsadikim portant le nom de vivants même après leur mort, comme nous l’avons vu, ils sont même plus grands après leur mort que de leur vivant. Le disciple a donc besoin de paroles de réconfort et d’affermissement pour pouvoir mener sa tâche à bien. C’est pourquoi, dans notre contexte, Moïse dit à son serviteur: Sois ferme et courageux.

Lors de la guerre de ‘Aïe, Josué a voulu mettre à l’épreuve l’union des Israélites en leur interdisant de prendre quoi que ce soit du butin. A cause d’Akhan qui s’en empara et se détacha ainsi de l’union du peuple ils connurent des défaites et furent punis. Le dirigeant puise ses forces de l’union complète du peuple. Ce n’est qu’alors qu’il peut lui faire emprunter la voie de la droiture et le faire entrer en Erets Israël.

 

 

Le testament du Tsadik contribue à l’affermissement et l’élévation
TABLE DE MATIERE
Les Tsadikim sont nos meilleurs avocats de leur vivant comme après leur mort

 

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