Le Saint béni soit-Il offre à l’homme une possibilité de rectification
« Moché alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël » (Dévarim 31, 1).
La section de Vayélekh est lue le Chabbat Chouva, car l’homme doit alors s’éveiller vers Hachem et se repentir intégralement de toutes ses fautes. Parmi celles-ci, figure le fait de se rendre dans des lieux interdits ou de commettre des actes interdits par la sainte Torah. De même, le Chabbat Chouva, l’homme doit savoir qu’il ne peut se retourner vers D.ieu en invoquant pourquoi telle ou telle chose lui est advenue au cours de l’année écoulée. Il fera au contraire immédiatement téchouva sachant que s’il a subi des épreuves, c’est qu’il les méritait. C’est en réalité le vrai repentir : s’inspirer des actes des patriarches qui n’ont jamais posé de questions au Créateur. Conscients que tout provient de D.ieu, ils ont tout accepté avec amour. Ils comprirent que s’ils avaient dû faire face à l’adversité, c’était pour leur bien, même s’ils ne le décelaient pas. Bien qu’ils eussent pu remettre en question les voies divines, ils se sont sanctifiés et surpassés en acceptant le jugement avec amour, sans poser de questions.
Le Chabbat Chouva s’appelle ainsi au nom de la haftara lue ce Chabbath-là (Hochéa 14, 2) : « Reviens, Israël, jusqu’à l’Eternel, ton Dieu ; car tu n’es tombé que par ton péché. » Ce langage mérite d’être analysé : l’homme doit se repentir intégralement, et non à moitié, jusqu’à arriver au niveau de « connaissance » de Hachem. Si on inverse le terme « ad-jusqu’à », on obtient le terme « da-connais », à savoir que le repentir de l’homme doit être intégral jusqu’à une conscience limpide et une reconnaissance que les actes du Saint béni soit-Il sont uniquement pour son bien.
Il faut savoir également que, le Chabbat Chouva, s’éveillent des lumières des sept jours qui ont brillé dans le monde le premier Chabbat de l’humanité, le premier Chabbat après Roch Hachana. Nous savons que le Saint béni soit-Il créa le premier homme un vendredi, le jour où tomba alors Roch Hachana (Yalkout Chimoni, Bamidbar, 5782). Ce jour-là, D.ieu introduisit l’homme au jardin d’Eden et le mit en garde de ne pas manger de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal. Mais Adam se laissa tenter par le conseil de son épouse de goûter à cet arbre. En conséquence, le Saint béni soit-Il les chassa du jardin d’Eden. Le premier Chabbat de la Création, l’homme reconnut sa faute et se repentit en ces termes : « Cantique pour le jour du Chabbat. Il est beau de rendre grâce à l’Eternel. » Lorsque D.ieu vit que l’homme avait regretté sa faute et reconnu la dimension du Chabbat en tant qu’avant-goût du monde futur, Il lui pardonna.
Adam a eu droit au pardon de D.ieu, bien qu’il ait fauté devant Lui, car il a regretté ses actes et s’est repenti intégralement. Il nous enseigne ainsi le sens du repentir : pour avoir droit au pardon divin, il faut reconnaître ses fautes et mauvaises actions. Lorsque l’homme fait la paix avec le Créateur et se rapproche de Lui, il mérite que toutes ses fautes soient pardonnées. De même, sachons que pour avoir droit à un accompagnement constant de Hachem et une protection contre les nuisances, il faut être en paix avec Lui le Chabbat Chouva. Si l’homme est en paix avec son Créateur lors de ce Chabbat, cette paix influera sur lui pendant toute l’année. Ce Chabbat a une force particulière et élevée : outre la finalité du Chabbat qui est la paix – comme nous avons l’habitude de dire « Chabbat Chalom » –, c’est un Chabbat de repentir au cours duquel l’homme revient vers son Créateur et renforce ainsi la paix et l’union dans le monde.
Si l’homme porte atteinte à la Torah et transgresse les mitsvot, il ébranle les fondations du monde ; aussi l’Eternel lui a-t-Il offert une possibilité de rectification en créant le repentir. Le premier Chabbat suivant la faute de l’homme a été le Chabbat Chouva, au nom de la téchouva opérée par Adam, téchouva qui communiqua un message à toutes les générations suivantes : il n’est jamais trop tard pour se repentir. Si l’homme n’avait pas été créé le vendredi, il se peut qu’il aurait fauté dès le début de la semaine ; s’il avait attendu de se repentir jusqu’au Chabbat spécial de la Téchouva, qui sait si D.ieu aurait retenu Sa colère et continué à maintenir le monde. Ainsi, le fait qu’il fut créé peu avant Chabbat lui permit de rectifier immédiatement son acte et d’apporter ainsi une rectification au monde qui put continuer à subsister.
Le niveau des repentants est élevé au point que nos Sages ont déclaré à leur propos : « Là où les baalé téchouva se trouvent, les Tsaddikim parfaits ne peuvent se tenir. » Les baalé téchouva ont le privilège d’accéder à un niveau particulier par le rejet de leur orgueil et la reconnaissance de leurs fautes. En outre, non seulement reconnaissent-ils leurs fautes, mais ils déploient les efforts nécessaires pour se repentir et les rectifier. Parfois, lorsque nous causons du tort à notre prochain ou prenons possession de quelque chose qui ne nous appartient pas, nous avons beaucoup de mal à avouer notre acte. La honte et l’humiliation se mêlent au sentiment d’être arrivé aussi bas. Mais lorsque l’homme dépasse sa honte et reconnaît ses fautes, il se hisse à un niveau élevé de proximité auquel même les hommes les plus vertueux ne peuvent accéder.