Renforcer la paix avec le Créateur

« Moché alla ensuite adresser les paroles suivantes à tout Israël (…) » (Dévarim 31:1)

La section de Vayélèkh est lue lors du Chabbat Chouva, jour visant à susciter en l’homme un éveil vis-à-vis de Dieu, ainsi qu’un repentir total de toutes ses fautes – la fréquentation de lieux interdits ou l’accomplissement d’actes défendus par la Torah. Le Chabbat Chouva, l’homme doit se rappeler qu’il ne faut pas récriminer contre le Saint béni soit-Il pour différents évènements vécus au cours de l’année passée. Si de telles pensées surgissent, la réponse au pourquoi de ces épreuves doit spontanément lui venir à l’esprit : si des malheurs ou des souffrances se sont abattus sur lui, c’est qu’il les méritait.

Il convient, à ce titre, de s’inspirer de nos patriarches qui n’ont jamais posé de questions au Créateur, en dépit de toutes les occasions qui se présentèrent. Loin de remettre en cause la Providence divine, ils acceptèrent les décisions divines avec un amour sans faille, conscients que tout vient du Créateur, qui ne vise que notre bien, même si notre perception limitée ne nous permet pas toujours d’en être conscients (cf. Chémot Rabba 6:4). C’est cet état d’esprit qui permit aux patriarches de se sanctifier, de s’élever, de se dépasser.

Le Chabbat Chouva doit son nom à la haftara qu’on y lit, avec la célèbre invite : « Reviens (chouva), Israël, jusqu’à (ad) l’Eternel, ton D.ieu ; car tu n’es tombé que par ton péché. » (Hochéa 14:2) L’insistance de la locution « jusqu’à » souligne qu’il ne faut pas s’arrêter à mi-chemin, mais pousser sa démarche de remise en question jusqu’au bout, jusqu’à parvenir au niveau de l’impératif « connais (da) l’Eternel, ton Dieu », comme le suggère l’identité de lettres de ces deux mots. Ainsi, le repentir va aboutir à une conscience claire que tout ce que Dieu nous envoie ne vise que notre bien.

Il faut en outre savoir que, lors de ce Chabbat qui suit Roch Hachana, se ravivent de nouveau les lumières des sept jours de la Création, qui étaient présentes dans le monde lors du premier Chabbat de l’Histoire. Comme on le sait, le Saint béni soit-Il créa l’homme le vendredi, l’anniversaire de ce jour étant célébré à Roch Hachana (Yalkout Chimoni, Chémot 782). Il introduisit alors Adam dans le jardin d’Eden et l’avertit de ne pas consommer le fruit de l’arbre de la connaissance. Celui-ci se laissa toutefois tenter par sa femme, faute qui eut pour conséquence son expulsion du jardin d’Eden. S’ensuivit, pour le premier homme, un Chabbat de repentir, comme en témoigne sa récitation de la célèbre louange : « Psaume. Cantique pour le jour du Chabbat. Il est bien de rendre grâce à l’Eternel (…) » (Téhilim 92:1-2 ; cf. Pirké deRabbi Eliezer, 18). Face à ces regrets sincères et cette prise de conscience de la grandeur du Chabbat, avant-goût du monde futur, le Saint béni soit-Il lui pardonna son péché.

Ainsi, en dépit de sa faute vis-à-vis du Très-Haut, Adam jouit de Son pardon, pour avoir regretté son geste et s’être totalement repenti devant Lui. Le premier homme nous fit ainsi une démonstration du repentir à l’œuvre. Dans la pratique, il faut donc reconnaître son péché, le confesser, et « se réconcilier » avec le Créateur. Car c’est justement en se rapprochant de Lui qu’on a le mérite de voir toutes nos fautes pardonnées.

Notons, par ailleurs, que pour mériter la protection permanente du Créateur, Sa sauvegarde contre les créatures malfaisantes, il faut établir la concorde avec Lui lors du Chabbat Chouva, concorde qui influera sur nous tout au long de l’année. Ce jour a un pouvoir particulier et est extrêmement élevé, en cela que l’essence et la finalité du Chabbat sont précisément le chalom (la paix), que nous souhaitons à nos amis et connaissances en les gratifiant alors d’un cordial « Chabbat chalom ». Si chaque Chabbat contient cette dimension, celui-ci a, plus que tous, le potentiel d’apporter la paix sur le monde entier, lorsque l’homme le met à profit pour se repentir sincèrement.

Pourquoi le Saint béni soit-Il créa-t-Il l’homme seulement le vendredi et non auparavant ? Son but était qu’il s’aperçoive ainsi de Sa bonté, qui résidait dans le fait d’avoir conçu à son intention un univers aussi merveilleux. D’ailleurs, si Adam avait réalisé la perfection de ce monde, il est certain qu’il n’aurait pas fauté. Le sixième jour de la Création, lors duquel Adam fit son apparition, fait par ailleurs allusion au 6 Sivan, jour du don de la Torah (cf. Chabbat, 88a ; Rachi ad loc.). Ceci constitue un rappel à l’humanité tout entière, quant au fait que l’univers ne peut subsister que grâce à la Torah – comme l’évoque le verset « Si Mon pacte avec le jour et la nuit pouvait ne plus subsister, si Je cessais de fixer des lois au ciel et à la terre » (Yirmyahou 33:25) –, donnée au peuple d’Israël… le sixième jour du mois de Sivan. Autrement dit, comme il est expliqué dans la Guémara (Nédarim, 32a), la Torah doit être étudiée et commentée jour et nuit, sans quoi le monde ne peut subsister.

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