Accomplir les mitsvot avec joie

« Yéchouroun, engraissé, regimbe. Tu étais trop gras, trop replet, trop bien nourri ; et il abandonne le D.ieu qui l’a créé. » (Dévarim 32, 15)

Je connais des gens qui, tant que leur situation pécuniaire était instable, ressentaient leur dépendance vis-à-vis du Saint béni soit-Il, mais, dès qu’Il leur a accordé la richesse, se sont malheureusement éloignés de Lui, au lieu de L’aimer encore davantage et d’être reconnaissants pour Son immense bonté. Car, depuis le départ, ils n’étaient pas attachés à la Torah, aussi, dès qu’ils furent confrontés à l’épreuve de la richesse, ils se laissèrent aveugler. Par contre, l’homme plongé dans l’étude de la Torah peut être assuré que l’argent, l’or et les autres attraits de ce monde ne le détourneront jamais de celle-ci et de l’Éternel.

L’une des dix épreuves auxquelles Avraham fut soumis fut celle de quitter sa famille et son lieu natal. Toutefois, elle fut accompagnée par la promesse divine selon laquelle il deviendrait ainsi célèbre et aurait une grande descendance. Dans de telles conditions, qui n’aurait pas obtempéré ? Établissons une comparaison entre cette épreuve et celle à laquelle fut confronté son neveu, Loth. Lui aussi partit avec le patriarche et s’arracha de ses racines, mais, contrairement à ce dernier, il ne reçut aucune promesse divine en retour. À cet égard, la difficulté semble a priori bien supérieure. Pourquoi donc la Torah ne fait-elle pas également l’éloge de Loth, qui sut faire face à une si grande épreuve ?

Je propose d’expliquer comme suit. Certes, Loth partit en même temps qu’Avraham, mais il le fit dans son intérêt personnel. En effet, lui-même pauvre, il constata que son oncle quittait le pays sur l’ordre de l’Éternel et accompagné de Ses considérables bénédictions. Certain qu’elles se réaliseraient, il désirait lui aussi en profiter. Par ailleurs, Avraham était riche et Loth voulait avoir une part dans sa fortune. C’est pourquoi il décida de partir avec lui. Ceci ne représentait donc nullement une épreuve de son point de vue ; au contraire, il se réjouissait à la pensée des intérêts personnels qu’il en tirerait.

Quant à Avraham, son épreuve était de taille. L’Éternel lui avait formulé de nombreuses promesses, mais désirait, par ce biais, le tester : se plierait-il à Son ordre en raison de celles-ci ou dans un esprit désintéressé, dans l’unique but de Le contenter ? Or, le patriarche surmonta cette épreuve, comme le souligne le verset « Avraham partit comme le lui avait dit l’Éternel » (Béréchit 12, 4).

Dès lors, nous comprenons le revirement des sentiments de Loth à l’égard d’Avraham. Au départ, il entretenait une relation amicale avec lui. Mais, par la suite, il se détacha de lui et devint un impie, comme le laisse entendre le verset « Loth se dirigea du côté oriental (mikédèm) » (Béréchit 13, 11), ainsi commenté par Rachi : « Il se sépara de Celui qui est antérieur (kadmon) au monde. Il dit : “Je ne veux ni d’Avraham, ni de son D.ieu.ˮ » Comment expliquer cette soudaine animosité de Loth vis-à-vis de son oncle ? Comment alla-t-il à l’autre extrême, au lieu d’être influencé par la crainte de D.ieu d’Avraham, auprès duquel il se trouvait ?

La réponse se trouve dans le traité Avot : « Tout attachement qui dépend d’un élément [externe], lorsque l’élément disparaît, l’attachement disparaît. » (5, 16) Or, l’attachement de Loth à Avraham avait pour unique but de jouir de sa richesse, aussi, dès que cet objectif fut atteint, cet attachement disparut. C’est pourquoi Avraham dit à Loth : « De grâce, sépare-toi de moi » (Béréchit 13, 9), autrement dit, puisque ton unique intention était de t’enrichir, à présent que tu as obtenu ce que tu désirais, tu n’as plus besoin de rester à mes côtés. Par ailleurs, du fait que Loth ne recherchait nullement la proximité d’Avraham pour bénéficier de son influence positive, il ne progressa pas et, au contraire, ne fit que déchoir au plus bas niveau.

Un nanti me proposa une considérable somme d’argent grâce à laquelle je pouvais assurer le bon fonctionnement de mes institutions durant des dizaines d’années. Mais il me posa une condition : participer au mariage de son enfant. Quand j’entendis que la célébration ne serait pas conforme à l’esprit de la Torah, je refusai fermement. Il fut très surpris et je lui affirmai que, pour rien au monde, je ne serais prêt à enfreindre les lois de la Torah. Car il nous incombe d’être intransigeants dans notre service divin.

 

Hevrat Pinto • 32, rue du Plateau 75019 Paris - FRANCE • Tél. : +331 42 08 25 40 • Fax : +331 42 06 00 33 • © 2015 • Webmaster : Hanania Soussan