A l’Eternel exclusivement... l’unité, la destruction du mauvais penchant et l’effacement devant le tsaddik

Il est écrit : « Voici la chose qu’a ordonnée l’Eternel, accomplissez-la et la gloire du Seigneur vous apparaîtra » (Lévitique 9, 6). Or ce verset n’explique nullement ce qu’il faut faire ! Le Or Ha’haïm cite à ce propos l’explication du Yalkout : « Faites sortir de vos coeurs le mauvais penchant et soyez tous unis dans la même décision et dans la même crainte, pour servir Dieu ».

Encore faut-il expliquer ce que dit ce midrash. Le yetser hara (mauvais penchant) que Moïse leur dit de faire sortir de leur cœur n’apparaît pas dans le verset, même en allusion. Pourquoi en outre leur aurait-il tenu ce discours le huitième jour plutôt qu’à n’importe quel autre moment ? Il faudrait enfin comprendre le verset : « Toute la communauté s’approcha et se tint debout devant l’Eternel » (Lévitique 9, 5). Pourquoi à ce moment précis et non auparavant ?

L’explication suivante recouvre tous ces points. On sait que pendant les sept jours de l’inauguration, Moïse dressait le Sanctuaire tous les jours puis le démontait (Bemidbar Rabah 12, 11), parce que la Chekhinah n’y était pas encore descendue. Or Moïse n’était-il pas prophète (Deutéronome 34, 10) et père de tous les prophètes (Vayikra Rabah 1, 15) ? Cela aurait dû lui permettre de connaître le moment où la présence divine descendrait et lui éviter cette fatigue quotidienne ! En réalité, il voulait enseigner par là aux benei Israël que le sanctuaire représente le corps de l’homme, ainsi qu’il est écrit : « Faites-moi un sanctuaire et je résiderai parmi vous » (Exode 25, 8), ou encore « Qui réside avec eux parmi leurs souillures » (Lévitique 16, 16). De même que dans le sanctuaire il y a des instruments destinés à servir l’Eternel, l’homme possède toute une variété de membres destinés au service de Dieu, dont il doit faire usage tous les jours, et particulièrement le Chabath, en Son honneur, car c’est par l’intermédiaire du Chabath que les six autres jours reçoivent la bénédiction (Zohar II, 88a).

Quand l’homme se réveille le matin, il doit montrer le courage d’un lion pour servir son Créateur (Choul’han Aroukh Ora’h ‘Haïm 1, 1), se conduisant avec ferveur et enthousiasme comme une créature nouvelle pour faire la volonté de son maître. Il doit aussi garder toutes ses pensées fixées en Lui, dans la joie que son intelligence lui soit rendue chaque matin, comme l’écrit le Arizal à propos du verset : « Elles se renouvellent chaque matin, grande est Ta fidélité » (Lamentations 3, 23). Cela signifie que le matin, les Intelligences se renouvellent, alors que la nuit elles se reposent. Par conséquent, pendant la nuit l’homme doit faire de grands efforts pour se détacher de tout ce qui s’est fixé à lui pendant la journée, afin de pouvoir le lendemain se lever avec encore plus d’enthousiasme, de force et d’énergie que la veille, et ainsi chaque jour jusqu’au Chabath. Voilà ce que Moïse voulait faire comprendre aux benei Israël : pour mériter d’arriver au huitième jour, qui est au-delà de la nature (comme dans le verset : « Donne une part au sept, et aussi au huit » (Ecclésiaste 11, 2)), il faut beaucoup travailler tous les jours de la semaine. Et ainsi, par le pouvoir du Chabath qui englobe le travail accompli pendant toute la semaine, une très grande sainteté s’accumule en l’homme le huitième jour, au-delà de la nature. Ce jour-là précède toute la Création.

Voilà pourquoi Moïse n’a donné cet ordre que le huitième jour. De même, nous n’avons reçu l’ordre de la circoncision que le huitième jour, ainsi qu’il est écrit : « Au huitième jour, on circoncira l’excroissance de l’enfant » (Lévitique 12, 3). En effet, au moment de la circoncision, les benei Israël se rattachent au huitième jour, qui est au-delà de la nature. Or la préparation du père fait partie du compte des huit jours non seulement pour son fils, mais aussi pour lui-même rétrospectivement (à propos du « hara’haman » qu’on dit pendant la circoncision, certains auteurs font la remarque suivante : « à partir du huitième jour son sang sera considéré avec bienveillance», c’est le sang du père...). On connaît la Guemara selon laquelle le monde à venir a été créé avec la lettre yod (et ce monde-ci avec la lettre hé) (Mena’hoth 29b). C’est là toute l’idée du huitième jour, dont les Sages ont dit qu’il a pris pour lui dix couronnes (valeur numérique de yod) (Chabath 87b). En effet, à ce moment-là les benei Israël sont devenus plus capables de se rapprocher de Dieu et d’atteindre le niveau du monde à venir que pendant les autres jours. Comme il se trouvaient alors au-delà de la nature, leurs forces et leur intelligence se sont également revivifiées plus que pendant tous les jours de la semaine, y compris Chabath. Comment cela ? Par la fidélité à l’alliance de la circoncision. L’expression « Quand on fut (VaYéHi) au huitième jour » (Lévitique 9, 1), dont nos Sages ont affirmé qu’elle dénotait une tristesse, fait allusion au fait que si l’homme ne se renouvelle pas chaque jour, et tout particulièrement le huitième, qui est au-delà de tout calcul, cela provoque une tristesse en haut.

Et puisque nous somme arrivés jusque là, nous comprendrons pourquoi Moïse s’est adressé en ces termes aux benei Israël justement le huitième jour. C’est que ce jour-là, il y a une plus grande difficulté à se tenir attaché à la lumière de l’inexprimable infini, car on ne peut plus se contenter de se rapprocher de Dieu, il faut aller jusqu'à extirper du cœur le principal obstacle, à savoir le mauvais penchant. Le fait que le verset : « Voici la chose qu’a ordonnée l’Eternel » suive immédiatement « Toute la communauté s’approcha, et se tint debout devant l’Eternel » signifie que si l’on veut vraiment être proche de Dieu et se tenir devant Lui, il faut absolument faire sortir du cœur le mauvais penchant, car il est rusé et peut faire sentir à l’homme qu’il se consacre au service de Dieu, tout en restant profondément caché à l’intérieur de lui (Bérakhoth 61a, Soukah 52b).

Par conséquent, tout homme doit pendant toute la semaine se faire le serviteur de Dieu pour arriver au niveau du « huit » qui dépasse tout calcul et se relier à la sainteté de la circoncision. Il doit sans cesse vérifier si son cœur est vraiment rempli de la crainte de Dieu, où s’il se l’imagine seulement. C’est pourquoi Moïse a attendu le huitième jour pour dire « Voici la chose etc. », afin que dans le service de Dieu, le cœur des benei Israël soit toujours en accord avec leur bouche (Teroumoth ch. 3, 8, Pessa’him 63a), et qu’ils partagent la même décision. Le Zohar (II 82b) appelle les mitsvoth des conseils (ou décisions), car elles indiquent à l’homme la façon de se conduire pour qu’il y ait affinité entre leur bouche et leur cœur (Pessa’him 113a). Il s’agit ici de vérifier si le mauvais penchant reste caché au fond du cœur, au moyen d’une étude véritable de la Torah, dans l’effort. Il s’agit en outre d’être comme un seul homme, de constituer une unité, et alors les benei Israël seront sauvés (Tan’houma Nitsavim 1), alors qu’en l’absence d’unité, ni la Torah ni aucun conseil ne seront d’une utilité quelconque. Pour y parvenir, il suffit que chacun s’efface devant son prochain, ainsi qu’il est écrit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique 19, 18). Les benei Israël ressemblent alors à un seul fagot de joncs, et personne ne peut plus rien contre eux (Yalkout Chimoni Nitsavim 1160). C’est la seule façon d’acquérir une nouvelle intelligence et des forces neuves au service du Seigneur, chaque jour, chaque semaine et chaque année, jusqu’au jour de la mort, car il est écrit : « En cas de force, quatre-vingts ans (Psaumes 90, 10)), c’est la force nécessaire pour vaincre le mauvais penchant. « Quatre-vingts ans est l’âge des forces », dit aussi la Michnah (Avoth 5, 21), ces forces qui permettent d’arriver au niveau du huit, au-dessus de la nature et de tout calcul.

Quand les benei Israël ont entendu cela, ils ont réussi à vraiment se rapprocher de Dieu le huitième jour, car ils ont reçu des forces neuves. Or nous avons déjà expliqué ailleurs la grandeur du septième jour de Pessa’h, et le huitième jour vient encore le compléter, car tout est dans le huit. Il est écrit à propos du sacrifice de Pessa’h qu’un homme incirconcis ne doit pas en manger (Exode 12, 48), car la circoncision symbolise l’excision du mauvais penchant, et celui qui ne l’a pas subie n’a pas la sainteté du huitième jour. Si l’on veut se rapprocher de Dieu, il faut faire sortir le yetser hara du cœur, ce qui permet de s’élever.

 

Le juste périt à cause du mal
Table de matière
Le ‘hamets et la matsah – annulation du yetser ha-ra

 

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