La sagesse des femmes construit leur maison, dans la sainteté et la pureté

Il est écrit : « Quand une femme devient féconde et met au monde un fils » (Lévitique 12, 2), ce sur quoi la Guemara commente : « Si la fécondité de la femme se manifeste en premier, elle engendre un mâle » (Bérakhoth 60b, Nidah 25b, 31a). Notre parachah dit également : « S’il se forme sur la peau d’un homme une tumeur (...), on l’amènera à Aaron le cohen » (Ibid. 13, 2), et aussi : « Voici quelle est la règle concernant le lépreux (...) on l’amènera au cohen (...) et le cohen ordonnera etc. » (Ibid. 14, 2, 3, 4).

Essayons de comprendre pourquoi la parachat Tazri’a n’a-t-elle pas été écrite après la parachat Metsor’a, alors que la plus grande partie de Tazri’a concerne la lèpre, seuls quelques versets évoquant la naissance d’un enfant mâle ou femelle ? Et d’ailleurs, quel rapport y a-t-il entre Tazri’a et Metsor’a, qui sont en général lues ensemble ?

De plus, pourquoi faut-il que le cohen sorte voir le lépreux ou la plaie ? Comme il est le tsaddik de sa génération, il devrait lui suffire d’indiquer la procédure à suivre pour réparer la faute commise, sans avoir besoin de voir la personne. Et par dessus tout, pourquoi les Sages ont-ils dit que si la fécondité de la femme se manifeste en premier, elle engendre un mâle : d’une part, qu’est-ce que cela vient nous enseigner, et d’autre part pourquoi en est-il ainsi ? Et pourquoi le lépreux n’amène-t-il son sacrifice qu’après la purification ?

Nous allons essayer d’expliquer tout cela le mieux possible. Comme on le sait, les femmes sont dispensées des mitsvoth positives liées au temps (Bérakhoth 20b, Kidouchin 29a), afin de pouvoir se consacrer à leur foyer et à l’éducation de leurs enfants, car « tout l’honneur d’une fille de roi est à l’intérieur » (Psaumes 45, 14). Et comme on le sait, les femmes ont un grand mérite dans le développement spirituel de leur mari (voir Bérakhoth 17a), car elles l’encouragent à progresser dans l’étude de la Torah et le service de Dieu, comme l’a dit Rabbi Akiba à ses disciples : « Tout ce qui est à moi et à vous est à elle » (Ketouboth 63a). En effet c’était sa femme qui l’avait poussé à étudier, et en plusieurs endroits les Sages affirment que la bénédiction se trouve dans la maison grâce au mérite de la femme et qu’elle protège l’homme des conseils du mauvais penchant (Baba Metsia 59a, Zohar 52a).

De plus, l’essentiel de la résurrection des morts viendra par le mérite des femmes, qui poussent leur mari à étudier la Torah et le libèrent des travaux ménagers. Or on sait que seul celui qui étudie la Torah méritera de revivre, ainsi qu’il est dit dans le contexte de la résurrection : « Ta rosée est une rosée de lumière » (Isaïe 26, 19). Sur ce verset, la Guemara explique que quiconque utilise la lumière de la Torah, la lumière de la Torah le fera vivre (Ketouboth 111b). Comme c’est par le mérite de ces femmes que leur mari est plongé dans la lumière de la Torah, il s’ensuit qu’ils ressusciteront aussi par leur mérite.

Le verset : « Quand une femme devient féconde » (Lévitique 12, 2) parle d’une femme qui aspire à ce que ses fils et son mari étudient la Torah, et qui se conduit comme un fille de roi dont tout l’honneur est à l’intérieur (cf. Psaumes 45, 14). Ce désir qu’elle manifeste lui fait mériter d’« engendrer un fils », d’avoir un enfant qui sera un ZaKhaR (« mâle ») à savoir un éternel rappel (ZiKaRon) de la raison pour laquelle le monde a été créé. En outre, la Torah s’appelle ZiKaRon (« souvenir »), ainsi qu’il est écrit : « Souvenez-vous (ZiKHRou) de la Torah de mon serviteur Moïse » (Malachie 3, 22). Il s’ensuit que la Torah est le but de la Création. Ce mâle méritera aussi la circoncision le huitième jour, le chiffre huit étant une allusion à la résurrection des morts dans l’avenir, car comme on le sait le huit est au-dessus de la nature et du temps. A cette époque du huit, le mauvais penchant n’aura plus aucune emprise, mais le règne de Dieu sera universel, sur un monde qui aura atteint la perfection.

Par dessus tout, le nombre sept (cf. il sera impur pendant sept jours) et le nombre huit valent ensemble quinze, ce qui est la valeur numérique du Nom Y-A-H, utilisé dans le verset « Car il a porté la main sur le trône de Dieu (Y-A-H) » (Exode 17, 16). Cela signifie que le Nom de Dieu sera glorifié par l’affaiblissement de l’écorce du mal (Amalek), qui avait elle-même affaibli les benei Israël dans leur étude, ainsi qu’il est écrit : « Il lutta contre Israël à ReFidim » (Ibid. 17, 8), nom où les Sages voient l’évocation d’un affaiblissement dans la Torah et les mitsvoth. Tout cela sera vaincu par le sept et le huit.

« Voici la règle concernant l’accouchée » (Lévitique 12, 7) : quand elle enfante, elle exerce véritablement une influence de Torah, car son mérite lui vaudra d’avoir des fils qui étudieront, arriveront au « huit » et vaincront la kelipah, jusqu’à en arriver à la résurrection des morts. Mais quand la puissance du désir porte moins sur des fils qui étudient la Torah que sur des enfants qui assurent la continuité des générations, cela n’apporte au monde aucune progression. Ils risquent seulement de devenir des médisants, car s’ils ne parlent pas de Torah ils ne diront que du mal, comme un enfant qui s’en va raconter à tout le monde ce qu’il a entendu de son père et sa mère (Soukah 56b). Sa vie ne va pas plus loin. On en trouve un exemple chez Avouya, le père d’Elicha (« A’her »), qui au moment de circoncire son fils ne l’a pas fait dans l’intention de servir Dieu (‘Haguiga 15a, Tossafoth passage qui commence par Chouvou au nom du Midrach et du Yérouchalmi). On peut supposer que sa femme n’avait pas non plus d’intentions particulières, sinon elle en aurait fait part à son mari Avouya, en conséquence de quoi leur enfant Elicha a tout renié. C’est certainement encore plus vrai quand on ne pense pas à la Torah du tout.

On comprend donc parfaitement pourquoi la parachat Tazri’a (naissance du garçon et de la fille) est écrite avant la parachat Metsor’a, car s’il existe une imperfection au début de la fécondité, l’âme de l’enfant engendré présentera un grand défaut, et il dira du mal d’autrui et deviendra lépreux, comme l’ont dit les Sages : « Le mot MeTSoR’A (« lépreux ») évoque phonétiquement MoTSi R’A (« celui qui propage le mal ») » (Arakhin 15b, Vayikra Rabah 15, 1). Un homme sans Torah est orgueilleux et dit du mal de tous, il a une « langue qui parle haut » (Psaumes 12, 4), car il se croit meilleur que tout le monde et s’arroge le droit de railler. Il ne manifeste non plus aucune confiance en Dieu, son orgueil lui faisant penser qu’il peut tout faire seul sans Son aide. C’est pourquoi il est puni par la plaie de SET, mot construit sur une racine qui signifie « haut » (Chavouoth 6b) et par la TSaRA’At (« lèpre »), et doit rester isolé en dehors du camp (Lévitique 13, 46). Là il lui sera plus aisé de s’abaisser et fixer des temps d’étude de la Torah (qu’il avait négligée), ce qui constitue une autre manière de lire TSaRA’AT : TSaR ET, à savoir que maintenant qu’il est à l’étroit (TSaR), il fixe des moments (ET) pour l’étude de la Torah. De médisant, il devient quelqu’un qui étudie régulièrement. Et quand il se repent totalement et suit le conseil « Ne te fais pas confiance à toi-même » (Avoth 2, 4), phrase dont la valeur numérique est la même que celle de TSARA’AT (la lèpre), il arrive au niveau évoqué par le verset : « le sage de cœur prend les mitsvoth » (Proverbes 10, 8), dont la valeur numérique est également la même.

Nous comprenons maintenant parfaitement pourquoi le cohen doit le voir. Le cohen, dont Dieu est l’héritage et qui vit des dons des autres, a confiance en Dieu à tout moment, c’est pourquoi c’est lui qui peut discerner si le lépreux s’est lui aussi abaissé devant Dieu. Le verset dit : « Voici la loi concernant le lépreux, le jour de sa purification on l’amènera au cohen » (Lévitique 14, 2), car le cohen doit sentir si cet homme, de mauvais qu’il était, est devenu bon. On lui raconte aussi que le lépreux fixe des temps d’étude de la Torah, manifeste beaucoup d’humilité devant Dieu et s’est complètement débarrassé de son orgueil. A ce moment-là, le cohen sort du camp pour vérifier l’exactitude de toutes ces assertions, et regarde si la plaie est guérie.

Il y a là une grande leçon à apprendre : le cohen surveille les progrès du lépreux, demande comment il va pour savoir s’il est guéri et s’enquiert de sa situation spirituelle, tout cela pour qu’il ne tombe pas dans le désespoir, car même s’il a fauté il doit sentir que Dieu est avec lui et désire son repentir, ainsi qu’il est écrit : « Il ne souhaite pas la mort du pécheur mais son repentir » (Ezéchiel 18, 32). C’est également ainsi que nous devons nous conduire avec ceux qui reviennent au judaïsme. Il ne suffit pas de les aider à faire cette démarche, il faut aussi les suivre et les encourager pour qu’ils ne désespèrent pas, jusqu’à ce qu’on les sente suffisamment forts et purs pour se débrouiller seuls. Même ensuite, il faut faire comme le cohen qui sortait, il faut aller vers eux et voir où ils en sont et comment ils se conduisent.

Quand le lépreux est purifié, il doit apporter du cèdre et de l’hysope, ainsi qu’il est écrit : « Le cohen ordonnera qu’on apporte pour celui qui se purifie deux oiseaux purs vivants, du cèdre, de l’écarlate et de l’hysope » (Lévitique 14, 4). C’est une allusion à l’humilité : qu’il apporte du cèdre, car ses plaies proviennent de l’orgueil, et qu’il répare en s’abaissant comme l’hysope (Arakhin 16a, Tan'houma Metsor’a 3). Demandons-nous maintenant pourquoi il apporte son sacrifice seulement après s’être purifié. Le mouvement inverse, que le sacrifice l’aide à revenir vers Dieu et à se purifier, paraît plus logique !

C’est qu’il ne suffit pas d’être guéri, de s’être abaissé et de s’être débarrassé de l’orgueil : cet orgueil risque de revenir. C’est pourquoi après la guérison on doit venir au Temple apporter un sacrifice qui fait allusion à l’humilité. Ainsi, l’humilité pénétrera dans le cœur et dans l’âme, et on saura que Hachem hou ha-Elokim ein od milvado (« L’Eternel est Dieu, il n’y en a pas d’autre »), valeur numérique de korban, le sacrifice. On saura également que hou boré ve-hou manhig (« Il crée et Il dirige »), également valeur numérique de korban. Alors, le repentir fera son œuvre. Nous opérons une démarche du même ordre à la fin de Yom Kippour en commençant immédiatement à construire la soukah (Rema fin du par. 624), afin de ne pas en venir à l’orgueil de se dire qu’on n’avait peut-être pas besoin de jeûner, car on n’avait pas péché l’année précédente... On s’occupe de construire la soukah, qui est un sanctuaire pour Dieu, et où l’on convie les saints Invités, car elle nous permet de distinguer qui nous sommes vraiment et combien nous sommes petits devant Dieu, comme d’autres articles le mentionnent déjà au nom des livres saints.

Les plaies de la maison dépendent également de la femme, car la maison aussi a besoin qu’on l’éduque. Quand ses murs entendent des médisances, ils sont punis en proportion de la gravité de ce qu’ils ont écouté, au point qu’il est possible que la plaie ne guérisse pas. A ce moment-là, le cohen donne l’ordre de démolir la maison. On connaît l’histoire de Kim’hit qui a mérité de voir ses sept fils devenir Grands Prêtres, parce que jamais les poutres de sa maison n’avaient vu ses cheveux (Yoma 47a, Vayikra Rabah 20, 7). La maison elle-même peut donc être atteinte et porter atteinte aux autres. Mais le contraire est encore plus vrai, à savoir qu’elle peut mériter et faire mériter les autres. C’est uniquement la conduite de l’homme qui influe sur la maison, pour le meilleur et pour le pire, et qui influe ensuite sur autrui. Ce n’est pas pour rien qu’on inaugure la maison (‘hinoukh, qui signifie également « éducation »), comme on a inauguré le Temple (Psaumes 30, 1). De même qu’on éduque un enfant aux mitsvoth, ainsi qu’il est écrit « Eduque le jeune garçon d’après sa propre voie » (Proverbes 22, 6), on « éduque » la maison pour qu’il ne s’y vive que des actes de Torah, des mitsvoth et des bonnes actions. Et alors, quand se présente l’occasion de commettre une faute, on ne l’exécute pas à l’intérieur de la maison, car elle nous rappelle de l’éviter, comme le dit la Guemara : « Les poutres et les pierres de sa maison portent témoignage sur l’homme » (Ta’anith 11a). C’est pourquoi on construit un parapet autour du toit : il représente ce qui entoure la maison pour que l’homme ne tombe pas. En effet, il est entouré de mitsvoth, du parapet, des mezouzoth, et de la Torah. A propos de la mitsvah du parapet, le Keli Yakar (Deutéronome 22, 7) affirme que c’est la base de la foi et de l’attachement à Dieu.

De tout cela, nous voyons que l’essentiel de la lèpre dépend de ce qui se passe à la maison, tout commence par elle et se termine par elle. Si la femme aspire à semer la Torah et à engendrer un mâle pour la Torah, dans le but de réparer le monde en amenant le royaume de Dieu, sa récompense est considérable, et elle est d’une grande utilité à la fois à elle-même, au monde entier, et, si l’on peut s’exprimer ainsi, à Dieu. Dans le cas contraire, si elle ne veut un fils que pour le plaisir d’avoir un enfant, cela constitue un grand dommage, et elle nuit non seulement à elle-même mais aussi à sa descendance, et au monde entier. Que Dieu nous aide à mériter véritablement de réparer le monde en amenant le royaume de Dieu, puisse Son Nom devenir complet et Son trône complet, par la venue du sauveur, rapidement et de nos jours, amen qu’il en soit ainsi.

Comment faut-il se comporter ?

La purification du lépreux dépend du cohen, qui va le voir pour s’assurer qu’il est vraiment guéri de ses fautes et de sa lèpre. Il ne suffit pas de lui poser la question, il faut qu’il sorte vers le lépreux pour l’encourager. Nous devons nous comporter de la même façon envers ceux qui reviennent à Dieu, il faut sortir pour les aider, les encourager et voir où en est leur progression spirituelle, afin qu’ils ne désespèrent pas, car l’Eternel désire leur repentir.

 

 

La lèpre comme remède à l’orgueil
Table de matière
L’homme est fait pour la Torah, les bonnes actions et la sainteté de la parole

 

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