La disparition des justes

[Discours dédié à l’élévation de l’âme du Admor de Gour, de Rav ‘Haïm Haikin, de Rav Yéhouda Segal de Manchester, de Rav Tsadka et de Rav Adès]

Les parachioth A’harei Mot et Kedochim sont lues ensemble la plupart du temps. Pour expliquer ce qui les relie, il faut dire que l’homme n’envisage l’examen de conscience et le repentir qu’après la disparition des justes, en se disant que si de tels tsaddikim, qui étaient droits et parfaits et dont le mérite profitait à tous (voir Avoth 5, 18) ont quitté ce monde, que pouvons-nous bien espérer, nous qui ne sommes rien ? Eux au moins s’étaient préparés correctement à la vie éternelle, mais en ce qui nous concerne, malheur à nous, surtout maintenant que nous avons perdu les dirigeants de la génération. Qu’allons-nous pouvoir présenter à Dieu ?

A’harei Mot Kedochim signifie qu’après la mort des tsaddikim, leur sainteté nous permet de nous élever et d’examiner nos actes, particulièrement en cette année (5752) où à cause de nos nombreux péchés beaucoup de justes qui faisaient partie des derniers grands d’Israël nous ont quittés, comme le Admour de Gour, le Rav ‘Haïm Yitz’hak Haikin, le Rav Yéhouda Segal de Manchester, le Rav Tsadka, et le Rav Adès. Il est évident que nous avons beaucoup à apprendre d’eux et de leur façon de vivre, et « nous pleurons ceux qui sont partis et ne peuvent s’oublier » (Sanhédrin 111a).

Nos fautes ont manifestement provoqué leur disparition, c’est pourquoi nous devons faire notre examen de conscience : que s’est-il passé pour que nos grands rabbanim disparaissent l’un après l’autre, sans que cela nous ait apporté la Rédemption pour autant ? Naturellement, le Satan réussit à ne pas donner à l’homme le temps ni le loisir de réfléchir et le maintient en état d’agitation constante, en lui disant un jour « fais ceci » et le lendemain « fais cela » (Chabath 105b, Pessikta Zoutah Nitsavim), au point qu’il en arrive à véritablement oublier ce qu’il fait en ce monde, à négliger la Torah, et à fauter et faire fauter les autres (Avoth Derabbi Nathan 40, 3). C’est pourquoi Dieu nous enlève un juste puis encore un autre, et l’obscurité règne sur le monde. A ce moment-là, l’homme s’éveille un peu de son engourdissement et se met à réfléchir. « Le juste disparaît et personne ne le prend à cœur » (Isaïe 57, 1), s’écrie le prophète, c’est pourquoi A’harei Mot Kedochim (littéralement : « après la mort des saints »), après la mort de ces saintes personnalités, se produit un léger éveil et on commence à s’interroger un petit peu.

On peut encore dire que tant que les justes vivent en ce monde, le mauvais penchant ne les laisse certainement pas en repos, et les fait même souffrir, mais que ces désagréments leur valent d’arriver à un haut niveau de sainteté après leur mort, si bien que dans leur mort ils sont appelés vivants (Bérakhoth 18a). C’est cela « contempler la splendeur de l’Eternel et fréquenter Son sanctuaire » (Psaumes 27, 4), et c’est ce que signifie l’idée qu’après leur mort (A’harei Mot), ils deviennent des saints (Kedochim).

On peut dire avec force que beaucoup de justes souhaitent s’attacher à Dieu littéralement, en suivant le verset « Sois-lui attaché » (Deutéronome 30, 20), avec un dévouement total, presque au point de mettre leur vie en danger et de risquer d’en mourir. C’est pourquoi l’Ecriture nous met en garde : « Qu’il n’entre pas à n’importe quel moment dans le Sanctuaire » (Lévitique 16, 2). Cela signifie que malgré cet intense désir des justes de mourir pour la sanctification du Nom de Dieu dans l’accomplissement de leur service, ils doivent malgré tout savoir qu’ils n’ont pas le droit de se comporter ainsi n’importe quand, et que la perspective d’arriver à la sainteté après leur mort doit leur suffire, ce qu’on peut lire dans les mots : c’est après la mort (A’harei Mot) qu’on devient saint (Kedochim).

Cependant les justes qui nous ont quittés cette année ont servi Dieu littéralement de toute leur force. Ils se sont totalement investis en faveur de la communauté, et nous pleurons leur disparition. De plus, ils commençaient par tout donner aux autres pour se laisser eux-mêmes en dernier. Ils se sont tués pour l’étude de la Torah (Bérakhoth 63b, Chabath 83b), et ce dévouement allié à leur humilité leur a certainement valu un niveau de sainteté considérable. C’est cela A’harei Mot Kedochim : les derniers (« A’haronim ») qui se tuent (Mot) pour la Torah, et deviennent ainsi saints (Kedochim). Puisse la volonté de l’Eternel être que leur mérite nous protège ainsi que tous les benei Israël, et que Dieu rapproche la fin de notre exil et nous envoie le Machia’h rapidement, de nos jours, Amen qu’il en soit ainsi.

 

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Table de matière
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