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Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg Rav de Koenigsberg Auteur de « Haketav Véhakabalah »

A tout moment de l’histoire d’Israël, on peut constater que la Providence donne à chaque génération les grands dont elle a besoin. Ces hommes justes et droits, géants spirituels, sages de cœur et délicats d’âme, sont ceux qui ont protégé l’esprit indomptable de notre peuple, ainsi que la Torah d’Israël.

Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg fut l’un de ces juifs merveilleux qui ont lutté de toutes leurs forces pour sauver l’âme juive des griffes de la Réforme et investi toute leur puissance à remettre les choses en place. C’était un fidèle gardien de notre sainte Torah.

Rabbi Ya’akov Tsevi est né en 5545 (1785) à Lissla, dans la province de Posen, en Allemagne. Cette ville était renommée pour son étude de la Torah et ses grands rabbanim.

Le père de Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg, Rabbi Gamliel, était infirmier.

Il semble qu’il ait reçu le début de son éducation dans la ville de sa naissance, en étudiant la Torah avec le Rav de la ville, qui était à cette époque-là le gaon Rabbi Zekhariah Mendel, fils du gaon Rabbi David Tebla, le Rav de Lissa. Rabbi Zekharia Mendel était un ami de Rabbi Akiba Eiger, et correspondait avec lui. Nous connaissons deux réponses qu’a données Rabbi Akiba Eiger à Rabbi Zekharia Mendel (deuxième partie des Responsa de Rabbi Akiba Eiger, Réponses 70 et 71).

Nous ne connaissons pas grand-chose de l’enfance du jeune Ya’akov Tsevi. Mais il y a une chose que nous savons, c’est qu’il était extrêmement assidu et ne cessait littéralement jamais d’étudier.

Bien que Rabbi Ya’akov Tsevi ait été grand dans la Torah ainsi que très érudit dans la langue sacrée, il ne voulait pas être Rav. Il se mit à faire du commerce et y réussit très bien. Mais même alors, il ne négligea pas l’étude, et la pratiquait avec assiduité. En fin de compte, la roue de la fortune tourna et ses affaires déclinèrent. A ce moment-là, on vint lui proposer d’être Rav de la ville de Koenigsberg. Il vit que du Ciel, on voulait qu’il soit Rav, et il accepta la proposition. Il assuma ce poste en 1831, à l’âge de quarante-six ans.

Rabbi Ya’akov Tsevi pensait trouver la sérénité et le repos dans la tente de la Torah, mais il se heurta au problème de la Haskalah et des divers courants de réformés. Tout à coup, il était précipité dans un monde nouveau, différent de celui dans lequel il avait passé toute sa vie. Dans sa ville natale, les juifs étudiaient la Torah et l’esprit de la tradition régnait, mais à Koenigsberg, des vents étrangers avaient déjà commencé à souffler, et la Haskalah voulait prendre la place de la vie traditionnelle.

Loin de s’enfermer dans la tente de la Torah, Rabbi Ya’akov Tsevi se plaça en première ligne de ceux qui combattaient les assimilationistes et les réformés, appelant le peuple par des paroles enflammées à se tenir sur ses gardes et à défendre la sainteté d’Israël. Toute coutume juive était sacrée à ses yeux. Il était très résolu, et défendait de toutes ses forces toute tradition.

Rabbi Ya’akov Tsevi avait l’habitude de ne célébrer qu’un mariage que s’il savait que le jeune couple se conduirait selon les lois de la Torah. Un jour, un homme important qui s’était éloigné du judaïsme invita le Rav à officier au mariage de sa fille. Le Rav, qui savait que le jeune couple n’observait pas la halakhah, refusa. Le riche, qui était très influent, alla trouver les pouvoirs et obtint un ordre selon lequel le Rav était obligé de marier sa fille.

Contraint et forcé, le Rav officia au mariage. Mais au lieu de dire « selon la loi de Moïse et d’Israël », il proclama d’une voix forte : « selon la loi de Frédéric le Grand... »

En ces jours difficiles, Rabbi Ya’akov Tsevi écrivit un commentaire de la Torah. Certes, il y avait eu avant lui en Allemagne plusieurs commentateurs des livres de la Bible, mais leurs analyses n’étaient pas acceptées par les juifs fidèles et orthodoxes, car l’esprit de la haskalah planait sur elles. C’est ce qui conduisit Rabbi Ya’akov Tsevi à écrire son commentaire sur la Torah, « Haketav Véhakabalah ». Le but de cet ouvrage était de montrer que l’Ecriture (Haketav) et la tradition orale (Hakabalah) formaient un tout et que les deux avaient été données par un seul berger, notre maître Moïse ; ses explications relient le sens direct (pechat) et le sens caché (derach).

Dans son commentaire, il suit les traces du Gra de Vilna. Un jour, on avait demandé à Rabbi Israël de Chklov, un disciple du Gra, quelle était la force de son maître. Il sortit la Bible de la bibliothèque et dit : « Voilà la force de mon maître et mon Rav le Gra. Il possédait ce livre avec une perfection inimaginable, et en comptait toutes les lettres. » Rabbi Israël poursuivit :

– Mon Maître le Gra croyait et savait qu’« il n’y a rien qui ne se trouve en allusion dans le texte de la Torah », et il savait découvrir et montrer comment toute la Torah orale se trouve enfouie dans la Torah écrite.

Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg marcha sur les traces du Gra. Il s’efforça de toute sa puissance de fondre le texte écrit et la tradition orale. Son commentaire est une grande œuvre, où apparaissent sa stature en Torah et son immense érudition, sa connaissance de la langue sainte, et son intelligence aiguë, claire et irréfutable.

Comme exemple de sa méthode, on peut prendre son explication du verset : « Tu feras un ‘hochen [pectoral] de justice » (Exode 28, 15). Le mot ‘hochen est fait des mêmes lettres que na’hach (« sorcellerie »). Les peuples du monde utilisent la sorcellerie pour connaître l’avenir, mais pas Israël. Pour résoudre ses doutes, il utilise le ‘hochen, guidé par les ourim et toumim.

« Haketav Véhakabalah » a été bien accueilli dans toute la diaspora. Cela vaut la peine de transcrire les quelques lignes suivantes, tirées de la lettre qu’a écrite Rabbi Ya’akov Tsevi au gaon et tsaddik Rabbi Eliahou Guttmacher, le Rav de Greidits. Voici ce qu’il dit : « Le grand désir du Rav de voir mon ouvrage sur la Torah est à mon avis hors de propos, car il ne s’adresse pas à un gaon comme lui, mais à des gens de moindre valeur, et se propose de réparer la brèche de l’impiété qui a malheureusement l’audace d’affirmer des tromperies sur nos maîtres les Sages de la Torah orale. Dieu merci, cette explication a plu à nos frères en Pologne et en Russie. J’ai entendu que dans certaines communautés, les instituteurs l’enseignent à de jeunes garçons, et qu’à certains endroits, on a placé dans le beith midrach quelqu’un qui tous les Chabaths explique la parachah avec ce commentaire. Puisse l’étude de la Torah revenir à sa splendeur initiale ! Mais pour le gaon, c’est inutile. » (Sinaï, vol. 65, cahiers 5-6).

Cette lettre montre la modestie de l’auteur de « Haketav Véhakabalah », qui estimait écrire non pour les grands de sa génération mais pour « les gens de moindre valeur », et se réjouit de ce que des instituteurs en Pologne et en Russie utilisent son livre. Elle indique également que des groupes se sont formés pour étudier chaque Chabath la parachah de la semaine avec le commentaire « Haketav Véhakabalah », il n’est donc pas étonnant qu’au fil du temps, il y ait eu cinq éditions de la version résumée.

Outre « Haketav Véhakabalah », Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg a écrit un commentaire sur le livre de prières du nom de « Iyoun Tefilah », qui est imprimé avec le commentaire « Dérekh Ha’haïm » de Rabbi Ya’akov de Lissa, et qui a également connu un grand succès. Il a également été réédité quatre fois.

Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg a été Rav de Koenigsberg pendant trente-quatre ans. Il est mort après une courte maladie le mercredi 10 Nissan 5625 (1865), à dix heures du matin, à l’âge de quatre-vingts ans. Avant sa mort il a ordonné qu’on ne fasse pas d’oraisons funèbres. Dans le testament qu’il a laissé, il exprime son désir qu’on le lise en public pendant les trente premiers jours du deuil, trois fois par semaine, après la lecture de la Torah (David Druck, ‘Horev, Vol. 4, cahier 7-8).

Outre sa grandeur en Torah, le Rav avait une âme douce, un bon cœur et un visage souriant. Sa mort fit planer un grand deuil sur Israël, on fit partout des oraisons funèbres et sa disparition fut amèrement pleurée. Le ministre Moïse Montefiori, qui admirait le Rav, envoya une lettre de condoléances à son épouse.

Le nom de Rabbi Ya’akov Tsevi Mecklembourg brillera toujours comme l’un des grands commentateurs de la Torah.

 

 
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